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Les complexités plurielles de la reconstruction des corpora du fonds de Passignano

Avant de se pencher sur les problèmes liés à l’identification des notaires présents dans le fonds de Passignano, il est nécessaire de percevoir la complexité de l’environnement extra-urbain dans lequel évolue le notariat pendant les siècles de l’affirmation du pouvoir communal. Il faut imaginer que la ville, Florence en l’occurrence, soit le centre d’une carte qui représente le XIIe siècle. Alors qu’en son

centre, cette carte est déjà passée à la période de la Commune, ailleurs elle reste dans la période du haut Moyen Âge. Le passage du XIe au XIIe siècle est alors une période entre deux âges, durant laquelle, en partant de Florence, la Commune et le féodalisme s’entrechoquent, l’une pour rayonner sur sa périphérie, l’autre pour conserver ses prérogatives. La campagne est donc une zone tiraillée entre deux époques, entre deux puissances politiques, entre deux régimes économiques, et par conséquent, entre deux modèles juridiques. Attilio Bartoli Langeli explique : « dire

notariato italiano non basta : bisogna parlare di due notariati, separati dal discrimine – per dirla alla grossa – del passaggio tra XI e XII secolo. C’è un notariato italiano altomedievale e un notariato italiano bassomedievale 760». Or alors que survit encore le notariat haut-médiéval, apparaissent déjà les marques du notariat communal.

Les juristes des zones extra-urbaines, a fortiori celles éloignées du centre citadin, sont toujours soumis aux règles de la période féodale, puisqu’ils exercent sous le joug de l’autorité aristocratique. Cela signifie que si le travail d’un juriste, le document d’un notaire, est employé devant un tribunal de campagne, il ne sera valide et reconnu comme authentique que s’il correspond au modèle juridique imposé durant la période féodale, du moins jusqu’à ce que les juristes de ladite campagne

entrent en contact avec la nouvelle règle citadine. Les notaires ruraux ne peuvent donc pas se prévaloir des avantages dont bénéficient déjà les notaires citadins. Toutefois les innovations et les nouveaux modèles techniques voyagent et les praticiens féodaux ne sont pas sourds aux appels de la modernité761. Ceux qui se laissent happer par les techniques nouvelles laissent derrière eux un travail qui les représente comme des praticiens hybrides, tant médiévaux que communaux. Il peut donc être présumé que, déjà fidèle à la législation justinienne, l’apparence générale de l’acte couplée à l’exactitude des informations762, lui conféraient sa valeur probatoire même si certains éléments nouveaux venaient perturber son traditionalisme. Ce point est déjà un signe de l’importance du notaire en tant que rédacteur authentificateur de l’acte, puisque celui-ci est valide malgré une forme qui ne correspond pas exactement aux standards attendus. Ce même point peut également être le signe que les praticiens s’attendaient bien à ce qu’un autre juriste, potentiellement sous le statut d’un juge ou d’un autre notaire, connaisse les codes nouveaux venus de la zone urbaine et reconnaisse également sa validité. Par conséquent il est possible d’en déduire que la plupart des praticiens ruraux connaissaient, qu’ils les emploient ou non, un certain nombre des techniques développées dans le cadre de la Commune.

Alors que la campagne est toujours partie intégrante de la période féodale sur le plan politique, les mœurs juridiques de la période communale pénètrent déjà son quotidien à compter de la seconde moitié du XIe siècle. C’est en 1054 que se trouve le premier document de la période étudiée rédigé par un notaire dont le seing manuel est clairement différent du seing manuel local, et ce même contrat est établi entre l’abbesse de Santa Maria di Rosano et Letus, abbé de San Michele di Passignano763. Dès 1054, il y a donc déjà communication entre les habitudes de Passignano et celles des villes.

Le notariat est alors pris en étau entre deux puissances politiques, chacune ayant des répercussions directes sur son travail. Les familles aristocratiques et les

761 D’autant que certains notaires passignanais s’installent à Florence (voir Plesner (Johan),

L’émigration de la campagne…).

