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De façon intuitive, le capital humain est perçu comme un déterminant important du progrès technique. Le capital humain propre à chaque travailleur qui peut soit s’accumuler soit s’user, lui vient de ses dons personnels, innés et de sa formation (Becker, 1964). Plus les travailleurs sont éduqués, expérimentés et en bonne santé, plus ils utiliseront de manière optimale la technologie disponible. Le capital humain sous toutes les formes évoquées ci-dessus (éducation, expérience, santé,…), est également nécessaire aux activités de recherche et développement, elles même source d’apparition de nouvelles technologies (Romer, 1990) et

(Aghion & Howitt, 1998). L’indicateur de capital humain le plus utilisé, dans la littérature sur les déterminants de la productivité totale des facteurs est l’éducation. Si on considère comme dans les modèles néoclassiques, que la rentabilité marginale des inputs est décroissante et que le progrès technique augmente chaque période à un taux exogène constant, une des options dont disposerait un pays pour assurer une croissance du niveau de revenu par tête, est de rehausser le niveau de capital humain, et ce de façon continuelle. Car l’accumulation du capital humain, n’exercera ici qu’un effet de niveau sur le revenu par tête de long terme. Cependant, l’avènement des théories de croissance endogène a permis de mettre en exergue, une relation dynamique entre le stock de capital humain et le progrès technique. C’est donc le stock de capital humain, plutôt que son taux de croissance, qui est déterminant pour la croissance du revenu par tête à long terme, via son impact sur le progrès technique ( (Nelson & Phelps, 1966); (Benhabib & Spiegel, Human capital and technology diffusion, 2005; Benhabib & Spiegel, The Role of Human Capital in Economic Development: Evidence from Aggregate Cross-Country Data, 1994) et (Krueger & Lindhal, 2001)). Pour le moment, dans les pays en voie de développement, le stock de capital humain est limité, même s’il a augmenté de manière considérable, au cours des dernières années. En Afrique par exemple entre 1975 et 2010, le nombre moyen d’années d’études est passé de 2,2 à 5,6, de 4,5 à 8,2 en Amérique latine, de 4,6 à 8,3 en Asie et de 8,2 à 10,8 pour les pays développés45. Quand le stock de capital humain d’un pays en voie de développement se rapproche de celui des pays développés (nombre moyen d’année d’études par exemple), l’augmentation du progrès technique qui s’en suit, va permettre une augmentation conséquente du taux de croissance du revenu par tête de long terme (Chine, Brésil, Inde, …).

Dans une revue de la littérature, (Forstner & Isaksson, 2002) montre que les résultats des études s’intéressant au lien entre le capital humain et la croissance économique, varient énormément. Empiriquement, la variabilité des résultats tient dans la significativité ou non, dans le signe positif ou négatif de la variable représentant le capital humain. Cela peut s’expliquer dans la mesure où, certaines études ont démontré que ce n’est pas la variation en pourcentage du niveau d’éducation qui est déterminant pour la croissance, mais plutôt le changement de niveau ( (Jones, 1996) et (Mincer, 1974)). Le capital humain sous forme de formation des employés, s’est également révélé important pour la productivité totale des facteurs dans la littérature ( (Bartel, 1992) et (Barret & O’Connel, 2001)). Le capital humain,

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est également perçu comme un complément à la technologie, dans la mesure où il est nécessaire pour développer et utiliser les nouvelles technologies (Baldwin, Diverty, & Sabourin, 1995). Ils trouvent que les entreprises dans lesquelles les employés sont formés constamment, sont celles qui connaissent les plus forts taux d’innovation et de croissance économique. Il existe cependant des études, qui rejettent l’impact du capital humain sur la productivité totale des facteurs. (Miller & Upadhyay, 2000) et (Miller & Upadhyay, 2002) n’ont pas trouvé de relation statistiquement significative, entre la variable de capital humain utilisée c'est-à-dire l’éducation, et la productivité totale des facteurs. Dans leur étude, les effets du capital humain sur la productivité diffèrent en fonction du niveau de développement du pays. Pour les pays à faible niveau de développement, ils trouvent que le capital humain affecte négativement le niveau de productivité. Tandis que dans les pays moyennement développés et ceux développés de leur échantillon, on note une relation positive entre le niveau de capital humain et la productivité.

La santé est une composante du capital humain, également importante pour la productivité totale des facteurs. Des travailleurs en bonne santé, sont beaucoup plus productifs toute chose égale par ailleurs. En plus, on considère que la réussite scolaire est plus élevée quand les étudiants sont en bonne santé. Les pays en voie de développement, connaissent des épidémies de maladies destructrices (SIDA, paludisme, le choléra,…), que les pays développés ne rencontrent pas, ou dans des proportions moindres. Dans une étude basée sur cinquante deux pays (développés et en voie de développement) et sur la période 1965-1996, (Cole & Neumayer, 2006) étudient l’impact direct de la santé sur la productivité totale des facteurs. Ils utilisent trois indicateurs, pour le niveau de santé : le pourcentage de la population sous-alimenté, la présence du paludisme et d’autres maladies liées à l’eau et enfin l’espérance de vie à la naissance. Ils trouvent que les différents déterminants de l’état de santé de la force de travail sont tous significatifs, quelque soit le groupe de pays considéré (riches, pauvres). Néanmoins, c’est au sein de l’échantillon de pays africains que les différentes variables représentant la santé ont les coefficients les plus élevés en valeur absolues. En ce qui concerne le paludisme, deux études ont montré que les pays dans lesquels cette maladie est répandue, présentent en moyenne entre 0,25 et 1,3 point de pourcentage de croissance économique en moins ( (Mc.Carthy, Wolf, & Wu, 2000) et (Gallup & Sachs, 2000). A partir de données de panel sur 104 pays, et sur la période d’étude allant de 1960 à 1990, (Bloom, Canning, & Sevilla, 2004) ont étudié l’impact de l’espérance de vie sur la production. Ils arrivent à la

conclusion, que l’amélioration de l’espérance de vie à la naissance d’une année supplémentaire, permet d’augmenter la production économique de l’ordre de 4%.

B- Les déterminants du progrès technique non incorporé

Comme on a pu le décrire ci-dessus, le progrès technique incorporé et par extension la productivité totale des facteurs, est déterminée d’une part par la qualité du capital humain productif, et d’autre part par les activités de recherche et développement. Cependant, l’impact de ces deux principaux déterminants sur le progrès technique incorporé, est fonction d’autres facteurs. Ces autres facteurs sont par exemple la structure concurrentielle et la taille et la règlementation des marchés de capitaux et du travail, la disponibilité et la qualité des infrastructures, l’assurance des droits de propriétés… Tous ces différents éléments, conditionnant l’utilisation efficace et optimale des facteurs de production, explique l’efficience technique (ou le progrès technique non incorporé). Nous étudierons dans la suite, les principaux déterminants de l’efficience productive d’une économie.