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CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

3.1. La collecte de données

3.1.3. De la collecte de données au Port Atlantique La Rochelle

La collecte de données au Port Atlantique La Rochelle s’est inscrite dans un contexte particulier. À l’instar du Kamouraska, elle devait concerner des acteurs institutionnels (organismes publics ou parapublics) et économiques (entreprises et/ou associations d’entreprises). Cependant, celle-ci n’a essentiellement concerné que des acteurs institutionnels. Si, au départ, les porteurs de projet se sont montrés disponibles pour m’accompagner, j’ai rapidement décelé une volonté de contrôle ou plutôt de droit de regard des interactions

avec les entreprises. À la différence du Kamouraska, aucun échange direct n’a été possible, pendant longtemps, avec les entreprises. Aucune information n’était rendue disponible sur les entreprises participantes, les échanges de flux. Ma première rencontre avec l’animateur de projet, le 6 en décembre 2017, était attendue comme l’occasion de dépasser les différentes contraintes anticipées par nos échanges de courriels.

En mars 2018, j’ai obtenu la liste des entreprises participantes au projet sans précision sur les flux, les échanges de flux, etc. Il m’a été signifié qu’il n’était pas possible que j’entre directement en contact avec les entreprises. En effet, et la marche à suivre était la même au Québec, l’animateur de projet se faisait l’intermédiaire entre les parties prenantes, notamment les entreprises, et moi. Son objectif ce faisant était d’éviter la sursollicitation et de mesurer au préalable l’intérêt de celles-ci à participer au projet de recherche. Puis, l’animateur de projet a souhaité prendre connaissance de mes instruments de collecte de données (questionnaire d’enquête, grille d’entretiens, etc.). Au final, il n’a pas été possible de mener l’enquête auprès des entreprises. La raison invoquée était que l’enquête comportait un nombre de questions ayant déjà été posées aux entreprises pendant la phase de diagnostic de flux. En compensation à ce refus, il m’a été proposé de rendre disponible une synthèse du diagnostic de flux.

Pour ce qui est des entretiens, il fallait attendre le retour de l’animateur de projet après concertation avec ses supérieurs hiérarchiques et les entreprises. J’ai donc été dépendant de l’animateur de projet (ou du port) dans cette phase de collecte de données. Ne disposant d’aucune information, ni des coordonnées des répondants dans les entreprises, je n’étais pas en mesure de faire autrement. Les premières informations obtenues auprès de l’animateur de projet sur le profil des répondants internes aux entreprises étaient trop ténues pour me permettre de chercher les coordonnées par d’autres moyens, par le Web notamment. Les entreprises ne disposent pas, pour la plupart, de site internet et celles qui en possèdent sont des multinationales qui ne renseignent pas leur équipe locale au Port Atlantique de La Rochelle. Face à ce régime contraignant, il m’a fallu adopter une autre stratégie de collecte de données.

3.1.3.1. Dépasser la contrainte institutionnelle du Port

Pour atteindre mes objectifs, j’ai décidé de me concentrer, dans un premier temps, sur les acteurs institutionnels impliqués dans la démarche. J’ai donc réalisé des entretiens avec des acteurs institutionnels tels que la région Nouvelle-Aquitaine, l’agglomération de La Rochelle, l’antenne régionale de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’Énergie (ADEME) et un intervenant externe du projet. Ces entretiens ont eu lieu entre mars et mai 2018 par téléphone, pour la plupart24, à l’exception de l’entretien mené auprès des répondants de l’agglomération de La Rochelle que j’ai rencontrés en mai 2018. J’ai été particulièrement surpris par la

disponibilité des acteurs institutionnels. En effet, ceux-ci ont délégué pour la plupart au moins deux personnes pour participer à un échange qui a duré 90 minutes, en moyenne. Ainsi, la région, l’ADEME et l’agglomération de La Rochelle ont participé à cet échange, avec à chaque fois au moins deux personnes déléguées. Certains acteurs institutionnels se sont montrés disponibles pour un second entretien, si besoin.

Malgré le fait qu’il ait limité mes interactions directes avec les parties prenantes, j’ai maintenu le contact avec l’animateur de projet à La Rochelle durant toute la réalisation de la thèse. Nous avons eu des échanges téléphoniques sur une base régulière. Ainsi, après la première rencontre de décembre 2017, qui s’est transformée en entretien de collecte de données, j’ai pu réaliser deux entretiens téléphoniques avec lui en mars et avril 2018. Le premier entretien a permis de faire une synthèse sur le diagnostic de flux. L’animateur en a ainsi profité pour répondre aux questions de mon enquête en apportant des éléments d’éclairage d’une entreprise à une autre. Le second entretien avec l’animateur de projet constitue formellement celui de la collecte de données autour de la démarche. J’ai mobilisé, pour le réaliser, une grille d’entretien en bonne et due forme. Ces premiers entretiens ont permis d’évaluer la participation publique aux démarches, et de faire ressortir quelques déterminants sur le réseau (structuration, échange de flux, participation des entreprises, bénéfices, etc.). Par la suite, une deuxième séance de travail avec l’animateur de projet, en mai 2018, au Port Atlantique La Rochelle a permis quelques avancées dans la collecte de données. Ainsi, il a été convenu d’élargir la collecte de données à d’autres parties prenantes de la démarche.

