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1 Pratiques et dispositifs: quelques exemples

6. Les langues testées

1.6 Evaluation de tests de positionnement existants

1.6.5 Cutting Edge Placement Test

1.6.5 Cutting Edge Placement Test

1.6.5.1 Description et évaluation des caractéristiques du test

Les dispositifs auxquels nous allons nous intéresser maintenant présentent une plus grande complexité que ceux que nous avons examinés jusqu’ici car ils se composent de plusieurs tests simples. Le premier de ces dispositifs complexes est le Cutting Edge Placement Test. Ce dernier a été publié par les éditions

Longman et il a été conçu pour un usage gratuit. Conformément à la fonction

habituelle des tests de positionnement, sa fonction consiste à évaluer les connaissances des candidats en anglais afin d’identifier le niveau individuel le plus favorable à la poursuite de l’apprentissage de la langue. Ce niveau de reprise est désigné par l’expression cut-off point dans la documentation adjointe au test (Notes & Answer Key). Contrairement à d’autres tests de positionnement qui remplissent également une fonction diagnostique, Cutting Edge Placement

Test n’a d’autre fonction que de répartir les candidats par niveaux. Ceci est explicitement signalé aux utilisateurs (Notes & Answer Key). Le test ne doit pas non plus être utilisé à la manière d’un test d’acquisition, pour déterminer si les objectifs visés par un programme d’enseignement ont été atteints par les candidats au bout d’une certaine période de temps (Alderson, Clapham & Wall 1995:10). Bien que la recherche effectuée dans ce domaine, par exemple, par Brown (2010: 9-10), ait révélé que beaucoup de tests de positionnement et d’acquisition ont une fonction diagnostique secondaire, ce constat n’est pas accepté par les développeurs de Cutting Edge Placement Test. Le public visé par cet instrument d’évaluation est toute personne, quel que soit son niveau de langue, souhaitant évaluer son niveau de compétence.

Les cinq tests constitutifs du dispositif intégral recouvrent cinq niveaux successifs, à savoir, Starter (débutant complet), Elementary (élémentaire),

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intermediate (pré-intermédiaire), Intermediate (intermédiaire) ainsi qu’Upper Intermediate (intermédiaire supérieur). Une contrainte temporelle est imposée qui

s’élève à 1 heure 10 minutes pour l’ensemble de l’évaluation. La durée de la section ciblant la compréhension de l’oral est limitée à 20 minutes, tandis que la section évaluant les compétences écrites doit être parcourue en 50 minutes.

Le dispositif est constitué de cinq tests (A-E) qui évaluent les aspects de la langue enseignée aux niveaux couverts par la collection New Cutting Edge. Ces niveaux sont évoqués au-dessus (Notes & Answer Key). Chaque test est composé de la même manière et comporte deux grandes sections, dont la première évalue la compréhension de l’oral et la deuxième traite de la compréhension de l’écrit. Concernant le test de compréhension orale, ce dernier est constitué d’une seule partie renfermant un enregistrement. Variant en fonction des tests, l’enregistrement prend la forme d’un récit du passé, d’un reportage, d’une interview, d’une conversation et d’un entretien téléphonique.

La deuxième section, intitulée « test de lecture » (Reading section), est beaucoup plus complexe aussi bien par sa structure formelle que par le répertoire des compétences évaluées. Cette section est composée de quatre parties dont les trois premières contiennent quatre items et la dernière huit. La compétence évaluée par la première partie de la deuxième section est la compréhension écrite tandis que l’habileté testée par la deuxième partie varie entre la compétence lexicale et grammaticale, selon le test. Quant à la troisième partie de la deuxième section, la compétence communicative y est évaluée tandis que la dernière partie se focalise sur l’évaluation de la compétence grammaticale des candidats.

