3.2 Champs de vecteurs multi-logarithmiques
3.3.4 Conséquences de la liberté
Grâce au corollaire3.3.13 et au théorème3.3.7, on peut calculer pour les intersections
com-plètes libres les modules ExtqO
SΩk(logC),OS
pour q ∈ N, en particulier, on relie le module
ExtkO−
S1
Ωk(logC),OS
au module Derk(−logC).
Corollaire 3.3.21. SoitCune intersection complète libre de codimension au moins deux. Alors :
HomO
SΩk(logC),OS
=hΘkS,
ExtkO−
S1
Ωk(logC),OS
= Der
k(−logC)
Pk
i=1hiΘkS
,
et pour tout q /∈ {0, k−1},ExtqO
SΩk(logC),OS
= 0.
Preuve. Le début de la suite exacte longue 3.15donne
HomO
SΩk(logC),OS
'HomO
Se
Ωk,OS
=hΘkS.
Pour tout q 6k−1, ExtqO
S(RC,OS) = 0 et pour tout 16q 6 k−2, ExtqO
Se
Ωk,OS
= 0
de sorte que pour tout 16q6k−2, ExtqO
SΩk(logC),OS
= 0. De plus, comme C est libre,
dimproj(Ωk(logC)) =k−1 ce qui implique que pour toutq > k−1, ExtqO
SΩk(logC),OS
= 0.
Pour le terme restant, la suite exacte longue (3.15) nous donne que ExtkO−
S1
Ωk(logC),OS
est
le noyau de l’application α : ΘkS ⊗O
SOC → JC calculée dans la proposition 3.3.14. D’où le
résultat.
Remarque 3.3.22. Si C n’est pas libre, les résultats du corollaire précédent portant sur les
modules ExtqO
SΩk(logC),OS
pour q 6 k−1 restent vrais. De plus, ExtkO
SΩk(logC),OS
est isomorphe à R∨
C/JC.
Nous verrons dans le paragraphe 6.1 le calcul explicite d’une résolution projective du
mo-dule Ωm−1(logC) dans le cas d’une courbe intersection complète quasi-homogène (voir
théo-rème6.1.33).
Proposition 3.3.23. SoitCune intersection complète réduite de codimension au moins2. Alors
HomO
SDerk(−logC),OS
= ΩkS,
ExtkO−
S1
Derk(−logC),OS
'RC.
Et pour tout 16q6k−2,ExtqO
SDerk(−logC),OS
= 0.
Si de plus C est libre, alors pour tout q /∈ {0, k−1}, ExtqO
SDerk(−logC),OS
= 0.
Preuve. On applique le foncteur HomO
S(−,OS) à la suite exacte courte
0→Derk(−logC)→ΘkS →JC →0.
Comme ΘkS est libre, pour tout q >1, ExtqO
SΘkS,OS
= 0. De plus, par le lemme3.3.12,
pour toutq < k, ExtqO
S(JC,OS) = 0, et ExtkO
S(JC,OS)'HomO
S(JC,OC) =RC. Cela nous
donne les résultats annoncés.
SiCest libre, d’après la proposition3.3.5, dimproj(Derk(−logC)) =k−1 et donc pour tout
q >kon a ExtqO
SDerk(−logC),OS
Chapitre 4
Formes multi-logarithmiques d’un
espace réduit équidimensionnel et
liberté des espaces de
Cohen-Macaulay
Dans ce chapitre nous généralisons certains des résultats du paragraphe précédent à un espace
réduit équidimensionnelX, que nous supposerons pour certains énoncés Cohen-Macaulay. Nous
avons choisi de traiter d’abord et séparément le cas des intersections complètes car il présente
moins de technicité, et le cas équidimensionnel repose en grande partie sur le cas intersection
complète.
Pour définir un module de formes différentielles multi-logarithmiques le long deXà la façon
d’A.G. Aleksandrov dans [Ale14, §10], nous devons d’abord inclure l’espaceXdans une
intersec-tion complèteC, qui doit être réduite au moins le long deX. Nous montrons d’abord l’existence
d’une telle intersection complète (voir lemme4.1.1). Dans la section4.1nous écrivons en détails
les preuves des résultats annoncés dans [Ale14, §10], en particulier, on montre que le module des
multi-résidus de X défini en4.1.7ne dépend pas du choix de l’intersection complèteC, et nous
détaillons la preuve du théorème 10.2 de [Ale14] qui relie les multi-résidus logarithmiques aux
formes régulières méromorphes par l’intermédiaire des symboles résidus introduits dans [Ker83],
et qui apparaissent aussi dans [Sch16].
