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4. RÉSULTATS

4.2. Etude N°2 L’étude du profil des acylcarnitines dans le syndrome métabolique

4.2.2. Matériel et Méthode

4.2.3.2. Concentrations en acylcarnitines:

Nous avons comparé, le profile des acylcarnitines en fonction de la présence du syndrome métabolique dans les deux cohortes.

Dans la cohorte Française, les femmes atteintes du syndrome métabolique présentaient des concentrations plus élevées de la plupart des acylcranitines ; carnitine totale (47.5 ± 1.0 pmol/L vs 43.2 ± 1.2 pmol/L, p = 0.0037), carnitine libre (36.4 ± 0.9 pmol/L vs 33.0 ± 0.9 pmol/L, p = 0.0199), et de chaînes courtes et moyennes, (0.73 ± 0.02 pmol/L vs 0.61 ± 0.01 pmol/L, p <0.0001; 1.51 ± 0.06 pmol/L vs 1.35 ± 0.03, p = 0.0907). Aucune différence n'a été observée dans chaîne longue (0.83 ± 0.02 pmol contre 0.80 ± 0.01 pmol/L, p = 0.3316). Ces observations sont quasiment similaires dans la cohorte Africaine, mais comme nous l’avons signalé au début, les chaînes moyennes et longues étaient significativement plus élevées chez les femmes atteintes du syndrome métabolique (Figures 20).

Chez les femmes Françaises, nous avons observé principalement, une concentration plus élevée en Acylcarnitines de chaîne courte (C3, C4 et C8) chez les femmes avec un Syndrome Métabolique, comparée à celles de femmes sans Syndrome Métabolique. Alors que, dans la population Africaine, les femmes ayant un Syndrome Métabolique avaient une élévation des acylcarnitines à chaîne courte (C3), mais également, celles à chaîne moyenne (C8, et C10) (Figures 19).

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Tableau 7. Caractéristiques cliniques et biologique des patients femmes obèses sans ou avec le syndrome métabolique.

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Figure 19. Les analyses du profile d’acylcarnitines en fonction de la présence ou absence du syndrome métabolique.

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Figure 20. Les analyses du profile d’acylcarnitines en fonction de la présence ou absence du syndrome métabolique.

(La figure à gauche représente la cohorte Française et la figure à droite représente la cohorte Africaine)

Nous n’avons évalué de manière indirecte les activités des enzymes participant à la béta oxydation des acides gras, à savoir l’activité de la carnitine palmitoyl transférase I mitochondriale (CPT1). Nous n’avons pas observé de différence dans l'activité CPT-I (calculé à partir du ratio octadécanoyle carnitine + hexadécanoyle carnitine / carnitine libre (C18 + C16) / C0). L’évaluation de l’oxydation des acides gras mitochondriale à carbone pairs, caractérisée par la détermination du ratio carnitine libre/acétylcarnitine (C2/C0), et l'activité globale de la ß-oxydation (mesurée par le ratio acétylcarnitine + propionylcarnitine / carnitine libre (C2 + C3) / C0)) n’a pas montré de différence significative entre les femmes ayant un syndrome métabolique.

Concentrations en acylcarnitines selon les composants du syndrome métabolique

Afin de savoir, qui était la principale composante du MetS responsable de l'élévation des acylcarnitines. Nous avons examiné la concentration de courtes, moyennes et longues chaînes acylcarnitines dans chaque composant. Étant donné que la population française était uniquement de femmes obèses, le critère de l'obésité a été évaluée selon le rapport taille / hanche (RTH). Aucune différence n’était observée. Par contre, dans la population Africaine, ont a observé une augmentation importante des acylcarnitines à chaîne courte et moyenne (0.91 ± 0.04 vs 0.79 ± 0.01, p <0.0001 et 1.65 ± 0.04, p <0.0001, respectivement) et une augmentation modérée des acylcarnitines chaîne longue (0.82 ± 0.01 vs 0.77 ± 0.02, p = 0.0322).

