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3. Création d’entreprise et environnement habilitant: une approche par les ressources et les

3.1. Définition du territoire

C’est une notion d’origine géographique101selon Débarbieux (2000) mais aussi ethnographique. Le territoire est une notion qui foisonne avec d’autres notions telles que les réseaux, les écosystèmes (d’affaires ou autres). Cela permet un regard croisé sur la richesse de la notion qui est à la fois claire si on la place dans une perspective collectiviste : le territoire c’est l’Etat (le supra-territoire), c’est la région, c’est la collectivité publique selon Rosière102(2008), mais qui devient floue si on l’analyse et l’étudie sous le prisme individuel puisque selon Rosière la notion est quasi inexistante sous le prisme individuel. De ce fait, le territoire analysé sous ce prisme est synonyme selon Pesqueux (2010) de quartier, de lieu privé désignant notamment le lieu d’habitation plus familier et plus intime.

On retrouve cette idée dans la croyance populaire, selon David Sack (1986) dans la mesure où on entend souvent des individus et des groupes sociaux qui considèrent le quartier comme un territoire et même souvent comme le leur. Analysé sous cet angle, le territoire se rétrécit et prend une dimension de taille individuelle.

On retrouve cette vision dans les groupes criminels (trafiquants et dealeurs, Sack, 1986) qui revendiquent souvent une portion de rue, une rue, un boulevard comme étant leur propre territoire. Dans le monde musical, on retrouve aussi cette référence au quartier (my « block » ou « mon quartier ») comme étant un territoire à part entière disputé entre groupes concurrents (West Coast versus East Coast).

100 Park, R. E., & Burgess, E. W. (1921). Introduction to the Science of Sociology (pp. 54-55). Chicago: University of Chicago Press. Cf., Thomas William Isaac et Znaniecki Florian, Fondation de la sociologie américaine. Morceaux choisis, Paris,

L’Harmattan, 2000.

101 Les travaux de Débarbieux (1995) et ceux de Lévy (2000) montrent que la géographie est la première à utiliser scientifiquement cette notion. Le territoire101 est donc emprunté à la géographique bien qu’il soit utilisé par les autres disciplines de sciences sociales telles que la sociologie, la science économique et aujourd’hui par la recherche sur l’entrepreneuriat. Mais le territoire est associé à d’autres marqueurs tels que la délimitation, les frontières, le physique ou l’aspect symbolique.

102 S. Rosière, Géographie politique et géopolitique, une grammaire de l’espace politique, Paris : Ellipses, 2003, 320 p.

Ainsi la pluralité et la diversité des définitions que peuvent prendre le territoire nous conduisent à le définir ainsi : « par territoire, nous entendons un espace situé, habité et approprié (territoire humain103) par des hommes qui l’organisent sous la forme d’un éco- système disposant des ressources habilitantes et/ou contraignantes ;celles-ci peuvent être transformées par des mécanismes de coordination propre du fait, des politiques publiques actées sur le territoire »

La définition fait ressortir plusieurs facteurs

Arrêtons-nous sur les politiques publiques spécifiques pour le développement du territoire, notamment les programmes financés par des organismes publics, privés ou par des partenariats. De ce fait, nous situons le territoire dont il est question comme un infra-territoire de l’Etat-nation (Pesqueux, 2010). Cette référence conforte la définition que nous adoptons pour le situer par rapport à notre problématique. Nous choisissons donc celle-ci parmi les nombreuses définitions du territoire en nous référant au propos de Pesqueux (2010): « le territoire est le lieu de disjonction entre la société et la nation par réticulation [par réseau], p.2».

Ce point de vue est intéressant dans la mesure où il nous conduit à identifier les types de coopérations nécessaires entre acteurs (sociaux, économiques, politiques, institutionnels et autres). C’est pour cette raison que dans tout ce qui suit, la notion de territoire est considérée à une échelle réduite contrairement au territoire faisant référence à l’Etat, c'est-à-dire le territoire qui se caractérise par un grand ensemble tel que le territoire supra- national liant Etat et Nation. C’est pourquoi, après une revue de littérature sur les notions du territoire pour un

103 Référence à R. David Sack (1983, 1986) , Débarbieux et Vanier (2002) à la différence du territoire « animalier » théorisé par konrad Lorenz, 1935.