762 Meyer (Andreas), « Felix et inclitus notarius »…, p. 503.

institutions monastiques de la période féodale les emploient764 et ce sont des

mandataires impériaux qui les nomment notaires. La puissance communale souffle un vent d’indépendance sur leur profession et fait aussi miroiter les reflets d’une clientèle nombreuse. Parmi les juristes qui apparaissent dans la seconde moitié du XIe siècle, quinze notaires parmi lesquels huit notaires récurrents présentent765 un seing manuel différent du seing traditionnel de la campagne florentine. Il semble donc qu’il s’agisse de jeunes praticiens, potentiellement moins attachés à l’ordre politique féodal, alors que plus de 80% des praticiens dont le seing manuel est traditionnel sont en exercice depuis le XIe siècle766. Ces derniers sont parfois installés dans des techniques et des habitudes juridiques profondément établies et ils sont potentiellement plus fidèlement attachés au système politique qu’ils ont toujours connu, et parfois aussi à des familles et des entités aristocratiques qu’ils connaissent personnellement.

D’ailleurs la disparition progressive du système féodal coïncide avec celle du notariat traditionnel. Alors que dans la seconde moitié du XIe siècle, le fonds de Passignano permet d’assister à l’apparition de moins de quinze notaires dont le seing diffère du seing local pour une petite cinquantaine de notaires dont il est traditionnalisant767, dans les cinq premières décennies du siècle suivant, parmi les

764 Certains notaires sont même très proches de la famille aristocratique qui fait appel à leurs services, y

compris dans le cas des aristocrates qui ont brigué le rôle de podestà dans une cité et qui emmènent leurs notaires avec eux (Bicchierai (Mario), « Notai al servizio dei conti Guidi… », p. 63 et 66-72 ; Rauty (Natale), Documenti per la storia dei conti Guidi in Toscana. Le origini e i primi secoli, 887-

1164, Florence, Olschki, 2003, p. 319-323 et 298-301 ; Barlucchi (Andrea), « Formazione e gavetta di

un notaio… », p. 102-103).

765 Il s’agit d’Albertus I, Johannes II, Benno, Raginerius, Boso, Ildebrandus II, Inghilbertus et

Lambertus II dans une certaine mesure. Parmi les notaires isolés se trouvent Guido (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 2 janvier 1060, Code. Id. 00000979. Pour Gherardus (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 26 mai 1065, Code. Id. 00001109. Pour Guido (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 18 avril 1076, Code. Id. 00001550. Pour Enrigus, (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, mai 1084, Code. Id. 00001981. Pour Petrus (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 28 mars 1086, Code. Id. 00002174. Pour Guido (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 10 juin 1094, Code. Id. 00002543. Pour Ildebrandus (document isolé), voir ASF, Diplomatico, Passignano, 19 novembre 1095, Code. Id. 00002609.

766 Sur 50 notaires traditionnels pour l’ensemble de la période étudiée, 41 sont déjà en exercice dans la

seconde moitié du XIe siècle. Ce ratio ramène à un rapport de 82% de notaires traditionnels exerçant au XIe siècle.

767 Les notaires qui apparaissent au XIe siècle avec des seings traditionnalisants sont Gherardus,

Florenzus, Rodulfus I, Guido I, Ildebrandus I, Teuzzo, Ugho, Johannes I, Johannes II, Rodulfus II, Teuzzo II, Cunizio, Guilielmus, Rolandus I, Petrus V, Rolandus II, Petrus VI, Grimaldus I, Teuzzo III, Petrus II, Teuzzo V, Guinizo, Guido III, Lambertus I, Lambertus II (dans une certaine mesure) et Ingo. Parmi les notaires isolés se trouvent Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, décembre 1058, Code. Id. 00000940 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, 28 juillet 1050, Code. Id. 00000810 ; Teuzzo ASF,

