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2. Des personnages en quête : héros vertueux face à l’adversité Nous allons maintenant nous intéresser aux personnages, alliés et ennemis, qu

2.3 Les trois visages de l’héroïsme : foi et vertu chrétienne, protestante et universelle

2.3.1 Croix Rouge

Comme nous l‘avons déjà mentionné, la quête à l‘intérieur du livre 1 de The

Faerie Queene se vit principalement et avant tout à travers le personnage de Croix

Rouge. Nous allons donc maintenant préciser les quelques détails mentionnés plus tôt à son sujet et aller plus loin dans l‘interprétation de ce personnage central.

Le chant 1 du premier livre s‘ouvre sur une description de Croix Rouge, laquelle s‘étend sur trois strophes. Dans l‘ordre, on le désigne comme un noble chevalier (1.1) équipé d‘armes puissantes et d‘un bouclier d‘argent (1.2), lesquels affichent des marques de blessures profondes (1.3) provenant d‘une présence sur plusieurs champs de bataille sanglants (1.4). Pourtant, le chevalier n‘a jamais manié les armes (1.5). En apparence, il a l‘air d‘un chevalier joyeux sachant se tenir sur selle (1.8), prêt à participer aux tournois et à faire de féroces rencontres (1.9). Sur sa poitrine il porte une croix couleur sang (2.1) en souvenir de son seigneur mourant (2.2). Sur son bouclier se trouve la même croix (2.5) en signe d‘espoir (2.6). Il est fidèle et vrai en faits et en paroles (2.7), mais sa joie semble

être entachée d‘une trop grande tristesse (2.8). Pourtant, il ne craint rien (2.9). Devant lui se présente une grande aventure (3.1), une mission que lui a confiée Gloriana (3.2). Ainsi, pour prouver sa puissance (3.7) et acquérir une nouvelle force (3.8) il doit terrasser son adversaire, un dragon terrifiant (3.9).

Cette description initiale met en place les caractéristiques principales de Croix Rouge. Si certains détails nous paraissent au départ anodins, ceux-ci gagnent en importance au fil du récit. Spenser ne laisse rien au hasard.

2.3.1.1 Le débutant

Le premier élément de description d‘importance est sans contredit le fait que Croix Rouge est un véritable novice. Sa description initiale est en vérité paradoxale à cet égard : il porte armes et armure qui ont maintes fois vu la bataille, mais lui-même n‘a jamais été au combat. De même, il semble projeter une véritable allure de chevalier et attend impatiemment la première occasion de prouver sa valeur, mais il n‘a en fait aucune expérience. À noter également, même sa joie de vivre est paradoxalement présentée : il a l‘air joyeux, mais il semble en vérité triste. Ainsi, dès les premières strophes du texte, Spenser nous enseigne à nous méfier des apparences trompeuses.

Le paradoxe de l‘apparence de Croix Rouge est atténué pour celui qui a lu attentivement la lettre à Raleigh. À l‘intérieur de celle-ci, Croix Rouge est présenté comme « ―a tall clownishe man‖ who sits on the floor, ―unfitte through his rusticity for a better place‖ ; but when he puts on the armor that Una brought with her to court, he is transformed into ―the goodliest man in al that company‖ ».209 Cette armure aux tels pouvoirs de transformation est celle de l‘homme Chrétien (Saint-Paul, Ephésiens 6.10-17), l‘armure de Dieu.210 C‘est elle qui provoque le paradoxe de l‘apparence chez Croix Rouge : sans l‘armure, il n‘est qu‘un simple homme, tandis qu‘avec elle, il est un vrai chevalier. Ou du moins, il a le potentiel d‘être un vrai chevalier et peut donc se donner des airs de

209 R. Kellogg, « Redcrosse » dans Spenser Encyclopedia, p. 588. 210 Ibid.

chevalerie. En tant que type, tel que nous l‘avons mentionné plus tôt, Croix Rouge peut laisser sa place à tout lecteur et le fait qu‘il ne soit pas un homme d‘expérience, un chevalier ayant survécu à maints combats et ayant reçu maints honneurs, permet au lecteur de prendre sa place sans difficulté et de façon crédible. Au départ, il n‘est pas un héros, il est un héros en devenir. Sans l‘armure, il est véritablement un type; avec l‘armure, il devient le chevalier de la sainteté. Le livre 1 s‘ouvre donc sur une invitation à revêtir, nous aussi, l‘armure de Dieu.

