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A. Histoire des deux quartiers, fabrication de l'espace 32

II. L'espace conçu – Hautepierre 33

4. Configuration – le chantier de Hautepierre, 1969-75 61

Bernard PAGAND La mise en place des unités du voisinage correspondant aux mailles77 ainsi

que celle de l’ensemble de la ZUP vont prendre une configuration qui ne reprend pas toujours les indications du plan de conception, n’en retient pas tous les éléments, s’en éloigne parfois, voire le trahit. Comme souvent, nous ne saurons jamais ce qu’aurait pu véritablement être Hautepierre si tous les choix conceptuels développés avaient été appliqués, sauf peut-être à les faire aboutir dans les projets en cours, ce qui ne paraît pas être le cas pour l’instant.

Les principaux éléments des unités de voisinage développés aux États-Unis ou en Angleterre sont intégrés dans la conception de Hautepierre, ce sont les écoles placées au centre d’une aire protégée et limitées par les voies de circulation, une relative importance des espaces libres et de récréation, la présence de bâtiments publics affectés (école, centre communautaire …) ou à vocation plus large selon une répartition avantageant les interrelations entre mailles, bibliothèque, piscine, collège …. Ainsi, le projet initial prévoyait- il des maisons de jeunes, des classes primaires, des classes maternelles, des locaux pour les jeunes, deux centres médico-sociaux, des crèches, des équipements sportifs, de axes commerçants. Aussi, Pierre Pflimlin, alors maire de Strasbourg, déclarait-il : "Hautepierre sera une ville78 d’environ 30 000

habitants, avec ses commerces, ses écoles, ses équipements sportifs, ses centres d’animation culturelle, une ville d’un style nouveau […] chacun de ses nids d’abeilles contribuera, on peut l’espérer, à créer un havre de paix et de sécurité."79

Tous les éléments conçus n’ont pu voir une réalisation effective, des maisons de jeunes, l’un des centres médico-sociaux par exemple manquent à l’appel. La réalisation des équipements, prévue entre 1969 et 1977, dans le sillage de la construction des habitations, prend souvent du retard comme le montrent les dates d’approbation établies lors des séances du conseil municipal80. Le

plan réalisé par V. Antoniou et L. Meistelmann montre l’état actuel de l’implantation des équipements.

77 Inspirées des « neighborhoods » de W. Perry, cf. Gérard A.-L., Quartier et unité de voisinage

dans la pratique urbanistique française 1919-1973, Thèse de Géographie, ULP, Strasbourg,

1980.

78 C’est nous qui soulignons.

79 Cité par Veronika Antoniou, Laurence Meistelmann, L’éducation à Hautepierre à travers

les formes urbaines, Master ASPU, INSA/ENSA, Strasbourg, janvier 2009. On sait, par ailleurs,

qu’il était peu favorable à des centres secondaires, concentré sur la ville centre et laissant les banlieues aux techniciens (entretien avec R. Tabouret, ancien conseiller municipal, du 15.10.2009).

Plan des équipements réalisés à Hautepierre. Source : Antoniou & Meistelman, 2009.

Ce point sensible des équipements a été largement moins malmené que dans d’autres ZUP, le projet ayant commencé « avec un confort financier exceptionnel »81. Mais c’est l’équilibre global même du projet par la

diminution du nombre des mailles, ses axes majeurs de réflexion quant au bâti, les continuités, qui sont très vite remis en cause. L’idée initiale conduit à la mise en œuvre de lieux de rencontre à différentes échelles et favorise les continuités et les passages assurant une dynamique de vie de quartier. Les déplacements entre les espaces ou surtout entre les différentes unités de voisinage se font par des rues, des passerelles ou des passages souterrains , des goulets succédant à des places afin de récréer des lieux urbains à l’échelle humaine. Les espaces verts animent les itinéraires piétons entre domicile, école ou commerces, ou alors vers les zones de loisir et de détente82. Contacts et rencontres devaient être le fruit de ses propositions.