Diplomatico, Passignano, décembre 1050, Code. Id. 00000813 ; Rainerius ASF, Diplomatico,

nouveaux praticiens qui apparaissent, le nombre de notaires présentant un seing traditionnel tombe à huit768 dont cinq notaires récurrents, pour 35 utilisateurs de

seings différents769 qui apparaissent770. Il semble donc que la nouvelle approche communale et citadine influence largement les jeunes praticiens. Sans compter que parmi les notaires aux seings traditionnels apparaissant dans les 50 premières années du XIIe siècle, les trois notaires qui n’apparaissent qu’une fois dans le fonds peuvent n’être que de passage, auquel cas ils ne sont pas représentatifs du détroit étudié. Enfin dans la seconde moitié du XIIe siècle, le souffle du nouveau notariat citadin semble avoir fini de balayer les habitudes féodales, puisqu’un seul notaire

Code. Id. 00002844 ; Balduinus ASF, Diplomatico, Passignano, 13 avril 1054, Code. Id. 00001103 ; Rodulfus ASF, Diplomatico, Passignano, 1er juillet 1071, Code. Id. 00001319 ; Gherardus ASF,

Diplomatico, Passignano, 3 février 1072, Code. Id. 00001335 ; Ubertus ASF, Diplomatico, Passignano,

13 décembre 1075, Code. Id. 00001524 ; Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, juin 1079, Code. Id. 00001728 ; Inghilbertus ASF, Diplomatico, Passignano, 1087, Code. Id. 00002265 ; Petrus ASF,

Diplomatico, Passignano, mars 1084, Code. Id. 00001965 ; Guido ASF, Diplomatico, Passignano, 18

avril 1076, Code. Id. 00001550 ; Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, décembre 1079, Code. Id. 00001751 ; Gherardus ASF, Diplomatico, Passignano, 26 mars 1080, Code. Id. 00001771 ; Petrus ASF,

Diplomatico, Passignano, 25 janvier 1085, Code. Id. 00002025 ; Vitalis ASF, Diplomatico, Passignano,

février 1085, Code. Id. 00002034 ; Ildebrandus ASF, Diplomatico, Passignano, 29 octobre 1093, Code. Id. 00002511 ; Ildebrandus ASF, Diplomatico, Passignano, août 1094, Code. Id. 00002554 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, juillet 1094, Code. Id. 00002549 ; Gherardus ASF, Diplomatico, Passignano, 20 mai 1096, Code. Id. 00002645 ; Leo ASF, Diplomatico, Passignano, avril 1061, Code. Id. 00001005 ; Leo ASF, Diplomatico, Passignano, 20 février 1069, Code. Id. 00001243 ; Petrus ASF,

Diplomatico, Passignano, février 1086, Code. Id. 00002171 ; Petrus, ASF, Diplomatico, Passignano, 28

mars 1086, Code. Id. 00002174 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, décembre 1094, Code. Id. 00002564.

768 Les notaires récurrents dont le signum est traditionnel sont Ubaldo, Gherardus II, Letus, Ubertus I et

Bernardus I. Parmi les notaires isolés se trouvent Albertus ASF, Diplomatico, Passignano, juillet 1103, Code. Id. 00003057 ; Rodulfus ASF, Diplomatico, Passignano, février 1115, Code. Id. 00003509 ; Rainerius ASF, Diplomatico, Passignano, 22 août 1126, Code. Id. 00003937.

769 Les notaires récurrents dont le signum est moderne sont Bernardus III, Azio I, Rodulfus III, Servius,

Rolandus III, Johannes III, Ubertus II, Melior, Rodulfus IV, Gherardus III, Ugo II, Rogerius, Ubertus III, Petrus A, Petrus B, Petrus C et Petrus D.

