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CHAPITRE 2. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

2.4. DÉFINITION DE QUELQUES CONCEPTS

 Ménage

Un ménage est un groupe de deux ou plusieurs personnes qui occupent tout ou partie d'une unité de logement et qui s'approvisionnent en nourriture et éventuellement en d'autres éléments essentiels pour la vie. Le groupe peut être seulement composé de personnes apparentées ou de personnes non apparentées ou d'une combinaison des deux. Le groupe peut également mettre en commun ses revenus (UNECE, 2011). Pour Smeeding et Weinberg (2001), le ménage comprend tous les membres d’une famille ou non qui vivent sous le même toit. Le ménage est l’unité de partage des revenus la plus adaptée, pour mesurer le partage des ressources. Seaman et al. (2000) considèrent le ménage comme la plus petite unité économique cohérente. Il est défini comme un groupe de personnes, chacun avec des capacités et des besoins différents, qui contribuent à une économie commune et partagent la nourriture et les autres produits qui en sont issus. Selon le lieu, la taille et la nature des ménages peuvent largement varier, du ménage « nucléaire » (un homme, une femme et leurs enfants à charge) à des unités d'une centaine de personnes ou plus.

Ellis (1993) quant à lui définit un ménage comme une unité sociale définie par le partage de la même demeure, du même foyer. Ainsi, c'est souvent un sous-ensemble de la famille, quoique la manière dont les familles sont divisées en ménages distincts varie au sein des communautés et entre les communautés. Les économistes trouvent que le ménage est une unité pratique d'analyse, en donnant l'assertion selon laquelle au sein des ménages, les ressources sont mises en commun, les revenus sont partagés et les décisions sont prises conjointement entre les membres adultes du ménage.

Par « ménage », on entend simplement ce que les Peuls eux-mêmes qualifient de " wuro", à savoir une unité de résidence géographique nettement délimitée, réunissant un certain nombre de personnes qui, sous une forme différenciée, travaillent et consomment en commun. Ces personnes sont regroupées autour d’un chef de famille (tootiijo), auquel les autres hommes du ménage sont généralement directement apparentés (frères, fils, neveux ou petits-fils). Les femmes célibataires du ménage sont les filles ou les petites-filles du chef de ménage ; les femmes mariées viennent toujours de 1’extérieur. Les ménages ont donc une organisation patrilinéaire et virilocale (Bierschenk et Forster, 2004). C'est de ce type de ménage dont il sera question tout au long de ce document puisque le travail a été réalisé avec les Peuls.

 Caractéristiques du ménage et de la famille

Selon les Nation Unies (2008), le concept de ménage est basé sur les dispositions prises par des personnes, individuellement ou en groupe, pour leurs besoins alimentaires ou autres

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Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 42 besoins vitaux. Un ménage peut être soit (a) un ménage d'une personne, c’est-à-dire une personne qui pourvoit à ses propres besoins essentiels en nourriture ou en d'autres éléments pour vivre sans se combiner avec une autre personne ou (b) un ménage de plusieurs personnes, c'est-à-dire un groupe de deux personnes ou plus vivant ensemble qui mettent en commun leurs besoins alimentaires et autres besoins vitaux. Les membres du groupe peuvent mettre en commun leurs revenus et peuvent, dans une plus ou moins large mesure, se doter d'un budget commun ; elles peuvent être apparentées ou non ou constituer une combinaison de personnes liées ou non.

La famille au sein du ménage est définie comme les membres du ménage qui sont liées, à un degré déterminé, par le sang, l'adoption ou le mariage.

Des deux définitions, il apparaît que ce sont deux concepts dont le sens n'est pas interchangeable. La différence entre le ménage et la famille est :

(a) qu'un ménage peut être constitué d'une seule personne, mais une famille doit contenir au moins deux membres, et

(b) que les membres d'un ménage de plusieurs personnes ne doivent pas être forcément liés les uns aux autres, tandis que les membres d'une famille doivent être liés.

Un ménage peut contenir plus d'une famille, ou une ou plusieurs familles avec une ou plusieurs personnes non apparentées, ou peut être entièrement composé de personnes non apparentées. (UN, 2008).

 Revenu du ménage

Le revenu du ménage « comprend toutes les recettes monétaires ou en nature (biens et services) qui sont reçus par les ménages ou par des membres du ménage annuellement ou à des intervalles plus fréquents, mais exclut les gains exceptionnels et les recettes irrégulières et généralement non récurrentes ». (ILO, 2003). Pour analyser le bien-être économique d’une population, le revenu du ménage est souvent préféré au revenu individuel. Ceci parce que le déterminant majeur du bien-être économique de la plupart des personnes est le niveau de revenu que les membres de la famille habitant sous le même toit reçoivent.

