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3.1.1- Définition et origine de la productivité totale des facteurs

On nomme par productivité, la capacité d’une entité (pays, entreprise, branche, secteur, …), à transformer un input ou un facteur de production (travail, capital, …) en output ou en production. Malgré cette définition simple qui fait pourtant l’unanimité, la mesure de la productivité pose un certain nombre de problèmes, surtout quand il s’agit de la comparer entre différents pays. On pense par exemple à la mesure des facteurs de productions (travail, capital, …), qui doit être effectuée à partir d’indices de prix et de volume construits de manière assez similaire, afin de faciliter les comparaisons. On compte plusieurs types de mesure de la productivité, dépendant des objectifs assignés, et surtout de la disponibilité des données. Cependant, les mesures de la productivité existante, peuvent être regroupées en deux grandes catégories distinctes. On distingue d’une part les mesures de productivité dites monofactorielles, qui rapportent une mesure de la production à une mesure d’un seul facteur de production (productivité du travail, productivité du capital), et les mesures de productivité dites multifactorielles, qui rapportent une mesure de la production à un ensemble de facteurs de production. La productivité multifactorielle, est également appelée productivité totale des facteurs dans la littérature économique. Si le concept de productivité multifactorielle signifie que plusieurs facteurs de production entrent dans le calcul de la productivité mais pas tous, la productivité totale des facteurs en revanche, induit que tous les facteurs sont pris en compte. Dans le monde réel, cette hypothèse est rarement vérifiée (Revue économique de l’OCDE n°33, 2001).

Au niveau de la théorie économique, la mesure de la productivité vient des études de (Tinbergen, 1942) et de (Solow, 1956). Ces travaux ont contribué à l’identification, à la mesure et à la définition de la productivité totale des facteurs, en l’intégrant dans l’analyse de la croissance économique. La notion de productivité totale des facteurs, a donc été déduite à partir d’une fonction de production, en déterminant les contributions des différents facteurs de production à la croissance de la production. La croissance de la production non expliquée par l’évolution des facteurs de production, est dite venir de la croissance de la productivité totale des facteurs. On obtient donc la productivité totale des facteurs, par une mesure résiduelle de

la croissance de la production non expliquée par celle des facteurs de production. Cependant, interpréter le résidu de croissance non expliqué, c'est-à-dire le progrès technique dans une fonction de production, comme étant le fait de la productivité totale des facteurs, revient à assimiler ces deux notions. Hors, le progrès technique peut être incorporé où pas, dans la mesure des facteurs de production. Donc l’interprétation de la croissance résiduelle non expliquée par les facteurs de production, dépendra de la façon dont les facteurs de productions auront été mesurés ( (Hulten, 1992) ; (Greenwood, Hercowitz, & Krusell, 1997) et (Bassanini, Scarpetta, & Visco, 2000)). Ce faisant, la productivité totale des facteurs (résidu de croissance non expliquée) représentera uniquement le progrès technique non incorporé (efficience technique), si la mesure des facteurs de production prend en compte les améliorations de la qualité des facteurs de production (qualité du capital physique, qualité du capital humain). En revanche, la productivité totale des facteurs (résidu de croissance non expliquée), représentera à la fois le progrès technique incorporé (progrès technologique) ainsi que celui non incorporé (efficience technique), si la mesure des facteurs de production ne tient pas compte des améliorations de la qualité des inputs. On peut donc dire, que la productivité totale des facteurs a deux principales sources, à savoir l’efficience technique (progrès technique non incorporé) et le progrès technologique (progrès technique incorporé). Par efficience technique on entend, le progrès des connaissances scientifiques, la diffusion du savoir-faire, la meilleure gestion des entreprises, les changements organisationnels, l’amélioration de l’environnement des affaires... Donc l’efficience technique, représente tout ce qui concoure à l’utilisation optimale et efficace des facteurs de production. Il existe d’autres facteurs pouvant expliquer la divergence entre l’estimation de la productivité totale des facteurs, et le progrès technique. En dehors des erreurs de mesures liées à la prise en compte des facteurs de production, on peut citer les effets cycliques, les rendements d’échelle non constants de la fonction de production, les effets de réallocation des facteurs de production, la concurrence imparfaite, les externalités de production, … En effet, dû aux faiblesses de mesure des facteurs de production, on constate que les mesures résiduelles de la productivité totale des facteurs sont procycliques. Elles augmentent lors des périodes d’expansion économique, et décélèrent dans le cas contraire. Cela est le fait de la non prise en compte du taux d’utilisation des facteurs de production (capital, travail, …), qui lui-même est élevé pendant les phases d’accélération économique et faible quand la conjoncture économique est mauvaise. Ce faisant, pendant les phases d’accélération économique, où les entreprises sollicitent un peu plus que la normale leurs facteurs de production, la mesure résiduelle de la croissance (productivité totale des facteurs) tend à être plus élevée, et ce d’autant plus que les facteurs de production n’ont pas