Parmi les notaires isolés se trouvent Bernardus ASF, Diplomatico, Passignano, 7 juillet 1100, Code. Id. 00002844 ; Gualbertus ASF, Diplomatico, Passignano, 8 juin 1101, Code. Id. 00002950 ; Milo ASF,

Diplomatico, Passignano, juillet 1101, Code. Id. 00002957 ; Sigismundus ASF, Diplomatico,

Passignano, 14 janvier 1103, Code. Id. 00003026 ; Albertus ASF, Diplomatico, Passignano, juillet 1103, Code. Id. 00003056 ; Tebaldus ASF, Diplomatico, Passignano, mai 1104, Code. Id. 00003074 ; Ildebrandus ASF, Diplomatico, Passignano, avril 1105, Code. Id. 00003122 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, 1er octobre 1106, Code. Id. 00003172 ; Rainerius ASF, Diplomatico, Passignano, 18 avril

1112, 3376 ; Ildebrandus ASF, Diplomatico, Passignano, 24 mars 1114, Code. Id. 00003469 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, 18 décembre 1119, Code. Id. 00003692 ; Guidelmus ASF, Diplomatico, Passignano, avril 1121, Code. Id. 00003736 ; Rainerius ASF, Diplomatico, Passignano, 17 avril 1122, Code. Id. 00003764 ; Rodulfus ASF, Diplomatico, Passignano, mars 1125, Code. Id. 00003895 ; Ugo ASF, Diplomatico, Passignano, 26 août 1125, Code. Id. 00003911 ; Guglielmus ASF, Diplomatico, Passignano, avril 1126, Code. Id. 00003933 ; Uguo ASF, Diplomatico, Passignano, 1131, Code. Id. 00004176 ; Ildebrandus ASF, Diplomatico, Passignano, novembre 1140, Code. Id. 00004532.

770 Il est toutefois à noter que Galitius apparaissait déjà en avril 1092 (ASF, Diplomatico, Passignano,

avril 1092, Code. Id. 00002445), mais uniquement en tant que témoin. Il n’est donc comptabilisé qu’à compter de sa première apparition en tant que notaire, le 26 octobre 1146. Pour la première apparition documentaire de Galitius : ASF, Diplomatico, Passignano, 26 octobre 1146, Code. Id. 00004802.

nouvellement apparu reste fidèle au symbole du temps féodal771, alors que le nombre

de nouvelles apparitions modernistes s’élève à plus de 50 772 . Le rapport

proportionnel du nombre de notaires traditionnels, au nombre de notaires publicisants est alors complètement inversé et ce bouleversement intervient dans le courant de la deuxième moitié du XIe siècle, lorsque le nombre d’apparitions de notaires au seing moderne dépasse celui de l’apparition des notaires au seing traditionnel. Pourtant il faut attendre encore une centaine d’années pour que la transmission pratique du seing manuel médiéval s’éteigne dans le détroit d’étude, au détour des années 1160. Cela montre la profondeur de l’enracinement de cette pratique mais aussi de cette idéologie du notariat dans la zone rurale entre Sienne et Florence.

771 Pour la première apparition de Rainerius II : ASF, Diplomatico, Passignano, 23 janvier 1162, Code.

Id. 00005437.

772 Les notaires dont le seing est moderne sont Albertus II, Truffus, Pax, Enrigus I, Iocolus, Azo,

Muscio (ASF, Diplomatico, Passignano, 11 février 1159, Code. Id. 00005232 : copie de Muscio par Rogerius), Johannes IV, Sackittus, Ildebrandus III, Grimaldus II, Grimaldus III, Bellerus, Arlottus, Damianus, Graziaus, Panzanensis, Bernardus II, Borgensus, Berizus, Stradigotus, Bonus et Enrigus 0. Parmi les notaires isolés se trouvent Botacius ASF, Diplomatico, Passignano, 21 janvier 1153, Code. Id. 00005070 ; Tebaldus ASF, Diplomatico, Passignano, 26 juillet 1154, Code. Id. 00005151 ; Ugo ASF,

Diplomatico, Passignano, 25 août 1160, Code. Id. 00005404 ; Guido ASF, Diplomatico, Passignano, 4

janvier 1175, Code. Id. 00005912 ; Iocolus ASF, Diplomatico, Passignano, 13 juin 1175, Code. Id. 00005941 ; Maurinus ASF, Diplomatico, Passignano, 29 octobre 1179, Code. Id. 00006163 ; Balduinus ASF, Diplomatico, Passignano, juillet 1181, Code. Id. 000074150 ; Martinus ASF, Diplomatico, Passignano, 21 octobre 1181, Code. Id. 00006274 ; Rolandus ASF, Diplomatico, Passignano, décembre 1182, Code. Id. 00006344 ; Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, 30 avril 1185, Code. Id. 00006457 ; Bernardus ASF, Diplomatico, Passignano, 15 juin 1188, Code. Id. 00006657 ; Josep ASF,