Jusqu‘à ce que Croix Rouge soit enfin désigné par le nom de Georgos, une fois son apprentissage terminé, à sa sortie de la maison de la sainteté, presque à la toute fin du livre 1, la transformation la plus profonde que l‘armure effectue sur lui est au cœur même de son identité : il est Croix Rouge parce qu‘il porte, sur sa poitrine et sur son bouclier, une croix couleur sang. En affichant cette croix, Croix Rouge expose littéralement ses couleurs et sa foi :

Red Cross‘s faith lies in his heart so that he wears the bloody cross (…) upon his breast and the same cross on his shield, therefore, not as a symbol of faith but of the hope which springs from faith and protects it from assault. It is this which his enemies attack first of all, knowing that it is more vulnerable than faith itself and that its destruction will plunge the knight into the most damning of all sins, despair. The third of the trinity of Christian virtues, love, is not directly mentioned, but it is implied in the conventional description of Red Cross as the faithful lover.211

La croix est donc un double symbole, représentant à la fois l‘espoir et la foi. À elles seules, ces deux vertus réunissent l‘essentiel de la définition de la sainteté selon Spenser. L‘identité même de Croix Rouge, symboliquement, n‘est nulle autre que la sainteté, tel que l‘indique le titre du livre 1 : la légende de Croix Rouge ou de la sainteté.

Outre la description initiale de Croix Rouge et ce qu‘on sait de lui de la lettre à Raleigh, le lecteur doit s‘attendre à faire quelques suppositions de base à propos du chevalier : « The Redcrosse whom we meet at the beginning is a novice. He has, we are to assume, been baptized; he knows his catechism; he has

not (because he is young) undergone a full test of faith. »212 Ces suppositions sont en vérité, pour le lecteur de l‘époque de Spenser, de véritables projections. Ici encore, le personnage de Croix Rouge est construit de façon à ce que l'information que le texte nous offre à son sujet, l'information que nous offre le texte d' appoint, et ce que l‘on sait de lui à la base, avant même d‘être confronté au texte, nous permettent tous de prendre sa place. L‘éducation du lecteur, pour reprendre le but avoué de Spenser dans sa lettre à Raleigh, se présente donc en parallèle à celle du héros à l‘intérieur de sa quête : « Red Cross is the young man baptised into the Christian faith but not yet having tried out his new weapons (…) and his quest is to be his education. »213

Nous avons mentionné l‘idée de type, laquelle est juste jusqu‘à un certain point, mais pour permettre au lecteur de s‘identifier au personnage, il faut que le personnage soit un type, et il faut également qu‘il soit plus qu‘un type. Afin d‘être un véhicule crédible pour le lecteur, le personnage doit être sympathique, être humain. Croix Rouge l‘est tout d‘abord grâce au fait, non anodin, qu‘il est humain, contrairement aux autres chevaliers, qui sont des fées.214 Son humanité se présente notamment par les qualités qui lui sont attribuées. Aussi paradoxales soient-elles, ces qualités sont d‘une importance capitale, et forment une véritable personnalité : « Spenser attributes to him individual touches – his guilelessness, his youthful solemnity, his impetuosity – which allows us to feel a human sympathy, and affinity, with him. »215

L‘impétuosité du personnage est essentielle à la dynamique du récit. Alors que le lecteur veut comprendre, aller au bout de sa lecture, Croix Rouge a du mal à attendre la suite des choses, il veut foncer d‘une aventure à l‘autre et surtout prouver sa valeur. Il s‘agit là d‘une véritable impatience, mais en fait du défaut par excellence de tout novice. Lecteur, personnage, et même sans doute auteur, ne font qu‘un face à ce défaut et l‘apprentissage de la patience est une quête qu‘ils partagent tous.