En ce qui concerne les triglycérides, chez les femmes Françaises avec une concentration élevée de triglycérides, les acylcarnitines à chaîne courte étaient plus élevées (0.73 ± 0.02 vs 0.65 ±

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0.02, p = 0.0018). Par contre, chez les femmes Africaines, aucune différence significative n'a été observée.

De la même façon, les Françaises ayant une faible concentration en HDL-C, les acylcarnitines à chaîne courte étaient plus élevées (0.70 ± 0.02 vs 0.63 ± 0.02, p = 0.0367). Alors que, chez les femmes africaines à faible HLD-C, les chaînes moyennes et longues étaient plus élevées (1.62 ± 0.04 vs 1.49 ± 0.05, p = 0.0178 et 0.83 ± 0.01 vs 0.79 ± 0.01, p = 0.0371, respectivement).

Les femmes diabétiques Françaises avaient une concentration plus élevée des acylcarnitines à chaîne courte de (0.73 ± 0.02 vs 0.64 ± 0.01, p = 0.0002). Aucune différence n’était observée chez les Africaines.

Le résultat le plus important et intéressant a été observé chez les femmes souffrant d'hypertension artérielle systémique. En effet, quelque soit la population, Française ou Africaine, nous avons observé une concentration plus élevée des acylcarnitines de courte, moyenne ou longue chaîne. Chez les Françaises, les différences de concentration étaient : 0.73 ± 0.02 vs 0.66 ± 0.02, p = 0.0073 pour les chaînes courtes; 1.52 ± 0.05 vs 1.40 ± 0.05, p = 0.0026 pour les chaînes moyennes et 0.86 ± 0.02 vs 0.79 ± 0.01, p = 0.0093 pour les chaînes longues. Et chez les femmes Africaines : 0.92 ± 0.00 vs 0.85 ± 0.01, p = 0.0014; 1.74 ± 0.06 vs 1.46 ± 0.04, p <0.0001 et 0.88 ± 0.02 vs 0.77 ± 0.01, p <0.0001, respectivement.

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4.2.4. Discussion

Cette étude a été menée dans deux populations contrastées, l'une dans la région côtière du Bénin et l'autre en France. En Afrique, la population souffre d’une transition nutritionnelle due à une amélioration du statut économique et surtout au changement des habitudes alimentaires avec une

adoption de la nourriture occidentale de type fast food. En Afrique sub-saharienne plusieurs

études sur le syndrome métabolique ont été menées principalement pour décrire sa fréquence et le lien avec les déterminants cliniques et biologiques en relation à l'environnement nutritionnel, et les différences par rapport aux populations sub-sahariennes. (Gyakobo et al. 2012)(Kengne et al. 2012)(Fezeu et al. 2007)(Tran et al. 2011)(Sodjinou et al. 2008). Chez les Africaines, la fréquence du syndrome métabolique dans notre étude était seulement de 20% toute femme confondue, et de presque 40% si ont considère uniquement les femmes obèses. Malgré cela, la fréquence du syndrome métabolique reste plus faible par rapport à la fréquence observée chez les femmes afro-américaines. Une étude récente réalisée chez 1965 femmes afro-américaines provenant de l'Enquête Nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) entre 2007 et 2011 montre une fréquence élevée du syndrome métabolique, de presque 50% (Malayala and Raza 2016). La différence de fréquence entre le continent Africain et Américain peut s’expliquer par la forte prévalence de l'obésité aux États-Unis, atteignant souvent près de la moitié de la population. En effet, de données récentes issus de l'Enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) menés sur une année, montrent que, plus de 78 millions d'adultes Américains (35%) sont obèses, parmi eaux, environ 40% sont des adultes d’origine caucasienne et 56% sont de femmes Afro-américaines (Gu et al. 2016).

En France, la fréquence du syndrome métabolique dans la population générale est inférieure à celle des Etats-Unis. En effet, une étude de cohorte de sujets sains concernant 3726 participants adultes (SUVIMAX), a observé que seulement 524 sujets (14%) développaient un Syndrome métabolique au cours du suivi à 13 ans (Neufcourt et al. 2015). En ce qui concerne notre population Française, la fréquence très élevée du syndrome métabolique s ‘explique par le fait que cette population est constituée uniquement de femmes obèses.