Selon Tomasi (1995) la notion de territoire dans l’interprétation des sociologues de l’école de Chicago n’était pas un construit fondamental pour la recherche par les sociologues de cette l’école. L’auteur affirme que ce constat s’expliquait du fait de la complexité liée à la notion de territoire et des groupes sociaux qui s’y opèrent. De ce fait, les sociologues se limitaient, d’après lui, à trouver une théorie générale du territoire capable de formuler des lois naturelles qui conjuguent la nature du territoire et la nature humaine , Tomasi, 1995, p .2).

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approfondissement théorique, nous pouvons préciser nos choix, notre problématique et notre hypothèse H3 en y adjoignant les mots-clés suivants :

Au niveau local, c’est le lieu habité 104 (la ville), la zone urbaine organisée en espace de travail (ex. le cluster, le quartier d’affaires) disposant des ressources potentielles, valorisables par le biais des activités des acteurs économiques et sociaux.

La notion d’espace habité prend un sens dans la mesure où selon Ternaux et Pecqueur (2008) ce n’est pas l’espace physique qui est important, mais plutôt l’espace habité, fait d’interactions et de relations sociales via les activités des hommes mais aussi la manière dont leurs activités sont organisées. De ce fait, notre choix pour définir le territoire s’éloigne des définitions du territoire qui se situent dans la perspective « holistique », considérant le territoire comme un « tout »; celle-ci ne s’applique pas dans notre cas, puisque nous étudions les entrepreneurs installés dans une zone de taille moyenne, principalement autour deux rues en pleine mutation dans le 10èmearrondissement de Paris. Ce choix a été renforcé par les propos de Ternaux et Pecqueur (2008, citant Staszak, 2001) pour qui « l’espace qui est inhabité, ni occupé n’intéresse personne sauf pour les sciences de la terre ».

La notion de territoire s’enrichit avec l’idée de proximité, proximité entre acteurs parties prenantes pour une meilleure coordination des ressources et des activités. La coordination sous-tend, selon Pesqueux (2010) la taille optimale du territoire, des emplois et des liens sociaux. Le territoire fait donc office de lieu de médiation, de réseautage.

104 Dans Ternaux et Pecqueur (2008, p. 262) le territoire est considéré en tant que « lieu, de ressources potentielles et révélées ».

Par exemple pour Anne-Laure Saives et Brechet (2001) la coordination des ressources résulte d’une relation conjointe entreprise/territoire dans une logique de co – développement de ressources et de compétences pour l’ensemble des acteurs (publics et privés) qui opèrent sur le territoire.

Bruggeman, Colletis et Gazier (2014) affirment que « Mais, quel que soit son périmètre administratif ou physique, il [le territoire] dispose, par son existence même, d’un levier crucial pour agir en situation de crise mais aussi au long cours : le levier des proximités, p.21 ».

La notion de territoire prend de plus de en plus de sens du fait du rétrécissement institutionnel et organisationnel, rétrécissement induit par l’affaissement de l’Etat-Providence, Pesqueux, 2010). D’autres auteurs ont étudié cette notion. Par exemple pour Débarbieux (2000) le territoire en tant que tel n’est pas neutre comme la notion d’espace, tandis que pour Anne-Laure Saives et Brechet (2001) il y a un lien entre territoire et société, entreprise et territoire. Ce lien apporte à celui-ci l’idée d’appropriation, ce qu’on ne trouve pas dans la notion d’espace (tout court).

Cette idée conforte l’hypothèse H3 qui postule que l’entrepreneur tient compte des logiques territoriales telles que les facteurs institutionnels du territoire en question, mais également l’environnement habilitant ou pas notamment les ressources propres pouvant faciliter ou pas le processus de création d’activité. L’idée se renforce aussi par la nécessité de comprendre comment le territoire et ses ressources sont intégrés ou sont pris en compte dans le processus entrepreneurial du créateur d’entreprise, compte tenu des incidents possibles qu’il peut rencontrer.