Le contenu des items dépend de leur fonction. Il est donc déterminé par la compétence à évaluer. Les items servant à évaluer la compréhension orale et écrite consistent à comprendre des textes oraux ou écrits et à choisir soit une seule réponse correcte parmi les trois ou quatre possibilités données, soit à retenir quatre énoncés corrects parmi huit ou dix options. Les items qui testent la compétence grammaticale sont de deux types différents.31 Les représentants du premier type invitent les candidats à compléter des phrases à trous par un morphème ou par un syntagme grammaticalement correct, à choisir parmi les

trois ou quatre options données. Les items de deuxième type évaluant la compétence grammaticale contiennent deux phrases isolées qui sont similaires au niveau du lexique et de la grammaire, mais qui révèlent tout de même certaines différences lexicales ou grammaticales. Ces items conduisent les candidats à décider si le sens de deux phrases est le même ou différent. Il faut noter que les items de deuxième type évaluent aussi bien la compétence lexicale que la compétence grammaticale, même si ce fait n’est pas indiqué dans l’explication jointe (Notes & Answer Key). Bien que la compétence lexicale soit également nécessaire pour insérer le morphème grammatical ou le syntagme correct dans une phrase à trou, elle a une plus grande importance dans les items de deuxième type. La compréhension du sens de la phrase est encore plus importante ici pour les candidats, puisqu’il est impossible de répondre en se focalisant uniquement sur le sens des options proposées.

Les items évaluant la compétence lexicale procèdent par sélection d’un morphème lexical qui se trouve en relation sémantique avec un mot donné. Cette relation sémantique est soit celle d’antonymie soit de synonymie soit d’hyponymie.32

La compétence lexicale est évaluée dans ces items au travers de la compréhension de morphèmes isolés et de la capacité qu’a le candidat à les utiliser. Le deuxième type d’items évaluant la compétence lexicale consiste à choisir un mot ayant la même voyelle orale qu’un autre mot signalé dans la phrase de référence. Selon le répertoire des compétences linguistiques présentées dans le CECRL, ce type d’item évalue la compétence phonologique, car trouver un mot contenant un même son vocalique présuppose « une aptitude à percevoir et à produire les unités sonores de la langue (phonèmes et leur réalisation dans des contextes particuliers » (CECRL 2005 : 91). L'analyse de

Cutting Edge Placement Test effectuée dans ce chapitre indique que la

compétence évaluée est lexicale afin de simplifier le classement d’items et afin de rester conforme au classement entrepris dans la clé des notes et des réponses de ce dispositif.

Les items évaluant la compétence communicative consistent à tester la capacité à utiliser les énoncés en contexte. Le contexte est fourni par l’énoncé déclaratif ou interrogatif servant de stimulus. Dans le test A, il ne faut pas choisir l’énoncé qui convient au stimulus, mais déterminer le lieu typique où cet énoncé

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serait prononcé. La compétence communicative évaluée par ce type d’items concerne la compétence sociolinguistique évoquée dans le CECRL (Conseil de l’Europe 2005 : 84, 93), car la capacité de choisir la réponse qui convient à un énoncé déclaratif ou interrogatif donné indique l’aptitude à « faire fonctionner la langue dans sa dimension sociale » (Conseil de l’Europe 2005 : 84, 93). Cette aptitude implique la capacité de participer aux relations sociales de façon efficace en utilisant des expressions courantes ou toutes faites, et ainsi, de mener à bien différents types d’échanges sociaux (Conseil de l’Europe 2005 : 95). Il est clair que la compétence communicative testée par ces items est différente des compétences communicatives langagières qui sont linguistiques.

La méthode utilisée par le test consiste à présenter les items au format QCM et à demander aux participants de choisir la réponse correcte parmi deux, trois ou quatre options données. Le nombre d’options disponibles varie en fonction des items. En outre, le format QCM est parfois combiné avec le format

questionnaire à trous. Le mode d’évaluation consiste à calculer et à afficher un score séparé pour la performance à chacun des cinq tests (A-E). Cette manière de mesurer la performance rend son mode d’évaluation transparent. La transparence est encore renforcée par la corrélation entre le score obtenu à chaque test et le nombre de bonnes réponses données, ainsi que l’indication du score limite de validation de niveau dans les cinq tests, qui s’élève à 19 points sur 24. Le score atteint dans chaque test est affiché sous forme de tableau. La structure, très claire, renforce l’impression de transparence dans l’évaluation.

