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1. PARTIE THEORIQUE

1.3. Vers un modèle explicatif de l’effet du Routine Outcome Monitoring : De la communication non verbale au feedback instrumental.

1.3.4. Vers un modèle explicatif des effets dus au feedback dans la pratique ROM

1.3.4.4. Conjectures reliées au modèle supplétif du FI (modèle de modération) :

1’) Dans les conditions feedback instrumental, des différences significatives de reconnaissance des signaux non verbaux existent entre les thérapeutes les plus efficients et les moins efficients. 2’) Dans les conditions feedback instrumental, des différences significatives d’efficacité existent entre les thérapeutes entrainés à repérer les signaux de CNVB et les thérapeutes non entraînés à repérer les signaux CNVB. 3’) En condition de feedback instrumental, les thérapeutes les plus efficaces dans la détection des signaux non verbaux négatifs sont aussi les plus efficaces à prédire les mauvais résultats. En condition de feedback instrumental, les thérapeutes les plus efficaces dans la détection des signaux non verbaux négatifs sont aussi les plus efficaces. 4’) Il existe une différence significative d’efficacité entre les thérapeutes qui sont entraînés à repérer les indices non verbaux (entrainement CNVB) et les thérapeutes entraînés et ayant accès au feedback instrumental (entrainement FI). Le FI agirait donc comme un complément au signal non verbal (Hypothèse supplétive). 5’) Il existe une différence d’efficacité entre les thérapeutes en condition FI plus entraînement à la détection de

10 Ces hypothèses ont été présentées au Dr Paul Ekman (communication personnelle, 4 novembre 2013),

dans le cadre de l’élaboration d’un premier projet de recherche sur la modélisation des effets du feedback en psychothérapie, projet qui n’a malheureusement pas pu être mené à son terme comme nous l’évoquons plus avant à la section 2.2 de ce travail.

la communication non verbale et les thérapeutes en condition FI seule. 6’) En conditions de Feedback Instrumental, les thérapeutes les plus efficients pour distinguer les micro-expressions faciales (en particulier négatives) seraient les plus efficaces.

Nous avons passé en revue dans cette partie, les différentes tentatives de modélisation de l’effet du au feedback dans la pratique ROM en psychothérapie. Il apparaît notamment que le feedback instrumental agirait plus particulièrement dans les conditions de soins où les patients ne s’amélioreraient pas initialement (patients NOT), en signalant les mauvais résultats aux psychothérapeutes et aux patients, afin de les aider à adapter le traitement. D’autres signaux, non verbaux, de la mauvaise réponse au traitement, ou de la mauvaise relation thérapeutique, disponibles en condition naturaliste de psychothérapie, pourraient être liés à l’efficacité du feedback instrumental en condition NOT, et à l’efficacité de la psychothérapie en général. En pratique clinique, le feedback instrumental pourrait avoir un effet de lentille grossissante (hypothèse supplétive), permettant aux cliniciens de mieux percevoir les informations négatives sur les résultats des soins qu’ils avaient négligés, afin de mieux adapter le traitement. De manière expérimentale, la provision du feedback instrumental au clinicien modulerait en l’affaiblissant, l’impact négatif d’une mauvaise communication (identifiée par des signaux non verbaux) sur l’alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute qui, elle, agirait comme un médiateur des résultats. Le feedback agirait plutôt comme un complément d’information (effet loupe ou lentille-modèle lens) que comme un remplaçant des signaux présents naturellement (Modèle du GPS).

Plusieurs conjectures reliées à l’opérationnalisation de ce modèle sont proposées, dans le but de stimuler de nouvelles recherches sur la capacité des thérapeutes à discriminer les signaux non verbaux émis par leurs patients en condition feedback et non feedback, en particulier les signaux négatifs ; à étudier l’impact associé en terme de résultats psychothérapeutiques et également à comparer les effets d’un entraînement à la reconnaissance des signaux non verbaux en comparaison d’un entraînement aux pratiques de feedback

instrumental de la ROM. Ces recherches seraient à même, selon nous, d’éclairer les effets du feedback instrumental en psychothérapie, de mieux élucider les effets dus au traitement en général et de proposer de nouvelles pistes dans l’entraînement des psychothérapeutes susceptibles d’améliorer significativement leurs résultats.

Dans la section finale de cette première partie théorique liée à l’évaluation et à l’amélioration de l’efficacité des psychothérapies, aux apports du Routine Outcome Monitoring, à l’entraînement dit de pratique délibérée du thérapeute, et aux tentatives de modélisation des effets dus au feedback instrumental, nous allons rassembler les variables pertinentes qui ont pu être identifiées. Nous conclurons cette section en formulant des hypothèses de recherche qui seront soumises à l’épreuve des faits dans la section empirique de ce travail de thèse.

1.3.5. Synthèse des modèles relatifs à l’utilisation de la pratique ROM en psychothérapie :

• Le feedback ROM agirait comme un signal correcteur négatif qui influencerait le thérapeute (et éventuellement le patient) dans la course de la thérapie.

• Des modérateurs associés aux caractéristiques des thérapeutes, comme leur propension à recevoir du feedback et leur capacité à gérer les informations négatives (auto-efficacité) moduleraient les gains dus au feedback.

• Les thérapeutes ne pourraient pas apprendre de leur exposition aux systèmes de gestion des résultats basés sur le feedback des patients, car ils ne pourraient pas associer dans une fenêtre temporelle efficace, ces feedbacks instrumentaux avec les informations négatives naturellement disponibles dans les interactions thérapeutiques.

• Les thérapeutes pourraient augmenter sensiblement leur efficacité par la provision d’un feedback instrumental négatif sans autre entrainement formel ; les thérapeutes initialement les moins efficients étant les plus aidés par le feedback.

• Le feedback instrumental pourrait agir en remplacement ou en complément de feedback naturels non verbaux présents dans les consultations, et pour lesquels les thérapeutes auraient des difficultés de perceptions variables.

Deux modèles des effets dus au feedback dans la pratique ROM sont proposés, ainsi que plusieurs conjectures susceptibles d’être éprouvées dans de nouvelles recherches.