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4. Méthodologie : une recherche d’inspiration ethnographique

4.8. Considérations éthiques

Plusieurs considérations éthiques ont été réfléchies lors de l’élaboration du devis de ce projet de recherche. Premièrement, le consentement libre et éclairé à participer à la recherche (tant lors des séances d’observation participante que pour les entretiens semi- structurés) a été obtenu par chacun des participants, ces derniers ayant toujours eu la possibilité de le retirer à tout moment, sans aucun besoin de justification. Le qualificatif « à tout moment » revêt une importance fondamentale dans cet énoncé, puisque cela signifie que même si un jeune rencontré lors d’une séance d’observation participante avait donné son accord (lors du consentement verbal) à participer à la recherche, la semaine suivante, ou même lors de la même soirée, il pouvait décider de ne plus consentir à ce que je l’observe. Les jeunes étaient donc informés, de ma part et de celle des travailleurs de rue présents sur place, qu’ils devaient communiquer tout inconfort créé par ma présence. À ce propos, ils avaient été avisés qu’ils pouvaient s’adresser directement à moi, ou plutôt choisir d’en parler à un travailleur de rue qui me transmettrait l’information, et ce, sans jamais dévoiler le nom du jeune concerné par la demande. À partir de cet instant, il était entendu que je me retire immédiatement de La Bohème. Tout comme pour chaque demande entourant un aspect ou un autre de ma présence, aucune justification n’était à faire, la possibilité de ma présence étant toujours vue comme tributaire du bon vouloir des jeunes et du maintien de leur aisance au sein de La Bohème.

Plus précisément, en ce qui a trait à l’obtention du consentement éclairé, j’ai dû m’assurer de « divulguer aux participants éventuels […] tous les renseignements pertinents leur permettant de prendre une décision éclairée relativement à leur participation au projet de recherche » (CRSH, CRSNG & IRSC, 2014 : 30). Dans le cas précis des séances d’observation participante, c’est suite à la présentation verbale de la recherche, appuyée par un feuillet d’information (annexe D), que le consentement verbal à être observé a pu être donné par le jeune. Comme mentionné dans la sous-section 4.6 Modalités de recrutement, c’est suite à l’obtention de ce consentement verbal que je mentionnais au participant la

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possibilité de participer à un entretien individuel. Les personnes sollicitées furent informées clairement qu’elles n’avaient aucune obligation à participer à une telle activité et qu’il n’y aurait aucune conséquence de leur participation ou non-participation sur le lien qu’elles entretiennent avec le travailleur de rue de l’organisme. Les travailleurs de rue de l’organisme n’ont d’ailleurs jamais été informés du nom des personnes ayant accepté ou non de participer à la recherche, à moins que l’un participant n’ait décidé, par lui-même, de leur en faire part. Toujours comme mentionné à la sous-section 4.6 Modalités de

recrutement, aucune séance d’entretien n’a été planifiée directement sur le terrain, ceci afin

d’assurer un temps de réflexion favorable au consentement libre des participants. Les participants étaient également informés, dès les débuts du processus de recrutement, qu’aucune compensation financière ne leur serait remise suite à leur participation.

Les jeunes qui ont bien voulu me recontacter pour la réalisation d’un entretien individuel ont toujours pu décider du lieu de sa réalisation, ceci afin de faciliter leur déplacement, et donc leur participation. De plus, bien que les jeunes aient tous choisi d’opter pour un emplacement autre, la possibilité d’avoir accès à un local à l’Université Laval (lieu « neutre » favorisant la confidentialité de la participation à la recherche) leur a toujours été mentionnée. L’objectif était d’élargir leur éventail de possibilités (par exemple pour certains jeunes qui auraient pu ne pas se sentir à l’aise de réaliser un entretien à leur domicile privé ou familial).

Avant chacune des séances d’entretien individuel, l’objet de la recherche ainsi que les risques et bénéfices liés à la participation étaient présentés verbalement auprès du participant et un formulaire de consentement écrit (annexe E) devait être signé. Lors de ces entretiens, j’ai redoublé de vigilance pour éviter toute question susceptible de troubler la personne interviewée. De plus, avant le début des entretiens, chaque participant était informé qu’en aucun cas il n’était obligé de répondre à une question, et qu’il pouvait même mettre fin à l’entretien à tout moment, sans aucun besoin de justification.

Une liste de ressources spécialisées en intervention psychosociale auprès de la population jeunesse (annexe F) a été imprimée et était rendue disponible lors des séances d’observation participante ou des entretiens individuels. Ainsi, si un besoin avait été explicitement énoncé par un jeune – ou si j’avais constaté un besoin présent ou imminent

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ayant pu apparaître suite à la participation à la recherche –, j’aurais été en mesure de le diriger vers la personne ou la ressource appropriée à sa situation.

Également, le respect de la vie privée et de la confidentialité étant primordial, tous les renseignements personnels des participants ont été traités de façon confidentielle (CRSH, CRSNG & IRSC, 2014). En ce sens, les informations permettant d’identifier des participants ont été rendues anonymes, de façon à ce que personne ne puisse identifier un participant à la recherche, et ce, tant dans le mémoire que dans tout autre écrit de diffusion des résultats. De même, les enregistrements des entrevues ont été conservés dans mon ordinateur de travail qui se trouve à être systématiquement verrouillé par un mot de passe. En ce qui concerne les sections imprimées des verbatims, des copies ont été conservées sous clé à mon bureau au Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque (JEFAR), de même qu’à mon appartement, dans un classeur verrouillé.

Finalement, m’étant inséré dans l’univers de la jeunesse par l’entremise de l’organisme R.A.P. Jeunesse des Laurentides, certaines considérations éthiques ont été discutées et mises en place avec l’équipe d’intervenants. Premièrement, il fut entendu avec les travailleurs de rue, leur coordonnateur clinique et le directeur de l’organisme que mon rôle n’en était pas un d’intervenant, mais bien d’étudiant-chercheur. En ce sens, bien que la possibilité que je sois témoin de situations nécessitant une intervention immédiate était toujours présente, mon rôle n’était pas d’intervenir, mais plutôt de diriger la ou les personnes concernées vers l’un des travailleurs de rue (ou vice-versa). De plus, comme cela avait été entendu dès le départ, j’ai eu la possibilité d’assister, au besoin, aux rencontres d’équipe hebdomadaires de l’organisme; j’avais ainsi la possibilité de ventiler (tout en assurant l’anonymat des jeunes), de recadrer certains aspects de mon travail de terrain, de réfléchir à l’avènement de nouveaux enjeux éthiques apparus sur le terrain, etc. Au final, c’est le bien-être des jeunes accompagnés par l’organisme qui a balisé et qui s’est vu être au cœur de l’ensemble de la démarche de recherche : une démarche portée par les valeurs d’égalité, de respect du lien établi entre travailleurs de rue et jeunes, et, finalement, de respect du rythme de chaque individu dans toute sa singularité.

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5. Présentation et analyse des résultats : la multiplicité du sens de la prise