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IV. Croyance et lien social, une idylle infinie

4)   Ce que la colonisation a changé dans les traditions

La tradition est au fondement de l'ordre social et culturel. En faisant la somme des transmissions ancestrales d’une société spécifique, elle constitue un point de référence central à tout individu et à toute communauté. Elle est de l'ordre du vécu plutôt que de la connaissance et peut se rencontrer au quotidien, au travers de différents gestes et actes qui meublent la vie sociétale, représentant ce « moule qui nous forme et nous maintient en son

sein »324. Nous en faisons l'expérience aussi bien de façon subjective que lors d'interaction avec autrui, l'autre créant le reflet spéculaire au travers duquel je peux concevoir ma propre tradition. Garante du lien social et de la vie communautaire, elle se démarque radicalement de la notion de vérité puisqu'elle ne renvoie à aucune catégorie logique, mais détient pour autant une part de sacré qui lui confère un statut symbolique indispensable à l’équilibre sociétal.

L’arrivée des premiers colons au sein des tribus jugées primitives a profondément modifié les traditions de ces dernières qui n’ont eu d’autres choix que de composer entre leurs coutumes et celles importées. La première adaptation de ces peuples colonisés fut l’intégration des religions occidentales à leurs systèmes de croyance.

L’importation de la religion

Bien que les missionnaires se soient joints aux mouvements de colonisation pour rejoindre les populations autochtones des pays conquis, ils ne s’associèrent pas systématiquement à leur politique. Les colons ont permis aux missionnaires de s’étendre mais pour autant chacun œuvrait indépendamment de l’autre, leurs méthodes et leurs objectifs n’étant pas nécessairement similaires. Les communautés furent rapidement hiérarchisées en fonction des religions : le christianisme demeurant dans les représentations collectives la religion des peuples civilisés. Il fut donc transmise à grande échelle, étant perçu comme source de modernité et capable de rapprocher « l’indigène » du « blanc civilisé ». Venaient ensuite les religions orientales (bouddhisme, hindouisme, confucianisme, etc.), puis l’islam, et enfin les religions fétichistes.

324 Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu, Traditionalisme et édification

Cette classification caractéristique de la IIIème République, était directement inscrite dans les manuels scolaires et s’est donc rapidement étendue aux peuples colonisés dès lors qu’on tenta de les « éduquer ». L’arrivée des religions importées impacta directement les croyances traditionnelles qui perdirent de leur pouvoir au profit d’une sorte de syncrétisme alliant culture ancestrale et religion importée. Les missionnaires adoptèrent différentes méthodes d’un peuple à un autre, ainsi les croyances locales furent parfois totalement niées, d’autres fois plus ou moins tolérées. De nombreuses tribus durent trouver le bon compromis entre leur socle culturel et ces nouveaux dieux qu’on leur faisait découvrir. Cet effort d’adaptation qui se fit autant dans l’hostilité que dans l’enthousiasme, donna naissance à de nouvelles coutumes mêlant pratiques ancestrales et croyances monothéistes. Pour exemple, au Sénégal, il est à présent communu de se croire la cible de mauvais esprits, tout en se rendant à l’Église le dimanche pour prier ; ou bien de respecter les quarante jours de jeun du Ramadan, tout en allant consulter le marabout dès qu’un trouble surgit. Les cérémonies traditionnelles telles que le N’doep, les rites initiatiques ou funéraires, s’allient parfaitement avec les fêtes chrétiennes ou musulmanes qui sont célébrées par l’ensemble du pays. Le Sénégal, indépendant depuis 1960 après une plus d’un siècle d’occupation française325, illustre cette notion de syncrétisme religieux. Il demeure l’un des pays qui a su conserver au mieux ses croyances et ses pratiques, tout en assimilant celles de ses colonisateurs. Les nombreux courants qui se croisent au Sénégal, à savoir la pensée traditionnelle et animiste, l’islam et le christianisme, cohabitent dans un équilibre spirituel harmonieux.

