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Chapitre 3 : présentation des Résultats

3.4 Cadre de contraintes du verdissement à Montréal

3.4.5 Contraintes environnementales

Dans plusieurs quartiers, dont le centre-ville, le bâti serré et le manque d’espaces résiduels limitent les interventions possibles, les terrains disponibles étant de trop petites dimensions. Cette thématique ressort particulièrement dans le discours des chargés de projet de ruelles vertes, où la marge de manœuvre devient extrêmement réduite s’il faut laisser la libre circulation des automobiles sur toute la longueur du tronçon et aux quatre entrées. L’étroitesse de l’emprise publique sur laquelle intervenir dans les rues, notamment pour des plantations

d’arbres, renvoie souvent les projets à des rues périphériques moins prioritaires pour le verdissement.

Autrement, la majorité des intervenants fait état de petites difficultés très diverses associées aux sites des projets : manque de capacité portante d’un toit, haut volume de circulation (engendrant un stress d’utilisation plus élevé des matériaux), mauvais états des infrastructures (murs, toitures), grande présence de stationnements en arrière-cour, présence de commerces, contamination des sols, manque d’accès à un point d’eau, présence de problématiques sociales (pauvreté, itinérance, présence de gangs de rue) rendant l’appropriation plus difficile et engendrant souvent du vandalisme.

Stratégies environnementales

Face à une contrainte environnementale, l’adaptation du projet apparaît comme la stratégie la plus naturelle (voir la figure 13). Dans certains cas, notamment lorsque cette contrainte environnementale découle de l’homme, le contournement ou la mise en débat par les intervenants peuvent être possibles. Peu de situations exigent que les acteurs se conforment au problème rencontré ou qu’ils abandonnent leur projet.

Figure 13 Distribution de l'utilisation des types de stratégies face aux contraintes environnementales Contournement 6 Adaptation 10 Mise en débat 5 Conformité 3 Abandon 2

Adaptation

L’adaptation est de loin la stratégie la plus utilisée pour faire face aux contraintes environnementales, ce qui apparaît logique : ce genre de limitation, reliée au lieu choisi pour l’intervention, est avant tout un état de fait, une reconnaissance de composantes de l’environnement sélectionné qui posent problème pour le projet tel qu’imaginé. Une fois un lieu choisi et rendu accessible, il est alors plus simple de travailler avec ses contraintes et ainsi s’assurer de la concrétisation des projets et de l’atteinte des objectifs.

En conséquence, si des lignes de distribution aériennes ou souterraines gênent la plantation d’arbres et l’excavation du bitume, elles ne sont généralement pas présentes sur tout le site, et d’autres portions peuvent convenir. Dans un seul cas ces lignes de distribution, trop présentes sur l’emprise publique visée par le projet, ont forcé un intervenant à aborder les propriétaires privés riverains de la rue afin de déplacer le projet sur leurs terrains. Face à des ruelles de trop petites dimensions, des solutions créatives peuvent être mises en œuvre : verdissement des terrains adjacents, concentration des végétaux dans une portion fermée à la circulation, utilisation de plantes grimpantes, aménagement d’une bande végétale centrale et installation de bacs de plantations. Face à un manque de capacité portante d’un toit (et aux coûts importants d’une telle mise à niveau), sa rénovation fut prévue en plusieurs étapes, réduisant ainsi l’ampleur du projet initial, mais assurant une première étape de réalisation.

Mise en débat

Certaines contraintes environnementales, dont celles dues à la présence humaine, peuvent toutefois être confrontées. Deux cas de figure sont concernés : la présence de commerçants, groupe souvent réticent, et de problématiques sociales, qui rendent le vandalisme plus propice. Dans le premier cas, des intervenants spécialisés provenant de groupes partenaires, tels que Tandem, aident à prendre contact avec les commerçants et à effectuer de la médiation. Dans le second cas, deux groupes ont eu recours à l’emploi de résidents, des jeunes pour l’un et une dame pour l’autre, pour effectuer l’entretien des aménagements. Cela a eu pour effet de favoriser l’appropriation des aménagements par le milieu et de décourager les vandales, ceux-ci connaissant les résidents employés pour le nettoyage de leurs méfaits. Un autre organisme a choisi d’ériger des barrières physiques afin de permettre aux nouvelles pousses d’acquérir force et résistance avant leur exposition à du piétinement.

Contournement

Le vandalisme peut aussi être traité de manière contournée, comme par l’adoption des espaces verdis par les citoyens; encore une fois, ce type de mesure favorise l’appropriation et l’entretien, tout en décourageant le vandalisme sur ces végétaux. D’autres contraintes diverses ont pu elles aussi être contournées facilement et de manière originale par les intervenants, comme l’utilisation d’espèces robustes pour éviter un stress hydrique et assurer la survie des végétaux malgré des lacunes d’entretien. En cas d’absence de point d’eau, une solution intéressante fut de créer un partenariat avec les services horticoles de l’arrondissement afin qu’ils remplissent de grands barils d’eau à l’aide de leur camion-citerne d’arrosage. En cas de contamination du terrain, l’installation d’un nouveau sol, séparé de la partie contaminée par des couches isolantes, ou encore la culture hors sol (ou en bacs) permettent l’utilisation du site sans avoir recours au coûteux processus de décontamination. Quant au bâti serré des quartiers qui limitent l’accessibilité à des terrains pour verdir, plusieurs organisations préconisent alors le développement de projets en partenariats avec des organisations possédant de grands terrains.

Dimensions absentes

En fin de compte, outre les petites dimensions des terrains disponibles, très peu de contraintes environnementales occupent le discours des interviewés. Les lignes de distribution souterraines sont relevées grâce au service gratuit d’Info Excavation et la présence de stress pour les végétaux est notée, mais ces deux éléments ne sont pas mentionnés comme des facteurs limitants pour les projets.