212 Ibid. 213 Ibid.

214 R. Kellogg, , « Redcrosse » dans Spenser Encyclopedia, p. 588 215 E. Heale, The Faerie Queene: A Reader’s Guide, p. 33

Vue sous cet angle d‘approche, la facilité relative avec laquelle Croix Rouge triomphe de sa première rencontre prend tout son sens :

The first half of canto i (…) offers him an easy victory: he can recognize and defeat doctrinal error (books and papers) when he sees it. Error, however, can take many forms; and Redcrosse remains unaware of the warning implicit in the simile which compares her numerous offspring to molesting gnats (i 23), for winged insects are also traditional emblems of the delusions of the imagination (…). But doctrine can in itself offer no guarantee against other forms of error, testaments to fallen human nature, embodied in the figure of Archimago.216

Une fois de plus, Spenser martèle le concept d‘apparences trompeuses, mais cette fois-ci, le concept trouve sa raison dans le tempérament du héros. Sa première victoire donne raison à son impatience, tandis que la suite des événements lui donne tort, une suite d‘échecs qui auraient pu être anticipés par un héros plus sage, ou un lecteur attentif.

Croix Rouge est toutefois humain, du moins initialement, et cela même dans la totalité de The Faerie Queene. S‘il est destiné à devenir un saint, son parcours s‘annonce semé d‘embûches, et sa personne s‘avère être faillible :

Redcrosse‘s quest, considered as a whole, is most immediately understood as an allegory of the making of a Protestant saint, both the fall into sin once separated from Christian truth, and the gradual restoration, through the intervention of grace and the loving guidance of holy church, to spiritual health, wholeness, and conformity to the image of Christ. The hero‘s greatest foes are the magician Archimago and the falsely fair Duessa, who work toward his destruction through guile, duplicity, and false appearance, making evil seem good, folly wise, and foulness beautiful. The singleness and unity implied by Una‘s name is opposed throughout Book I by the duality and duplicity of Duessa, who illustrate a disjunction between truth and outward appearance that is the worldly milieu of the errant Christian and is everywhere exploited by Archimago.217

La faiblesse de Croix Rouge n‘enlève toutefois rien à son héroïsme. Même s‘il chute nombre de fois face à l‘adversité, il arrive à sa fin, triomphant. Sa personne

216 D. Brooks-Davies, « The Faerie Queene, Book I » dans Spenser Encyclopedia, p. 261. 217 R. Kellogg, « Redcrosse » dans Spenser Encyclopedia, p. 588.

est en vérité un mélange parfait d‘humanité et de sainteté, laquelle est acquise graduellement, grâce à l‘expérience : « In Redcrosse, therefore, we find aspects, as radically different as at first they seem, of universal human nature, of the Christian Saviour, and of the person in direst need of salvation. »218

2.3.1.2 Le lecteur

L‘apprentissage de Croix Rouge, pour répondre à la « nature humaine universelle », sa qualité de rédempteur et son besoin personnel de salut, et pour faire écho à l‘apprentissage du lecteur lui-même, s‘effectue en grande partie grâce à la lecture. Si le lecteur peut si aisément prendre la place du héros, c‘est que le héros est en vérité un lecteur. À l‘intérieur du livre 1, « the difficulties of Redcrosse‘s quest and the obstacles that he faces are often brought about by his shortcomings as a reader or interpreter of signs. »219 Sa quête, vue sous cet angle, est donc essentiellement la même que celle du lecteur : lire, décoder, interpréter sans répit face à l‘adversité qui cherche à tromper, dissimuler et conduire à l‘abandon. Ses principaux alliés et adversaires sont en ce sens révélateurs : Una, la vérité, Archimago, l‘hypocrisie, et Duessa, la dualité, la fausseté.

