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Contraintes et opportunités de developpement des PME au sein de l’industrie algérienne :

Malgré la croissance rapide du nombre des PME ; elles demeurent confrontées à de sérieuses contraintes qui les empêchent d’évoluer et de se développer.

1 Les caractéristiques des PME algériennes :

Les PME jouent un rôle particulièrement important dans les économies en voie de développement.

« Si elles sont appelées à jouer le même rôle que les PME des pays avancés et à faire face aux mêmes contraintes, ou presque, celles des pays en développement subissent plus que les autres la déficience de la qualité des capacités humaines et institutionnelles, avec lesquelles elles évoluent et tardent à en bénéficier des avantages qu’elles sont en légitimité d’attendre des économies de marché et du commerce mondial » (Julien PA et Bruyat ,1996).

Aujourd’hui, considérées comme un acteur majeur des performances économiques du pays, les PME algériennes ont des caractéristiques, qui ne sont pas homogènes et varient d’un secteur d’activité à un autre, selon la dimension de l’entreprise et la région de son implantation. Les PME en Algérie comme leurs homologues des pays en développement se distinguent par les caractéristiques suivantes :

 Une structure financière souvent fragile et la prédominance du capital familial ;

 Une concentration relative dans les secteurs de la production des biens de consommation et des services ;

 Prépondérance des micros-entreprises (en moyenne, plus de 90 % des PME en Algérie appartiennent à la catégorie des TPE avec moins de 10 salariés) ;

 Faibles Compétence et qualification professionnelles des dirigeants des PME

 Manque d’encadrement technique ;

 Faiblesse de l’accumulation technologique ;

 Quasi-absence de l’innovation et de créativité.

 Faiblesse de l’activité de sous-traitance.

 Manque d’informations fiables, pertinentes et actualisées ;

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Cette nomenclature des caractéristiques témoigne de la fragilité de ces entités et impose des mesures d’urgence à préconiser pour les faire sortir de cette impasse et les préparer à l’intégration de la zone de libre échange dont l’échéance est imminente(2017).

2 Les contraintes au développement des PME en Algérie :

Toutes les études récentes font ressortir que les PME algériennes sont soumises à des contraintes multiformes.

Une étude de la banque mondiale (2003) 52recense les obstacles rencontrés par les dirigeants des PME comme suit :

 La compétition de l’informel ;

 L’accès aux crédits ;

 Coût du crédit ;

 Les taux d’impôts ;

 Les incertitudes sur la politique économique ;

 Les délais bancaires ;

 La corruption ;

 L’administration fiscale ;

 L’accès au foncier ;

 L’accès aux devises ;

 Les douanes / réglementations ;

 L’enregistrement de l’entreprise ;

 La pénurie de main d’œuvre qualifiée ;

 Les services portuaires ;

 L’accès au téléphone ;

 La législation du travail ;

Les difficultés auxquelles elles se heurtent sont notamment53 :

 Leur faible capacité de faire entendre leur voix au stade de la formulation de l’action gouvernementale et l’absence de dialogue institutionnalisé entre les secteurs public et privé.

52 Rapport de la banque mondiale (2003)

53 Revue de l'OCDE sur le développement 2/ 2004 (no 5), « Renforcer la compétitivité des PME des pays en transition et en développement », p. 47-76 www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2004-2-page-47.htm

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 Des préjugés défavorables à propos du secteur privé et une méfiance réciproque entre les secteurs public et privé.

 L’absence de législation adéquate sur les droits de propriété et de moyens pour la faire respecter, qui compromet l’accès au crédit,

 Le manque d’informations (sur les marchés, les normes, les barrières à l’entrée et à la sortie et les obstacles interdisant l’accès aux marchés), de données statistiques

pertinentes et d’institutions de soutien.

 La prépondérance des entreprises détenues par l’État et le rôle prédominant du secteur public dans la promotion des exportations et de l’investissement.

 Le pourcentage élevé de micro-entreprises

 Le poids du secteur informel et la complexité des réglementations

 l’absence d’incitations pour les entreprises du secteur informel à rejoindre le secteur formel.

Ces contraintes freinent généralement le developpement des PME, toutefois le degré de sévérité de chaque contrainte est ressenti différemment par les dirigeants des PME selon les secteurs d’activité.