Bien des éléments au fondement du projet n’ont pas été réalisés, d’autres sont apparus en cours d’exécution de celui-ci car ils n’étaient pas liés à des conditions sociétales favorables ou à des configurations ou choix présents lors de la conception (exemples du centre commercial et plus tard du tramway ou des pistes de déplacement cyclables), retenons les principaux écarts de la conception à la réalisation en dehors des éléments imprévus, tels que ceux que nous venons de citer83 :

-­‐ Diminution du nombre des mailles de onze à six conformes ou dérivées du plan initial plus deux autres détournées ;

81 Entretien avec R. Adjedj, ancien directeur de la SERS, du 14.10.2009. 82 Antoniou, Meistelmann, 2009, p. 13.

-­‐ suppression des passages aériens (hors passerelles ordinaires) ;

-­‐ suppression des commerces assurant la continuité des mailles et la dynamique du quartier, donc manque de commerces de proximité ; -­‐ « surdensification » des mailles avec pour conséquence l’insuffisance

des équipements prévus et des espaces verts, cette densification des mailles implique une modification des choix architecturaux ;

-­‐ réalisation médiocre des passages souterrains, goulots sombres et peu engageants à la place d’éléments de continuité et de passage très clairs et agréables ;

-­‐ discontinuité flagrante entre mailles, et tensions à terme ;

-­‐ absence de clarté des parcours existants, de lisibilité des espaces publics et privatifs.

Nous montrons ci-après l’écart entre conception et réalisation du projet, entre préfiguration et configuration, dans le cas de la maille Brigitte déjà évoquée où la constitution des subtilités d’organisation de l’espace à partir de rues, places, resserrements, alignements, closes, à partir de la distinction cœur / couronne, … disparaît. Le constat serait approchant pour les autres mailles. Seule la première maille réalisée par l’équipe P. Vivien, la maille Éléonore, s’inscrit dans l’esprit de la préfiguration. La structure cœur couronne fut cependant parmi les éléments les moins remis en cause, il en va autrement du bâti dans cette structure.

Comparaison de la préfiguration de la maille Brigitte à sa configuration (source : Strasbourg Hautepierre, 1967 ; Antoniou & Meistelman, 2009).

Plutôt que nous étendre sur l’analyse des différences entre conception, projection et réalisation du projet Hautepierre et pour nous permettre de comprendre certains des motifs qui expliquent les écarts entre préfiguration et configuration de quelques points clefs du projet, nous nous appuierons sur

des entretiens, pour certains déjà cités, avec des acteurs du projet ou des observateurs avisés, occasionnellement experts conseils du projet.84

De la plaquette au projet

« Le quartier ne s’est jamais fait sur le plan d’origine », indique P. Moreau, un travail de trois ans (1967-1971) a été nécessaire après l’édition de la plaquette et l’approbation du projet pour vérifier la faisabilité et cerner la mise en œuvre des propositions de l’équipe Vivien avec une « méthode essai – erreur » permanente. Tout ce qui est « tuyaux », en particulier, n’était pas bien maîtrisé. Nous constatons, ici, une source d’écarts possibles mais simplement de l’ordre de l’adaptation de la préfiguration à la configuration avec des incidences mineures dans ce cas.

Cheminements piétonniers et passages inter-mailles

Dans la conception de la ZUP, plusieurs grilles (ou calques) se superposaient les unes aux autres, des ajustements pouvaient se faire de façon assez constante « par tâtonnement des formes ». Ce mode convenait tout à fait tant qu’existait cette procédure ZUP ; celle-ci ne nécessitait pas de définitions précises très en amont, le moment venu les choses pouvaient se mettre en place et fixer le projet. La procédure ZAC, qui suivra (1969) après la caducité des ZUP, est plus exigeante, et surtout et en particulier, elle doit prévoir les modes de financement des éléments, équipements projetés (préfinancement et programmation à la suite). Dès lors, se pose entre autre la question du financement « du deuxième réseau », dit réseau jaune, car c’est sa couleur sur les plans, et qui correspond au réseau piétonnier, et en particulier lors du passage d’une zone à l’autre avec les commerces en passerelles prévus dans la conception. Là, il y aura un échec sur la manière de convoquer ou d’inviter les gens, les investisseurs, de les convaincre sur ces points, personne ne s’était posé ces questions de faisabilité opérationnelle au départ, compte tenu des moyens de la ZUP et du « confort financier exceptionnel » qui existait de façon initial85. Par exemple, l’idée d’implanter des commerces provisoires

pour expérimenter les commerces aux intermailles et sur les passages avant de les réaliser effectivement selon la préfiguration a été écartée pour des raisons financières. « L’intention piéton y était »86, mais elle n’a pu aboutir

correctement. Ici, c’est évidemment l’une des deux clefs au cœur du projet qui disparaît, la continuité piétonnière entre mailles.

