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Chapitre 4 : Les résultats

4.1. Le contexte politique

Cette première section s‘attardera sur la description des campagnes électorales de 2007 et 2008. Il sera ainsi plus facile de contextualiser les propos des politiciens.

4.1.1. Élection de 2007

L‘élection québécoise de 2007 a été marquée par la montée de l‘Action démocratique du Québec (ADQ), la chute du Parti québécois (PQ), le débat autour des accommodements raisonnables, et une désaffection générale des Québécois envers la politique. Alain Noël décrit l‘élection de 2007 comme « le résultat de l‘impopularité du gouvernement libéral sortant jumelé à l‘incapacité du chef péquiste André Boisclair à vendre l‘idée d‘un référendum et à la capacité du chef adéquiste Mario Dumont à articuler les frustrations populaires » (Option politique, 2007 : 28).

L‘impopularité du gouvernement libéral a poussé ce dernier à se concentrer sur ses circonscriptions quasi imprenables et à renforcer sa position au centre de l‘échiquier politique afin de solidifier sa base militante plutôt que de chercher à avoir de nouveaux appuis. Le parti de Jean Charest est resté sur des positions pragmatiques laissant le PQ et l‘ADQ se déchirer sur la question de l‘identité québécoise.

Le PQ était devant un défi important. Les militants péquistes voulaient un engagement ferme de leur chef de tenir un référendum le plus rapidement possible alors que l‘élection d‘un gouvernement fédéral conservateur qui prônait un fédéralisme d‘ouverture a provoqué un changement important dans l‘électorat qui y voyait une alternative à la souveraineté (Option politique, 2007). De plus, André Boisclair a été associé à des écarts de conduite lorsqu‘il était ministre sous les gouvernements Bouchard et Landry, en plus d‘un certain manque de jugement lorsqu‘il apparait dans une parodie de Brokeback Mountain. Il a un langage qualifié de « langue de

10 L‘annexe 3 présente trois transcriptions d‘entrevues annotées permettant de saisir comment les caractéristiques des recours aux

bois » et il a une réelle difficulté à s‘exprimer en termes simples auprès de l‘électorat. Tous ces éléments rassemblés mettent le PQ dans une situation difficile lors de l‘élection de 2007 (Auger, 2007).

De son côté, l‘ADQ de Mario Dumont a capitalisé sur les insatisfactions populaires reliées aux accommodements raisonnables (décisions des tribunaux permettant, par exemple, le port du kirpan dans une école montréalaise). L‘ADQ se présente alors comme une menace directe au Parti québécois sur le terrain de l‘identité, qui était jusque-là l‘enjeu de prédilection du PQ. Mario Dumont met de l‘avant la vision autonomiste du Québec. Cette idéologie se rapproche du fédéralisme d‘ouverture du Parti conservateur du Canada qui a séduit l‘électorat québécois quelques mois auparavant.

Le 26 mars 2007, le PQ connait le pire résultat de son histoire en étant relégué au rang de troisième parti à l‘Assemblée nationale avec 28 % des voix. L‘ADQ forme l‘opposition officielle avec 31 % des votes et le PLQ forme un gouvernement minoritaire qui sera défait moins d‘un an plus tard.

4.1.2. Élection de 2008

Si certains ont vu dans l‘élection de 2007 un réalignement des forces politiques, l‘élection de 2008 a rétabli l‘ordre que connaissaient les Québécois. La situation économique mondiale a évidemment marqué cette élection. L‘économie a été l‘enjeu qui a monopolisé les débats politiques. De plus, des élections fédérales venaient d‘avoir lieu, lors desquelles le Parti conservateur a été élu majoritaire.

L‘économie étant le sujet de prédilection des libéraux, Jean Charest et son équipe étaient sur un terrain connu, ce qui leur a permis d‘adopter une stratégie plus offensive qu‘en 2007. La stabilité gouvernementale pour relever l‘économie a été un thème central du discours libéral. La montée du PLQ lors de cette élection a été spectaculaire. Un sondage CROP paru en septembre 2007 donnait seulement 20 % des intentions de vote alors que quelques mois plus tard le PLQ formait un gouvernement majoritaire (Auger 2009).

Le Parti québécois, maintenant dirigé par Pauline Marois, tentait de reprendre le terrain perdu en 2007 sur la question identitaire. Malgré que la question de la souveraineté ait été moins centrale qu‘en 2007, l‘importance de la langue française a été au cœur du discours péquiste. De plus, lors de la campagne électorale de 2008, Pauline Marois jouissait d‘un leadership important au sein du PQ. Cet élément avait grandement manqué à André Boisclair. L‘élection de 2008 a permis au PQ de retrouver sa place à l‘Assemblée nationale comme parti d‘opposition officielle avec 35 % des voix.

Si 2007 fut l‘élection de l‘ADQ, 2008 a marqué la déconfiture du parti de Mario Dumont. Les Québécois ont vraisemblablement été déçus de la performance du parti comme opposition officielle. Pour le journaliste Michel C. Auger (2008), le problème de l‘ADQ a été de ne pas réussir à incarner ses grandes idées dans des réalisations concrètes.

Les élections de 2007 et 2008 ont été marquantes à plusieurs égards. Le Québec a connu deux élections provinciales qui ont suivi de près une élection fédérale. La politique fédérale a alors pris une place importante dans les débats. De plus, si l‘élection de 2007 a porté sur les questions identitaires et les accommodements raisonnables, l‘élection de 2008 a plutôt été centrée sur l‘économie. Le choix de ces deux élections permet d‘avoir accès à des discours portant sur une grande variété de sujets. La présence importante de trois partis politiques a permis de créer un corpus équilibré entre les discours. Finalement, la différence dans les leaderships au sein des partis, mais aussi entre les partis politiques donne des débats passionnés favorisant l‘émergence de discours émotifs.