Le but avoué de Spenser dans sa lettre à Raleigh prend tout son sens en étant le même qu‘il fixe pour ses héros et en étant atteignable par la même voie :

Whatever the relationship of Spenser‘s ―Letter to Raleigh‖ to the main body of the poem, it seems reasonable to assume that included in Spenser‘s avowed intent of ―fashioning a gentleman or noble person in virtuous and gentle discipline‖ might be some prescription of the proper way to read, of what should be read and of how the reader should situate a text in relation to both its literary antecedence and its contemporary intertexts. In Redcrosse‘s case, learning to read properly is seemingly part of his task as a Christian knight. Redcrosse‘s initial deficiencies as a reader can be seen as a caution to the reader of the poem, as well as denoting Spenser‘s own anxieties over the aesthetic, generic and ethical position of his project.220

218 Ibid.

219 H. Less-Jeffries, « From the Fountain to the Well : Redcrosse Learns to Read », p. 135-136. 220 Ibid, p. 136.

La lettre ferait donc partie, en quelque sorte, de l‘épreuve de lecture du lecteur. Si elle peut sembler trompeuse, comme nous l‘avons vu précédemment, il en revient au lecteur de juger, et de s‘y retrouver dans les maintes indications paradoxales ou trompeuses de l‘œuvre et de ce qui l‘entoure. Spenser lui-même ne cherche pas à tromper, mais il incite son lecteur à suivre les pas de ses personnages et à apprendre de leurs erreurs.

2.3.1.3 Le mélancolique

La plus grande erreur, ou plutôt la plus grande faille de Croix Rouge, est son état de tristesse, une forme de mélancolie. Au départ, Spenser mentionne pourtant qu‘il semble joyeux (1.8), mais aussitôt, il révèle qu‘il est plutôt triste (2.8). Un lecteur qui ne repérerait pas ce second détail commencerait son périple de lecture dans l‘erreur, faisant face au monstre du même nom avant même que le chevalier y soit confronté. La mélancolie de Croix Rouge est l‘un des éléments les plus importants de sa personnalité, de sa psychologie. C‘est cet élément qui donne force à certains de ses adversaires, notamment Sansjoy, et donne toute sa puissance à l‘épisode du Désespoir, véritable point culminant du livre 1, selon plusieurs de ses lecteurs.

La mélancolie de Croix Rouge est en vérité un élément unificateur de sa personnalité. Pour la comprendre, il faut faire appel à son statut de novice ainsi qu‘à celui de lecteur. Si Croix Rouge est triste, c‘est qu‘il ne comprend pas encore la signification complète de la foi et de l‘espoir qu‘il affiche pourtant fièrement : « It is clear that Red Cross does not yet fully understand the happiness and power which lies in his faith. »221 En quelque sorte, novice qu‘il est, il n‘arrive pas encore à bien déchiffrer la signification de l‘armure qu‘on lui a enfilée. Il en comprend quelques éléments, puisqu‘il semble déjà un chevalier, mais sa connaissance de soi, de sa foi et de l‘espoir est pour l‘instant limitée. Son impétuosité est même ici un obstacle à cette compréhension, puisque son

empressement le mène à être trompé et déçu. Cette faiblesse le porte donc à chercher la gloire éternelle à travers la mort :

The knight of holiness is caught between time and eternity: he is committed to knighthood, the pursuit of the active life, because he has been chosen by God to fight against evil; and yet he yearns for the timeless which he seeks impatiently through death many times, for example, in Orgoglio‘s dungeon (viii 38) and when Despair tempts him to suicide (ix 49-51). Redcrosse must learn not only patience but also that there are varieties of holiness.222

La mélancolie de Croix Rouge est selon nous l‘une de ses caractéristiques qui le rendent le plus humain et, mieux encore, qui font transcender le personnage en dehors de l‘époque où il a été créé. Grâce à cet élément, Croix Rouge cesse un instant d‘être un simple type et devient homme aux prises avec l‘un des drames humains les plus intemporels.

