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Chapitre 2 : Méthodologie

2.2. Échantillonnage

Tout échantillon en recherche qualitative doit respecter trois critères clés : l’homogénéisation, la diversification et la saturation. Pirès (1997) explique que l'homogénéisation consiste à choisir un groupe relativement homogène, c’est-à-dire un milieu organisé que le chercheur veut étudier. Dépendamment des groupes sociaux, certains peuvent présenter une plus grande diversité que d’autres. Maintenant, pour assurer le critère de diversification (interne), il faut prendre à l’intérieur de l’échantillon les informateurs les plus divers possible afin de maximaliser l’étude extensive du groupe choisi. Les variables stratégiques qui ont été établies selon l’objet d’étude détermineront le nombre de cas nécessaires pour satisfaire le critère de la

saturation. Ce dernier sert à bien délimiter l’objet d’étude jusqu’à ce que la redondance d’information se manifeste (Pires, 1997). L’échantillonnage d’une étude par théorisation ancrée est progressif et intimement lié à celui du codage (Laperrière, 1997a) et de l’enquête en cours (Strauss & Corbin, 2003), et se termine quand il y a saturation, c’est-à-dire que la collecte de données n’apporte plus de nouvel élément. Autrement dit, l’analyse des catégories et concepts (codage et saturation) indique quel type de données il faut recueillir par la suite (Paillé, & Mucchielli, 2003). Le chercheur vise à récolter des données qui lui permettent de montrer la capacité descriptive ou explicative du construit théorique (Paillé & Mucchielli, 2003, 2005).

Initialement, notre étude visait uniquement les professionnels du domaine des opérations de consolidation de la paix, spécialisés dans les questions environnementales, notamment en matière d’eau. Nous avons rencontré des difficultés à trouver des personnes présentant ces critères et encore moins disposées à participer à notre étude, ce qui nous a conduits à modifier nos critères de sélection. Ainsi, notre population choisie est dorénavant plus large, qui comporte des professionnels du domaine des opérations de paix, soit des personnes travaillant ou ayant de l’expérience dans les secteurs du développement, de l’aide humanitaire et de la consolidation de la paix. Bien entendu, tous devaient posséder une connaissance quant aux questions environnementales. Nous justifions ce choix par le fait qu’ils constituent une source d'information pertinente nous permettant de décrire les liens entre environnement et violence, et d’écouter les problèmes et les solutions proposées jugées proches de la réalité du terrain. D’ailleurs, opter pour un échantillonnage plus large nous permet une plus grande diversification interne, ainsi qu’un meilleur degré de généralisation de nos résultats. Bien que le mémoire s’inscrive dans le domaine de la criminologie, nous avons préféré ne pas approcher les individus directement impliqués dans le domaine traditionnel de la sécurité (ex. agents de sécurité privée et publique, soldats, etc.). Nous l’expliquons par notre désir d’adopter une approche interdisciplinaire, c’est-à-dire de fusionner la criminologie (verte) aux études des opérations de paix.

Pour satisfaire le critère de diversification de notre échantillon, nous distinguons trois types de sources de données, soit des interviews, des webcasts et des documents écrits, chacune avec

sur le plan professionnel, académique, d’âge, de la nationalité et de son affiliation professionnelle. Nos webcasts, c’est-à-dire des enregistrements audiovisuels, proviennent de colloques scientifiques, de présentation et d’interviews menées par d’autres personnes. Finalement, parmi nos documents comptent des articles scientifiques et des rapports de programmes et d’autres conférences. Le tableau 4 donne un aperçu des critères de diversification (voir annexe 2). Nous avons pu rencontrer un jeune écopédagogue (Bart), diplômé en environnement, il travaille présentement sur un projet documentaire, avec pour objectif de dresser le bilan de santé d’un fleuve au Québec, Canada. Ce long métrage cherche à exposer les problèmes d’aujourd’hui et de demain tout en proposant des solutions sur l’avenir du fleuve. Le vice-président d’une division d’une entreprise internationale privée (Abraham) nous a également accordé une interview. Il est spécialisé en ingénierie et possède de longues années d’expérience en consolidation de la paix. Il est également cofondateur d’une compagnie de conseil en eau et détient un diplôme en ingénierie. Ensuite, une chargée de programme pour un organisme intergouvernemental (Marge) a également été interviewée. Elle procède également de l’expérience en politique au niveau local, au sein d’un « parti vert ». De plus, nous avons récolté des témoignages de quatre personnes qui travaillent pour des ONG développementales soit deux membres de l’ONG 1, dont le vice-président (Herbert) et un freelance (Homer), et deux chargées de projets (Lisa et Maggie) de l’ONG 2. Cela nous a permis d’obtenir des expériences de modèles de réussites. L’ONG 1 œuvre pour soutenir son organisme sœur qui travaille de près avec les communautés rurales pour leur développement et leur autonomie. Ainsi, l’ONG 1 offre un soutien financier et technique pour permettre à son partenaire sur le terrain de réaliser des projets d’éducation, d’autonomisation des femmes et jeunes, de protection de l’environnement et de régénération des sources d’eau, et de promotion de l’agriculture durable. De plus, l’ONG 1 prétend s’appuyer sur le principe du développement communautaire fondé sur les acquis (asset-based)11. L’ONG 2, spécialisée dans les questions