Le mouvement intermaille avec passage supérieur ou inférieur (certains de ceux-ci se sont maintenus, même si la qualité de leur traitement a pu

84 Ce sont les entretiens réalisés avec R. Adjedj, ancien directeur de la SERS, P. Moreau, architecte d’opération pour Hautepierre à l’atelier Vivien-Stoskopff de 1967 à 1971, R. Tabouret alors ingénieur en génie civil et E. Hartweg actuel responsable à la SERS.

85 Entretien R. Adjedj. 86 Entretien P. Moreau.

s’affaiblir et le passage supérieur s’est limité à l’apparition de quelques passerelles) à céder la place à pas mal de passages cloutés réalisés ultérieurement par la CUS. La couture entre mailles s’est soldée par un véritable échec très loin de ce qui était pensé ; pas de belle promenade à l’intérieur du quartier, beaucoup de craintes de divers ordres ont empêchés les mouvements. Il y a ici, bien sûr, un écart radical entre préfiguration et configuration, soit une dénaturation importante du projet global ; on peut admettre que la maille « village » n’en souffrirait que dans son rapport aux mailles voisines et à l’ensemble du quartier, mais d’autres facteurs vont aussi considérablement affaiblir cet aspect village et les qualités internes des mailles.

Contexte et forces en présence autour du bâti

L’analyse de la fabrication de Hautepierre ne peut faire l’économie d’un regard contextuel associé à la réalisation de l’Esplanade, ensemble résidentiel et universitaire qui a été édifié sur un ancien site militaire péricentral. Celle-ci fut engagée par le sénateur du Nord Alsace, P. Pflilmlin (père de la SERS et initiateur de Hautepierre) qui revenant du gouvernement, était penché sur la conception d’outils pour les collectivités locales à travers l’économie mixte (avec la SEM l’Esplanade, seules deux autres SEM existaient alors à Lyon et en Bretagne). L’ensemble en question qui développe un quartier d’habitations et une université sur des terrains récemment acquis selon un projet de barres et de tours aura beaucoup d’influence sur Hautepierre. A l’Esplanade, l’architecte G. Stoskopf, qui interviendra avec P.Vivien sur Hautepierre, a réalisé les mêmes barres et tours qu’à Créteil ou Bischheim, il fallait réaliser autre chose à Hautepierre, mais aussi compter avec cet architecte, qui allait être imposé sur Hautepierre, et son réseau. Pierre Vivien « était génial »87 et voulait sortir de cet urbanisme orthogonal et

de la mauvaise gestion des déplacements automobiles. Les mailles sont donc une réaction appuyée sur les deux mobiles majeurs que nous connaissons88,

assurer une desserte automobile sans entrave et surtout, pour ce qui nous intéresse ici, rejeter les tours et les barres et aller vers une échelle humaine. L’idée de fabriquer des villages à l’intérieur de chaque maille s’inscrivait dans cette perspective. Dans chaque hexagone, deux objectifs se complétaient, celui de produire du locatif public aidé et de l’accession à la propriété par deux types de financement adaptés pour 1000 logements / 3000 habitants (par maille). L’idée, contrairement à celle développée à l’Esplanade avec des immeubles à R+17 était, on l’a vu, de faire des immeubles de petite taille de R+4 à R+8, ceci paraissait tout à fait « iconoclaste » à l’époque. Vivien parlait de faire des « hameaux » à l’intérieur des mailles89.

Le développement des hameaux de Pierre Vivien, vus comme une exigence par les porteurs du projet, s’est vite heurté à la mauvaise volonté des acteurs

87 Entretien R. Adjedj. 88 Idem.

sociaux et opérateurs majeurs, en l’occurrence la S.A.E (Eiffage), premier constructeur français de logements sociaux, très puissant acteur qui alors, « faisait la pluie et le beau temps », entre autre par qu’il était au cœur du système de production de logements en masse dont il obtenait les financements, pour lesquels il désignait ses architectes (pour Hautepierre, ce fut G. Stoskopf), et qui donc « venait quasiment avec du clef en main », ce qui bien entendu facilitait grandement les choses pour les municipalités en termes pratiques techno-administratifs.

