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Au cours de ce travail de thèse, l’une de nos premières démarches était de nous poser les questions relatives aux objectifs de notre recherche. Les réponses nous ont permis de définir l’étude, d’organiser le plan de travail et de prévoir les principes méthodologiques liés à ce dernier. Nous devions être en mesure d’identifier les insuffisances linguistiques des étudiants en droit pour répondre aux spécificités de notre étude. Citons par exemple la confusion de ces étudiants entre les concepts juridiques.

Vu l’importance et les difficultés du sujet de notre thèse, travailler sur le discours juridique s’est révélé ardu du fait du retour constant en arrière, de la complexité du langage juridique ; de la recherche permanente des concepts... ce travail s’avère parfois compliqué dans le domaine du droitdufaitdela complexité du sujet.

En effet, durant la première partie, nous avons constaté de grandes possibilités de dérivation de substantifs et d’adjectifs. L’utilisation de ces dérivés permet de s’exprimer dans le domaine de droit de façon « ramassée » et synthétique. À titre d’exemple « harcèlement moral » :

Harcèlement moral : (Droit pénal/Droit du travail)

Constitutif d’un délit, le harcèlement moral est prohibé par le code du travail depuis la loi n°2002-73 du 17 janvier 2002. Le législateur n’a pas défini son contenu mais stigmatise les comportements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale, ou de compromettre son avenir professionnel. [...]1

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Nous avions pour objectif aussi, d’analyser les textes de LA GAZETTE juridique de Lyon3 et les textes de la chronique judiciaire d’Abdelatif TOUALBIA du journal « L’EXPRESSION » et d’identifier dans ces textes, les termes exclusivement juridiques, ainsi que les mots de la langue générale qui ont changé de sens dans le domaine juridique. Comme nous le précise Gérard Cornu : « Il peut y avoir discours juridique sans vocabulaire juridique »2. De riches locutions et expressions de la langue courante émaillent la langue juridique; elles lui assurent le pilier nécessaire à son discours. Ces expressions acquièrent le statut d’expressions juridiques et sont intégrées dans le vocabulaire restreint des juristes.

Les énoncés recueillis, nous semblaient relevés d’un discours complexe, obscur et inaccessible. Ils semblaient être exprimés dans un langage hermétique, inabordable aux connaissances d’un lecteur-destinataire, non spécialiste pour lequel les rédacteurs devraient prendre en considération car nul n’est censé ignorer la loi3

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À notre avis, l’étude des termes reste toujours actuelle, puisqu’elle reflète les évènements sociaux, du développement de la langue. Nous nous sommes intéressés aux particularités lexico-sémantiques et aux moyens de formation et d’utilisation de la terminologie juridique car de nouveaux termes apparaissent afin d’étoffer et harmoniser le discours social.

Nous avons également présenté et analysé les principaux liens communs et propres des textes de LA GAZETTE et d’Abdelatif TOUALBIA aboutissant à une étude comparative entre les deux chroniques.

LA GAZETTE se distingue par sa qualité des sujets qu’elle traite. Ses articles sont rédigés par des juristes qui s’adressent à des spécialistes du domaine. Ils portent sur les thèmes les plus divers et ils couvrent à peu près tous les domaines du droit. Quelques uns seulement permettent aux non-spécialistes de mieux se familiariser et comprendre la loi dans le domaine du droit. Les auteurs de LA GAZETTE ont un langage soutenu et élaboré, ils recherchent toujours le terme le plus noble, le plus rare et le plus sophistiqué. Citons les exemples de : « servitude de passage » ; « opposable aux ayants droit ». Ceci ne facilite pas souvent au profane la compréhension du

2 CORNU Gérard, Vocabulaire juridique, Paris, Quadrige, 2007, P.213.

3 BROEMBERGER, J. Nul n'est censé ignorer la loi, petit dictionnaire juridique, Paris : Librairies techniques, 3e édition, 1977.

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texte. Dans le discours juridique, la précision terminologique est de rigueur. C’est la nature de la discipline même du droit qui l’exige. Les vocabulaires juridiques, les dictionnaires de droit, les encyclopédies du droit ont pour objet principal de fixer les acceptions des termes le plus souvent polysémiques : « Souvent, devant l’ambiguïté des textes, même les spécialistes ont tendance à ne pas comprendre des phrases ou des termes [...] »4.

