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Avant-Propos

Chapitre 1 Etat de l’art

II.2.1 Coquillages et crustacés

Dans le cadre de l’étude de la prévalence des MP dans les produits de la pêche, l’OSPAR ou l’Union Européenne recommandent un minimum d’individus à échantillonner de 50 pour les poissons et les invertébrés marins afin d’assurer une bonne représentativité des données (Directive Strategy Framework, 2013; OSPAR, 2015). Les études ci-dessous concernent toutes des produits de la pêche consommés par l’Homme. Aucun tri en fonction de la qualité des résultats n’a été effectué dans la présentation de ces études. Néanmoins, certaines études n’ont pas utilisé d’identification chimique des potentiels MP ou n’ont pas considérées leurs résultats au vu de la possible contamination aéroportée par des fibres.

II.2.1 Coquillages et crustacés

L’ingestion de MP a été montrée chez plusieurs espèces d’invertébrés marins (Tableau 3). Les espèces de bivalves filtreurs comme Mytilus edulis ou Mytilus galloprovincialis, du fait de leur mode d’alimentation, ingèrent des MP présents dans l’environnement. Il a été montré que les moules ingèrent de 0,05 à 0,37 MP/g de chair humide le long des côtes européennes (Phuong et al., 2018a; Van Cauwenberghe et Janssen, 2014; Van Cauwenberghe

et al., 2015; Vandermeersch et al., 2015a). Néanmoins, le long des côtes chinoises, l’ingestion de MP varie de 0,9 à 4,6 MP/g de chair humide, soit 1,5 à 7,6 MP/individu, ce qui est bien supérieur au niveau de contamination européen (Li et al., 2018a; Li et al., 2016b). De plus, Li

et al. (2016b) ont mis en évidence une présence de MP significativement plus importante pour les moules sauvages (4,6 MP/individu – 2,7 MP/g de chair humide) en comparaison aux moules d’aquaculture (3,3 MP/individu – 1,6 MP/g de chair humide) (p-value<0,01 – Test T) ainsi qu’une ingestion de MP plus importante en zones anthropisées (3,3 MP/g de chair

humide) (Li et al., 2016b). Le même type de résultats a été trouvé concernant la contamination en MP plus importante pour des moules d’aquaculture (Mathalon et Hill, 2014). Néanmoins, l’étude de Mathalon et Hill (2014) présente quelques biais analytiques et une potentielle contamination des échantillons avec des fibres provenant de l’environnement du laboratoire. Dans un travail réalisé au Royaume Uni, Li et al. (2018c) ont montré une différence de contamination aux MP entre des moules sauvages et des moules achetées dans des supermarchés. Les moules de supermarchés contenaient moins de MP/g de chair (0,9 à 1,4 MP/g de chair) que les moules sauvages (0,7 à 2,9 MP/g de chair) (p<0,001 – ANOVA) sans que cette différence soit observée pour les données en MP/individu (Li et al., 2018c). Il est à noter que d’autres études n’ont pas trouvé de différence de prévalence de MP entre des moules sauvages et des moules d’aquaculture (De Witte et al., 2014; Phuong et al., 2018a). De plus, une étude sur la contamination des moules (M. edulis) et des huîtres (C. gigas) n’a pas montré de différences d’ingestion de MP en fonction des différents sites (3 pour les moules et 2 pour les huîtres) et de la période (Automne ou Printemps) de prélèvement (Phuong et al., 2018a).

Une étude sur la palourde Venerupis philippinarum, a mis en évidence une contamination aux MP de 100% des individus échantillonnés (Davidson et Dudas, 2016). Ce fort taux de contamination peut être expliqué par une pollution par des fibres venant de l’air ambiant lors de la préparation et de l’analyse des échantillons en laboratoire (Davidson et Dudas, 2016). Par ailleurs, ces auteurs (Davidson et Dudas, 2016) n’ont pas montré de différence significative (p=0,289 – ANOVA) de présence de MP entre des palourdes d’aquaculture (11,3 ± 6,6 (écart-type (S.D)) MP/individu – 1,7 ± 1,2 MP/g de chair) et des palourdes sauvages (8,4 ± 8,5 MP/individu – 0,9 ± 0,9 MP/g de chair). Rochman et al.