évolué (en volume). Etant donné tous les facteurs énumérés ci-dessus, on comprend pourquoi la mesure résiduelle de la productivité totale des facteurs, doit être interprétée avec beaucoup de précautions, afin de ne pas l’associer à tord au progrès technologique (Stiroh, 2001). Les différentes notions de productivité citées plus haut (monofactorielles et multifactorielles), s’appuient soit sur une mesure brute de la production, soit sur une mesure de la valeur ajoutée de la production. L’Annexe 3.1.1, donne une classification à la fois en fonction du type de productivité (monofactorielle ou multifactorielle), mais aussi en fonction de la méthode d’évaluation de la production (brute ou valeur ajoutée), des principales mesures de productivité existantes. Ce tableau dresse l’inventaire des mesures de productivités les plus utilisées dans la littérature économique, à savoir la productivité du travail et celle multifactorielle calculée à partir du travail et du capital comme facteurs de production.

La mesure de la productivité fondée sur la production brute s’opère sur une unité de production (une entreprise, une branche d’activité où une économie dans son ensemble), à partir des facteurs de production quelle utilise (travail, capital et consommations intermédiaires). La relation entre les facteurs de production et la production brute, est le plus souvent représentée par une fonction de production , comme suit :

h (78)

Avec représentant la production brute, le stock de capital physique, représentant la quantité de travail, h pour la quantité de consommation intermédiaires et représentant le progrès technique. Si on considère comme dans le modèle de (Solow, 1956), que le progrès technique , est neutre au sens de Hicks, c'est-à-dire qu’on peut le représenter comme un mouvement vers l’extérieur de la fonction de production, affectant tous les facteurs de production de la même manière (Annexe 3.1.2), alors on peut réécrire l’équation ci-dessus comme suit :

Si l’on différencie l’équation (79) ci-dessus par rapport au temps, et si l’on considère des taux de croissance pour les différents facteurs de production, on définit alors le taux de croissance du progrès technique ou de la productivité totale des facteurs, en retranchant au taux de croissance de la production en volume, le taux de croissance pondéré des facteurs de production. Le taux de croissance de la productivité totale des facteurs, est donc définit comme suit :

• ¾¿ À

• ¾¿ Á • ¾¿ • ¾¿ • ¾¿  (80)

Le poids accordé aux différents facteurs de production, correspond à la part respective de ces facteurs dans la production brute totale. On remarque que le taux de croissance de la productivité totale des facteurs sera positif, quand le taux de croissance de la production brute sera supérieur au taux de croissance pondéré des différents facteurs de production.

Cependant, le calcul de la productivité fondée sur la production brute, donne peu d’indications quand on s’intéresse au poids d’une entreprise, d’une branche d’activité où d’un secteur dans la productivité d’entité plus grande (économie toute entière par exemple), notamment à cause des consommations intermédiaires. Ce problème se pose, notamment du aux livraisons intra branche, intra secteur d’une économie, pouvant entraîner un double comptage lié à la prise en compte des consommations intermédiaires. Si l’on additionne tout simplement les consommations intermédiaires ainsi que les facteurs de production de chaque composante d’un secteur, d’une industrie, où d’une branche, alors la croissance de la production calculée (et par extension de la productivité) sera supérieure à sa valeur réelle. En revanche, on évite cette double comptabilisation avec la méthode de calcul de la productivité à partir de la valeur ajoutée. A partir de ce mode de calcul, on obtient la productivité en rapportant la valeur ajoutée, à un indice de facteurs de production combiné. La croissance de la valeur ajoutée agrégée, est alors une moyenne de la croissance des valeurs ajoutées de chaque entreprise, chaque secteur où chaque branche de l’économie. Ceci est aussi vrai, dans le cadre du calcul de la productivité multifactorielle. Donc, en fonction des objectifs visés et des données à disposition, on choisira la mesure de la productivité (monofactorielle ou multifactorielle) ainsi que le mode de calcul (production brute ou valeur ajoutée) le plus approprié (Guellec & Van.Pottelsberghe.de.la.Potterie, 2001).