• Aucun résultat trouvé

B Connaissances du matériel et des modes de consommation

III. Partie 3 : Les salles de consommation à moindre risque en France

III.3. B Connaissances du matériel et des modes de consommation

Tout au long de ses études et de sa vie professionnelle, le pharmacien est formé sur les dispositifs médicaux. Tous les jours dans sa pratique, le pharmacien d’officine dispense à ses patients des dispositifs médicaux et notamment du matériel pour l’injection. De plus, il peut dispenser des kits de matériel stérile aux UD, il doit donc en connaître la composition et l’utilité de chaque dispositif. Dans ce point, nous allons revenir sur les différents matériels utilisés par les UD ainsi que les différents modes de consommation.

- Les kits d’injection

Il existe deux kits commercialisés actuellement : la Stéribox2® et le Kit+®. La Stéribox2® est vendue en pharmacie au prix de 1€ alors que le Kit+® est distribué gratuitement en échange de matériel usagé dans les officines, CAARUD, CSAPA, automates et autres PES. Ils comprennent 2 seringues de 1ml, 2 cuillères, 2 filtres, 2 tampons alcoolisés, 2 flacons d’eau stérile de 5ml, un préservatif et une notice.

- Les seringues

Il existe des seringues serties, c’est-à-dire que le corps de la seringue est indissociable de l’aiguille. Ces seringues ont un volume de 1 ml. Il existe également des seringues non serties avec des volumes variables. Le choix du volume de seringue adapté dépend du produit et de la voie d’injection. L’injection de comprimés écrasés nécessite un volume d’eau supérieur à 5 ml. Les injections sous-cutanées doivent être réalisées avec des seringues de 1 ml.

Il existe des seringues de couleur qui sont utiles en cas de consommation en groupe afin que chaque UD n’utilise que sa seringue sans risque de confusion.

- Les cuillères

Les cuillères servent à préparer le mélange, elles doivent être stériles et utilisées une seule fois pour limiter le risque de transmission d’infections. La Stéricup® est une cuillère en aluminium avec une capacité de 2,5 ml.

- Les filtres

Les filtres permettent d’éliminer des particules non dissoutes dans le mélange. Si ces particules étaient injectées, cela pourrait provoquer des abcès, des phlébites, des gonflements des mains etc.

Les filtres en coton sont présents dans les kits. Ils ne filtrent que les grosses particules (poussières etc.) mais pas les excipients des médicaments et ne protègent pas contre les bactéries et les champignons. Comme ils retiennent environ 15% de la drogue, ils sont souvent conservés par les UD et réutilisés pour en extraire la drogue piégée.

Les filtres à membrane retiennent moins de substance active (1%) et permettent de filtrer de plus petites particules. Le Stérifiltr® commercialisé par Apothicom contient une membrane avec des pores de 10 microns, il élimine au minimum 90% des particules de plus de 5 microns et 93% de celles de plus de 10 microns [66]. Il permet de bloquer les particules et les excipients mais laisse passer les bactéries et les champignons. Il s’adapte sur toutes les seringues. De plus, il protège l’aiguille qui ne s’émousse pas en touchant le fond du récipient. Il existe également un filtre toupie avec une porosité de 0,45 microns qui filtre les

particules, les excipients, les bactéries et les champignons mais pas les virus. Il ne peut d’adapter que sur des aiguilles non serties.

- Eau stérile

L’eau pour préparation injectable est mise à disposition dans les kits en ampoules de 5 ml. Cette eau est l’option idéale pour la dissolution et dilution des drogues. Après ouverture, l’ampoule ne doit pas être conservée car elle a perdu son caractère stérile.

En urgence, l’eau qui a bouilli pendant 5 minutes et qui a refroidi avec un couvercle est décontaminée. L’eau du robinet est préférable à celle en bouteille qui n’est pas stérile et contient des minéraux en grande quantité.

Les acidifiants

Les acidifiants sont utilisés pour mieux dissoudre les sels basiques comme l’héroïne brune et le crack. L’utilisation de jus de citron et de vinaigre est à proscrire car le risque de candidose est élevé. L’acide ascorbique et l’acide citrique en sachets peuvent être utilisés. Il faut utiliser le moins d’acide possible pour ne pas irriter les veines. L’acide ascorbique étant moins puissant, il est plus facile à utiliser. Les sachets doivent être jetés après utilisation.

- Les garrots

Le plus répandu est le garrot simple en latex, il ne faut l’utiliser qu’en cas de vraie nécessité pour rendre les veines plus visibles. Il faut délier le garrot avant l’injection, sinon il y a un risque de fuite de la drogue dans les tissus avoisinants. Le garrot doit être désinfecté entre deux utilisations et être dédié à un usage strictement personnel. D’autres techniques peuvent être proposées afin de rendre les veines superficielles plus visibles et donc plus faciles à piquer : serrer et desserrer le poing, faire le moulin avec le bras, faire un exercice intense, laisser pendre le membre ou plonger le bras dans de l’eau chaude.

- « Roule ta paille »

C’est un carnet de 15 feuilles de papier non imprimées à rouler, qui sont utilisées pour sniffer.

Après avoir fait un résumé des principaux outils mis à disposition pour la RdR, le tableau 5 (p.72-73) présente les principaux risques de chaque mode de consommation et la réponse à y apporter en RdR.

Mode de consommation

Risques Conseils de RdR Outils de RdR

Injection :

◦ Introduction d’une substance liquide dans les veines, le tissu sous-cutané ou les muscles via une aiguille.

