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On l’a vu, c’est un consensus hétérogène sur une combinaison de valeurs potentiellement contradictoires qui fonde l’institution ANC, combinaison de valeurs dont on a étudié la production historique dans le Chapitre préliminaire : nationalisme africain / non-racialisme, caractère multi-classes / biais pro-classe ouvrière. Cette identité politique vague et polysémique, incarnée par un document séminal, la Freedom Charter, habilement rédigé et sujet à multiples interprétations, a permis de faire vivre ensemble dans un même mouvement des individus et des groupes informels aux cultures politiques et aspirations idéologiques différentes, mais qui partageaient un programme minimal commun : renverser l’apartheid. Ce consensus hétérogène s’incarne dans des mots-symboles, des concepts fourre-tout et flous qui confèrent une identité englobante à ce mouvement pluriel : « Révolution Démocratique Nationale » (NDR), « Transformation », etc.

Avec la victoire sur l’apartheid et l’arrivée au gouvernement, ce consensus, ce modus vivendi fragilement institutionnalisé, se révèle plus difficile à maintenir. Le contexte est neuf : l’ANC est au pouvoir et doit mettre en place des politiques publiques qui favorisent certains secteurs sociaux ; des dynamiques sociales nouvelles se développent, avec notamment la croissance des classes moyennes africaines. Divers groupes intra-partisans luttent entre eux pour réinterpréter le consensus, et en particulier pour déterminer quels sont les groupes socio-économiques dont l’ANC doit prendre en charge les intérêts et quelles doivent être les politiques économiques du gouvernement. C’est l’ambigüité sur la question classiste qui devient ici l’objet des conflits intra-partisans. Comme le dit Ben Turok, un vétéran de l’ANC, « l’ANC est un mouvement nationaliste,

multi-classes, c’est entendu. Mais la question, désormais, c’est : quelle classe

mène ? »468. Formulé autrement, par Phillip Dexter, membre du NEC de l’ANC et

ex-Trésorier du SACP : « depuis qu’on est au pouvoir, il y a une grande bataille

idéologique au sein de l’ANC : la Révolution démocratique nationale est-elle capitaliste, ou est-elle socialiste ? »469.

C’est à partir de 1996 et de la poursuite par le gouvernement de politiques économiques néolibérales que les dissensions vont prendre de l’ampleur. Le conflit pour la renégociation du consensus existant prend la forme d’une lutte symbolique, dans laquelle les sous-entreprises partisanes s’engagent dans des stratégies d’auto-légitimation et de déd’auto-légitimation de l’adversaire en usant des thèmes normatifs que leur fournissent les positionnements idéologiques ambigus du parti. Cette lutte symbolique devient une lutte de classements, pour la production et l’imposition des catégories légitimes d’interprétation de la compétition politique.

Dans une première partie, on va voir comment l’adoption en 1996 par le Gouvernement du programme économique Gear va remettre en cause le consensus hétérogène fondateur de l’institution ANC et alimenter les conflits intra-partisans dans un parti qui ne tolère pas les courants organisés. Dans une seconde partie, on va étudier le caractère de luttes symboliques et de luttes de classement que prennent ces conflits intra-partisans, dans lesquelles le groupe formé autour de Mbeki va utiliser le thème normatif de la question nationale contre le SACP et Cosatu et les dirigeants de l’ANC qui y sont affiliés. On va voir en particulier comment les deux factions importent dans leurs luttes des catégories issues du clivage droite / gauche largement inusitées en Afrique du Sud jusque là. Dans une troisième partie, on verra qu’un enjeu majeur du conflit est le statut de la bourgeoisie africaine émergente dans la doctrine et le programme de l’ANC.

1.1. La remise en cause du consensus

fondateur

Jusqu’à la chute de l’apartheid et l’arrivée au pouvoir, les contradictions internes à l’ANC sur la question de classe avaient été gérées par l’affirmation d’un consensus suffisamment flou et vague pour accommoder les sous-entreprises partisanes : l’ANC était définie comme un mouvement nationaliste multi-classes, mais avec un biais en faveur de la classe ouvrière. Par des concepts tels que la « Révolution en deux étapes », l’ANC et le SACP avaient bâti une justification théorique de leur

collaboration dans la lutte contre l’apartheid : la libération nationale (objectif du mouvement nationaliste, l’ANC) était la première étape nécessaire à la mise en place du socialisme (deuxième étape et objectif affiché du SACP).

