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LES AUTRES ACTIVITES DES FEMMES PEULES

CHAPITRE 7. ORGANISATION SOCIO-ECONOMIQUE DES MENAGES PEULS AU NORD-

7.4. LES AUTRES ACTIVITES DES FEMMES PEULES

Les activités productives des femmes peules en saison sèche sont plus diversifiées qu'en saison des pluies. Outre les activités qui se rapportent à la commercialisation et la transformation du lait, la femme peule mène plusieurs activités rémunératrices faites de cueillette, de transformation, de production végétale et de production animale tout au long de l'année.

En saison sèche, en dehors de ses activités reproductives, la femme se consacre souvent à la transformation des produits de cueillette. Le matin, après le réveil, la prière et la toilette, les femmes du chef de ménage mettent le petit déjeuner sur le feu. Parallèlement, elles balaient la devanture de leur case et les abords de la cuisine. Les belles-filles vont à la pompe (ou au marigot13) pour puiser de l'eau (Photo 5) afin que les jeunes filles qui sont avec elles se chargent de ramener l'eau à la maison. A leur retour, elles balaient leur devanture. Pendant ce temps, le petit déjeuner est servi à toute la maisonnée et les enfants qui fréquentent se préparent pour se rendre à l'école.

Photo 5. Femme peule au marigot en train de prendre de l'eau dans un trou creusé dans un bras tari du cours d'eau Ouéna

13 Mais pour aller au marigot, elles doivent quitter la maison au plus tard à 6h30 mn. Dans le village, la majorité des ménages a accès à une source d'eau potable. Mais parfois, du fait des pannes enregistrées sur ces ouvrages hydrauliques, les femmes peuvent passer des semaines à aller au marigot, avant que la pompe ne soit réparée. Mais certains ménages situés à l'écart, même en pleine « forêt des trois rivières », n'ont d'autres sources d'eau que les marigots.

Chapitre 7. Organisation socio-économique des ménages Peuls au Nord-est du Bénin : cas de la commune de Kalalé

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Juste après la récolte, ce sont les produits vivriers et les produits de cueillette transformés ou non à savoir le soja, l'arachide, le riz, le beurre de karité (Photo 6 et 7), la noix de karité, le savon produit à base du beurre de karité (Photos 8, 9 et 10), les racines de Cochlospermum tinctorium Perr. Ex A. Rich. appelé kpararou que les femmes vendent. Une partie de l'argent issu de cette vente peut est réinvestie dans l'achat d'un produit vivrier moins cher en cette période, en l’occurrence le maïs. Ce maïs est stocké et ensuite revendu en période de pénurie. Egalement, dans toutes les maisons, on remarque des stocks de calebasses de cendre de sorgho que les femmes utilisent pour préparer la pâte de maïs. Pour préparer le savon issu du beurre de karité appelé koto, elles utilisent aussi bien les cendres de tiges de sorgho, de maïs et quelquefois de soja. Elles peuvent également vendre une partie de la potasse produite. C'est également en cette période qu'elles font des cossettes d'igname et de manioc. Le manioc est souvent planté en bordure des champs d'igname. Elles vendent aussi la volaille et les petits ruminants qu’elles élèvent.

Photo 6. Noix de karité écrasée et en train d'être battue pour en extraire le beurre.

Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 115 Photo 8. Savon à base de beurre de karité (koto) en préparation.

Photo 9. Savon koto en vente dans une calebasse au marché.

Photo 10. Savon koto en vente dans des calebasses sur la place du marché de Dunkassa. Remarquez aussi des boules noires ellipsoïdales qui sont de la moutarde pilée.

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Mis à part le sel (que les maris achètent pour leurs femmes), la femme peule produit la majorité de ce dont elle a besoin pour sa maison. C'est elle-même qui recherche le bois de chauffe surtout en saison sèche, où cette activité constitue une de ses principales occupations du moment. Pour ce qui est des condiments, elle fabrique elle-même le beurre de karité, la moutarde14 et le kpararou (Photos 11, 12, 13 et 14) et plante quelquefois du piment. Les condiments qu'elle a besoin d'acheter au marché se limitent aux assaisonnements, aux épices et quelquefois à l'oignon (car elle n'en produit pas assez pour lui permettre d'être auto- suffisante).

Photo 11. Racines de Cochlospermum tinctorium Perr. Ex A.Rich. (Kpararou en baatonu).

Photo 12. Fleur de Cochlospermum tinctorium Perr. Ex A.Rich.

14 C'est l'homme qui va généralement cueillir les fruits de néré à sa femme, quand ceux-ci sont à maturité. Elle a ainsi le stock de graines de néré qu'il lui faut pour produire sa moutarde toute l'année.

Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 117 Photo 13. Racines pilées et séchées de Cochlospermum tinctorium Perr. Ex A.Rich.

Photo 14. Femmes Gando vendant du kpararou au marché de Derassi (commune de Kalalé).

En saison des pluies par contre, l'essentiel de ce qui occupe la femme peule est le ramassage des noix de karité (Photo 15) et les activités champêtres. Le matin, très tôt (6h-6h 30mn), les femmes partent chercher les noix de karité. A leur retour, elles s'occupent des activités de la maison et passent le reste de leur temps dans les champs. En cette période, on ne retrouve presque personne à la maison, sauf les personnes âgées et certains enfants. Tout le monde part aux champs le matin et ils ne sont de retour que vers 18 heures. Sur le chemin du retour, certaines femmes en profitent pour chercher une seconde fois les noix de karité qu'elles ramènent à la maison.

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Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin 118 Photo 15. Tas de noix de karité (au premier plan) dans le troupeau.

Avec les activités productives qu'elle mène, la femme peule trouve de l'argent pour la mouture des céréales. L'homme ne donne souvent pas l'argent de la mouture. Si la femme ne dispose pas d'assez d'argent, elle peut vendre une partie de la céréale à moudre pour payer le prix de la mouture mais également pour se procurer un peu d'argent.

En somme, la femme peule, en dehors du lait qui ne revient pas à toutes les femmes, mène plusieurs activités aussi bien pour s'autosuffire sur le plan alimentaire mais aussi pour assurer ses autres besoins. Elle aide son mari et les autres membres du ménage à réaliser les tâches qui concourent à l'autosuffisance alimentaire de tout le ménage et par conséquent de toute la communauté.

7.5. REPARTITION DU TRAVAIL ENTRE LES DIFFERENTS MEMBRES DU