• Aucun résultat trouvé

C. LES EFFETS DE L’AMALGAME DENTAIRE

3. Les conséquences générales sur la santé

Pour de nombreux professionnels et patients, le mercure dentaire serait à l’origine de troubles divers affectant la santé des porteurs d’amalgames. Cette inquiétude, relayée par la presse, est bien connue. En 1991, un rapport de l’OMS

(1) Une exposition aux vapeurs mercurielles de 80 µg/m3 d’air correspond à une dose de 100 µg de mercure par gramme de créatinine. Une exposition de 25 à 80 µg/m3 correspond à 30 à 100 µg/g par gramme de créatinine.

signalait que « beaucoup d’individus croient que leurs douleurs sont provoquées par l’amalgame dentaire. Les symptômes sont très divers. Quelques études signalent que l’état des patients s’est amélioré après le remplacement des amalgames ». Votre rapporteur a personnellement pu constater qu’au cours de cette étude, il n’y a guère eu de semaines où il n’a été alerté par des personnes décrivant les dommages causés par les amalgames et l’amélioration constatée après la dépose.

L’éventuelle intoxication chronique par le mercure dentaire serait particulièrement insidieuse puisqu’elle débuterait par des symptômes non spécifiques, tant physiques (fatigue, manque d’appétit, sécrétion salivaire, diarrhée) que psychologiques (perte de confiance en soi, irritabilité, dépression ...). La liste des maux constatés chez les porteurs d’amalgames et imputés par ces derniers aux amalgames est donc particulièrement impressionnante : troubles du sommeil, cernes sous les yeux, nervosité, torticolis, fourmillement dans les jambes, perte de sensibilité des seins, crampes anales, vertiges, rhumes, perte d’énergie, perte de mémoire, maux de tête, écriture tremblante, irritabilité, timidité, bégaiement, nausée, toux sèche... Autant de maux que la médecine ne parvenait pas à guérir, jusqu’à la délivrance : le retrait des amalgames.

De nombreux témoignages publiés illustrent cette situation. Certains prêteraient à sourire si l’on oubliait qu’ils révèlent un réel et profond désespoir.

L’un avait consulté 57 médecins avant qu’un « médecin naturopathe » - sic - ne diagnostique un empoisonnement au mercure et ne traite le patient en conséquence. Un autre va jusqu’à accuser les amalgames de sa mère responsables de tous ses malheurs : eczéma, rhumatismes, maux de tête, rupture de fiançailles et alcoolisme, problème de barbe, dépression.

On admettra que ces troubles peuvent également survenir en dehors de toute obturation, que leur gravité est aussi sans rapport avec l’exposition mercurielle d’un individu, et que dans ce malheureux cas, il y a quelques probabilités pour que la composante psychique ne soit pas à écarter. Il n’en demeure pas moins qu’il existe un certain nombre de patients anxieux ou dépressifs, qui, inspirés par des opposants motivés et convulsifs, attribuent ces symptômes à la seule intoxication mercurielle. Ces quelques mois d’étude ont montré que les témoignages de ce type sont plus fréquents que l’on croit. L’amalgame est devenu pour certains individus un véritable point de fixation, aux effets dévastateurs...

Quelques études ont même évalué la fréquence des symptômes et établi des corrélations troubles neurotoxiques légers/mercure. Plusieurs études ont montré que ces troubles n’apparaissent qu’à partir d’un certain seuil d’exposition. Ce seuil est fixé, selon les études, à 25 ou 50 µg de mercure par m3 d’air soit 30 à 100 µg de mercure par gramme de créatinine. L’étude de Tübingen (2ème partie) n’a pas établi ce lien mais a constaté que les troubles évoqués chez les patients porteurs d’amalgames étaient extrêmement proches des symptômes de microhydrargisme décrits en médecine du travail. « Pour la première fois, il a été prouvé

statistiquement qu’il existe une relation entre la concentration en mercure dans la salive - et non le nombre d’obturations en amalgame - et les symptômes déterminés de maladies. Ce serait en particulier le cas pour la chute des cheveux, les troubles à l’estomac et le saignement des gencives ».

Exemples de liens entre douleur et concentration en mercure

Troubles

Concentration de mercure dans la salive (en µg/l)

0-10 11-20 21-50 51-100 101-150 > 150 Troubles fréquents de

l’estomac et des intestins 20 25,5 24,5 24,5 30,5 33

Saignements

fréquents des gencives 24,8 25,8 28 31 37 36,8

Source : étude de Tübingen

Une autre étude, citée par la Commission européenne, donne même des chiffres précis sur la fréquence des symptômes :

Fréquence des symptômes auprès de patients porteurs d’amalgames ayant autodiagnostiqué un électrogalvanisme (en %)

Symptômes de type oral Symptômes somatiques Symptômes psychologiques

Brûlures 19 Douleurs musculaires 37 Manque d’énergie au

travail

51

Goût métallique 16 Maux de tête 27 Qualité de vie

détériorée

47

Mal au dents 10 Symptômes

neurologiques

25 Fatigue 35

Bouche sèche 8 Articulations

douloureuses

24 Anxiété 31

Difficultés à mâcher 4 Vertiges 20 Dépression 28

Douleurs intestinales 17 Incapacité à se relaxer 18

Vision diminuée 15 Insomnies 15

Allergies 14 Irritabilité 12

Problèmes de peau 13

Difficultés respiratoires 12 Douleurs de poitrine 11 Palpitations cardiaques 11

Douleurs lombaires 11 Symptômes génitaux 7

Perte de cheveux 6

Diarrhée 6

Sueur 5

Constipation 5

Une lecture rapide laisserait abasourdi le lecteur occasionnel. Quelques observations méritent toutefois d’être rappelées. Tout d’abord, l’étude de Tübingen, référence maîtresse sur ce sujet, ne porte pas sur les porteurs d’amalgames, mais sur les porteurs d’amalgames volontaires, « recrutés » par voie de presse pour participer à une recherche. Cette démarche est sujette à caution. Volontariat et représentativité sont souvent antinomiques. Comme chacun sait, une partie de la réponse est dans la question, et, en l’espèce, dans leur enchaînement : quand on fait suivre la question

« quel est le nombre d’obturations en amalgames ? » par « de quels troubles souffrez-vous ? « (parmi ceux énumérés dans une liste) , on draine inévitablement beaucoup d’inquiets et de malades chroniques. Le facteur personnel, l’autoappréciation, (dans beaucoup d’études) doivent être pris en compte. Ensuite, s’il apparaît que nombre de patients se sont sentis mieux après la dépose des amalgames, l’effet placebo n’a jamais été pris en compte, car il n’a jamais été testé.

Cette absence fragilise la démarche scientifique. Enfin, le lien de causalité amalgame-trouble n’est pas établi. Les saignements par exemple peuvent aussi être dus à un manque d’hygiène dentaire, responsable de caries et par conséquent de traitements à l’amalgame.

La première partie de l’étude de Tübingen (sur les effets de la mastication, l’importance du polissage...) paraît beaucoup plus pertinente que cette seconde partie éminemment subjective et non exempte de critiques méthodologiques.

Ces résultats doivent être considérés comme des données intéressantes, instructives, mais ni plus, ni moins.