2.3.2 Una

Croix Rouge ne pourrait être en quête sans sa dame, Una. Leur quête est d‘ailleurs commune en plusieurs points, puisqu‘ils partagent l‘objectif de libérer les parents d‘Una. Le rôle de la dame est toutefois principalement celui de guide, elle accompagne Croix Rouge dans sa quête, l‘informe dans certains cas d‘une direction à prendre, lui donne dans d‘autres cas de judicieux conseils, venant même à sa rescousse dans d‘autres cas. Le personnage d‘Una ne se réduit pourtant pas uniquement à être un guide. Après tout, Una a droit parfois à sa propre trame narrative. Allégoriquement, celle-ci peut être reliée à Croix Rouge, à un parcours psychologique qu‘il vit alors même qu‘il suit sa propre trame narrative, mais Una a également une identité à part entière.

La description d‘Una suit celle de Croix Rouge au début du chant 1 et s‘étend sur deux strophes. Dans l‘ordre, Spenser note sa beauté (4.1), puis il mentionne sa monture, un âne plus blanc que neige (4.2), mais pas autant que la dame elle-même (4.3). Elle est toutefois voilée (4.4-5) en signe de deuil (4.6).

Triste (4.6), elle avance lentement (4.7), suivie par un agneau blanc (4.9). Elle est pure et innocente (5.1) et de lignée royale (5.3). Son royaume est toutefois envahi par un démon infernal (5.7), c‘est pourquoi, pour se venger, elle a demandé les services du chevalier (5.9).

Comme dans le cas de Croix Rouge, cette courte description dévoile les principales caractéristiques d‘Una. Le lecteur ne doit donc pas se laisser tromper par le peu d‘information, en apparence, révélé. Chaque information est d‘une grande importance.

La beauté d‘Una, combinée avec le fait qu‘elle est voilée, est directement en lien avec sa signification allégorique première : la vérité. Spenser lui attribue d‘ailleurs directement cette signification dès l‘argument du chant 2. Son nom, Una pour « un », mentionné pour la première fois à la strophe 45 du chant 1, alors qu‘Archimago se prépare à créer une fausse Una, est indicateur de la qualité de base de la vérité : elle est unique. C‘est d‘ailleurs pour cette raison que son nom est mentionné pour la première fois alors qu‘on tente de violer cette caractéristique.

La présence de l‘âne, sa blancheur, et la présence de l‘agneau renforcent les qualités d‘Una exprimées clairement et directement par le texte : sa pureté et son innocence. L‘âne, en fait, est également symbole d‘humilité.223 L‘agneau est par contre un symbole plus complexe : « it suggests her innocence and vulnerability, and it also suggests her identity as the lady rescued by St George, who was traditionally shown leading a lamb. »224 On peut aisément faire remonter l‘innocence d‘Una à sa lignée. Fille d‘Adam et Ève, le roi et la reine dont le royaume est dévasté par le dragon, Una hérite de qualités qui datent du jardin d‘Éden, avant la chute.225 L‘association d‘Una à l‘agneau suggère d‘ailleurs davantage à propos de la relation entre le présent historique et le passé biblique de la Genèse :

Una‘s association with the lamb thus suggests both her identity as Christ‘s True Church, to be restored by the defeat of Roman Catholicism, and the promise by which our sinful inheritance

223 E. Heale, The Faerie Queene: A Reader’s Guide, p. 27. 224 Ibid.

from Adam and Eve will be purged and we shall be restored to our first communion with God.226

Le voile que porte Una peut également être considéré en lien avec le rapport privilégié qu‘elle entretient avec le monde d‘avant la chute : « Una‘s whiteness is covered by a ‗blacke stole‘ and she is veiled (i.4), a sign of her outcast state in this world. »227

Ce statut particulier d‘Una fait d‘elle un agent de la grâce, ce qui explique en partie pourquoi elle est tantôt une guide, tantôt conseillère, tantôt celle qui vole à la rescousse de Croix Rouge :

In her role of rescuer, truth-bearer and guide both to the House of Holiness and to the Hill of Contemplation, Una is Spenser‘s symbol of right-reason, the channel of grace, the spark of divinity remaining in Everyman even after the Fall. Since the tragedy of her first parents in Eden, however, she is veiled and