Quelques questions sous- jacentes et les théories mobilisées

Pour comprendre le processus de résolution d’incidents critiques au moment de la création d’activité par les entrepreneurs, il nous a fallu étudier sur notre terrain d’investigation les points suivants:

Ces trois questions sous-jacentes viennent appuyer la question principale de notre recherche. Dans un premier temps nous nous intéressons aux facteurs (par ex. les politiques publiques) pouvant impacter les choix stratégiques d’installation des entrepreneurs. Nous étudions par

a- Comment les données socio-économiques et les caractéristiques territoriales inédites (données non connues et non traitées, a priori) sont identifiées comme ressources et comme contingences ? (premier niveau) pour résoudre un incident ou un problème survenu ; ensuite

b- Comment les ressources (avantageuses ou pas) sont mobilisées ? (deuxième niveau) et enfin;

c- Comment les entrepreneurs organisent et transforment les ressources et les contingences qui s’offrent à eux comme moyens pouvant être utilisés dans leur méthode de résolution d’incidents au moment de la créationd’entreprise ?

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exemple, le choix de s’installer dans le 10e arrondissement plutôt qu’ailleurs. Pour cela, nous mobilisons la théorie des clusters et la théorie de la contingence à cet effet.

Et dans un second temps nous nous focalisons sur les ressources et les acteurs parties prenantes du territoire (c'est-à-dire tous ceux qui ont un intérêt sur le territoire en question). Nous mobilisons à cet effet, la théorie des ressources et la théorie des parties prenantes.

Etudier la dynamique de création d’activité105dans le 10e arrondissement de Paris m’a semblé important pour pouvoir comprendre les logiques de pensée sous-jacentes aux processus de création d’activité. Cet intérêt rejoint les recommandations de Birch (1987) pour qui, il est important lorsque l’on s’intéresse au champ de l’entrepreneuriat de comprendre les dynamiques de création d’entreprises de petite taille en l’occurrence les PME. C’est pourquoi, dès le début de notre réflexion et après l’étude des publications sur le sujet, nous nous sommes dit que le lieu d’implantation (ou la zone d’installation) pouvait être un élément déterminant dans les choix du créateur car très souvent il n’est pas choisi au hasard. Cela rejoint les propos de Shapero et Sokol, (1982) qui considèrent l’importance du milieu social comme une raison suffisante pour influencer les dynamiques de création d’entreprise.

A ce sujet, Filion et Borges (2006, p.11) affirment avoir constaté dans l’étude qu’ils ont menée que les entrepreneurs sont influencés par certains facteurs qu’ils jugent déterminants lors de leur choix d’installation. Selon eux, les facteurs sont :

1. La disponibilité des espaces (industriels et commerciaux) ; 2. La qualité de vie et la proximité de leur résidence ;

3. La disponibilité de travailleurs qualifiés et des infrastructures physiques (ex. moyens de transports) et de communication.

Ils constatent que nombre d’entrepreneurs ont créé leur entreprise dans leur région. Nous rappelons que le choix du 10e arrondissement comme « territoire test » des trois hypothèses retenues ne s’est pas fait au hasard. Nous avons choisi cet arrondissement de Paris et principalement deux rues106comme segments territoriaux car il existe dans ces deux rues des politiques publiques et des dispositifs facilitants (voire, non contraignants) que la mairie d’arrondissement propose aux créateurs d’activité qu’ils soient jeunes créateurs, primo-créateurs, experts (réputés) ou repreneurs. L’importance du rôle de l’environnement non

105 Dynamique de création d’activité = dynamique entrepreneuriale. (Filion, 2008). Filion, L. J. (2008). Les représentations entrepreneuriales: un champ d'études en émergence. Revue internationale de psychosociologie,

14(32), 11-43.