Les religions chrétienne et musulmane ont cependant induit un bouleversement notable en ce qui concerne les représentations liées à la sexualité, qui ont rapidement été associées à la honte et à la culpabilité. Avec la colonisation, le christianisme à « introduit la notion de

péché et de culpabilité »326 dans des populations qui auparavant s’exprimaient plus librement quant à ce qui touche au corps, à la nudité ou aux rapports intimes. Ferdinand Ezembé écrit qu’avant la colonisation et l’importation des religions occidentales, l’enfant africain était poussé à la sexualité, symbole de force et de puissance, « l’enfant africain

pouvait ainsi jouir de son corps sans contrainte ni sentiment de culpabilité »327.

325 Le 30 mai 1814 est signé le Traité de Paris, faisant du Sénégal une colonie française.

326 Ferdinand EZÉMBÉ, L’enfant africain et ses univers, Éd. Karthala, Coll. Questions d’enfances,

Paris, 2009, p.232.

Les missionnaires se sont chargés d’inculquer d’autres mœurs qui ont considérablement modifié ces libertés, inculquant culpabilité et pudeur aux populations indigènes. À ce propos, Gerald Messadié écrit que :

« La représentation de l’homosexualité en tant que “sexualité contre nature” ou de l’adultère en tant qu’infraction à une loi divine n’a donc pas de place dans les religions africaines, du moins dans celles qui n’ont pas été encore colorées par le christianisme ou l’islam »328.

Ces nouvelles représentations ont modifié les codes sociaux des populations colonisées qui ont dû volontairement ou pas adopter un certain nombre de principes occidentaux. Malgré ces efforts d’adaptations, les clivages sauvage/civilisé et tradition/modernité persistent au fil des siècles. F. Fanon, figure engagée de l’anticolonialisme conclu à la fin de son célèbre ouvrage Peau noire, masques blancs que : « Le Noir, même sincère est esclave du

passé »329. Selon lui, la colonisation aurait créé une névrose collective dont il faut apprendre à se défaire. Il justifie nombre de ses propos par l’influence du système scolaire et des représentations péjoratives qui peuvent être transmises à propos de l’homme noir. Car si le colonisé dut adhérer à la religion de l’autre, il lui fallut également accueillir son système éducatif. Le savoir qui auparavant s’obtenait de la parole de l’ancien, fut soudainement mis à disposition dans des ouvrages de classe. Ouvrages qui, en étant rédigés par des « blancs », amenèrent une fois de plus de nouvelles représentations dont les peuples colonisés durent s’accommoder.

328 Gérald MESSADIÉ, Histoire générale du Diable, op cit. 329 Frantz FANON, Peau noire, masques blancs, op cit., p.219.

La cohabitation entre savoir ancestral et savoir scolaire

Sur l’exemple des Antilles, F. Fanon souligne le fait que :

« le jeune noir qui a l’école ne cesse de répéter “nos pères les gaulois” s’identifie à l’explorateur, au civilisateur, au blanc qui apporte la vérité aux sauvages, une vérité toute blanche. Il y a identification, c’est-à-dire que le jeune noir adopte subjectivement une attitude de blanc […] Peu à peu on voit se former et cristalliser chez le jeune Antillais une attitude, une habitude de penser et de voir, qui sont essentiellement blanches »330.

Ainsi, repère-t-il chez les Antillais une tendance à s’identifier plus facilement aux blancs qu’aux noirs qu’ils cantonnent alors aux terres Africaines. Le système scolaire joue un rôle central dans l’apprentissage et la construction identitaire. L’école occidentale amenée par les colons aux peuples autochtones a produit selon de nombreux auteurs un effet d’acculturation. La valorisation de la modernité occidentale face au mépris de la culture d’origine souvent considérée trop folklorique a conduit à de nombreuses mutations des sociétés. Dans les sociétés traditionnelles, le savoir est détenu par les figures tutélaires de la vie de village : le Chef, le Guérisseur, les ancêtres, ainsi que les aînés. Les rites initiatiques permettent d’acquérir une part de ce savoir.