3.1.3.2. La mobilisation des entreprises au Port Atlantique La Rochelle

À défaut de pouvoir échanger avec les entreprises et en raison des contraintes temporelles liées à la thèse, j’ai décidé d’effectuer ma collecte de données auprès des associations d’entreprises. À cet effet, trois entretiens ont eu lieu avec des acteurs aux profils similaires, mais ayant chacun leur intérêt. Un premier entretien a eu lieu avec le Secrétaire général (SG) de l’Union maritime de La Rochelle (UMR). Celui-ci m’a permis d’avoir un aperçu global de la participation et de la perception de ce syndicat professionnel des entreprises portuaires de la démarche, et notamment des retours d’expériences avec les entreprises et le port.

Puis, un deuxième entretien s’est déroulé avec le président de l’Union Maritime, en sa qualité de chef d’entreprises (participation et perception de son entreprise), puis de président du syndicat professionnel (obtenir des éléments complémentaires aux informations recueillies auprès du SG de l’UMR), et de président d’une association d’entreprises du domaine portuaire (analyser les interactions sociales). Ce dernier a accepté de participer à cette étude en raison de ses liens personnels avec l’animateur de projet, puis avec la région du Limousin dont il est originaire. Il a aussi évoqué, à maintes reprises pendant nos échanges, sa sensibilité pour les questions environnementales.

Enfin, un troisième entretien a eu lieu avec le responsable développement durable du Grand Port Maritime La Rochelle. Il était alors question de retracer l’historicité, les leviers et les freins sociotechniques, économiques et institutionnels de la démarche, les interactions entre le Port (en tant qu’institution mais aussi entreprise publique) avec les autres parties prenantes, notamment dans un contexte de mutation dans la gouvernance du projet. Par ailleurs, au détour d’une de mes visites sur le port, j’ai pu rencontrer de manière informelle deux autres répondants. Ces derniers se sont montrés intéressés par le projet de recherche. Ils ont ainsi accepté de répondre de manière informelle à des questions. De plus, leurs propos pouvaient être utilisés à condition de ne pas être identifiés. En définitive, quinze (15) entretiens ont été réalisés en France (Tableau 9).

Tableau 9 : Présentation des participants à l'étude au Port Atlantique La Rochelle

Type d’acteurs Personnes interviewées Nombre d’entretiens Organisme de projet ANIM-PORT

DIRECT-DD-PORT

4 1 Organismes partenaires ORG-ParT-PORT1

ORG-Part-PORT2 1 1 Collectivités territoriales et locales COL-LOCAL-ROCH1 COL-LOCAL-ROCH2 COL-LOCAL-ROCH3 1 1 1 Entreprises GRAN-ENT-PORT1 GRAN-ENT-PORT2 GRAN-ENT-PORT3 GRAN-ENT-PORT4 1 1 1 1 Organismes publics ORG-PUBL-ROCH1

ORG-PUBL-ROCH2

1 1

Total 15

Réal : Auteur

Le contact avec le terrain rochelais fut moins intense et prolongé en comparaison de celui du Kamouraska25. Cependant, les interactions avec l’animateur de projet ont débouché, plus tard, sur la mise à disposition d’une

25 La conduite de cette recherche a nécessité une organisation minutieuse et de multiples aller-retours entre la France et le Québec. Ainsi, les sessions d’automne 2016, 2017, 2018 et 2019 ont été consacrées aux terrains et séjours de recherche en France. Puis les sessions d’hiver et d’été 2017, 2018, 2019 à la collecte de données au Québec. Par ailleurs, il faut souligner un déplacement sur le terrain en France en Avril-Mai 2018 à l’occasion de la participation à un colloque sur les villes en décroissance à l’Université de Strasbourg.

base de données de synthèse sur le diagnostic de flux. Cela vient compléter les rapports et les différentes présentations aux réunions de comité de pilotage du projet. En effet, il a été mis à ma disposition au moins trois présentations faites à ces comités de pilotage26. Par ailleurs, je tiens à souligner que le contexte particulier de cette collecte de données peut aussi s’expliquer par l’existence d’une approche locale d’évaluation de la démarche par Grand Port Maritime La Rochelle et l’Union Maritime. Ainsi, une enquête par questionnaire auprès des entreprises membres de la démarche et signataires de la charte de développement durable de la place portuaire est, depuis 2018, en discussion au niveau du port. Et contrairement au Kamouraska, tous les représentants d’entreprises rencontrées sont sur le périmètre du domaine portuaire. Je n’ai donc pas pu m’entretenir avec des parties prenantes – entreprises – qui sont sur d’autres zones d’activités dans l’agglomération de La Rochelle ou ailleurs. En dépit des contraintes, les données recueillies sur mes deux terrains ont fait l’objet, à quelques différences près, des mêmes modalités de traitement et d’analyse.

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