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La coopération territoriale peut ainsi être définie comme le développement conjoint de stratégies et la mise en œuvre conjointe d’actions visant à répondre à des problématiques communes et à stimuler les complémentarités entre les territoires. Elle nécessite la reconnaissance des interdépendances entre les territoires et des pratiques socio-économiques interterritoriales. La coopération territoriale désigne ainsi une modalité organisationnelle visant à développer et mettre en œuvre conjointement des actions adoptant une approche à la fois multi-acteur et multi-échelle.

Les différentes approches explicitées dans ce chapitre permettent d’identifier plusieurs caractéristiques communes liées à l’idée de coopération qu’il est possible de transposer à l’approche du développement économique territorial : i) la coopération nécessite une prise de conscience des acteurs de leur intérêt à collaborer, malgré la concurrence qui les oppose ; ii) la coopération désigne un dispositif de coordination intentionnel qui recouvre des relations étroites entre des territoires qui restent

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juridiquement indépendants. Ce dispositif peut être durable ou temporaire ; iii) la coopération vise à atteindre un objectif commun en vue de résoudre des problématiques communes ou de rendre favorable l’exploitation des complémentarités entre les territoires ; iv) la coopération intègre des interactions non-obligatoires et réciproquement bénéfiques à l’ensemble des territoires participant à la relation. La coopération qualifie une interaction facultative entre deux territoires permettant un bénéfice réciproque ; v) la coopération constitue la solution collective optimale. Elle fournit une réponse aux interdépendances entre les territoires. Les liens tissés entre les territoires spécifient les interdépendances mais aussi les responsabilités des territoires les uns envers les autres.

En s’appuyant sur la définition originelle de la coopération, il peut être fait la synthèse que la coopération territoriale consiste pour deux territoires ou plus à travailler ensemble à une action commune et partagée. La coopération territoriale désigne le fait de mener un projet de développement ou une action conjointement. La coopération territoriale possède une dimension d’emblée collective mais n’efface pas le territoire qui reste libre de participer ou non à l’action collective. Il s’agit d’une action volontaire et non subie. Elle suppose toujours un désir ou une volonté individuelle de participer au collectif, de collaborer avec d’autres, de partager un projet commun.

La coopération territoriale s’entend dans une logique de dépassement de la notion de territoire et par l’appréhension des pratiques socio-économiques interterritoriales. Elle s’inscrit de plus dans le prolongement des travaux sur la gouvernance territoriale. Deux visions de la coopération territoriale peuvent être considérées selon la définition mobilisée du territoire. D’une part, le territoire juridiction enferme les relations entre les acteurs à l’intérieur des périmètres politico-administratifs. Les approches relevant de gouvernance territoriale sont ainsi limitées au seul cadre territorial et négligent les effets de débordement. La coopération territoriale peut ainsi s’entendre comme une transposition de la gouvernance territoriale à une échelle interterritoriale. La coopération territoriale peut être perçue comme une gouvernance interterritoriale multi-acteur et multi-échelle. D’autre part, le territoire construit social ouvre des perspectives plus larges. Les formes et les périmètres répondent de logiques de projets mouvantes dans le temps et dans l’espace. Les approches en termes de gouvernance territoriale intègrent de facto l’ensemble des parties prenantes ayant un intérêt au projet. Dans ce cas, la coopération territoriale apparait comme une pratique plus opérationnelle intervenant dans la définition de stratégies et la mise en œuvre conjointe d’action tandis que la gouvernance territoriale se concentre sur la mobilisation des parties prenantes et la coordination des acteurs. Il y a dans tous les cas le souci de ne pas opposer ces deux notions mais d’en tirer des complémentarités pour penser le développement territorial dans un cadre interterritorial.

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CONCLUSION PARTIE 1

L’objectif principal de notre première partie était d’établir le cadre théorique de notre champ d’étude en s’attachant à lier les notions de territoire, de gouvernance et de coopération. Nous avons démontré qu’il existe des éléments négligés en termes de développement territorial relatifs aux jeux d’acteurs et à la prise en compte des caractéristiques socio-économiques interterritoriales. Notre cheminement théorique en trois temps a permis, d’une part, de mettre en exergue l’importance du fait interterritorial et l’identification des interdépendances entre les territoires. La confrontation du territoire, entre une approche politique qui tend à considérer le territoire comme une juridiction, espace du pouvoir politique délimité par des frontières, et une approche plus sociale, qui met en avant le territoire comme un construit social fruit des relations entre les acteurs qui se reconnaissent dans des projets communs, témoigne de l’importance de penser ce qui relie les territoires et de chercher à valoriser les complémentarités. D’autre part, nous rappelons et démontrons l’importance de la gouvernance territoriale comme enjeu de développement territorial. Nous soulignons les caractéristiques propres aux jeux d’acteurs, à leurs interactions et à leurs relations. Repenser les modalités de l’organisation collective sur les territoires nécessite de dépasser une approche descendante de l’action publique et d’intégrer la multiplicité des parties prenantes. Enfin, nous intégrons la notion de coopération territoriale dans une logique de dépassement de la notion de territoire et d’appréhension des pratiques socio-économiques interterritoriales. La coopération territoriale peut ainsi être définie comme le développement conjoint de stratégies et la mise en œuvre conjointe d’actions visant à répondre à des problématiques communes et à stimuler les complémentarités entre les territoires. Elle nécessite la reconnaissance des interdépendances entre les territoires et des pratiques socio-économiques interterritoriales. La coopération territoriale désigne ainsi une modalité organisationnelle visant à développer et mettre en œuvre en commun des actions adoptant une approche à la fois multi-acteur et multi-échelle.

Dans les parties 2 et 3, nous cherchons à valider l’applicabilité de nos hypothèses à travers un travail empirique sur deux terrains d’études : la Lorraine et le territoire de Saintes – Saint-Jean-d’Angély. Notre seconde partie propose une analyse macrorégionale à l’échelle européenne dans le cas spécifique d’un territoire frontalier. Nous cherchons dans un premier temps à comprendre les raisons de l’absence de considération pour les faits interterritoriaux puis à approfondir les enjeux de développement du territoire lorrain avec une mise en perspective transfrontalière dans le cadre de la Grande Région. Notre troisième partie propose une analyse d’un territoire infranational (échelle de la zone d’emploi). Nous développons dans un premier temps une analyse des caractéristiques interterritoriales du territoire de Saintes – Saint-Jean-d’Angély et approfondissons la question de la gouvernance territoriale comme enjeu de développement. Nous proposons enfin une analyse critique de la politique de contractualisation de la région Nouvelle-Aquitaine à la lecture des enjeux en matière de gouvernance territoriale.

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PARTIE 2 – ANALYSE DES INTERDÉPENDANCES