Diplomatico, Passignano, 4 septembre 1188, Code. Id. 00006668 ; Skiettus ASF, Diplomatico,

Passignano, 10 mars 1191, Code. Id. 00006801 ; Rainerius ASF, Diplomatico, Passignano, 7 mai 1191, Code. Id. 00006807 ; Petrus ASF, Diplomatico, Passignano, 17 mai 1192, Code. Id. 00006865 ; Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, 22 mai 1192, Code. Id. 00006876 ; Andreas ASF,

Diplomatico, Passignano, mars 1193, Code. Id. 00006921 ; Filipus ASF, Diplomatico, Passignano, 30

avril 1193, Code. Id. 00006926 ; Benedettus ASF, Diplomatico, Passignano, 12 octobre 1194, Code. Id. 00007046 ; Bernardus ASF, Diplomatico, Passignano, 6 février 1195, Code. Id. 00007069 ; Albertus ASF, Diplomatico, Passignano, 26 février 1197, Code. Id. 00007226 ; Johannes ASF, Diplomatico, Passignano, 1er février 1198, Code. Id. 00007285 ; Johannes 20 ASF, Diplomatico, Passignano, 15

février 1198, Code. Id. 00007288 ; Burnettus ASF, Diplomatico, Passignano, 19 octobre 1199, Code. Id. 00007384 ; Rodulfus ASF, Diplomatico, Passignano, 1er février 1200, Code. Id. 00007434 ;

Buonsignore ASF, Diplomatico, Passignano, 26 février 1200, Code. Id. 00007439 ; Rainerius ASF,

Diplomatico, Passignano, septembre 1200, Code. Id. 000026646 ; Butinizius ASF, Diplomatico,

Passignano, 1169, Code. Id. 00007220 ; Jacobus ASF, Diplomatico, Passignano, 11 août 1193, Code. Id. 00006955.

Parmi les véhicules de cette transition, se trouvent certes les notaires eux- mêmes, qui ont pu se déplacer pour acquérir de nouvelles connaissances et compétences juridiques. Dans le cadre de leur mission de formation des apprentis, les notaires traditionnels peuvent transmettre ce qu’ils ont fraichement appris des techniques nouvelles, sans pour autant décider d’appliquer eux-mêmes les nouvelles règles. En effet les règles traditionnelles du notariat ne sont pas invalidées tant que des praticiens les maintiennent. Personne n’a donc de raison de changer ses habitudes contre sa volonté. Il semble que dans cette zone reculée, la transition notariale intervient principalement par l’influence des nouveaux praticiens et non pas par l’adaptation des pratiques des notaires en exercice depuis un temps, qui ne jouent tout au plus que le rôle de véhicules. C’est-à-dire que la disparition du symbolisme du notariat haut médiéval, que représente le seing manuel traditionnel, n’est pas provoquée par une prohibition mais par une dissolution de l’ancien dans le nouveau qui croît. Il ne faut pas dédaigner non plus la possibilité que les notaires qui seront appelé « isolés », ceux dont une seule trace est parvenue à aujourd’hui, peuvent, s’ils sont uniquement de passage sur le territoire, transporter des connaissances et des nouveautés venues de l’extérieur.

Cette analyse de l’évolution de la propagation du notariat moderne, au dépend du notariat médiéval permet donc d’avoir une idée assez précise du moment auquel la pénétration du monde de la Commune dans le monde féodal a eu lieu dans le milieu juridique, puisqu’il est d’ores et déjà déduit que les techniques juridiques

0 10 20 30 40 50 60 1050-1100 1101-1150 1151-1200

Rapport proportionnel entre notaires dont le