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Cette approche, la théorie source-filtre (Fant 1960), consiste à diviser la production d’un son de la parole en deux phases distinctes. Ainsi, le son prendrait sa source au niveau glottique (passage de l’air pulmonaire entre les plis vocaux) et les différentes fréquences seraient amplifiées par les organes supraglottiques du conduit vocal qui agi- rait tel un filtre. Pour résumer, la source correspond donc à la vibration des plis vocaux et le filtre dépend des formes et des volumes que peuvent prendre les différentes ca- vités du tractus vocal (cavité buccale, cavité pharyngale, cavité nasale, cavité labiale). Ainsi, la mise en action des différents articulateurs va modifier le conduit vocal et ses cavités qui vont avoir un rôle d’amplificateurs ou d’amortisseurs de l’onde sonore qui les parcourt. En effet, chaque cavité possède sa propre fréquence de résonance, cer- taines fréquences du son laryngal vont être amplifiées alors que l’amplitude diminue pour toutes les autres fréquences. Finalement, le son sera modifié à chaque fois que l’un de ces résonateurs sera modifié. La dernière étape à l’élaboration d’un son de la parole se situe au passage entre les lèvres. La pente spectrale au niveau glottique est de

−12 dB par octave8. Cette pente spectrale est relevée de 6 dB par octave lors de cette

étape ultime de l’articulation supraglottique, par un phénomène de radiation.

Comme nous venons de le montrer, la production d’un son de la parole met en jeu trois activités distinctes que la figure 1.15 met en évidence. Cette théorie source- filtre peut être traduite sous la forme d’une équation simple où le signal de parole résultant S(z) est encodé de la manière suivante : S(z) = G(z) ∗ F (z) ∗ R(z) (où G(z) représente le bourdonnement laryngal, F (z) le filtre et R(z) la radiation au niveau des lèvres) (Airas 2008).

Figure 1.15 – Représentations des spectres correspondant aux différentes étapes de la théorie source filtre (Airas 2008 :41).

Selon cette théorie, la source et le tractus vocal sont à considérer indépendamment l’un de l’autre. Il existe une interaction minime apparente entre le larynx (source) et les différentes cavités supraglottiques (filtre) (Fant & Lin 1987). Ainsi, les différentes phases nécessaires à l’élaboration d’un son de la parole (source puis filtre et enfin radiation aux lèvres) pourraient être étudiées de manière asynchrone.

1.5

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons pu mettre en évidence les différents niveaux néces- saires à la production des sons de la parole (niveau pulmonaire, niveau glottique et

8. D’un point de vue acoustique, une octave peut être définie comme l’intervalle séparant deux sons dont le fréquence fondamentale de l’un vaut le double de la fréquence de l’autre

niveau supraglottique). Après avoir décrit les différents organes qui les composent ainsi que les différents mécanismes mis en jeu, nous avons pu constater la complexité des processus mis en oeuvre. La physiologie du larynx, et en particulier des plis vo- caux, reste importante dans l’élaboration du son vocal. Un certain nombre de théories concernant la phonation et la modélisation mécanique des plis vocaux ont été évo- quées. Aujourd’hui, la connaissance anatomico-physiologique des plis vocaux plaide en faveur d’un modèle ondulatoire faisant intervenir trois masses (Hirano 1977, entre autres). Ainsi, la phonation dépendrait à la fois de facteurs aérodynamiques, myoélas- tiques et oscillo-impédantiels. Dès lors, la modification de la structure du pli vocal, par chirurgie par exemple, aurait de lourdes conséquences sur le mécanisme vibratoire et donc à fortiori sur la voix et ses paramètres acoustiques.

En résumé...

 La phonation nécessite une source d’énergie aérienne provenant des poumons, un transducteur d’énergie — les plis vocaux — qui transforme le flux d’air en impulsions vibratoires, et des cavités supraglottiques, qui servent de résonateurs.

La connaissance anatomico-physiologique des plis vocaux plaide en faveur d’un mo- dèle à 3 masses combinant un facteur myoélastique, un facteur aérodynamique et un concept oscillo-impédantiel.

 La modification de la structure du pli vocal implique des perturbations des cycles vibratoires.