En l’occurrence, les contraintes qui entravent couramment le déroulement normal de l’activité des PME et leur croissance peuvent se résumer ainsi :

 Les contraintes découlant de l’importance du secteur informel,

 Les contraintes financières,

 Les contraintes liées au système fiscal,

 Les contraintes relatives au marché du travail,

 Les contraintes liées au foncier industriel,

 Les contraintes d’ordre administratif et judiciaire

 les contraintes d’informations etc.

21 Les contraintes découlant de L’importance du secteur informel

La notion de secteur informel est à la fois floue, vaste, et complexe. Sous ce vocable, on range, en général, les activités qui échappent à l’économie régulée, qu’il s’agisse du droit du travail, des conditions d’exercice des activités de production et de commerce. « L’existence d’un secteur informel dans les pays pauvres est un phénomène massif et en

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grande partie urbain. Il se trouve à la conjonction de trois puissants mouvements :

 l’exode rural,

 la croissance démographique extrêmement forte

 la lourdeur des réglementations qui multiplie les occasions de corruption »54. « L'ampleur et la complexité grandissantes des activités informelles dans la vie économique, sociale et politique des pays en voie de développement est un phénomène incontestée »(Carlos et B. GAUFRYAU,2001, 504 p)..

En Algérie, il y a lieu de préciser qu’on défini comme « formel non déclaré » l’ensemble des entreprises non agricoles enregistrées administrativement mais qui ne déclarent pas leurs existences aux services du fisc, à la CNAS ou à la CASNOS (non paiement des impôts).

22 Les contraintes financières :

« Les PME, même en économies développées estiment que l’accès au financement, notamment à moyen et à long terme, est l’un des principaux obstacles qui les bloquent de se développer et d’investir. »55

L’accès aux sources de financement est particulièrement difficile pour les PME qui ne disposent pas de garanties suffisantes, ou n’ont pas de références établies.

Selon une étude réalisée par la Banque Mondiale en 200356le secteur privé algérien est confronté à une insuffisance d’accès au financement bancaire, le résultat de l’étude est que le financement des PME algériennes repose largement sur des sources non bancaires. Dans un échantillon aléatoire de 562 d’entreprises privées algériennes, le financement bancaire ne représente que 18 % seulement du financement total à l’investissement.

Les entreprises privées algériennes ont recours aux liquidités internes pour 71 % de leurs besoins.

54Revue de l'OCDE sur le développement 2/ 2004 (no 5), « Renforcer la compétitivité des PME des pays en transition et en développement », p. 47-76 www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2004-2-page-47.htm

55 Revue de l'OCDE sur le développement 2/ 2004 (no 5), « Renforcer la compétitivité des PME des pays en transition et en développement », p. 47-76 www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2004-2-page-47.htm

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Le rapport des actes des assises nationales de la PME du ministère de PME et de l’artisanat (Janvier 2004)57 a synthétisé les difficultés financières rencontrées par les PME algériennes comme suit :

 L’appui des banques est inadéquat aux besoins de financement des PME,

 les procédures d’octroi de crédit sont lourdes et non adaptées aux nouvelles données économiques (les banques n’ayant pas encore achevé leurs transformations aux nouvelles exigences du marché libre) ;

 Le coût du crédit est élevé,

 les garanties exigées par les banquiers sont excessives et les délais de traitement des demandes de crédit et des opérations sont trop longs ;

 L’inefficacité de la réglementation des changes, elle est inadaptée aux échanges de services ;

 L’absence de la notion de la prise de risque partagée chez les institutions de financement ;

Une réalité qui contraint les dirigeants des PME à recourir souvent par nécessité, aux ressources de financement familiales (l’autofinancement) et à celles des réseaux de financement informel, pour survivre.

23 les contraintes du système fiscal

Les taux d’imposition élevés et la complexité de l’administration des impôts constituent une contrainte significative pour les PME et peut les orienter vers le secteur informel si le poids de la fiscalité devient excessif.

« La présence d’une importante économie informelle peut réduire les recettes de l’État et augmenter la charge fiscale des entreprises du secteur formel, ce qui vient accroître l’attraction des activités informelles. Au Brésil, par exemple, l’augmentation des recettes fiscales, qui sont passées de 24 % du PIB en 1991 à 29 % en 1999, s’est accompagnée d’un développement du secteur informel »58.