Ainsi, au Vanuatu, au moment de la circoncision des jeunes garçons, le temps de la cicatrisation est employé à l’apprentissage. Les enfants ayant été circoncis s’isolent dans la jungle durant plusieurs jours, accompagnés d’un ancien du village qui aura pour tâche de leur transmettre un savoir sur les plantes médicinales, les techniques de chasse ou de pêche et les mythes fondateurs de la tribu. En Afrique ou en Amazonie on se réfère tout autant aux anciens qui, par la parole, sauront transmettre un savoir précieux. Le soir venu, la place est faite aux conteurs, qui sous l’arbre de la palabre, raconte encore et encore les récits et mythes de la tribu.

Mais le développement de la scolarité a changé le rapport au savoir qui tend à s’inverser dans certains pays comme le Sénégal ou le contact des jeunes avec les objets de la modernité pousse leurs aînés vers une ignorance qui les condamne à une certaine forme d’isolement. Momar Gueye, parlant du Sénégal, constate que ce désintéressement des jeunes de la tradition au profit de la modernité entraîne de plus en plus de dépression chez les personnes âgées qui en perdant leur posture savante, découvrent un sentiment nouveau d’inutilité331.

Ce qui s’apprend sur les bancs d’école étouffe les savoirs ancestraux qui ne peuvent être réduit au silence dans les pages d’un manuel scolaire. Néanmoins, dans l’après coup de la colonisation, le bilan n’est pas si tragique, car même si l’école occidentale a fait son lit dans de nombreuses sociétés anciennement colonisées, les traditions demeurent pour beaucoup une richesse culturelle qu’il est important de représenter et de revendiquer.

Prenons l’exemple de l’archipel du Vanuatu qui, au-delà de la colonisation et de la mondialisation qui ne cesse de le menacer, a su faire perdurer ses croyances et ses pratiques grâce au pouvoir d’une coutume inlassablement respectée et réaffirmée.

Le Vanuatu : Kastom et néo-traditionalisme

Le Vanuatu est un archipel composé de 83 îles et îlots volcaniques qui s’étend sur environ 12 000 km et se situe au croisement de la Nouvelle Calédonie, des îles Fidji et des îles Salomon. C’est un état d’Océanie qui est rattaché à la Mélanésie. Découvert en 1606 par le navigateur portugais Quiros, puis baptisé les Nouvelles Hébrides par l’explorateur britannique James Cook en 1774, l'archipel est annexé par la France et par la Grande Bretagne en 1906, donnant lieu à un condominium entre les deux pays. En 1980, Le Vanuatu gagne son indépendance, mais le français et l'anglais continuent d'être enseignés dans les écoles, rendant les deux langues très populaires sur les îles. La langue dominante sur les iles est le bislama, genre d'anglais simplifié. Autrement, il existe plus de 100 langages différents, répartis entre 270 000 habitants, ce qui fait du Vanuatu le pays ayant la plus grande densité linguistique au monde. Avant l'arrivée des colons, les îles ne communiquaient pas entre elles et les villages n'avaient que très peu d'échanges, ce qui explique cette diversité linguistique.

331 Momar GUEYE et al. « La dépression de la personne âgée au Sénégal », L’information

psychiatrique, juin n°6, 1995. Cité par Ferdinand EZEMBÉ, L’enfant africain et ses univers, op cit.

