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entend que l’être est défini par le paraître, autrement dit, il y a adéquation totale entre les deux composantes du carré, cette position atteint le paroxysme dans la première catégorie ayant pour objet "définition parémique". Aussi, il y a présence de quelques parémies incarnant la position 2.

Remarquant que dans le corpus parémique, l’être femme multiplie et conjugue à profusion le paraitre, forcément imputé - par pure supputation- par le sexe opposé, c’est la raison pour laquelle nous nous évertuons à débusquer et à traquer de près la véracité de ces propos. Autrement dit, s’agit-il de propos foncièrement véridictoires, valides ou à caractère manipulateur ?

VI.4. Vérité, validité ou manipulation discursive ?

Force est de constater que dans ce contexte, l’objectivité se met au rebut d’une intersubjectivité qui aura pour tache d’authentifier les dires.

La vérité ne doit pas se définir dans une optique autarcique, encore moins se mettre en porte-à-faux avec la réalité car c’est cette dernière qui la valide. Cette vérité est appelée à être contextualité et vérifiée en situation. Rorty atteste que : « être en rapport avec la réalité doit se traduire en termes d’être en rapport

avec une communauté humaine »246.

Le passage entre ces deux notions interdépendantes s’opère comme suit : « dès lors que l’objectivité de la connaissance ne se mesure plus à la certitude privée, mais à la pratique publique de la justification. La ‘vérité’ se transforme en un

concept de validité »247. Ce qui insinue que toute aspiration a l’érection des cloisons

étanches entre ces notions délicatement imbriquées l’une dans l’autre ne serait pas une tache de tout repos.

246 RORTY, cité dans : J.HABERMAS, Vérité et justification, Gallimard, Paris, 2001, p.174.

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L’aspiration et la recherche de la vérité définissent l’humain. « L’être, dit

Tugendhat, est un être véritatif »248. Donc vouloir délester la vérité de la

composante validité ne répond pas vraiment aux attentes des sujets parlants. Autrement dit, décontextualiser la vérité en la confinant dans l’enceinte théorique ne nous est pas d’un grand apport, encore moins ressasser le discours platonicien, kantien, hegelien, etc.

Tout le processus de l’argumentation trouve sa finalité dans cette perspective qui serait :

« Un concours dont le but est de faire ressortir les meilleurs arguments en faveur ou à l’encontre de certaines prétentions à la validité controversée ; on s’y engage dans l’intérêt de la recherche coopérative de la vérité […] Les prétentions à la vérité ne peuvent être honorées que par la discussion, et donc dans le cadre du contexte de justification chaque fois approprié. (…) il ne faut assimiler la vérité ni a la certitude

pratique ni a l’assertabilité garantie »249.

Il nous semble que la vérité définie culturellement répond plus à la notion de ‘réalité’ que celle de ‘vérité’. Cela relève d’une ambigüité synonymique entourant la notion de vérité dont l’usage courant de ces mots, qui, soit dit en passant, entretiennent une affinité synonymique étroite qui ne semble pas nuancée : « la

vérité réside dans la relation entre le sujet et l’objet »250. Donc, la vérité incarne le

truchement entre la réalité et la perception. Cela dit, le principe d’objectivité définitoire de la vérité s’estompe au profit d’une intersubjectivité.

L’objectivité ne peut se définir en dehors de l’intersubjectivité. Les désenchevêtrer serait une amputation aussi claire qu’évidente car l’une est définitoire de l’autre :

248 Idem, p.181.

249 Ibid, pp. 187-188.

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« Les conditions de l’objectivité de la connaissance ne peuvent être analysées qu’en rapport avec les conditions de l’intersubjectivité d’une entente sur ce qui se dit […] le désir d’objectivité n’est pas le désir de se soustraire à la finitude d’une communauté, il est seulement le désir d’un consensus

intersubjectif aussi complet que possible »251.

Considérons le critère d’intersubjectivité de plus près, il se repose et débouche sur la validité de l’énoncé. D’où l’interrogation qui s’impose avec acuité : y aurait-il des clivages bien définis entre la vérité et la validité ? La deuxième ne se présente-t-elle pas comme condition sine-qua-none à l’acceptabilité de la première ? Y a-t-il une interdépendance définitoire entre les deux ?

La citation suivante s’inscrit dans ce même sillage et illustre, a notre sens, cette problématique : « la vérité des jugements devait désormais se mesurer à un critère

génétique : la certitude qui s’associe aux expériences vécues évidentes »252.

Cela dit, la concrétisation sociale et pragmatique de la vérité se matérialise dans le concept de validité, et c’est grâce à l’argumentation, vecteur à travers lequel cela prend forme : « l’argumentation est le seul moyen de savoir si tel est le cas, car nous ne disposons d’aucun accès direct à des conditions de vérité soustraites à

toute interprétation »253.

Dès lors que les frontières séparant la vérité de la validité ne sont pas clairement définies ; la question de la manipulation s’invite comme une perspective échéante d’investigation. En effet, la légitimité de la question réside dans le fait que la manipulation, de par son potentiel et son omniprésence, implicite certes, réclame sa figuration dans le processus véridictoire.

251 J. HABERMAS, op.cit., pp.174-177.

252 Idem, p.178.

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à travers le regard cursif que l’on a jeté sur la construction de la vérité – allant de sa conception à son allégeance sociale - nous nous sommes redus compte que la vérité dans son acception d’althaea se donne pour une conception autarcique , dans ce sens qu’elle se suffit à elle-même, néanmoins, son utilité se mesure en terme de validité, autrement dit, ce n’est qu’en faisant preuve d’une imprégnation voire d’une répercussion sociales qu’elle se dote d’éléments attestant sa correrctitude socioculturelle. La vérité pour qu’elle se maintienne doit se parer d’atouts contextuels qui assurent sa validité, c’est une sorte de mise en œuvre qui a pour but de valider ce qui a été conçu en amont. Ainsi, le parcours véridictoire étant balisé, l’approche sera abordée dans les deux sens. Les pensées doxiques s’érigent en donnes irréprochablement véridictoires et c’est là justement que la manipulation discursive fait son intrusion, c’est lorsqu’on dévie du parcours véridictoire préalablement tracé.

Certes, d’aucuns nieront que les sexotypes féminin/masculin sont indépendants de tout ancrage géographique, leur universalité ne fait qu’étayer la thèse de leur probable vérité, car de par la délimitation de cette dernière notion, Bertrand asserte que :

« Les énoncés vrais résistent, même aux tentatives de réfutation qui transcendent toute frontière spatiale, sociale et temporelle. Ce que nous considérons comme vrai doit pouvoir se défendre non seulement dans un contexte différent, mais encore dans tous les contextes possibles, il faut donc qu’on puisse les défendre à tout moment et contre

toute personne imaginable »254.

254K..O. APPEL et J. POULAIN, « le problème de l’évidence phénoménologique à la lumière d’une sémiotique transcendantale », dans Critique de la raison phénoménologique, Paris, Cerf, 1991, p. 191.