(2015b) ont montré que l’huître creuse, Crassostrea gigas, était contaminée dans 33,3% des cas et contenait en moyenne 0,6 MP/individu contaminé. Une étude sur 9 espèces de bivalves commerciaux chinois a révélé la présence de 4,3 à 57,2 MP/individus soit entre 2,1 et 10,5 MP/g de chair humide (Li et al., 2015) ce qui est très supérieur à la contamination retrouvée dans les bivalves européens (De Witte et al., 2014; Phuong et al., 2018a; Van Cauwenberghe et Janssen, 2014; Vandermeersch et al., 2015a). Ce taux de contamination des bivalves chinois par des microplastiques s’expliquent par le fait que les eaux chinoises sont très contaminées par les plastiques (Isobe et al., 2015; Zhao et al., 2014). De plus, les auteurs ont démontré que la contamination croisée atmosphérique était faible et n’était pas la cause de cette forte contamination des bivalves par les MP (Li et al., 2015).

Une étude sur les crevettes grises le long des côtes européennes met en évidence un taux de contamination de 63% des crevettes échantillonnées (Devriese et al., 2015). Concernant les langoustines, sur 120 individus échantillonnés, 83% contenaient des MP (Murray et Cowie, 2011) alors qu’une autre étude révélait un niveau de contamination de 67% sur 1450 langoustines échantillonnées (Welden et Cowie, 2016b).

A ce jour, vingt études sur vingt espèces différentes d’invertébrés marins ont été réalisées afin de caractériser la présence de MP dans ces espèces (Tableau 3). L’effort d’échantillonnage varie de 5 individus échantillonnés par site (Vandermeersch et al., 2015a) à 1450 (Welden et Cowie, 2016b) et la contamination varie de 0,05 MP/g de chair humide pour des moules (M.

galloprovincialis) échantillonnées dans l’estuaire du Po en Italie (Vandermeersch et al.,

2015a) à 10,5 MP/g de chair humide pour des bivalves échantillonnés sur les côtes Chinoises (Li et al., 2015).

Tableau 3 : Contamination par les microplastiques des invertébrés marins consommés par l’Homme

Espèce Nom commun Nombre d’individu % d’ingestion Nombre moyen de débris plastiques/individu ± S.D

Taille des

plastiques (mm) Localisation Réf

Phylum Mollusca

Mytilus galloprovincialis Moule 100 - 0,34 ± 0,33 p/g - Estuaire du Tagues,

Portugal [9]

Mytilus galloprovincialis Moule 100 - 0,05 ± 0,11 p/g - Estuaire Po, Italie [9]

Mytilus galloprovincialis Moule 25 - 0,15 ± 0,33 p/g - Baie de Fangar, Espagne [9]

Mytilus galloprovincialis b Moule 25 - 0,25 ± 0,26 p/g - Coro, Italie [9]

Mytilus galloprovincialis b Moule 100 - 0,04 ± 0,09 p/g - Ebro delta, Espagne [9]

Mytilus galloprovincialis b Moule 18 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Mytilus galloprovincialis c Moule 80 46,3 1,9 ± 0,2 <0,1 – 1 Mer Ionienne, Grèce [22]

Mytilus edulis Moule 25 - 0,06 ± 0,13 p/g - Baie de Saint Brieuc,

France [9]

Mytilus edulis Moule 25 - 0,32 ± 0,22 p/g - Inschot, Pays-Bas [9]

Mytilus edulis Moule 36 - 0,36 ± 0,07 p/g 5 - 25 µm Mer du Nord, Allemagne [7]

Mytilus edulis Moule - - 0,2 ± 0,3 p/g 20 -90 µm Mer du Nord [8]

Mytilus edulis Moule 45 - 0,37 p/g Fibres : 0,3 - 1 Mer du Nord, Belgique [3]

Mytilus edulis Moule 390 - 1,5 – 7,6 (0,9 – 4,6 p/g) Fibres : 0,033 – 4,7 Côtes chinoises, Chine [10]

Mytilus edulis Moule - 97 1,05 – 4,44 p/g 0,2 – 10,67 Oban, Ecosse [15]

Mytilus edulis Moule 120 - 0,60 ± 0,56 (0,23 ± 0,20 p/g)

52% 50-100 µm, 37% 20-50 µm et 11% >100 µm

Côtes Atlantique, France [16]

Mytilus edulis Moule 162 100 1,1 – 6,4 (0,7 – 2,9 p/g) 8 µm – 4,7 mm Côtes du Royaume Uni [18]

Mytilus edulis Moule 30 100 106 – 126 - Côtes de Nouvelle-Ecosse, Canada [23]

Mytilus edulis Moule (aquaculture) 15 100 178 - Côtes du Labrador, Canada [23]