Les premiers missionnaires arrivent dans l'archipel en 1839, mais la christianisation ne démarre vraiment qu’à partir de 1874 avec l'arrivée des colons européens. Catholiques et protestants s'opposent alors et de nombreux mouvements issus de ces courants religieux doivent cohabiter. Aujourd'hui encore la diversité chrétienne est largement observable entre les villages : catholiques d'une part, mais également de nombreux protestants comme les anglicans, les pentecôtistes, les adventistes ou encore les mormons (qui au Vanuatu restent monogames). L’islam n’est que faiblement représenté. Différents cultes relevant de croyances populaires très anciennes perdurent sur certaines îles, notamment l’île de Tanna, qui de tout l’archipel est sans doute celle qui demeure la plus ancrée dans la tradition. À cela s'ajoute une réelle affirmation des identités culturelles indigènes, à travers ce que l'on nomme la kastom. Issu de l'anglais custom (« coutume » en français), ce terme bislama renvoie à une définition beaucoup plus étendue que le terme anglais. Il signifie :

« certes les habitudes, les usages, les coutumes ancestrales, mais il fait référence également aux croyances, aux chants, aux danses, aux légendes, à l'ordre social existant encore. On l'emploie parfois pour désigner une technique telle qu'une méthode de culture, une façon de pêcher, de chasser »332.

La kastom renvoie à un champ très vaste de la vie sociétale et elle est directement associée aux traditions. De la même façon que les langages, la kastom est très variée au Vanuatu, d'une île à l'autre, d'un village à l'autre, les croyances et les pratiques changent, mais englobent toujours l’ensemble de la vie sociale. Elle est la loi, mais aussi la croyance ainsi que la technique, le savoir ou encore le langage. Elle se retrouve sous diverses formes et permet de maintenir une harmonie entre les individus tout en codifiant les rapports sociaux.

Bien que la modernité rattrape peu à peu le Vanuatu, la loi de la kastom est si forte qu’elle demeure encore très opérante. Pour exemple, bien que le Vanuatu soit gouverné par un régime démocratique, avec un président élu tous les cinq ans par un collège électoral (composé de membres du parlement et des présidents des conseils régionaux), les décisions sur les îles sont prises par les chefs. Chaque village a son propre chef, et le mandat dure toute une vie. À la mort du chef en poste, son fils aîné doit prendre sa suite. Le chef a un pouvoir décisionnel sur tous les pans de la vie villageoise. C’est lui qui dit où peuvent être construites les maisons, qui choisit les tenues vestimentaires des hommes ou des femmes.

332 Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu, Traditionalisme et édification

Il autorise les mariages et choisit le courant religieux à suivre pour l’ensemble de la communauté. Il est le seul représentant de l’autorité dans la tribu. Les services de police sont rarement convoqués en cas de litige et ne sont pas représentés sur toutes les îles de l’archipel. La justice se fait au Nakamal, espace cérémonial sacré, choisi par la nature puisqu’il se situe toujours au pied d’un immense banian. Une zone est réservée aux esprits et ne doit en aucun cas être traversée par un humain. Le reste de la place sert à toutes les cérémonies coutumières ainsi qu’aux règlements de conflits. Le chef est le seul décisionnaire de la sentence à imposer qui de ce fait peut différer d’un village à l’autre et d’un individu à l’autre. La kastom de la loi est donc ainsi faite, « tout se règle au

Nakamal »333, comme le disent les nivats eux-mêmes, et l’autorité du chef ne semble pas être sujette aux contestations.

Des rituels sont également pratiqués lors d’évènements importants. Par exemple lors d’un décès, une coutume incite toute la famille à se réunir durant cinq jours pour faire une grande fête ou un cochon sera sacrifié, puis une période de deuil de cent jours doit être respectée. Dans certaines tribus, les hommes doivent laisser pousser leur barbe durant l’année qui suit le décès du proche. Dans la tribu des Imaios334, sur Tanna, nous évoquions précédemment335 le rite funéraire qui consiste à se servir du sang du cochon pour « enlever » l’image du mort et la rendre ainsi à la famille qui pourra la conserver au travers des traits d’un enfant, tandis que le nom du défunt sera redonné au prochain enfant qui naîtra dans la tribu. Le corps sera quant à lui enterré, sans sépulture et l’esprit rejoindra Dieu au Paradis. Ces cérémonies sont d’une importance capitale pour l’ensemble de la tribu qui pratique ces rituels depuis des temps ancestraux.