Dans le paragraphe4.2.1, nous montrons que tout espace réduit équidimensionnel peut être
vu comme une union de composantes irréductibles d’une intersection complèteréduite(voir
pro-position 4.2.1). Nous donnons ensuite quelques propriétés de la forme fondamentale de X, en
particulier, nous généralisons la caractérisation3.1.15grâce à cette forme fondamentale (voir
pro-position4.2.6). Nous proposons ensuite une définition desk-champs de vecteurs logarithmiques
le long deX, et nous montrons dans la proposition4.2.12que lesk-formes multi-logarithmiques
et les k-champs de vecteurs multi-logarithmiques deX vérifient encore une sorte de dualité
im-pliquant l’idéal de l’intersection complète C contenant X. Nous montrons ensuite que le dual
sur OC de l’idéal jacobien de C restreint à X est le module des multi-résidus de X.
Nous proposons comme définition de la liberté pour un espace Cohen-Macaulay réduitX le
fait que l’idéal jacobien restreint d’une intersection complète C réduite contenant X à X est
Cohen-Macaulay. Nous généralisons les caractérisations de la liberté de la proposition 3.3.5 et
du théorème 3.3.7 au cas d’un espace Cohen-Macaulay réduit X (voir théorème 4.2.22). Nous
terminons ce chapitre en comparant les différentes notions d’idéaux jacobiens dont on dispose.
72 CHAPITRE 4. LIBERTÉ D’UN ESPACE DE COHEN-MACAULAY
4.1 Formes différentielles logarithmiques d’un espace réduit
équi-dimensionnel
Dans cette partie, nous donnons la définition de formes différentielles multi-logarithmiques
le long d’un espace réduit équidimensionnel telle qu’elle est proposée par A.G. Aleksandrov dans
[Ale14, §10], ainsi que la notion de multi-résidus qui en résulte. Nous donnons une preuve détaillée
de l’isomorphisme entre les modules des multi-résidus et les formes régulières méromorphes
décrites par l’intermédiaire de symboles résidus (voir proposition 4.1.20et théorème4.1.22).
4.1.1 Définition
Dans tout ce chapitre, S désigne le germe en un point p d’une variété analytique lisse de
dimension m, munie d’un système de coordonnées (x1, . . . , xm).
Soit X ⊂ S un germe d’espace analytique réduit équidimensionnel. On note IX l’idéal
radical de OS définissant X. On note (h1, . . . , hr) une famille génératrice de IX.
Soit IX = p1 ∩ · · · ∩pp une décomposition primaire minimale de l’idéal IX. Étant donné
queX est réduit, pour touti∈ {1, . . . , p},pi est un idéal premier (voir [Eis95, Corollary 2.12]).
Pour i∈ {1, . . . , p}on noteXi la composante irréductible deX définie par pi.
Dans le cas d’une hypersurface, le module des formes différentielles logarithmiques ne dépend
que de l’hypersurface. Le module des formes différentielles multi-logarithmiques le long d’une
intersection complète dépend quant à lui du choix de la suite régulière la définissant.
Pour un espace réduit équidimensionnel, la définition proposée par A.G. Aleksandrov dans
[Ale14, §10] dépend en plus du choix d’une intersection complète contenantX. Avant de donner
cette définition, nous introduisons le lemme suivant :
Lemme 4.1.1. Il existe une suite régulière (f1, . . . , fk) ⊆ IX telle qu’une décomposition
pri-maire de l’idéal IC :=Pk
i=1fiOS soit de la formeIC =p1∩ · · · ∩pp∩qp+1∩qr. Autrement dit,
X est réduit dansC.
Preuve. Comme la codimension de X dans S est k, on a profI
X(OS) = k (voir par exemple
[GP02, Corollary 7.7.10]). Il existe donc une suite régulière (f1, . . . , fk)⊆IX. NotonsIC l’idéal
de OS engendré par (f1, . . . , fk). Une décomposition primaire deIC est de la forme
IC =q1∩ · · · ∩qp∩qp+1∩ · · · ∩q`
où √
qi =pi pour tout i∈ {1, . . . , p}. Pour i ∈ {1, . . . , p}, on note κi =OX,p
i/piOX,p
ile corps
résiduel de OX en pi. Pour h∈IX, on définit le vecteur
∂h:=
∂h
∂x1
, . . . , ∂h
∂xm
t
∈(OX,p
i/piOX,p
i)m.
Supposons qu’il existe i∈ {1, . . . , p}tel que qi6=pi. Cela signifie que C n’est pas réduite le
long de Xi, et en particulier, Xi est contenu dans le lieu singulier deC donc
dimκ
i(∂f1, . . . , ∂fk) =d < k.
Par exemple,∂fk∈(∂f1, . . . , ∂fk−1)κ
i. CommeXi n’est pas contenu dans le lieu singulier deX,
la dimension duκi-espace vectoriel (∂h1, . . . , ∂hr) estk. Il existe donch∈IX tel que :
dimκ
i(∂f1, . . . , ∂fk−1, ∂h) =d+ 1.
