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Chapitre 3 : Analyse et discussion

3.2. Questions environnementales et gouvernance de la sécurité

3.2.2. Coopération environnementale et consolidation de la paix

organisation intergouvernementale expliquent que l’intérêt social et politique porté à l’environnement peut servir de point d’ancrage pour engager le dialogue entre les parties belligérantes, et pour trouver des solutions qui conviennent à tous. Le texte de Boiral & Verna (2005) précise que la « diplomatie environnementale » est un outil qui permet un rapprochement des parties belligérantes. Ainsi, les questions environnementales ne sont plus considérées comme source de problèmes, mais plutôt comme instrument pour la promotion de la paix.

It is not really the role of environment, it is really the environmental issue that can be sort of introduced or and discussed amongst hostile parties or parties of conflicts in which they both or three or four parties sometimes would sit together and find solutions to this issue. That sort of brings the people to the working level, bring it to the table to sit down together, you know discuss these problems and then come up with some common solutions to such problems. (Source: Interview_Abraham)

En général, l'argument qui est donné pour la coopération environnementale, c'est que même si ce sont souvent des questions sensibles, ces questions de gestion de ressources communes, sont exactement des points où des populations peuvent se retrouver. Parce que malgré toutes leurs différences politiques, etc., elles ont quand même besoin des mêmes ressources. Elles ont tout intérêt, une situation win-win comme on dit, à trouver un arrangement une collaboration de manière à ce que tout le monde gagne, au lieu de se disputer où tout le monde perd. L'idée c'est de construire sur le besoin de collaborer à propos de ces ressources qui sont à partager. (Source: Interview_Marge)

Cette démarche de concertation peut déboucher sur un véritable dialogue entre les belligérants. Les questions environnementales deviennent alors un outil de rapprochement et de promotion de la paix et non une source de conflit. Certaines organisations, comme l’UNESCO ou encore la Croix-Verte, se sont attachées, au cours des dernières années, à mettre de l’avant cette vision optimiste de la « diplomatie environnementale » à travers notamment les débats sur le partage de l’eau. (Source: Article_Boiral & Verna, 2005)

La coopération environnementale est d’autant plus nécessaire dans le contexte de gestion des bassins transfrontaliers (ex. fleuves et lacs), puisqu’elle permet de récolter et de partager les données en eau dans le but de circonscrire les droits de chacun : « data is important to define what rights each party has » (Source: Interview_Abraham).Une pratique qui d’ailleurs amène

Neukirchen, 2003). À l’inverse, les projets de coopération environnementale offrent certes des opportunités pour la consolidation de la paix, mais ne sont en aucun cas une garantie de réussite. M. Renner, dans son entrevue, présente deux contextes qui démontrent que, selon la situation, ce genre de projet peut fonctionner ou non : « So what the subject is that there are opportunities, but that the opportunities aren't necessarily been taken advantage of or even when they are, they may not always work out in a very positive ways. » (Source: Webcast (Interview)_M. Renner). Dans la Province d’Aceh, 5 ans après le tsunami, la coopération entre les différents acteurs est un succès, alors que le contraire s’est produit au Sri Lanka. Pour sa part, Marge, évoque le rapprochement entre l’Afghanistan et l’Iran autour d’« un processus scientifique commun pour déterminer la dégradation environnementale qui affectait le bassin d'eau commun qui était fortement dégradé ». L’idée du rapprochement des parties était de « développer des plans de gestion commune qu'ensuite ça serait un bon point de départ pour étendre cette collaboration. ». Or, la collaboration s’est très bien déroulé et a été un succès, mais « [ç]a n'a rien résolu sur le conflit plus large. Alors voilà il n'y a pas de grands désavantages à essayer, mais pas de garantie que ça aille plus loin » (Source: Interview_Marge). Elle ajoute toutefois que l’utilisation de la coopération environnementale, notamment pour des questions de gestion et de partage des ressources naturelles pourrait mener à des problèmes. Surtout, dans une phase précoce où la méfiance et la haine sont encore très présentes, ces questions sont parfois trop sensibles pour les mettre au premier plan des négociations.

[L]es questions environnementales, prises au sens large, les questions de gestion de ressources naturelles finalement, sont très souvent des questions sensibles, parce qu'elles soutiennent la vie, soit l'eau, les terres dont dépendent les paysans pour faire pousser leurs produits. Donc ce sont des questions sensibles qui sont chargées d'émotion, surtout quand elles sont exploitées par le pouvoir politique en place. Alors oui, il y a des cas où elles sont sensibles, et peut-être on peut commencer par autre chose que des questions de ressources naturelles là. (Source: Interview_Marge)

Quand nos sources parlent des questions environnementales dans le cadre des opérations de consolidation de la paix, elles font le plus souvent référence aux ressources naturelles. La conservation et la gestion de celles-ci aideraient ainsi à récolter les bénéfices de la paix.

Nous aborderons maintenant les projets de gestions des ressources naturelles (GRN) dans le cadre des opérations de consolidation de la paix.

3.2.3. Gestion des ressources naturelles et consolidation de la paix