Bref, et quoiqu’il en soit de ces aspects et du fait de sa grande puissance, Eiffage se permettait d’avoir ses propres exigences quasiment au-dessus des élus, et à Hautepierre l’opérateur était contre les hameaux. La presse avait déjà parlé de la conception du futur quartier (ou de la future ville nouvelle) et SAE Eiffage « exigeait d’arrêter ces rêveries » et de s’orienter vers des solutions performantes pour eux ; avec leur architecte Stoskopf, la société montrait la nécessité « de bâtiments droits et hauts ». Ceci fut une mauvaise nouvelle pour la SERS, qui adhérait, comme la municipalité, à la conception de P. Vivien. Malgré des tensions avec la SAE Eiffage, un entretien difficile avec Pflimlin, ce dernier valide les choix, auxquels il avait d’ailleurs participé, du plan Vivien.

Il s’ensuivait que pour les travaux conduits sur les premiers « hameaux », le chemin de grue rectiligne alors habituel devait céder place à une mise en œuvre beaucoup plus complexe. Pour éviter tout dérapage initial du projet, une équipe Stoskopf – Vivien a été constituée où Vivien « a du se battre pied à pied pour le hameau90 » et l’édification des immeubles de faible hauteur (5

à 8 étages), estimés impensables par les autres à la fois pour les ascenseurs et l’occupation des sols ainsi « gâchée ».

Les objectifs fixés au bureau d’études étaient à la suite de ces compromis de tester « la feuille de vigne » dans la maille. « Ce qui se monte en premier, c’est le logement, la densité bâtie était de l’ordre de 100 logements à l’hectare91 »,

avec une marge faible et des niveaux variables de 3 à 7. L’idée, était, on l’a vu, de développer un pari combinatoire, de jouer avec la hauteur des modules au lieu de séparer des types et de travailler aussi sur des principes identiques en façade, l’influence était celle des arts « permutationnels » développés par A. Moles. La qualité des premiers ensembles est liée à cette approche complétée par les travaux de paysagiste et coloristes dont la participation s’était faite sur l’insistance de P. Vivien. Pour assurer cette diversité des types, il était aussi envisagé de répartir les 1830 premiers logements sociaux sur trois mailles. Dès que la maîtrise d’œuvre est passée dans d’autres mains que celles de P. Vivien, toute la qualité du travail plastique sur les immeubles a disparu et des opérations très médiocres, en tous cas hors de l’esprit de la conception initiale se sont développées annihilant l’idée de hameaux. Avant que ne disparaisse l’idée de maille elle- même. Le Hautepierre à R+4 ou R+7 a cédé la pace à des tours blocs selon le regard de M. Hadjèje, alors directeur adjoint de la SERS.

90 Idem.

Cœur de quartier et grande surface

P. Vivien avait l’idée d’un passage central relié aux autres mailles par un réseau de voies piétonnes qui « enjambent les voies routières un peu à la manière du Ponte Vecchio »92, celui-ci apparaît dans la deuxième grande

maquette d’étude qui précède la conception à mailles régulières répétitives. Ce fut ensuite une maille centrale qui pris cette fonction de cœur de ville (ou de quartier) étant entendu que l’idée de répartition des commerces aux intermailles et en linéaire était encore présente.

Le cœur de quartier envisagé s’est effacé avec l’accueil de Auchan93, qu’on

ne voulait pas voir aller s’installer ailleurs, un peu plus loin à Wolfisheim. Auchan fut le premier hypermarché construit par la SERS, l’idée à été de faire un complexe en y associant des commerces, le Maillon, ... Ceci a diversifié les mouvements et « cassé les mouvements internes »94. La pénétrante, par la

suite, a permis d’autres équipements. Cette grande surface a, bien entendu externalisé les mouvements du quartier à sa périphérie en même temps qu’elle s’ouvrait à toute la ville. Il n’a pas, bien entendu une fonction, centrale dans le quartier et cela peu apparaître comme un défaut de conception et d’intégration. Il ne faut pas oublier que la question des grandes surfaces commerciales qui se trouvent en marge du quartier est liée au fait qu’elles n’étaient qu’en cours d’invention à l’époque, il était donc difficile de les intégrer au projet95.