Pour tout λ∈C∗ on a :
4.1. FORMES LOGARITHMIQUES D’UN ESPACE ÉQUIDIMENSIONNEL 73
Commefk est un non diviseur de zéro deOS/(f1, . . . , fk−1)OS, pour unλ∈Csuffisamment
général, fk+λh est aussi un non diviseur de zéro de OS/(f1, . . . , fk−1)OS. En effet, sis est le
nombre d’idéaux premiers associés à l’idéal (f1, . . . , fk), alors fk+λh est un diviseur de zéro
pour au plussvaleurs distinctes1 deλ.
De plus, si j∈ {1, . . . , p} est différent deiet siλ∈Cest assez général2, on a :
dimκ
j(∂f1, . . . , ∂fk+λ∂h)>dimκ
j(∂f1, . . . , ∂fk). (4.2)
Par conséquent, il existe λ ∈ C tel que les conditions (4.1) et (4.2) sont vérifiées, et de
plus (f1, . . . , fk +λh) ⊆ IX est une suite régulière. Par récurrence, on construit une suite
régulière (F1, . . . , Fk)⊆IX telle que pour touti∈ {1, . . . , p}, dimκ
i(∂F1, . . . , ∂Fk) =k, et donc
(F1, . . . , Fk) =p1∩ · · · ∩pp∩q0p+1∩ · · · ∩q0`
0.
Remarque 4.1.2. On ne demande pas dans l’énoncé du lemme 4.1.1que les composantes
ad-ditionnelles de l’intersection complète définie par (f1, . . . , fk) soient réduites. Nous montrons
dans la proposition 4.2.1 qu’on peut trouver une intersection complète réduite contenant X.
Néanmoins, pour les résultats de cette partie, nous n’avons pas besoin de ce résultat plus fort.
Nous sommes maintenant en mesure de définir les formes différentielles multi-logarithmiques
le long de X relativement à une intersection complète C vérifiant le lemme 4.1.1et définie par
une suite régulière (f1, . . . , fk). On pose f =f1· · ·fk.
On rappelle que pour toutq∈N,Ωeqf =Pk
i=1
1
b
fi
ΩqS= 1
fICΩqS (voir notation 3.1.14).
Définition 4.1.3 ([Ale14, Definition 10.1]). Soit (f1, . . . , fk) ⊆ IX une suite régulière
vé-rifiant le lemme 4.1.1. On note C l’intersection complète définie par IC = (f1, . . . , fk). Soit
q ∈ N. On définit le module des q-formes différentielles multi-logarithmiques relativement à la
paire (X, C) par :
Ωq(logX/C) =
ω∈ 1
f1· · ·fkΩ
q
S ; ∀i∈ {1, . . . , r}, hiω∈Ωfqf et dhi∧ω∈Ωeqf+1
=
ω∈ 1
f1· · ·fkΩ
q
S ; IXω⊆Ωfqf et dIX ∧ω∈Ωeqf+1
Remarque 4.1.4. SiC est réduit, on a Ωq(logC/C) = Ωq(logC), où Ωq(logC) est donné dans
la définition 3.1.4. De plus, pour toutq ∈N, on a la suite d’inclusions suivante :
e
Ωqf ⊆Ωq(logX/C)⊆Ωq(logC).
Proposition 4.1.5. Pour tout q ∈ N, le faisceau Ωq(logX/C) est cohérent. De plus, le
fais-ceau f ·Ωq(logX/C) ne dépend pas du choix des équations (f1, . . . , fk) définissant l’intersection
complète C, mais dépendent du choix de l’intersection complète C contenant X.
Preuve. Soit q ∈ Net (h1, . . . , hr) une famille génératrice de IX. Le module f·Ωq(logX/C)
est le noyau du morphisme de faisceaux cohérents :
ΩqS −→β (ΩqS/ICΩqS)r⊕ΩqS+1/ICΩqS+1r
défini pourω∈ΩqSparβ(ω) = (h1ω, . . . , hrω,dh1∧ω, . . . ,dhr∧ω). On en déduit que Ωq(logX/C)
est cohérent et quef ·Ωq(logX/C) ne dépend pas du choix des équations définissant C.
Supposons queC0 est une intersection complète vérifiant le lemme4.1.1telle queIC ⊆IC
0.
On vérifie que Ωq(logX/C)⊆Ωq(logX/C0). On remarque queIC
0ΩqS ⊆Ωq(logX/C0). SiIC 6=
IC
0, on a donc Ωq(logX/C)6= Ωq(logX/C0).
1
En effet, sif
k+λ
1hetf
k+λ
2hsont dans un même idéal premier associéep, alors (λ
2−λ
1)f
k∈epet donc
λ
1=λ
2vu quef
kn’est pas un diviseur de zéro.
74 CHAPITRE 4. LIBERTÉ D’UN ESPACE DE COHEN-MACAULAY
Dans le document
Singularités libres, formes et résidus logarithmiques
(Page 71-75)