L’analyse des éléments présents dans le discours d’Abdelatif TOUALBIA, en particulier la langue générale et la métaphore, nous ont permis de mettre en évidence le rôle essentiel qu’elles jouent dans la stratégie d’expliquer la loi mise en œuvre par le journaliste. Il a donc été possible d’identifier trois fonctions majeures. Tout d’abord, celle de la vulgarisation : le journaliste doit donner à des non-spécialistes des explications ayant trait au domaine du droit où il s’efforce alors d’employer des expressions de la langue courante et des termes communs. Ensuite celle de la métaphore qui continue d’enrichir les débats entre les acteurs des différents discours, en expliquant la loi. Le degré d’abstraction et de technicité du langage juridique, justifie parfois chez les journalistes chroniqueurs l’utilisation d’images qui vulgarisent l’expression juridique pour atténuer la technicité du domaine des lois. Et enfin, celle par laquelle l’utilisation de figures de style qui explicitent les événements et les paroles dans la salle d’audience, continue d’intéresser le public à ces chroniques, celles du journaliste.

Les lecteurs d’Abdelatif TOUALBIA, qu’ils soient ou non juristes, devraient pouvoir comprendre aisément, comparer et interpréter correctement les notions juridiques apparaissant dans ses textes quel que soit le thème de son article : le public auquel s’adresse le message, « chaque lecteur interprètera le texte en fonction de son niveau de connaissance du sujet évoqué ».5

Durant la deuxième partie, rappelons les hypothèses formulées avant de démarrer notre étude : les étudiants de droit ne comprennent pas le langage juridique ; ils supposent autre chose. Notre enquête n’a pas contredit ces hypothèses de départ. Pourtant, il est fondamental de ne pas ignorer l’importance de toute forme d’acquisition des connaissances. Sans prendre connaissance de la discipline, il est impossible de répondre au questionnaire comme il est indispensable que

4 LALANDE André 1972, Avant-propos.

5Source : ANIMAFAC, « s’engager pour la diffusion des savoirs », éd. ANIMAFAC, disponible en PDF sur : www.animafac.net/assets/Uploads/Sciencesociete.pdf, p.10

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l’étudiant de droit puisse acquérir une bonne connaissance du domaine juridique (des notions et des relations entre les notions).

En matière d’enseignement de droit, notre recherche se limitait à mettre en évidence les insuffisances des étudiants. Notre travail est cependant devenu plus effectif lorsque nous l’avons accompagné d’enquêtes concrètes menées auprès des étudiants en droit du début et de fin d’étude pour identifier les problèmes de compréhension des énoncés. Notre enquête, dont les objectifs et finalités ont été cités en introduction générale nécessitait un travail mené par trois questionnaires écrits: questionnaire 1 et questionnaire 2 administrés aux étudiants de première année, questionnaire 3 administré aux étudiants de master 2. Cette enquête nous a permis de rencontrer beaucoup de monde du domaine juridique.

Nous avons retenu que lorsque la présentation de nos questionnaires, s’est faite par le biais d’une langue qui n’est pas celle du droit qu’ils parlent, quelque chose a échappé à la compréhension. Ils peuvent difficilement atteindre le même niveau d’analyse avec une langue autre que celle dans laquelle le droit s’incarne. C’est bien là au fond l’intérêt de notre recherche, la maîtrise du français juridique pose beaucoup de problèmes ; les enseignants malgré leurs efforts, déplorent que les étudiants n’arrivent pas à s’adapter et à se familiariser avec les termes juridiques français. Il semble important de noter que ces résultats sont dus au fait que l’enquête a été diffusée parmi des arabophones – des étudiants qui ne maîtrisent pas ou ont du mal à apprendre le français.

Les analyses des donnés de l’enquête qui a concerné le rapport des étudiants avec la langue juridique qu’ils estiment maitriser, ont permis de constater qu’il y a beaucoup de facteurs négatifs qui influencent la diffusion de la terminologie juridique française d’une manière défavorable. Nous pouvons en trouver les preuves dans les réponses du premier questionnaire:

1) Tout d’abord le premier indice est que la majorité des étudiants ne lise pas des chroniques juridiques écrites en français.

2) Le deuxième indice est le fait qu’un seul module est dispensé en français.

3) Le troisième indice est le fait que la moitié des étudiants trouvent des difficultés à comprendre le cours.

4) Le quatrième indice, apparu au cours de notre enquête, est que la majorité des étudiants sont des arabisants.

5) Le cinquième indice est que selon la plupart des étudiants, les termes juridiques en français sont difficiles à maîtriser.