Mytilus trosssulus Moule 450 - 0,04 ± 0,19 (0,26 ± 1,3 p/g) - Sortie Baltique de STEP, Mer [21]

Espèce Nom commun Nombre d’individu % d’ingestion Nombre moyen de débris plastiques/individu ± S.D

Taille des

plastiques (mm) Localisation Réf

Crassostrea gigas Huître creuse 60 - 2,10 ± 1,71 (0,18 ± 0,16 p/g)

52% 50-100 µm, 37% 20-50 µm et 11% >100 µm

Côtes Atlantique, France [16]

Saccostrea cucullata Huître 330 100 1,7 – 4,0 (1,5 – 7,2 p/g) 75,6 – 89,7% <100 µm Estuaire de la rivière des

Perles, Chine [17]

Dosidicus gigas Encornet géant 30 26,7 Max : 11 Pellet : 3-5 Colombie britannique,

Canada [1]

Perna perna Moule 30 75 - - Estuaire de Santos, Brésil [5]

Venerupis philippinarum Palourde japonaise

(sauvage) 27 100 8,4 ± 8,5 (0,9 ± 0,9 p/g) -

Colombie britannique,

Canada [11]

Venerupis philippinarum Palourde japonaise

(aquaculture) 27 100 11,3 ± 6,6 (1,7 ± 1,2 p/g) -

Colombie britannique,

Canada [11]

Venerupis philippinarum b Palourde japonaise 24 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Scapharca subcrenata b 6 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Tegillarca granosa b 18 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Patinopecten yessoensis b 6 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Alectryonella plicatula b 18 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Sinonovacula constricta b 6 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 – 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Meretrix lusoria 18 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12]

Cyclina sinensis 30 - 4,3 – 57,2 (2,1 – 10,5 p/g) d 0,05 - 5 Côtes chinoises, Chine [12] Phylum Crustacean

Nephros norvegicus Langoustine 120 83 - - Clyde, Angleterre [4]

Nephros norvegicus Langoustine 1450 67 - - Côtes Ecossaises [13]

Crangon Crangon a Crevette grise 150 63 0,65 ± 0,30 0,2 - 1 Belgique, Mer du Nord [2]

Crangon Crangon a Crevette grise 5 63 1,76 ± 1,64 0,2 - 1 Angleterre, Mer du Nord [2]

Crangon Crangon a Crevette grise 5 63 1,21 ± 1,75 0,2 - 1 France, Manche [2]

Crangon Crangon a Crevette grise 5 63 0,40 ± 0,56 0,2 - 1 Pays-Bas, Mer du Nord [2]

Aristeus antennatus Crevette rouge 148 39,2 - 1,9 – 26,7 Mer Méditerranée,

Espagne [19]

Eirocheir sinensis Crabe chinois 302 13 0,5 - 5 Estuaire du Tage, Portugal

Espèce Nom commun Nombre d’individu % d’ingestion Nombre moyen de débris plastiques/individu ± S.D

Taille des

plastiques (mm) Localisation Réf

Maja Squinado Araignée de mer 54 42,5 1,39 ± 0,79 > 0,5 Mer de Clyde, Angleterre [20] a Indique le pourcentage moyen sur l’ensemble des individus échantillonné ; b

Indique des individus échantillonnés sur des marchés ; c : digestion glande digestive et branchies seulement ; d données concernant l’ensemble des espèces de l’étude

- : indique une absence de données ; p/g : particule/g de chair humide

Références bibliographique : [1] Braid et al. (2011) ; [2] Devriese et al. (2015) ; [3] De Witte et al. (2014) [4] Murray et Cowie (2011) ; [5] Santana et al. (2016) [6] Rochman et al. (2015b) ; [7] Van Cauwenberghe et Janssen (2014) ; [8] Van Cauwenberghe et al. (2015) ; [9] Vandermeersch et al. (2015a) ; [10] Li et al. (2016b) ; [11] Davidson et Dudas (2016) ; [12] Li et al.

(2015) ; [13] Welden et Cowie (2016b) ; [14] Wójcik-Fudalewska et al. (2016) ; [15] Courtene-Jones et al. (2017) ; [16] Phuong et al. (2018a) ; [17] Li et al. (2018a) ; [18] Li et al. (2018c); [19] Carreras-Colom et al. (2018) ; [20] Welden et al. (2018) ; [21] Railo et al. (2018) ; [22] Digka et al. (2018) ; [23] Mathalon et Hill (2014)