57 Le rapport des actes des assises nationales de la PME du ministère de PME et de l’artisanat (Janvier 2004)

58 Revue de l'OCDE sur le développement 2/ 2004 (no 5), « Renforcer la compétitivité des PME des pays en transition et en développement », p. 47-76 www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2004-2-page-47.htm

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24 Les contraintes relatives au marché de travail :

En Algérie, le marché de travail est encore instable et sujet à tous les dépassements possibles. Les contraintes qu’il subit sont multiples. On peut citer les plus importantes :

 Le manque accru des experts en management, des gestionnaires, des techniciens qualifiés…

 L’existence de fortes contraintes dans la gestion des ressources humaines (la gestion des contrats, des procédures et des coûts de licenciement…) ;

 L’inexistence d’Instituts de formations spécialisées et la faiblesse de la qualité des programmes assurés.

 L’inadaptation des formations dispensées par les universités avec les besoins réels des entreprises en matière des techniques modernes de management, gestion et de marketing.

 Difficultés de la pratique des langues étrangères chez la plupart des nouveaux diplômés

25 Les contraintes liées au foncier industriel :

La question du foncier est encore d’actualité dans le climat des affaires en Algérie, et ce malgré la mise en place des Comités d’Assistance pour la Localisation et la Promotion des Investissements en 1994 (CALPI) au niveau des Wilayas.

La contrainte liée au foncier industriel est l’une des causes principales du recul de nombreux projets et des intentions d’investissements (étrangers surtout). Le manque de transparence dans le traitement des dossiers présente un obstacle sérieux pour la promotion des investissements. Les procédures d’accès au foncier sont lourdes et très longues (le temps moyen d’acquisition est entre 1 et 5 ans). La situation est plus critique pour les petites entreprises, par des immobilisations financières importantes pour l’acquisition des terrains industriels, souvent faite au détriment de l’acquisition des équipements nécessaires à l’exercice de leurs activités d’exploitations et d’investissements. En d’autres termes, l’accès au foncier industriel est très difficile, en termes de disponibilité, de démarches administratives, de prix et de modalités de paiement, de régulation… .

A l’inaccessibilité des terrains, il faut ajouter l’ambiguïté du statut juridique des assiettes foncières, dans la mesure où la plupart des investisseurs installés ne possèdent pas d’actes légaux de propriétés authentiques.

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L’un des problèmes les plus rencontrés par les PME algériennes au cours de chaque étape du processus de leur développement (création, expansion…) est bien celui de la complexité des démarches administratives. Une situation qui découle du manque de transparence dans le traitement des dossiers, de la lourdeur des procédures administratives, du non engagement des institutions concernées, du manque de coordination entre les divers organismes impliqués, de l’absence de structures d’accueil et d’encadrement.

Pour créer une entreprise et concrétiser un projet en Algérie, la Banque mondiale (2009) a inventorié pas moins de 14 procédures incontournables dont un bon nombre jugées encombrantes et inutiles.

27 Les contraintes d’informations :

Le manque d’information constitue, aux yeux des experts un des principaux obstacles que doivent affronter les dirigeants des PME désireux de se porter à la conquête d’un marché extérieur « la réalité de l’économie algérienne est caractérisée par un manque flagrant en matière de disponibilité de l’information » (Madaoui et Boukrif, 2009).

Un déficit d’information fiable et actualisée, à caractère économique, financier et commercial, est à souligner :

 Absence de banques de données statistiques et d’un système d’informations national

 Manque de données et des études de marché (national, régional et local) ;

 Difficultés d’accès aux sources d’informations spécialisées et à Internet qui est jusque- là peu utilisé dans le monde des affaires (80 % des PME algériennes n’ont pas accès à Internet) ;

 Indisponibilité de données et d’orientations sur les opportunités d’investissements ;

 Manque d’informations sur la concurrence et les pratiques des opérateurs économiques.

Face à toutes ces lacunes, il nous semble qu’il est impératif pour l’émergence du secteur privé et le développement des PME, de mettre en place un système efficace de collecte, d’analyse et de diffusion des informations économiques.

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La création d’un établissement d’observation de la PME apportera plus de connaissances et de visibilité sur ce secteur de petites entités, qui demandent un suivi et un appui particulier à chaque étape de leurs vies.

Les difficultés inhérentes aux PME/PMI (financement, innovation, productivité et

compétitivité) notamment en Algérie et dans les économies en developpement impliquent impérativement leur mise à niveau selon les standards et les normes internationaux de gestion et de management.

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