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Conclusion générale

Par cette recherche, nous avons cherché à décrire et comprendre la construction des objets enseignés à travers le travail de l’enseignant. Nous souhaitons voir comment l’objet enseigné se transforme, à travers le travail des enseignants, les gestes mis en œuvre, les dispositifs didactiques, les obstacles rencontrés. Cette étude menée dans le cadre de notre recherche en doctorat nous semble tout aussi pertinente et intéressante aujourd’hui qu’au moment où nous l’avons commencé au vu de ses résultats et des voies qu’elle ouvre pour d’autres recherches en didactique du français langue étrangère. Nous avons mené une recherche descriptive dont le but était de dresser un portrait de l’enseignement de la grammaire en Algérie, mais nous avons analysé plus particulièrement les objets grammaticaux à l’aide de la théorie de la transposition didactique. Nos propos peuvent paraître critiques. Or, notre but est de démontrer en quelque sorte, certaines pratiques d’enseignement pour mieux les analyser et en saisir les mécanismes, les enjeux et les conséquences sur les apprentissages.

Tout au long de cette recherche, nous nous sommes fixée quelques objectifs. En premier lieu, il s'agissait d'avoir une image très claire des pratiques des enseignants du moyen, connaissant toute l’importance du rôle que joue l’enseignant dans la construction du savoir et des connaissances. En deuxième lieu, il s'agissait d'observer si les propositions officielles qui caractérisent l’enseignement de la grammaire étaient appliquées en salle de classe.

Nous avons dû limiter notre échantillon à des séances d’enseignement car il était difficile d’assister avec un seul enseignant à toute une séquence. L’analyse d’un plus grand nombre de séquences aurait peut être permis de faire ressortir d’autres constats à propos de la diversité des pratiques d’enseignement. L’on aurait également dû prévoir de compléter la méthodologie par des entretiens avec les enseignants à la fin de chaque séance. L’analyse de ces entretiens aurait contribué à mieux comprendre le travail

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Pour ce faire, nos analyses se sont portées sur des séances d’enseignement filmées. Nous avons voulu faire une étude sur les pratiques effectives dans les classes du cycle moyen. Nous nous sommes donc attachée à l’étude des processus de construction de l’objet grammaire lors des séances d’enseignement. En élaborant le synopsis des séances et en examinant la macrostructure, les objets, les gestes d’enseignement et en nous intéressant aux dispositifs didactiques mis en place, nous avons pu décrire les caractéristiques réelles de cet enseignement.

Au début de ce travail, nous avons émis trois hypothèses ; nous rapportons en bas les résultats de validation ou d’invalidation de ces hypothèses.

Hypothèse 1 : Les enseignants sont réticents quant à l’application de nouvelles

méthodologies, approches…

Hypothèse 2 : Les enseignants optent pour un éclectisme pour pouvoir répondre à toutes

sortes de questions, problèmes.

Les analyses qui ont été effectuées au chapitre IV ont amené à la validation de ces deux hypothèses et à énoncer plusieurs constats.

Nous avons constaté que les enseignants n’essayent pas de suivre à la lettre ce qui est prescrit par les instructions officielles, certaines de leurs pratiques nous laissent croire qu’ils n’emploieraient pas à bon escient les démarches pédagogiques proposées. C’est grâce aux observations des séances d’enseignement filmées que nous pouvons maintenant affirmer que les enseignants enseignent selon certains principes de démarches prescrites mais qu’ils continuent d’employer principalement des méthodes pédagogiques dites traditionnelles. Les enseignants sont encore très influencés par les méthodes traditionnelles, leur enseignement de type magistral le prouve. Il y a de longues explications théoriques sur les notions, ils font quelques démonstrations au tableau ; ils demandent aux élèves de faire des exercices au moyen de leur manuel.

Dans leur enseignement, il n'y a pas de place pour une démarche heuristique interactive avec les élèves. Ces derniers ne peuvent donc pas émettre d'hypothèses ou

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essayer de comprendre par eux-mêmes le fonctionnement de la langue ou encore dégager des règles.

Dans les séances de grammaires observées, le point de départ et les premières phases du travail sont authentiquement grammaticaux : d’abord, l’objet d’enseignement est défini ; puis il est repéré par différentes voies ; il est décomposé et décortiqué en unités. Plusieurs notions sont au service de ce travail qui permet de localiser l’objet dans un contexte plus large. Ensuite, dans toutes les séances, le travail s’oriente vers « l’exercisation ».

Nos premières données confirment la présence d’un phénomène récurrent : celui de la sédimentation des pratiques d’enseignement. La simplification de l’enseignement des objets grammaticaux joue un rôle primordial dans l’apprentissage du français langue étrangère. Cette simplification ramène à la facilité.