En résumé, le Cutting Edge Placement test possède de nombreux aspects positifs mais aussi quelques points négatifs. Parmi les points forts figurent de toute évidence une évaluation de la compétence communicative, un haut degré de transparence, une orientation facile pour l’utilisateur grâce à l’affichage d’un score séparé pour chaque test sur un même tableau. Un autre atout est l’indication des solutions dans la liste des réponses attendues qui permet aux candidats de vérifier leurs propres réponses. Néanmoins, on relève aussi certains éléments critiques. En premier lieu, les scores attribués ne sont pas appariés avec les niveaux communs de référence du CECRL. En deuxième lieu, les deux compétences productives, l’expression écrite ainsi que l’expression orale, ne sont pas évaluées. De même, il manque des commentaires sur les

compétences des participants, par exemple, en indiquant les points forts et faibles de leur performance. Il manque également des conseils sur l’amélioration de l’apprentissage de la langue.

1.6.5.2 Analyse de la typologie des exercices et des compétences

La première partie du test, centrée sur l’évaluation de la compréhension de l’oral, contient deux types d’items au format QCM. Le premier consiste à choisir plusieurs réponses correctes parmi huit ou dix options données. Le deuxième consiste à sélectionner un seul énoncé convenable parmi les quatre alternatives proposées. Les items inclus représentent les différents types d’activités de compréhension de l’oral. Les enregistrements A et D renvoient à des récits personnels, situés dans le passé pour le premier message, et dans le présent pour le deuxième. La tâche B est organisée autour d’une interview, la tâche C représente une conversation téléphonique tandis que celle cataloguée E une conversation en face à face. Ces activités de compréhension de l’oral évaluent plusieurs sous-compétences de la compréhension de l’oral, en l’occurrence « comprendre une interaction entre locuteurs natifs » et « comprendre en tant qu’auditeur » (Conseil de l’Europe 2005 :55, 56).

La deuxième partie, composée d’activités de compréhension écrite, englobe quatre sous-parties. Celles-ci contiennent des items de cinq types différents, qui se répartissent en fonction des parties. La première partie des cinq tests (A-E) contient des items qui évaluent la compréhension écrite ainsi que plusieurs sous-compétences, en l’occurrence, la compréhension de textes cohérents ainsi que la compréhension de questions et de réponses à choix.

La deuxième partie des tests, composés des items numérotés 5 à 8, englobe soit des exercices de grammaire soit de vocabulaire. Il faut noter que tous sont au format QCM. Concernant les items de grammaire, ils se focalisent sur la compétence grammaticale qui est testée par le biais de phrases lacunaires auxquelles manquent un pronom personnel ou possessif, ou encore une préposition.

Les items qui évaluent la compétence lexicale, dans le test B, procèdent de manière directe en testant la compréhension du sens des lexèmes. La compréhension du sens est testée par la connaissance des mots ayant un lien sémantique particulier au mot donné : antonymie, synonymie ou hyponymie. Les

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items du test D évaluent la compétence phonétique en invitant les candidats à choisir le mot qui rime avec un mot particulier. Ces items testent bien « la connaissance de la perception et de la production des unités sonores de la langue » des candidats (Conseil de l’Europe 2005 :91).

Les items numérotés 9 à 12 sont centrés sur la compétence communicative. La compréhension de l’écrit est testée également car il faut comprendre le sens des énoncés donnés et des options proposées. Cependant, la sémantique textuelle n’est pas seule en cause. Pour choisir la réponse correcte, la compétence sociolinguistique est nécessaire. Celle-ci, rappelons-le, porte sur « la connaissance et les habiletés exigés pour faire fonctionner la langue dans sa dimension sociale » (Conseil de l’Europe 2005 : 93). Pour donner un aperçu des différentes sous-compétences communicatives évaluées dans cette troisième partie, nous dirons que les connaissances sociolinguistiques de base sont dominantes dans le test A, tandis que les autres tests, B à E, évaluent la connaissance des syntagmes et des phrases typiquement utilisés dans le cadre d’échanges sociaux courants. Parmi les tournures langagières incluses dans les items figurent celles qui marquent des relations sociales ou la politesse. La quatrième partie de chaque test est composée d’items évaluant la compétence grammaticale. Cette compétence est testée au travers de deux types d’items. Le premier type, apparaissant dans les tests A, B et C, consiste à compléter les phrases par un morphème lexical ou grammatical, ou encore par un syntagme adéquat. La deuxième catégorie d’items, utilisée dans les tests D et E, contient deux phrases juxtaposées dont il faut comprendre et comparer le sens.