Dans un autre village de Tanna, lorsqu’un conjoint meurt, son partenaire doit donner de l’argent ou un cochon à la famille du défunt ainsi que l’un de ses objets préférés, pour racheter le mort et ainsi conserver son esprit au sein de la famille maritale. Le rite initiatique que représente la circoncision des jeunes garçons fait également partie de la coutume vanuataise. D’une tribu à l’autre les pratiques peuvent quelque peu différer mais dans l’aspect général, la symbolique conserve toute sa puissance. D’autres petites coutumes rythment la vie de la communauté. Pour exemple, dans certaines tribus, il ne faut pas couper les cheveux d’un enfant avant son premier anniversaire, et celui qui se voit confier cette tâche ne doit en aucun cas être l’un des parents.

333 Propos recueillis sur place auprès de locaux. 334 Voir à ce propos annexes p.324-355.

Dans un autre village, lorsque quelqu’un tombe malade il faut attacher un poulet une journée au Nakamal, devant la zone réservée aux esprits, puis le récupérer le soir pour le manger avec toute la famille. Le partage du kava le soir, boisson extraite d’une plante locale, fait aussi partie de la kastom, tout comme le tressage des feuilles de bananier ou de cocotier pour fabriquer divers objets de la vie courante.

Nous ne pourrions faire l’inventaire des coutumes vanuataises tant elles sont variées et spécifiques à chaque tribu et chaque village. Leur poids et leur pouvoir sont encore bien affirmés autant dans les provinces reculées que sur la capitale elle-même, faisant du Vanuatu l’un des pays les plus traditionnels au monde. Ces coutumes représentent « de

véritables symboles identitaires officiellement valorisés contre les influences néfastes de l'Occident »336. Néfastes, car en effet bien loin de se laisser séduire par la modernité qui peut être mise à disposition du Vanuatu dans un espoir de développement économique qui participerait à l’occidentalisation du pays, l’archipel lutte contre cette colonisation capitaliste et tente autant que possible de maintenir et de transmettre ses traditions. Face à l’émergence de la modernisation occidentale au Vanuatu, un mouvement de revendication identitaire s’est instauré depuis plusieurs années, par le biais de renforcements culturels et d’un retour à la tradition marqué par la kastom.

Un ethnologue français spécialisé dans le domaine du changement culturel dans les sociétés de Mélanésie, s’est particulièrement intéressé à la renaissance culturelle dont témoigne le Vanuatu et au retour du traditionnel face au phénomène de modernisation. Dans un ouvrage consacré à cette réflexion, Marc Kurt Tabani marque la différence entre la tradition dans la société occidentale moderne et dans ce qu'il appelle les sociétés traditionnelles. Celles-ci étant caractérisées par les manières des ancêtres qui correspondent à des règles encore en vigueur. Dans ces sociétés traditionnelles, le maintien et la mise en pratique de la tradition représentent la « structure essentielle de la vie mentale

et sociale »337. À l'inverse dans les sociétés occidentales modernes, la tradition dit-il, est à concevoir en dehors de toute référence à une ancestralité qui lui serait propre. Il s'agirait d'un principe sans cesse renouvelé, orienté vers un changement incessant du fait de son rapport « ouvert et progressif »338 à l'altérité.

336 Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu, Traditionalisme et édification

nationale, op cit., p.11

337 Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu, Traditionalisme et édification

nationale, op cit.,p.21.

Cette constatation amène l'auteur à parler de « traditionalisme »339 en opposition au concept de tradition. Le traditionalisme vanuatais serait alors à concevoir comme une « vision passéiste de l'identité »340, c’est-à-dire qu'il consiste en un mouvement régressif vers ce que nous étions avant. Il se différencie de la tradition à proprement parler en ce sens que son apparition induit la disparition de la tradition, car comme souligne l’auteur, si la tradition était réellement toujours présente pourquoi chercherait-on à la retrouver ?