L’observation des cours de grammaire montre que les enseignants se situent plus dans le registre sémantique que dans le registre épistémique. Ils font percevoir leurs attentes aux élèves, les guidant vers les réponses qu’ils attendent et restent dans une grammaire de la « paraphrase ». Et pourtant l’approche par compétences recommandée actuellement en Algérie se réfère au courant socio-constructiviste de l’apprentissage et préconise de permettre à l’élève se construire.

Hypothèse 3 : La présence de la grammaire de type communicatif paraît beaucoup plus

discrète.

Les analyses qui ont été effectuées aux chapitres IV et V ont amené à la validation de cette hypothèse.

Les enseignants n'ont pas utilisé toutes les étapes de la D.A.D. dans sa salle de classe. Les élèves n'ont pas pu expérimenter ni procédures de formulation d’hypothèses,

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bien travailler et qui veulent créer ainsi un processus d'apprentissage motivant pour leurs élèves.

Nous pensons que les enseignants ont gardé l’idée que l'élève n'a qu'à écouter les explications et à reproduire ce qu'il a retenu lors des exercices d'entraînement pour faire des apprentissages. La démarche heuristique fondée sur l'interaction maître-élève et élève-élève est difficilement applicable dans le contexte algérien où les élèves n’arrivent pas à être autonomes. L’enseignant se trouve dans l’obligation d’animer seul son cours. Les outils professionnels donnés, le manuel utilisé, sont à la fois l’expression de prescriptions et de contraintes institutionnelles et les moyens dont disposent les enseignants pour accomplir leur tâche. Les enseignants utilisent surtout les activités et les supports qu’ils trouvent dans le manuel scolaire. Les enseignants observés n’utilisent ni dictionnaire ni supports graphiques alors qu’il est certain que leur présence rend l’apprentissage du français plus efficace et plus motivant pour l’élève. D’après nos analyses, l’enseignement des phénomènes grammaticaux s’appuie sur la logique proposée par le manuel et non sur les besoins des élèves.

À la lumière de notre recherche, nous pouvons répondre en partie à la question que nous nous posions : « comment les objets grammaticaux sont-ils enseignés en classe ? ».Cette recherche montre que les enseignants observés n'ont appliqué systématiquement la grammaire nouvelle, ni du point de vue de la description linguistique, ni du point de vue de la démarche didactique. Il s'agit d'un enseignement plutôt mixte avec une influence assez marquée de l'enseignement traditionnel.

L’analyse des résultats de cette recherche, les liens établis avec le cadre théorique, nous amènent à faire certaines propositions pour favoriser un enseignement grammatical. Ces propositions concernent les recherches à mener dans le prolongement de celle présentée ici. Notre recherche donne une vision minutieuse de pratiques d’enseignement de la grammaire. Néanmoins, nous avons fait le choix d’observer des pratiques effectives uniquement lors de quelques séances sur un objet de grammaire. Or, nous pensons que les constats faits sont en lien direct avec cette observation et qu’il serait intéressant d’analyser une séquence didactique ou plusieurs séquences.

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À travers notre analyse, nous avons constaté que les enseignants ont des difficultés à utiliser un métalangage concis pour parler des objets grammaticaux liés à la grammaire de textes et à la grammaire de phrase. En conséquence, nous pensons que les didacticiens du français langue étrangère et les responsables des programmes d’enseignement doivent s’unir pour harmoniser les terminologies grammaticales de la phrase et du texte. En effet, une grammaire pour l’enseignant serait un outil efficace pour aider les praticiens à fixer leurs connaissances et à utiliser un métalangage conforme dans leur enseignement grammatical au quotidien.

Concernant la formation des enseignants, le développement de moyens didactiques appropriés, un accompagnement ainsi que des dispositifs d’interaction sur les pratiques des enseignants (par exemple des pratiques d’autoconfrontation simple et croisées) pourraient favoriser le développement d’un enseignement grammatical nouveau. Effectivement, des moyens d’enseignement influencent incontestablement les pratiques enseignantes même s’ils ne vont pas transformer radicalement ces pratiques. Des dispositifs de formation peuvent encourager les prises de conscience et le développement des pratiques novatrices telles que : solliciter des démarches réflexives orales ou écrites et réinterroger ses propres pratiques.

Pour la réussite de la mise en application de telle ou telle réforme, démarche, théorie etc. nous pensons qu’une collaboration étroite entre spécialistes, inspecteurs et enseignants est primordiale dans la mesure où ils doivent être des partenaires alliant leurs savoirs pour un objectif commun. Les didacticiens du français langue étrangère devraient concevoir plus d’outils didactiques (planification de séquence, séquence d’enseignement, activités en ligne, etc) afin de mettre en avant leurs avancées en matière de recherche, puisqu’une simple transmission des résultats ne permet pas d’outiller les enseignants.