Mixité

La première tranche de logements prévue à Hautepierre correspondait à 1832 logements qui devait être livrés en mai 1970 (soit 3,2 logements / jour). Un grave souci se faisait jour quant à l’occupation des logements, celui d’éviter l’uniformité des habitants comme cela s’était produit lors des autres opérations de cette époque, à l’Esplanade il n’y avait que des cadres, à Bischeim que des rapatriés … L’idée de la SERS96 était qu’il y avait nécessité

de « mélanger » les origines et les groupes à Hautepierre, d’éviter l’habitat dédié. Une autre idée pointait, celle qu’il faudrait, par ailleurs, revoir les modes d’attribution de l’habitat social ; il faudrait que les HLM soit délivré autrement que par ordre d’inscription et niveau de revenu (à l’époque il y avait 6000 demandes permanentes). La SERS obtient que les 1832 logements (au lieu de 1000 initialement prévus) ne soient pas tous dans une maille (Eléonore et Denise avaient été allongées car on souhaitait faire plus de 1000 logements.) De son côté P. Vivien (et Claudius Petit) voulait répartir les 1832 logements sur trois mailles, comme on l’a déjà noté.

92 Entretien R. Tabouret. 93 Ouvert le 16 mars 1976. 94 Entretien R. Adjedj. 95 Entretien P. Moreau. 96 Entretien R. Adjedj.

En ce qui concerne les attributions, il était donc indispensable d’en revoir les critères (mais Pflimlin qui ne voulait pas s’impliquer dans cette construction envoie les responsables de la SERS à la commission d’attribution) en établissant des quotas assurant une diversité

- 50 % de français de souche avec ½ alsaciens et ½ autres

- 50 % de français "d’ailleurs" et étrangers avec équilibre entre Maghrebins d’un côté, et Portugais, Yougoslaves, Vietnamiens, Espagnols de l’autre. L’idée était que la diversité faciliterait l’intégration97. Pendant trois ans la règle

s’appliquera, puis par manque de quotas et dans l’impossibilité de réaliser une attente pour les maintenir, "l’affaire s’essoufflera". Les règles vont s’assouplir malgré le refus de la SERS qui abandonne alors cette commission au moment de la mise en location de la maille Jacqueline. Dès lors, non seulement le jeu des critères va être abandonné, mais la densification des mailles (contre le hameau) ne posera aucun problème. Par exemple, et justement, la maille Catherine, où étaient programmés 900 logements, recevra 300 logements supplémentaires pour la police projetés par G. Stoskopff, d’où il résultera l’impossibilité de mettre en place les espaces verts initialement prévus (1973), donc encore une atteinte au hameau.

Quant à la mixité et à la possibilité d’accéder à d’autres formes de logements à Hautepierre, à y développer des modes de financements diversifiés comme cela avait pu se faire à l’origine à la maille Éléonore98, les

choses se sont vite heurtées à un prix du foncier élevé (ancienne zone de maraîchage) qui a détaché la promotion privée des processus et l’a conduit à investir à l’époque à Hœnheim ou à la Cité du Ried.99

De ces configurations, il résulte à terme des problèmes sociaux qui ont marqué et marquent la population de Hautepierre selon plusieurs angles, celui du chômage qui atteignait 25% dès 1975, chiffre très supérieur au chiffre de Cronenbourg, le quartier limitrophe ; la question des femmes, aussi, a bouleversé les pratiques et l’espace social, celles-ci, entrées sur le marché du travail pour améliorer les revenus du foyer, ont de plus en plus quitté le statut très courant, aux origines de Hautepierre, de mères au foyer, laissant ainsi des adolescents au chômage livrés à eux-mêmes. Il en a donc probablement résulté un affaiblissement important d’une certaine forme de contrôle100.

Espaces verts et espaces ouverts

Nous venons de noter la perte d’un cœur vert de maille à propos de la maille Catherine.

Un parc de 70 hectares qui devait être réalisé à l’ouest du quartier a été remplacé par des équipements sportifs (plaine de jeux, parc des sports, …),