contraignant dans le cadre de la création d’entreprise a été soulignée par Toulouse (1995, p. 3) qui considère que les entrepreneurs créent plus d’entreprises dans ce type d’environnement qu’ailleurs. Cela conduit à comprendre les facteurs qui incitent à leur installation, c’est-à-dire les facteurs de contexte ou de situation. On retrouve l’importance du contexte dans une acception proche de Freeman (1984) où le territoire est un lieu situé qu’il faut contextualiser (vision situationniste) de manière explicite par les acteurs parties prenantes du territoire. La contextualisation tient compte des ressources et des politiques publiques (aides, soutiens, changement structurel en vigueur ou politique de développement) ainsi que des dynamiques territoriales (tendances, modes, signaux faibles).De ce fait, pour H3, je deviens entrepreneur lorsque, je sais identifier des ressources et des propriétés inédites du territoire (ex. des dispositifs habilitants, des facteurs institutionnels favorables ou pas pour la création de mon activité) mais aussi lorsque je sais intégrer le territoire en question dans mon raisonnement, en tant que lieu de réseautage des néo-réseauteurs et des réseauteurs confirmés, en tant que lieu où des arrangements collaboratifs sont possibles et en tant que situation avantageuse ou désavantageuse par rapport à mon activité ou projet. De ce fait, H3 s’inscrit dans une approche constructiviste du territoire par l’intégration des logiques d’acteurs ou des parties prenantes. Ici ce n’est ni l’effectuation, ni la causation qui est privilégiée par l’entrepreneur mais plutôt les combinatoires107possibles en termes de ressources, et d’actions qui s’offrent à l’entrepreneur.

3.2. Proximité territoriale et effets de levier de développement

économique en situation d’entrepreneuriat

D’abord, les effets de la proximité géographique ainsi que les effets de la proximité spatiale (grands centres, marchés communs, ex. UE) ont pris une place centrale en économie, précisément dans la théorie des coûts de transactions108(Coase, 1937) et O.E. Williamson (1998). Pour Coase l’équilibre général, ne peut être obtenu dans un environnement sans coûts de transaction. Tandis que pour Williamson le marché sous ses formes hybrides109(non polarisé) crée un environnement institutionnel où la coopération et l’échange restent possibles pour une meilleure allocation des ressources, ce type de marché est fragile d’après l’auteur du fait de l’incertitude qui domine dans les transactions. Selon Zimmermann (2008) les études d’impact

107 Selon Sarasvathy (2008) les deux approches causation et effectuation sont complémentaires. Des logiques de combinaison peuvent exister entre les raisonnements causation et effectuation au moment de la création d’activité

108 Ce sont des coûts de fonctionnement sur lesquels reposent les transactions (ou les contrats) et les échanges entre agents économiques, selon Coase, (1937).

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de leurs effets sur les activités économiques ont depuis les années 1980 intéressé les économistes proches des courants régionalistes. Selon l’auteur, la notion de proximité (en termes de rapprochement) et son influence sur les acteurs qui partagent l’espace est très discutée dans la littérature.

Par exemple les travaux de Porter (1990) sur cette question ont montré les effets positifs en termes d’externalités sur les acteurs économiques. Pour l’auteur le rôle des externalités positives sur les activités proches a fait l’objet de plusieurs contributions théoriques. Cependant, si l’on se réfère à la littérature qui traite cette question (effets de rapprochement et externalités positives), l’on se rend compte qu’il n’y a pas de convergences dans les recherches, ni de position commune parmi les auteurs.

L’analyse des effets de proximité est controversée si l’on mobilise les travaux des auteurs suivants : selon Tremblay (2003) la proximité entre des acteurs économiques (industries, entreprises) dans un espace physique proche de type cluster n’a aucune influence sur leur capacité à innover. D’après l’auteur le rapprochement dans un espace n’induit pas une quelconque volonté d’innover ou de créer de nouveaux produits ou services. Cependant, elle souligne que les districts industriels favorisent l'interaction sociale, qu'elle existe entre individus constituant la communauté riveraine active ou entre entreprises installées sur le même territoire. Et selon elle, la relation de voisinage crée une symbiose entre acteurs, riverains, communauté active, mais elle n’entraine pas d’effets positifs ou négatifs sur leurs activités réciproques. Sur ce point, il y a une controverse entre les chercheurs qui s’intéressent aux effets de la concentration d’entreprises et aux effets qui en résultent comme par exemple l’innovation. Ainsi, les travaux sur la proximité géographique et son possible effet d’entraînement sur les innovations des entreprises installées dans un espace physique restreint sont clairsemés. En revanche, les travaux de Becattini (1991) qui ont réactualisé l'analyse de Marshall font ressortir des effets positifs entre industries installées dans le même espace; ceux –ci se matérialisent en termes de coûts et de gains substantiels. L’auteur définit les districts industriels comme « une entité socio-territoriale caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises dans un espace géographique et historique donné, [où existe] une osmose parfaite entre communauté locale et entreprises... Le terme localisation ne signifie pas ici la concentration accidentelle de plusieurs processus productifs attirés au même endroit par des facteurs propres à la région. Les entreprises s’enracinent au

contraire dans le territoire et il n’est pas possible de conceptualiser ce phénomène sans tenir compte de son évolution historique».