A l’épreuve du pouvoir gouvernemental, ces contradictions internes plus ou moins bien gérées refont surface. Dans les débats initiés par Gear, le nouveau programme économique du Gouvernement, deux groupes se structurent, qui s’affrontent sur le positionnement de l’ANC vis-à-vis des divers groupes sociaux et sur les politiques économiques du Gouvernement. Ces deux groupes vont emprunter les canaux de la Triple-Alliance, cette structure organisationnelle atypique, pour exprimer leurs positions.

1.1.1. Gear, une rupture

L’ANC ne s’est jamais officiellement converti au socialisme, mais il s’en est fallu de peu, en particulier lors de l’épisode du Green Book évoqué lors du Chapitre préliminaire. Pendant la période de clandestinité, de par sa relation quasiment symbiotique avec le SACP, il a teinté son nationalisme de forts accents classistes et anticapitalistes. Il a également adopté les outils d’analyse marxistes. Lorsqu’il est relégalisé en 1990, ses propositions économiques sont encore marquées par un fort paradigme étatiste et une méfiance vis-à-vis des mécanismes du marché: le parti est notamment un fervent partisan des nationalisations470. Sous la pression des milieux d’affaires sud-africains et des institutions économiques internationales, le parti, de l’avis de tous ses dirigeants mal préparé à l’exercice du pouvoir et sans expertise sur les questions économiques, met de l’eau dans son vin : sur l’insistance de Mandela et Mbeki notamment, il abandonne avant les premières élections son dogme des nationalisations et se convertit officiellement au modèle d’une économie mixte, où le secteur privé sud-africain et étranger aurait toute sa place471. Le programme de gouvernement avec lequel l’ANC arrive au pouvoir en 1994, le Reconstruction and Development Programme (RDP), fait cependant encore la part belle à l’interventionnisme étatique : principalement rédigé par les

470 Voir NATTRASS Nicoli. Politics and Economic in ANC Economic Policy. African Affairs, 93, 72, 1994. 343-359. LAZAR David. Competing Economic Ideologies in South Africa’s Economic Debate. British Journal of Sociology, 47, 4, 1996. p. 599-626.

471 Sur cette conversion au pragmatisme économique, voir le Chapitre 3 de GUMEDE William. Thabo Mbeki and the

théoriciens de Cosatu, et adopté par l’ANC au terme d’un large processus de discussion et de consultation au sein de la Triple-Alliance, il met l’accent sur le rôle central de l’Etat, sur les investissements publics, sur la construction d’infrastructures, sur les dépenses sociales, sur la consommation intérieure, sur le développement humain472. Après la victoire électorale de 1994, un Ministère du RDP est créé, dirigé par l’ex-Secrétaire général de Cosatu, Jay Naidoo, chargé de la mise en place du programme.

Mais les investissements étrangers tardent à affluer, et le déficit budgétaire se creuse ; le RDP apparaît plus comme une liste de vœux que comme une politique cohérente et applicable. Mbeki, Vice-président du pays, et économiste de formation, est mandaté fin 1995 par le Président Mandela pour mettre sur pied une stratégie macro-économique. Aidé de Joel Netshitenzhe, alors Directeur de la Communication de la Présidence, et Alec Erwin, Vice-ministre des Finances, il met sur pied une équipe d’une quinzaine d’économistes, chargée de produire un nouveau plan économique, qui travaille en catimini entre la Vice-présidence et le Ministère des Finances, à l’écart des structures de recherche et de décision de l’ANC et de la Triple-Alliance473. Le 28 mars 1996, le Ministère du RDP est fermé. Le 14 juin, le nouveau Ministre des Finances Trevor Manuel présente au Parlement le nouveau plan économique, intitulé Growth, Employment and

