Le codage des entretiens

Pour répondre aux objectifs de ma recherche, j’ai jugé utile de procéder à un codage de mes entretiens. Ce codage s’est nourri de mon modèle conceptuel qui s’articule aux mots de la proximité. La Figure 3 représente le vocabulaire utilisé dans la littérature par la théorie des proximités pour décrire les modalités d’action collective. Elle s’appuie sur notamment sur un corpus d’une dizaine d’articles et de textes d’ouvrages numériques de la théorie des proximités parmi ceux exploités dans le cadre de cette thèse. Le choix de ces textes scientifiques s’est fait en fonction de l’intérêt que j’y ai trouvé dans la formulation de mon cadre conceptuel. L’importance différenciée des mots s’explique par leur nombre d’occurrences dans le corpus exploité.

Figure 3 : Les mots de la proximité retenus dans l'analyse

28 L’approche des entretiens semi-dirigés et, plus ou moins à bâtons rompus, offre une dimension d’aide à la décision à ce projet de recherche. En effet, elle permet d’interagir avec les acteurs, de réaliser une analyse conjointe de la démarche, et d’identifier les pistes d’amélioration possibles.

L’ensemble des données ont été codées de façon thématique, en référant à la théorie des proximités (Tableau 11). Au départ, trois codes sélectifs furent identifiés. Ils portent sur 1) les facteurs sociaux et organisationnels, 2) les facteurs institutionnels, et 3) les facteurs techniques. La complexité d’exploitation de ce codage sélectif a justifié le recours à un codage thématique à deux niveaux : un code ouvert puis un code axial. Le code axial renvoie aux grands axes d’analyse des entretiens, alors que le code ouvert s’intéresse aux déterminants dans la construction des projets. Les codes ont été élaborés en s’appuyant sur les facteurs déterminants de la construction d’une action collective dans la théorie des proximités.

Tableau 11 : Codes de traitement et d'analyse des données

Codage ouvert Codage Axial

Proximité géographique / Distance

Appartenance territoriale / Investissement dans le milieu

Leadership territorial Politiques publiques locales Contexte territorial

Ressources territoriales

1. Rapport au Territoire

Perception de soi / Auto-description Connaissance des acteurs locaux Valeur entrepreneuriale

Valeur environnementale Motivation individuelle Incertitude interne Prise de décision interne Management interne

Défis environnementaux internes Démarches environnementales internes

2. Acteur individuel, organisationnel et/ou collectif

Compréhension des enjeux Collaborations précédentes Importance du collectif Diversité des acteurs Recrutement des acteurs Participation des autres acteurs Adhésion de nouveaux acteurs

Interactions sociales / Liens directs entre acteurs Qualité du réseau

Liens de confiance Leadership dans le réseau

3. Structuration, fonctionnement et participation

Rencontres périodiques

Échanges d’informations (matérielles et immatérielles) Régime conventionnel (charte – contrat – entente de confidentialité)

Logistique – Transport Animation – Coordination

Participation au suivi de la démarche Transparence / Asymétrie d’informations

4. Mise en œuvre, gouvernance et efficacité de la démarche

Risque de domination et/ou contrôle par un acteur Perception du coût de la démarche (adhésion, matières, etc.)

Perception des flux de matières (quantité et qualité)

5. Perspective, bénéfice et apprentissage

Le codage s’est déroulé facilement, la liste de codes construites à partir des écrits scientifiques et des objectifs de la thèse pouvant facilement être appliquée aux contenus des entretiens. À cet égard, cette étape de la thèse a confirmé que les entretiens semi-directifs menés au Québec comme en France ont permis la collecte de données pertinentes pour aborder les interactions entre les parties prenantes, les modalités de gouvernance, les échanges de flux et le rôle du territoire, etc. À partir de ce codage thématique des entretiens, il a été possible de réaliser une analyse compréhensive de la perception qu’ont les acteurs de leurs démarches (Annexe 9). Cette analyse m’a amené à mettre en perspective les représentations individuelles de deux manières. D’abord, par un traitement qualitatif, analysant les convergences et les divergences dans les propos. Les étapes de cette analyse sont détaillées à la section 2.4, et ensuite, au travers d’une analyse statistique descriptive.

Pour cette portion statistique, j’ai considéré les codes comme des variables. Ainsi, j’ai relevé le nombre d’observations liées à chacune des variables. Ces codes ont fait l’objet d’un traitement statistique. Il s’agissait,

Attentes exprimées pour l’acteur (bénéfices et gains attendus)

Rentabilité attendue de la démarche pour le réseau Apprentissage collectif

Recherche d’autonomie Intégration du citoyen Rapport au temps / à la durée Motivation et intention à long terme Incitatifs attendus

Bénéfice pour le territoire / Valeur territoriale Règlementation environnementale

Influence de l’organisation territoriale / Cadre institutionnel de l’aménagement du territoire

Financement public

Recherche – Développement Aide publique à la gouvernance

6. Rapports aux institutions

Changements majeurs dans les procédés industriels Acquisition de nouveaux équipements

Adoption de nouvelles technologiques Intégration de nouvelles façons de collaborer Changement organisationnel interne

7. Changement – Innovation

pour moi, de proposer un croisement entre des catégories d’acteurs et leur perception de la démarche. Malheureusement, à cause des limites dans la collecte de données au Port Atlantique La Rochelle, cet exercice statistique s’est limité au cas du Kamouraska. En effet, il n’y avait pas dans le cas du Port Atlantique La Rochelle, suffisamment d’acteurs par catégories. Les entretiens ont été itératifs avec le même acteur en grande partie. En outre, au moins trois acteurs ont été représentés par deux participants à l’entretien. Les variables avec les plus grandes occurrences dans les discours sont : structuration, fonctionnement, participation au réseau (580), perspective, bénéfice, apprentissage (539), et mise en œuvre, gouvernance, efficacité de la démarche (343) (Graphique 1).

Une fois cette étape statistique effectuée, j’ai procédé à une autre analyse descriptive de mes résultats. En effet, les mots des participants à l’étude ont été représentés suivant le codage thématique et les catégories d’acteurs. En utilisant le logiciel Iramuteq 2.0, j’ai pu établir une interaction entre les codes et les discours d’acteurs (Annexe 10). Cette démarche a facilité ma compréhension du discours des acteurs, les différences de perceptions et/ou de représentation d’un acteur à un autre. Elle m’a permis de représenter les discours des participants à ma recherche sur nos deux terrains d’études (Graphique 2).

Graphique 2 : Représentation globale du discours des acteurs

Ces analyses compréhensives et statistiques (graphiques) ont servi à mon travail d’interprétation globale de mes résultats.