Selon lui, les districts industriels créent des avantages significatifs liés aux "profits croissants" que génèrent les flux de biens et de personnes sur les communautés riveraines, dès lors que cette proximité géographique engendre une dynamique sociale (ex bassin d'emploi, pôle de compétitivité) en créant une baisse du chômage. D’autres auteurs, notamment Colletis et Pecqueur, (2005) vont dans ce sens en considérant que le développement des territoires ne peut se faire sans aborder les questions liées à leur proximité avec les acteurs et de manière explicite leur dimension à créer un cercle vertueux entre les activités des entreprises et des acteurs qui partagent l’espace. De ce fait les territoires qui gagnent sont ceux qui s’organisent sous forment d’écosystèmes d’affaires ou sous forme de réseaux territorialisés (Daidj, 2010). La notion d’écosystème est plutôt récente, selon cet auteur, elle renvoie à la cohabitation de plusieurs acteurs avec des logiques de complémentarité plutôt que de substituabilité. Elle considère que les écosystèmes d’affaires renforcent les liens entre acteurs qui partagent une vision stratégique commune. Pour expliquer le développement de territoire Pecqueur et Colletis (2005) s'intéressent à l'aspect identitaire des actifs spécifiques propres à chaque territoire.

La notion d’identité du territoire selon ces auteurs comprend tout ce qui est l’attrait du territoire, cela peut se traduire par sa spécificité ou sa singularité. Cela peut être une main d’œuvre ou une compétence spécifique propre qui ne peut être mobilisée que sur le territoire. Cela signifie que le caractère spécifique de la ressource est « exclusif» et cela explique que certains territoires soient plus attractifs que d’autres, même à politique publique égale. Tandis que pour d’autres auteurs tels que Ann Markusen (2000), là où Colletis et Pecqueur, (2005) voient des effets en termes d’externalités positives, Ann Markusen ne voit que des effets peu significatifs, voire nuancés selon ses termes. Selon elle, le développement des entreprises et des territoires ne peut s’expliquer uniquement par la dynamique de proximité géographique ou physique d’autant plus que cette notion de proximité est imprécise et floue. Les entreprises et les territoires tissent leurs relations pour se développer non pas parce qu’ils sont proches physiquement mais, en raison de leur complémentarité directe ou indirecte dans le tissu socio-économique. Cette complémentarité peut être identifiée entre des activités de production ou dans l’usage des ressources disponibles sur le territoire dans des secteurs à haute technologie.

Quant à Porter (1998, p.78) celui-ci a montré que dans le cadre d’un cluster spécialisé dans le domaine du vin californien des logiques de complémentarité associaient des viticulteurs, des industriels du vin, des fournisseurs de matériaux, des agences publicitaires et des services de

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relations publiques. Il constate, par ailleurs que les clusters tissent aussi des liens avec d’autres clusters spécialisés dans des domaines plus ou moins proches. Les liens qui en résultent peuvent entrainer des effets d’imitation en termes de pratiques ou des comportements mimétiques entre industries opérant dans des secteurs similaires ou proches. Ce comportement a été identifié dans le cadre de la constitution de réseau formel d’entrepreneurs par Lefebvre (2012, p.143) qui souligne des logiques de reproduction apparentées ou proches du mimétisme inter-organisationnel. Il dit avoir identifié trois communautés de réseaux formels qu’il recense dans les milieux entrepreneuriaux.

1. La communauté de pratique ; 2. La communauté de liens faibles ;

3. La communauté de mimétisme inter-organisationnel (Lefebvre, 2012,p.143-149). Alors que pour Gaussens (2012) la proximité crée une relation de face-à-face, position qui