Redistribution (Gear)474, qu’il annonce « non-négociable ». Inspiré des principes néolibéraux en vogue à l’époque et conçu sous la supervision d’économistes de la Banque mondiale, Gear est en quelque sorte un « plan d’ajustement structurel

auto-administré », comme le dit Joel Netshitenzhe475, dont le but premier est, selon

les économistes qui l’ont conçu, d’attirer les investisseurs étrangers en leur démontrant l’engagement du Gouvernement ANC en faveur de l’orthodoxie économique dominante476 : priorité donnée à la croissance et aux investissements privés, réduction des déficits publics, réduction des effectifs de la fonction

472 ANC. Reconstruction and Development Programme. Johannesburg, 1994.

473 Sur le processus de production de Gear, voir LODGE Tom. Policy processes within the African National Congress and the Tripartite Alliance. Politikon, 26, 1, 1999. pp. 5-32, et le chapitre 4 de GUMEDE William. Thabo Mbeki and the

battle for the soul of the ANC. op. cit.

474 Department of National Treasury. Growth, Employment and Redistribution. Pretoria, 1996.

475 GUMEDE William. Thabo Mbeki and the battle for the soul of the ANC. op. cit. p. 88.

publique, privatisations, politiques fiscale et monétaire rigoureuses, maîtrise des salaires sont les grands principes de Gear.

Les structures centrales de l’ANC et de la Triple-Alliance sont prises par surprise. Pour éviter les interférences du SACP ou de Cosatu et les éventuelles contestations, le processus de décision aboutissant à Gear avait en effet été volontairement raccourci et dissimulé par Mbeki, Erwin et Manuel: jamais les structures de l’ANC, du SACP et de Cosatu n’ont été impliquées dans un processus qui s’est déroulé dans le plus grand secret au cœur des structures gouvernementales. Ce n’est que dans la semaine précédant son introduction au Parlement que Gear est présenté aux dirigeants du SACP et de Cosatu. Le NEC, l’organe dirigeant de l’ANC, ne sera entièrement « briefé » sur Gear que deux mois après sa présentation officielle, en août 1996.

Tout d’abord pris de court (la réaction officielle initiale du SACP à Gear est même positive), le SACP et Cosatu ne tardent pas à s’insurger contre le nouveau plan. C’est autant la forme que le fond qu’ils critiquent : ils dénoncent à la fois le processus de décision, dans lequel, contrairement au RDP, ils ont été totalement marginalisés, et le contenu-même du plan, qui s’écarte selon eux des positions classiques de l’ANC. A l’époque Vice-président de Cosatu, Connie September explique : « c’est autant le contenu de Gear que le processus que l’on a critiqué.

Le processus, tout d’abord : Gear, c’est juste quelques types de la Banque mondiale qui se réunissent dans un bureau pour décider. Et le contenu : Gear,

c’est simplement le consensus de Bretton-Woods »477. Cronin, Vice-secrétaire

général du SACP et membre du NEC de l’ANC, dénonce une politique « décidée

par quelques macro-économistes devant leur ordinateur »478. Mbhazima Shilowa,

le Secrétaire général de Cosatu, attaque Gear comme « néolibéral »479.

En novembre 1996, quelques mois après l’adoption de Gear, le NEC de l’ANC fait circuler dans les structures du parti un document de discussion rédigé par Mbeki, s’intitulant « The State and Social Transformation »480. Ce texte vient expliciter la relation nouvelle de l’ANC aux différentes forces sociales que Mbeki

477 SEPTEMBER Connie. Député de l’ANC au Parlement national, Présidente de la Commission parlementaire des Eaux et Forêts et ex-Vice-présidente de Cosatu. Entretient avec l’auteur : Cape Town, 2 novembre 2007.

