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Chapitre 3. Présentation de la méthodologie et de la littérature sur l’analyse des

3.3. Étude de la littérature sur l’analyse des dynamiques des prix

3.3.2. La littérature sur les dynamiques des prix pétrochimiques et plastiques

3.3.2.1. Analyse des prix pétrochimiques

Les deux premiers papiers que nous présentons ici portent sur les dynamiques régionales des prix de matières pétrochimiques et des hydrocarbures de base à partir desquelles ils sont fabriqués.

i. Les dynamiques régionales des prix de l’éthylène et du pétrole brut

Masih, Algahtani, et De Mello (MAM) (2010) étudient la relation entre les prix du pétrole brut WTI et le prix de l’éthylène en Europe de l’Ouest (North West Europe – (NWE)), en Europe du Sud (Mediterranean – (MED)) et en Asie (Far East – (FE)). L’étude est motivée par l’idée répandue dans l’industrie pétrochimique mais non vérifiée empiriquement, qu’il existe une corrélation d’environ 80% entre le pétrole brut et les produits pétrochimiques produits à partir de celui-ci.

Leur étude s’appuie sur le test de cointégration d’Engle et Granger (1987) et de Johansen (1988) qu’ils complètent par la procédure de « Long Run Structural Modeling » (LRSM) développée par Paseran et Shin (2002). La méthode LRSM permet d’améliorer le modèle de cointégration standard en testant les estimateurs donnés par le vecteur de cointégration contre des valeurs théoriques et des informations a priori sur l’économie.

Les résultats obtenus montrent que le WTI est cointégré avec les prix régionaux de l’éthylène. Il existe donc une relation de long terme entre les prix de l’éthylène et le prix du WTI qui doit être utilisée dans le cadre d’un modèle à correction d’erreur. Le VECM estimé sur la période 2000-2006 donne des informations sur l’exogénéité et l’endogénéité des variables. Le terme de correction d’erreur est significatif dans les équations des prix de l’éthylène en Europe et dans l’équation du prix de pétrole brut mais pas dans l’équation du prix de l’éthylène en Asie. En d’autres termes, les auteurs en déduisent que :

- Sans surprise les prix de l’éthylène en Europe (NWE et MED) sont faiblement endogènes à court et long terme reflétant le rôle joué par le coût des inputs dans les prix de produits pétrochimiques.

- Résultat plus surprenant, les prix du WTI semblent être également faiblement endogènes. Ce résultat est contradictoire avec les études précédentes qui montrent

en majorité que les prix du pétrole brut sont faiblement exogènes par rapport aux prix des produits situés plus bas dans la chaine de transformation pétrochimique. - Autre résultat surprenant, le prix de l’éthylène en Asie (FE) est faiblement

exogène à court et long terme. Selon les auteurs, l’exogénéité des prix de l’éthylène sur le marché asiatique reflèterait la forte croissance de la demande au cours des dernières années en Asie (Chine et Corée). Dès lors, l’évolution des prix de l’éthylène sur ce marché est d’avantage liée au dynamisme économique et à la forte demande pour les produits pétrochimiques plutôt qu’à l’augmentation des coûts de production (pétrole brut).

Enfin, l’analyse de la décomposition de la variance relativise les arguments précédents. En effet, MAM constatent que les prix du WTI et de l’éthylène en Asie sont les variables dont la variance de l’erreur est expliquée en majorité par leur propre innovation (60%) à long terme. Les prix du pétrole WTI sont exogènes à long terme reflétant les fortes tensions apparues sur les marchés pétroliers à la fin des années 2000 et la place de plus en plus importante prise par les coûts des inputs dans la dynamique des prix des produits pétrochimiques.

Nous constatons que MAM mettent en évidence des dynamiques de prix pétrochimiques différentes en Europe et en Asie. Ces résultats justifient un traitement séparé des plaques géographiques lorsque nous étudierions les mécanismes de transmission des prix pétrochimiques en Europe et en Asie.

ii. Les dynamiques régionales des prix du méthanol et du

gaz naturel

Dans un deuxième papier Masih, Albinali et DeMello (2010) reprennent la méthodologie présentée dans l’article précédent pour étudier la dynamique entre les prix du méthanol et les prix du gaz naturel. Le gaz naturel peut être utilisé pour produire du méthanol et son prix peut avoir par conséquent une influence sur les prix de ce dernier.

L’analyse est effectuée sur les régions Europe, États-Unis et Asie pendant la période 1998-2007. À l’aide du test de cointégration de Johansen, ils démontrent que les prix régionaux du méthanol sont cointégrés avec les prix du gaz naturel « Henry Hub ». Il existe donc une relation de long terme entre les prix de l’input et les prix de l’output

sur les 3 principales régions du monde. Ici aussi ils estiment la relation d’équilibre de long terme en suivant la procédure LRSM de Paseran et Shin (2002).

L’estimation d’un modèle VECM montre que le terme de correction d’erreur est significatif dans les équations du prix du méthanol en Europe et aux États-Unis mais pas dans celles du prix du méthanol en Asie et du prix du gaz naturel. Les auteurs en concluent que le prix du gaz naturel dirige les prix du méthanol en Europe et aux États-Unis mais pas en Asie. Comme pour l’éthylène, le prix du méthanol en Asie est faiblement exogène reflétant le rôle dominant de la demande par rapport aux coûts de production. L’analyse de la décomposition de la variance confirme que les prix du gaz naturel est la variable la plus exogène suivie par le prix du méthanol en Asie.