• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Discussion

4.1 Ensemble de contraintes liées

4.1.5 Contraintes périphériques à l’ensemble lié

D’autres contraintes existent lors de la mise en place, bien qu’elles ne soient pas directement liées à l’ensemble de contraintes relatives au partenariat : les contraintes environnementales ainsi que réglementaires. Il avait été pensé au début de cette étude que les contraintes réglementaires et les limites associées au droit de propriété seraient quelque peu évacuées du discours des chargés de projet au profit des contraintes rencontrées lors de la mise en place des projets (financement et mobilisation). Selon cet a priori, les intervenants seraient plus ou moins conscients des limites imposées par la réglementation et le système de propriété privée et construiraient leur projet afin de maximiser ses chances de réalisation et d’éviter les écueils.

En ce qui a trait à la propriété privée, ce sont majoritairement les difficultés d’accès qui ont occupé le discours des intervenants. Le système de propriété actuel, qui donne le droit de disposer de son bien comme on l’entend, limite la capacité collective à verdir la communauté. Cette réflexion renvoie à la tension entre l’utilitaire et le communautaire exposée dans la section sur la mobilisation en contexte de controverse. Toutefois, lorsque l’accès est obtenu, les intervenants ne relèvent pas les modalités d’occupation des terrains imposées par les

propriétaires privés comme étant un facteur limitant, contrairement à ce que suggérait Chevalier (2009); ils font avec les exigences et s’adapteront pour s’assurer de verdir l’espace rendu accessible. Ainsi, les intervenants connaissent bien les limitations du système, mais travaillent à les surmonter et à faire le maximum avec ce qui leur est accessible.

Quant aux normes d’aménagement, il semble que la plupart des chargés de projet ont une certaine idée des limitations qu’elles imposent. Bien qu’elles ne soient pas fréquemment sorties dans leur discours, onze chargés de projet abordent des règlements ou des protocoles de réalisation de ruelles vertes qui les ont limités lors de l’implantation des aménagements verts (zonage et affectations du sol, passage au comité consultatif d’urbanisme, exigences de consultation publique, de plantation ou de dépôt d’objets sur l’espace public, distances séparatrices de plantation ainsi que le nombre de cases de stationnement minimales par logement). Dans bien des cas, ces limitations apparurent en cours de réalisation, n’étant pas connues d’avance; les intervenants devaient alors adapter leurs projets ou trouver un moyen de se conformer à la norme. Cette situation porte à croire que la connaissance des normes réglementaires est limitée par les acteurs, qui peinent à les connaître et à les intégrer d’avance dans leur planification de réalisation. Cette difficulté d’intégration pourrait s’expliquer par le peu de personnes responsables de projet (le tiers) qui détenait une scolarité en aménagement ou en urbanisme leur donnant les connaissances nécessaires à des interventions physiques dans la ville. Cette scolarité n’est cependant pas essentielle puisque les chargés de projet qui possédaient plus d’expérience en verdissement connaissaient les règlements qui s’appliquaient pour leurs projets et intégraient certaines limitations dès leur conception; plusieurs n’affirment donc pas se sentir limités par ces règlements et considèrent au contraire que leur respect leur assurera l’acceptation et le bon cheminement de leur projet. Ils travaillent donc avec ces normes sans les remettre en question puisqu’ils en comprennent l’intérêt et l’importance.

Quant aux contraintes environnementales, leur rareté dans le discours des chargés de projets confirme ce qui avait été conclu par Chevalier (2009) : les intervenants relèvent les contraintes associées aux sites de leur projet dès le départ et composent avec elles par la suite. Elles n’apparaissent donc pas limitantes à leurs yeux lorsqu’on les questionne sur les difficultés rencontrées en cours de projets ou lors de leur conception, ayant été intégrées très tôt dans les réflexions. Les problèmes réels de mise en place relèvent surtout de l’accès au terrain; sur place, les organismes trouvent le moyen de verdir et d’agir concrètement. Toutefois, lorsque ces contraintes apparaissent lors de la mise en place du projet, elles seront alors considérées comme limitatives.

L’absence d’abandon d’éléments de projet en raison des contraintes environnementales ou réglementaires renforce l’idée que ces contraintes sont prises en compte au début des processus de réflexion et de planification ou alors qu’il est toujours possible d’adapter les projets ou de se conformer à la norme. Les normes réglementaires ne les briment pas, elles sont une étape dans la réalisation. Il semblerait que ce soit plus souvent la difficulté de travailler avec les arrondissements qui est limitante plutôt que les règlements eux-mêmes, en raison de leurs contraintes organisationnelles. En conclusion, bien que les intervenants parlent davantage des contraintes qui influencent directement la mise en place des projets (financement, relations de partenariat, difficultés de mobilisation), ils restent conscients des limitations imposées par le cadre réglementaire, le système de propriété privée et l’environnement des sites d’intervention et travailleront en les incluant en amont dans les réflexions. Ils n’auront donc pas souvent recours au contournement, ayant déjà prévu le projet en fonction des contraintes identifiées. Si de nouvelles contraintes apparaissent, le peu de prise dont disposent les intervenants sur les contraintes réglementaires ou relatives à la propriété privée les pousse plutôt à adapter leur projet et à se conformer aux normes.