478 Pretoria News, 22 juillet 1996.

479 GEVISSER Mark. Thabo Mbeki, the dream deferred. op. cit. p. 671.

et les promoteurs de Gear à l’ANC envisagent. Examinant le rôle de l’Etat post-apartheid et les grands partenariats économiques et sociaux que ce dernier doit passer avec les forces sociales pour atteindre son objectif de transformation sociale, le document identifie le capital comme un élément moteur et positif (au même titre que les travailleurs) avec lequel l’Etat doit s’engager dans une relation constructive et profitable aux deux partenaires. C’est dans cette relation constructive entre les trois pôles de ce que le document appelle « le triangle d’or » (l’Etat, le capital et les travailleurs) que doivent se dégager et se mettre en place les grands équilibres et les grandes politiques qui vont assurer l’objectif de développement et de redistribution de l’Etat.

Ce document est novateur, dans le contexte de l’ANC : c’est la première fois que des dirigeants et des théoriciens de l’ANC, dans un parti aux instincts et à la rhétorique longtemps anticapitalistes, conçoivent sous un jour aussi radieux le capital. Cette rhétorique inhabituelle qui fait du capital une force motrice du projet de l’ANC au même titre que la classe ouvrière bouscule les dirigeants et les théoriciens du SACP et de Cosatu. Blade Nzimande et Jeremy Cronin, les deux principaux dirigeants du SACP, par ailleurs membres du NEC de l’ANC, rédigent rapidement la réponse du SACP, intitulée « We Need Transformation not a

Balancing Act »481. Contre les nouvelles perspectives contenues dans « The State

and Social Transformation », ils arguent de l’identité classique de l’ANC telle

qu’exposée dans tous ses documents officiels depuis la conférence de Morogoro de 1969 : l’ANC est certes un parti multi-classes, mais avec un biais en faveur de la classe ouvrière ; le capital et les capitalistes n’ont jamais été répertoriés comme une force motrice de l’ANC et de la NDR.

Mouvement multi-classes / mouvement en faveur de la classe ouvrière : c’est cet élément du consensus hétérogène qui est mis à mal par Gear et « The

State and Social Transformation ». Quelles sont les classes sociales qui doivent

mener la NDR ? Quel statut et quelle place dans la théorie et la vision du monde de l’ANC pour la nouvelle bourgeoisie capitaliste africaine ? Ces questions vont alimenter les luttes internes au sein de l’ANC et de la Triple-Alliance et structurer

cognitivement le factionnalisme interne de 1996 à aujourd’hui. Pour comprendre comment ces luttes internes vont s’organiser et se structurer, les canaux organisationnels qu’elles vont emprunter et les cadres cognitifs dans lesquelles elles vont se développer, il faut revenir sur la culture politique de l’ANC, marquée par l’impératif unitaire, et sur ce dispositif organisationnel partisan bien spécial qu’est la Triple-Alliance.

1.1.2. La Triple-Alliance, canal du factionnalisme

La culture politique organisationnelle de l’ANC est notamment marquée par un fort accent mis sur l’unité : par conséquent, les courants intra-partisans organisés et institutionnalisés y sont implicitement interdits, fortement délégitimés. Cependant, la structure particulière qu’est la Triple-Alliance permet une certaine expression des divergences idéologiques au sein de l’ANC.

1.1.2.1. Des courants internes délégitimés

Un des traits résilients de la culture politique organisationnelle de l’ANC est le souci donné à l’unité et l’hostilité envers tout ce qui pourrait diviser le parti. Il ne s’agit pas ici de revenir sur la construction historique de cette culture organisationnelle, travail qui demanderait une thèse supplémentaire. Soulignons toutefois les contraintes du contexte de l’exil et de la clandestinité, de 1960 à 1990, qui ont fortement contribué à la formation de cette culture politique : présenter un front uni, résister aux tentatives de retournement et de division fomentées par les services secrets de l’apartheid. Egalement, la relation symbiotique en exil entre l’ANC et le SACP et la contagion depuis ce dernier vers l’ANC du principe organisationnel du « centralisme démocratique » léninien482, principe toujours aujourd’hui régulièrement invoqué dans les documents de l’ANC483.