Le revenu du ménage tel que défini dans le chapitre 7 est le revenu monétaire. La valeur de l'autoconsommation et des échanges non monétaires n’est pas prise en compte à ce niveau mais ces deux composantes du revenu sont présentées distinctement dans ce travail.

 Variabilité climatique et changement climatique

En général, la variabilité climatique se réfère à la variation naturelle intra- et interannuelle du climat, alors que les changements climatiques désignent un changement du climat attribué directement ou indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition de l’atmosphère globale et qui s’ajoutent à la variabilité climatique naturelle observée sur des périodes de temps comparables (UNFCCC, 1992). La notion de variabilités et changements climatiques désigne la modification ou variation significative du climat, qu’elle soit naturelle ou due aux facteurs d’origine anthropique (Niasse et al., 2004).

Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 43  Système d'élevage

Le système d’élevage peut se définir en général comme :"La combinaison des ressources, des espèces animales et des techniques et pratiques mises en œuvre par une communauté ou par un éleveur, pour satisfaire ses besoins en valorisant des ressources naturelles par des animaux" (Lhoste, 2001), ou de façon plus précise comme : « Un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisés par l'homme en vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux domestiques, pour en obtenir des productions variées (lait, viande, cuir et peau, travail, fumure etc.) ou pour répondre à d'autres objectifs » (Landais, 1994).

 Pratiques d'élevage

Il est désigné sous le terme de pratiques, l'ensemble des activités matérielles intentionnelles et régulières que les agriculteurs développent dans le cadre de la conduite des processus de production agricoles (Landais et Balent, 2001).

Toujours selon ces auteurs, les pratiques mises en œuvre par les éleveurs d'herbivores peuvent être classées en trois principales catégories :

- Les pratiques d'élevage stricto sensu à travers lesquelles ces éleveurs interviennent directement sur les animaux ;

- Les pratiques fourragères qui regroupent toutes les opérations culturales effectuées sur les surfaces fourragères ;

- Les pratiques de gestion du pâturage (et des stocks fourragers) qui mettent en relation (directe ou non) les troupeaux et les sous-unités de surface.

Au sein des pratiques d'élevage au sens strict, il est possible de distinguer différentes catégories de pratiques qui se combinent au cours du processus de production (Figure 1).

 Les pratiques d'allottement sont responsables de la formation des groupes d'animaux, qui entre deux décisions successives d'agrégation seront conduits ensemble.

 Les pratiques de conduite regroupent l'ensemble des opérations effectuées sur les animaux, en vue d'assurer leur entretien et de les mettre en conditions de réaliser les performances que l'on attend d'eux. Les techniques correspondantes constituent classiquement l'objet central de la zootechnie. On peut distinguer, au sein de cet ensemble, des catégories particulières de pratiques, selon les fonctions physiologiques qu'elles régissent : conduite de la reproduction, de l'alimentation, conduite sanitaire, etc., ce qui permet de mobiliser pour les évaluer les connaissances acquises sur les mécanismes biologiques qui gouvernent ces fonctions.

 Les pratiques d'exploitation regroupent toutes les opérations (la traite, la tonte, l'attelage, l'abattage etc.), par lesquelles l'homme exerce un prélèvement sur les animaux qu'il élève à ces fins. Ces opérations sont très variables, notamment dans leur périodicité, selon les systèmes considérés et la nature des prélèvements réalisés, qui constituent les "productions animales".

 Les pratiques de renouvellement sont directement liées aux précédentes, puisque ce terme désigne toutes les opérations par lesquelles, l'éleveur renouvelle la composition de son cheptel en réformant les reproducteurs âgés, malades ou non conformes à ses

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Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 44 objectifs, et sélectionne les jeunes animaux qui les remplaceront. Les choix opérés à cette occasion (choix des jeunes issus du troupeau à conserver, choix des reproducteurs à réformer, introduction d'animaux d'origine extérieure), sont très révélateurs des représentations que se font les éleveurs, de ce qu'est un "bon" animal et par là de leurs véritables objectifs.

 Les pratiques de valorisation s'appliquent aux productions animales en fonction de leur emploi. Elles regroupent à la fois les pratiques de transformation qui précèdent éventuellement la vente ou l'autoconsommation (fabrication de fromage), et les pratiques de mise en marché pour les productions commercialisées. Ces pratiques sont souvent très importantes pour le revenu des éleveurs.

Figure 1. Classification des pratiques d'élevage Source : Landais et al., 1988

Troupeaux et lots Production (état 1) Production (état 2) Cheptel au temps t d'agrégation de renouvellement d'exploitation de conduite de valorisation Pratiques Elaboration des performances zootechniques Mise en marché autres emplois Achats d'animaux Etat à t+1