Chapitre

Chapitre

2

Les chirurgies du larynx

"Vox et praeterea nihil." – Plutarque (Apophthegmata Laconica)

R´esum´e

Ce chapitre est une présentation succincte des chirurgies partielles du larynx. Il précise, entre autres, le contexte médical qui a favorisé l’apparition des cordec- tomies laser par voie endoscopique. Les cancers du larynx peuvent être limités à l’étage glottique ou s’étendre aux structures adjacentes. Face aux cancers, plu- sieurs traitements sont envisageables, selon la gravité de la situation : la radiothéra- pie, la chimiothérapie, la chirurgie ou une combinaison des trois. La décision thé- rapeutique implique une ablation tumorale complète tout en conservant les fonc- tions principales du larynx, à savoir la respiration, la déglutition et la phonation (Laccourreye 1993). A ce titre, trois grands principes de chirurgies conservatrices laryngées ont émergé : la chirurgie partielle verticale du plan glottique, la chirurgie partielle horizontale supraglottique et la chirurgie partielle horizontale supracricoï- dienne. Les premières (cordectomies, laryngectomie frontolatérale, laryngectomie de Tucker et Kambic et hémilaryngectomie) consistent en l’ablation plus ou moins importante d’un hémi-larynx. Les études sur les conséquences sur la phonation rapportent une altération des paramètres phonétiques proportionnelle à l’étendue de l’exérèse. Les laryngectomies supraglottiques ne concernent pas l’étage glot- tique — les plis vocaux ne sont pas touchés —, ce qui implique une fonction pho- natoire intacte. Enfin, les dernières (Crico-hyoïdo-épiglotto-pexie CHEP et crico- hyoïdo-pexie CHP) visent la résection d’un étage complet du conduit laryngé par un raccourcissement de celui-ci. De nombreuses structures sont reséquées, y com- pris les deux plis vocaux, ce qui engendre des voix très altérées dites « de substi- tution ».

2.1

Introduction

Dans le domaine des pathologies vocales, la plus traumatisante des maladies reste le cancer du larynx. Ce dernier, lié principalement au tabagisme et à la consommation d’alcool, est très fréquent en France. Il représente 3500 décès par an, soit 7,5% de la mortalité par cancer chez l’homme entre 40 et 70 ans. Il peut s’agir de cancers limités à l’étage glottique, mais l’envahissement tumoral peut être plus important et s’étendre aux trois étages du larynx puis au pharynx et à la base de la langue. Face à cette pathologie, plusieurs traitements s’offrent aux patients : la radiothérapie, la chimiothérapie et la chirurgie (selon le cas et l’étendue de la tumeur, le chirurgien pourra choisir une laryngectomie totale, une laryngectomie partielle ou une pharyngo- laryngectomie), (Le Huche 2001, Brasnu & al. 2005, Brasnu & al. 2008).

Comme nous l’avons évoqué précédemment, le larynx est un organe complexe dont le rôle est primordial dans la respiration, la déglutition et la phonation. La modernité et l’avancement des techniques thérapeutiques permettent actuellement de préserver au mieux les organes ainsi que les fonctions du larynx tout en assurant des résul- tats oncologiques satisfaisants (Brasnu & al. 2005). La combinaison de ces différentes stratégies, et en particulier le concept de préservation d’organes, se sont rapidement développées afin d’éviter les laryngectomies totales, trop mutilantes tant sur l’aspect communicationnel que sur la qualité de vie des patients.

L’objectif de ce chapitre est de présenter les différentes chirurgies partielles du la- rynx. Ainsi, nous distinguerons deux groupes de chirurgies : les chirurgies partielles verticales et les chirurgies partielles horizontales. Ces dernières, plus mutilantes, con- sistent en l’exérèse d’un des trois étages (ou plus) du larynx. Dans la première section, nous évoquerons les différents stades d’évolution des cancers du larynx et la classi- fication TNM internationale. Par la suite, nous apporterons une définition du concept de « laryngectomies partielles ». Finalement, nous décrirons très brièvement les prin- cipales chirurgies laryngées en les regroupant selon deux groupes distincts : les chirur- gies partielles verticales et les chirurgies partielles horizontales.