Par conséquent, les courants organisés et institutionnalisés sont fortement délégitimés dans le parti. Les Constitutions successives de l’ANC ne les interdisent

482 Sur le centralisme démocratique comme trait de la culture organisationnelle de l’ANC, voir :

JOHNSON Krista. Liberal Framework or Liberation Framework? Comparing Liberal and Vanguardist Understandings

of the Reorganization of Post-Apartheid South African Society. 10th Codesria General Assembly, Kampala, 8-12 décembre 2002.

483 Voir par exemple ce document de discussion listant les principes de bonne conduite du militant ANC: ANC. Through

pas formellement, mais elles les découragent implicitement : toutes les Constitutions successives de l’ANC depuis 1985 exigent de tout nouveau membre qu’il adopte un serment dans lequel il s’engage notamment à « défendre l’unité et

l’intégrité de l’organisation et ses principes et combattre toute tendance vers le

factionnalisme »484. Les Constitutions post-apartheid de l’ANC défendent

également aux militants de « participer à des activités factionnelles organisées

allant au-delà des normes reconnues de libre expression dans l’organisation et menaçant son unité »485. Un Code de conduite du parti rédigé à l’attention de ses militants et leaders en 1994 est encore plus explicite : « aucun mouvement

démocratique ne peut tolérer l’existence d’aucun groupe organisé, faction ou tendance dans ses rangs »486.

L’interdiction des courants organisés est donc au sein de l’ANC une règle quasi-formelle. Celui qui serait assez imprudent ou mal socialisé à la culture du parti pour monter un courant serait, sinon formellement sanctionné par le Comité de discipline du parti, en tout cas victime des « sanctions informelles »487 des autres dirigeants. Comme le dit un dirigeant du parti, « celui qui s’amuserait à

essayer de monter un courant à l’ANC, sa carrière dans le parti serait très courte… »488.

La prohibition des courants organisés inhibe la formulation et l’expression des désaccords idéologiques au sein de l’ANC, parti idéologiquement et socialement hétérogène. Dans le débat qui s’ouvre à partir de Gear sur la question de classe au sein du parti, c’est par le canal de la Triple-Alliance que vont s’exprimer ces différends idéologiques et que le factionnalisme au sein de l’ANC va se structurer, en particulier autour de deux groupes : l’un se constitue autour du Président Mbeki, et l’autre rassemble des acteurs multipositionnés, à la fois dirigeants de l’ANC et du SACP ou de Cosatu et qui s’expriment au nom de ces deux dernières organisations.

484 ANC. African National Congress Constitution. Johannesburg, 2007.

485 Ibid.

486

ANC. Code of Conduct. Johannesburg, 1994.

487 Jean-Daniel Raynaud explicite bien cette distinction entre sanctions formelles, prescrites, et sanctions informelles. REYNAUD Jean-Daniel. Les règles du jeu : l'action collective et la régulation sociale. op. cit. p. 37.

1.1.2.2. La Triple-Alliance, une structure organisationnelle particulière

Les relations étroites forgées pendant le combat anti-apartheid entre l’ANC et le SACP, puis avec Cosatu (la plus grande confédération syndicale sud-africaine, lancée en 1985) se sont formalisées en 1990 en une alliance officielle entre les trois organisations : la Triple-Alliance. C’est une alliance d’un type particulier, puisque l’ANC en est le véhicule électoral unique : ni le SACP, ni a fortiori Cosatu, ne participent aux élections. On a vu qu’un grand nombre de dirigeants de l’ANC étaient, dans la période de l’exil, également membres du SACP : dans la période post-apartheid, la double ou la triple affiliation sont monnaie courante. De nombreux membres du NEC de l’ANC élu en 1994 sont ainsi également des dirigeants éminents du SACP489 ou de Cosatu490. Dans les carrières militantes, les passerelles entre les trois organisations sont bien ouvertes : de nombreux hauts dirigeants de l’ANC, tel que le Secrétaire général de l’ANC de l’époque Cyril Ramaphosa, ancien Secrétaire général du Nation Union of Mineworkers (NUM), le plus gros des syndicats composant Cosatu, ont ainsi fait leurs premières armes dans Cosatu avant d’être appelés à de plus hautes fonctions dans l’ANC.