et projets sur l’eau s’engage à faire de la sensibilisation et de l’éducation autant dans les pays d’interventions qu’ici au Canada. En outre, dans un objectif de développement durable l’ONG 2 s’efforce de mettre sur pied des projets techniques en matière d’eau. Le vice-

11 Asset-based est une approche de planification sociale et de développement communautaire qui s’intéresse davantage à identifier et utiliser

les actifs, forces et talents plutôt que de souligner les problèmes, besoins et déficits (Central Coast Community Congress Working Party, 2003).

président de l’ONG 1 (Herbert) détient de longues années d’expérience en tant que conseiller pour le gouvernement canadien. Il est ingénieur et économiste. Homer, en revanche, est membre indépendant de l’ONG 1 et ancien ambassadeur canadien stationné dans un pays d’Afrique. Il possède une éducation en science commerciale et presque 40 ans d’expérience en diplomatie et politique. Finalement, Marge et Maggie travaillent toutes les deux pour l’ONG 2. Lisa détient un diplôme en relations internationales, possède une expérience d’environ 6 ans comme conseillère au sein de l’ONG 2. Maggie en revanche, est chargée de programme, diplômée en étude anthropologique et sociologique, et possède 14 ans d’expérience de travail dans le domaine du développement.

Nous avons utilisé quatre (4) webcasts provenant de différentes sources, dont tous traitaient du lien entre sécurité, conflit armé et questions environnementales. Nous avons choisi deux présentations, une donnée par Geoffrey Dabelko, le directeur de l’ « Environmental Change and Security Program » (ECSP) au Wilson Center, l’autre par Martin Palmer, le secrétaire général de l’alliance des religions pour la préservation. Ces présentations ont été données à l’occasion du colloque annuel (2011) organisé par « World Wildlife Fund » (WWF). La première présentation porte sur l’idée de l’ « environmental peacebuilding », tandis que la deuxième discute des communautés religieuses pour l’environnement et leurs apports positifs pour la protection de l’environnement et de la population dans une situation postconflit. Ensuite, nous avons utilisé deux interviews mises en ligne de Michael Renner, chercheur pour WorldWatch Institute, qui discute du bénéfice de la participation sociale et de l’approche de l’ « environmental peacebuilding ». Notre dernier webcast est un enregistrement vidéo d’une conférence organisé par l’ « Environmental Change and Security Programme » (ECSP) du Wilson Center, dont a participé entre autres Dan Smith, secrétaire général de « International Alert » et Alexander Carius, directeur général d’Adelphi. Ces derniers parlent des problèmes contemporains de la gestion des conflits, du développement et des problèmes environnementaux, ainsi que de la pertinence d’une approche intégrative de celles-ci, c’est-à- dire d’unifier la coordination des activités. Enfin, les documents écrits (9) constituent notre troisième source de données. Nous avons choisi quatre (4) rapports, dont deux (2) sur des programmes de développements et deux comptes rendus de symposiums, ainsi que cinq (5) articles scientifiques. Certains apportent des exemples concrets de projets environnementaux

pour la sécurité et la gestion de conflit/postconflit, et d’autres encore se penchent en particulier sur les questions d’eau. Une description détaillée de chaque source de données utilisée est présentée dans les tableaux 1 à 3 (voir annexe 2). Afin de garder l’anonymat de certaines sources, nous avons attribué à chacune de nos sources des cotes (acronymes et noms fictifs).