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Chapitre 1. Les enjeux associés à l’utilisation de matières premières dans

1.4. Conclusion

Dans ce chapitre nous avons mis en évidence la dépendance du secteur industriel et plus particulièrement de l’industrie automobile aux matières premières. L’essor de l’utilisation de matières pétrochimiques et plastiques aux cours des dernières années a spécifiquement renforcé les risques de volatilité des prix qui pèsent sur le secteur automobile. En cas de forte volatilité des prix des matières plastiques les constructeurs automobiles ne peuvent pas adapter leurs consommations sans risquer d’impacter leur production. Pour des raisons techniques et réglementaires les possibilités de substitution des facteurs de production sont très limitées à court et moyen termes. Par conséquent, l’élasticité prix de la demande des matières plastiques est faible dans le secteur automobile. Cette dépendance est renforcée par l’environnement économique instable et fortement concurrentiel et par le schéma industriel de l’industrie automobile qui a favorisé plus d’externalisation et d’internationalisation.

Important consommateur de matières premières, le secteur automobile est soumis au risque de hausse des cours et de volatilité des prix de l’ensemble des matières industrielles rentrant dans le processus de production. S’ils ne peuvent pas transférer le risque sur leurs fournisseurs ou leurs clients, les constructeurs automobiles subissent alors la totalité du risque prix matières premières. Au niveau microéconomique, les variations de prix des matières premières qui sont des facteurs essentiels dans le processus de production affectent les performances financières ou le free cash flow des entreprises influençant à leur tour les montants des dividendes, les réserves et les prix des actions (Huang & al, 1996). Au niveau macroéconomique c’est essentiellement à travers le canal des coûts de production que les variations des prix des matières premières impactent l’offre des entreprises (Bruno et Sachs, 1985). Nous pouvons également considérer que les chocs sur les prix des matières premières ont un impact sur les demandes de biens et services des agents (Kilian, 2008).

Face à l’impact du risque de prix matières premières les entreprises doivent donc atténuer les conséquences négatives de ces variations sur leurs marges voire sur les perspectives de continuité d’exploitation. La gestion de ce risque et les outils employés pour le faire dépendront du type de matière et du type de marché sur lequel elles interviennent. Toutes les matières premières ne disposant pas d’outils financiers

pour gérer le risque prix, les entreprises doivent élaborer d’autres stratégies de gestion du risque. C’est le cas des matières plastiques que les constructeurs automobiles achètent la plupart du temps indirectement via les achats de pièces en plastique à des équipementiers. L’élaboration d’une bonne stratégie de gestion interne du risque prix doit intégrer des outils de planification de scénarios et des prévisions élaborées à partir de modèles statistiques de prévision. (Harland & al, 2003). Dès lors, les outils économétriques peuvent fournir une aide précieuse pour analyser, comprendre et modéliser la dynamique des prix des matières premières utilisées dans l’industrie automobile.

Chapitre 2.

Les mécanismes fondamentaux de formation des prix des

matières pétrochimiques et plastiques

2.1. Introduction

Dans l’industrie automobile, l’existence d’un risque sur les prix des matières premières plastiques justifie la nécessité de développer des outils d’analyse de ces prix. Dans cet objectif, nous devons étudier avec plus de précisons les marchés sur lesquels se forment les prix des plastiques : les marchés pétrochimiques. L’objet de ce nouveau chapitre est donc de présenter les principaux mécanismes de formation des prix des matières plastiques utilisées dans le secteur automobile et d’identifier les facteurs fondamentaux qui influencent les conditions de marché des produits pétrochimiques.

Dans une première section nous présenterons les grandes caractéristiques de l’industrie pétrochimique mondiale. L’industrie pétrochimique a une structure de marché particulière qui évolue sous l’influence de facteurs économiques, techniques, historiques et même politiques. Elle est caractérisée par une concentration de l’activité au niveau géographique et au niveau des firmes (intégration verticale). Le rôle des pouvoirs publics est très important à travers les politiques de développement économique et les politiques énergétiques (Chapman, 1991). Nous analyserons également le système de « price reporting » sur les marchés pétrochimiques. Comme les produits pétroliers, les produits pétrochimiques sont des commodités que connaissent des fortes variations des prix. Mais à la différence des autres commodités, ils ne disposent pas pour l’instant de marchés organisés qui servent de prix de références lors d’échanges ou qui permettent de se couvrir contre le risque de variations des prix.

Dans une seconde section nous analyserons plus en détail les fondements techniques et économiques qui influencent la formation des prix. L’industrie pétrochimique et plastique est une industrie très capitalistique où les technologies et les techniques de production jouent un rôle très important dans l’économie de la filière. Les fondements économiques regroupent les éléments macroéconomiques qui caractérisent l’industrie : la production, la consommation et le commerce international. À travers l’analyse des ces trois agrégats nous mettrons en évidence le phénomène

d’internationalisation des marchés pétrochimiques qui se traduit par un déplacement du centre gravité de l’industrie vers les pays en développement et par une « commoditisation » des marchés des matières pétrochimiques (Choksy, 1991).

Les fortes interdépendances physiques et économiques qui lient les produits pétrochimiques et plastiques justifient la réalisation d’une analyse globale le long de la chaîne de valeur. Pour comprendre la dynamique des prix des plastiques, nous devrons analyser chaque maillon de la chaîne. Nous rappelons que notre analyse porte plus spécifiquement sur les prix de quatre matières plastiques qui représentent l’essentiel des consommations du secteur automobile. Le polypropylène (PP), le polyéthylène (PE ou PEHD), l’ABS et le polyamide 6 (PA6). Nous devons ajouter les monomères à partir desquels ces plastiques sont fabriqués : le propylène (C3), l’éthylène(C2), l’acrylonitrile, le butadiène (C4), le styrène, et le caprolactame (issu du cyclohexane).