◦Délai d’apparition des effets rapide, moins d’une minute

◦Concerne principalement l’héroïne, la cocaïne, la buprénorphine, la morphine et les amphétamines. ◦ La rapidité de l’effet

augmente le risque d’overdose

◦ Dégradation du capital veineux

◦ Risque d’infections important :

Elles peuvent être virales (VIH, VHC, VHB) via le partage du matériel, fongiques (utilisation du citron) ou bactériennes (mauvaise hygiène lors de la préparation).

Elles sont soit localisées (abcès) ou générales (septicémie, endocardites).

◦ Pathologie inflammatoire (« syndrome de Popeye ») qui correspond à une inflammation des tissus et du réseau lymphatique due aux additifs présents.

◦ Tester une petite quantité de produit pour éviter l’overdose. ◦ Utilisation de matériel unique et stérile, environnement propre et calme. ◦ Eviter l’utilisation du vinaigre et du citron pour dissoudre l’héroïne brune ou le crack, préférer l’acide citrique ou ascorbique.

◦ Filtrer le produit à injecter

◦ Faire un garrot avant l’injection que l’on desserre, désinfecter le point

d’injection.

◦ Injecter en biseau dans le sens de la circulation sanguine en changeant de point d’injection à chaque fois

◦ Comprimer avec un tampon sec après l’injection.

◦ Injecter de façon

préférentielle dans les veines des bras et avant-bras.

◦ Jeter le matériel usagé dans un container adapté.

◦ Stéribox2® et Kit+®

◦Seringues serties et non serties

◦ Stéricup® qui contient une cuillère, un filtre en coton et un tampon sec.

◦ Stérifilt® qui est un filtre en membrane de polypropylènes.

Sniff :

◦ Inspiration de poudre par voie orale

◦ Effets rapides en quelques minutes

◦ Fréquemment utilisé pour la cocaïne, les amphétamines, l’héroïne, la kétamine et les cachets écrasés.

◦ Saignement par blessure avec la paille

◦ Irritation des narines, sinusites, nécroses de la cloison nasale ou du palais

◦ Transmission du VHC possible par partage de la paille

◦ Overdose

◦ Tester une petite dose pour prévenir l’overdose

◦ Utiliser d’un papier propre pour faire la paille

◦ Ecraser finement le produit

◦ Alterner les narines

◦ Rincer le nez avec du sérum physiologique 10 minutes après le sniff

◦ Entretenir les muqueuses avec des huiles végétales ou de la crème cicatrisante

◦ Consultation médicale si saignement, croûte ou douleur persistante au front

◦ « Roule ta paille » Bloc de papier servant de feuilles à rouler pour faire une paille, avec un message de prévention écrit dessus

Fumer ou inhaler :

◦ Fumer : faire brûler la substance et en inhaler la fumée par le nez ou la bouche ◦ Inhaler : absorber la substance sous la forme de vapeurs, de gaz ou de microparticules par voie respiratoire.

◦ Effets presque aussi rapides que l’injection

◦ Les principales drogues concernées sont : le tabac, le

◦ Inhalation de substances toxiques dans la fumée (goudron etc.) pouvant engendrer des expectorations sanglantes, douleurs thoraciques, détresse pulmonaires, embolie et différents cancers. ◦ Risque de transmission du VHC lors de la préparation : coupures, partage de la pipe

◦ Brûlures, plaies et ulcérations avec l’utilisation de doseur à pastis comme pipe

◦ Changer l’eau à chaque prise de cannabis dans une pipe à eau

◦ Préférer une pipe en Pyrex pour le crack, et des filtres en inox alimentaire. Changer l’embout de la pipe et le caillou à chaque prise.

◦ Ne pas associer le poppers aux médicaments traitant les troubles de l’érection.

◦ Ne pas inhaler le protoxyde d’azote à la capsule ou à la bouteille, risque de gel de larynx et des bronches.

◦ Ne pas sniffer les solvants dans un sac plastique

◦ Kit base : kit de réduction des risques pour la consommation de crack, il contient : un tube droit en verre Pyrex, des embouts, un filtre en inox alimentaire, une baguette en bois et des crèmes cicatrisantes.

◦ Feuille d’aluminium : utilisée pour fumer l’héroïne ou le crack, c’est-à-dire « chasser le dragon ». Produit chauffé avec un briquet au niveau du pli de la

cannabis, le poppers et de façon plus ponctuelle le crack, l’héroïne, la méta- amphétamine. feuille d’aluminium, et inspiration de la fumée qui se libère. Il faut placer le produit sur le côté mat de la feuille.

◦ Le vaporisateur permet de chauffer le produit sans atteindre son point de combustion, ce qui diminue le nombre de substances cancérigènes dans la fumée. Ingérer : ◦ Boire, avaler ou gober ◦ Temps d’apparition des effets de 20 minutes à 2 heures. Dépend du produit, du moment de la prise. ◦ Concerne principalement l’alcool, les champignons hallucinogènes, le speed et les médicaments détournés.

◦ Risque de remontées acides

◦ Substances corrosives peuvent ulcérer les muqueuses et attaquer les dents

◦ Risque de malaise, vomissements

◦ Attendre la survenue de l’effet avant de consommer une nouvelle dose pour prévenir l’overdose

◦ Mieux vaut avaler la substance avec de l’eau ou dans un papier à cigarette plutôt que de laisser fondre sous la langue.

◦ Testing des produits notamment en milieu festif par

chromatographie sur couche mince, pour identifier la molécule consommée et éviter les prises au hasard.

Tableau 5 : Modes de consommation des drogues et RdR

III.3.C Connaissances des maladies infectieuses et