Jusqu’aux Romains, la cité de Belgrade était, une simple hypothèse basée sur quelques détails des anciens historiens. C’est seulement avec les Romains qu’elle commença, à avoir une organisation urbaine bien définie, une organisation politique réglée par le droit et une vie urbaine largement développe.
L’emplacement de la cité préhistorique (quadrillé) et du Castrum Romain (hachuré). Les lignes rouges désignent les rues principales (cardo et decumanus du Sigindunum
Romain. Lettre F indique l’emplacement probable du forum. Les cercles désignent les adductions d’eau.
D’après les découvertes archéologiques, on sait maintenant à peu près où était située la cite romaine et comment elle était construite. On a découvert certains vestiges d’édifices publics qui nous prouvons qu’elle était bien développée.
Sans aucun doute, la situation géographique de Belgrade a permis de déterminer l’emplacement de la cité romaine ainsi que des cités suivantes qui se succédèrent jusqu’à nos jours.
Avant tout, nous tenons a présenter l’évolution de Belgrade; les faits historiques et juridiques montrent pour la première fois une forme de municipalisation moderne.
On est à peu près d’accord pour dire que Belgrade fut conquise par les Romains en 33 avant J.-C. La quatrième légion de Flavius fut organisée vers l’année 70 par l’empereur Vespasien et transportée sur la frontière danubienne vers l’année 85. Elle séjourna d’abord à Viminatium (Kostolac) et, vers l’an 91, fut
transférée à Sigindunum (Belgrade). Par ce fait, la vie urbaine se développa. En 117, l’empereur Adrien donna à Sigindunum le droit urbain (ou, comme l’on dit
aujourd’hui, le droit communal); c’était un acte de municipalisation, c’était la vie urbaine au vrai sens du mot. En 212, l’édit de Caracalla proclama la
romanisation des peuples soumis à l’Empire romain. Or, la vie urbaine commença de la même façon que dans les cités romaines.
L’importance de Sigindunum se trouva augmentée lorsque, en 271, l’empereur Aurélien, pour des raisons stratégiques, prit le Danube comme frontière d’Etat. Il procéda alors à une nouvelle répartition des pays de la rive droite du Danube. Ainsi la Mésie supérieure reçut des frontières nouvelles et sa capitale fut Sigindunum. Encore un élément d’urbanisation de la ville de Sigindunum.
En 277, Sigindunum fut élevée au rang de colonie. Par cette distinction, la colonie et ses environs profitèrent d’un sérieux élargissement de la cité. En 325, l’empereur Constantin instaura une sorte de conseil général tenant lieu de parlement régional.
Sigindunum, la plus grande ville et la capitale de la Mésie, évolua considérablement au point de vue politique, economique et, par la, de
grands progrès urbanistiques furent réalises. Constantin supprima les confins militaires de la frontière d’Etat. Mais en même temps la colonisation des peuples barbares s’accentua. Il créa alors une garnison militaire.
En 331, l’empereur romain Jovien naquit à Sigindunum. En 361 l’empereur Julien instaura dans les provinces un régime d’autonomie des villes. Ce fut l’acte le plus important pour le développement des villes. La vraie municipalisation
commençait. En 364, un terrible tremblement de terre se produisit. Il y a tout lieu de croire que Belgrade fut fortement endommagée. En 366, Sigindunum fut désignée pour recevoir un congrès ecclésiastique et devint la résidence de l’archevêque. Cela prouve que la colonie chrétienne était assez nombreuse. A cette époque l’archevêque Urzacie, très actif, était contemporain de
l’archevêque gothique Vaulfila, qui traduisait pour les Goths des Balkans la Sainte Ecriture en langue gothique.
Les chrétiens de Sigindunum étaient très pieux; une longue liste de martyrs au temps de la persécution romaine en est la preuve. Lors de conflits dynastiques dans l’Empire romain, plusieurs empereurs furent proclames dans les camps des environs de Belgrade. La légion du Danube proclama empereurs: Septime Sévère (Africain) et Dèce (Decius), originaire de Sirmium.
Premier effet urbanistique dans un centre militaire romain: chaque légion est accompagnée d’une colonie de petits commerçants. Or, à côté centre militaire il se forme rapidement un centre commercial. Ce centre commercial s’appelle canabae. Chaque légion militaire compte 5.000 à 6.000 hommes et 120 à 300 cavaliers; elle est divisée en 10 cohortes, et chaque
cohorte comprend 5 à 6 centuries. Or, une région militaire comme Belgrade devait avoir au moins 7.000 à 8.000 habitants.
Quelle différence avec un centre celtique primitif. Pour pouvoir loger 7.000 à 8.000 hommes en un même lieu, l’urbanisation devait sans doute être bien développé. Une légion romaine était une organisation impeccable, disciplinée, munie de toutes les nécessites: bâtiments, routes, adduction d’eau, casernes.
Ce centre militaire, était, une ville, avec ses organisations, avant-gardes de la discipline de la culture et même de la civilisation romaines
Le centre militaire, en forme de damier, était entouré d’une fosse et d’une muraille (vallum). Ses rues principales, direction N.-S. et E.-O., s’appelaient via pratoria et via principalis. Les autres rues étaient parallèles aux deux principales. On entrait dans ce centre par quatre portes, dont chacune était construite en forme de tour. L’intérieur était divise ainsi: au centre était situé le siège du commandant, ou pratorium, et à côté se trouvaient le forum, le marché et le quaestorium.
Le commandant permanent était le legatio legionis, sans doute membre du Sénat, ou praetor. Le chef du centre militaire était le praefectus castrorum.
Après le commandant venaient les buni militum. Dans chaque légion existait une colonie d’artisans (fabri), qui était dirigée par un préfet.Chaque légion possédait une ambulance militaire munie de tout le nécessaire; cette organisation était de premier ordre et même presque moderne.
. Le centre de la cité romaine était le Kalemegdan (la forteresse actuel). Le port était situe au confluent de la Save et du Danube. Un canal spécial était réservé dans la ville même comme port de refuge pour la flotte romaine danubienne, qui, à cette époque, devait être assez importante. La ville était traversée par un grand aqueduc (adduction d’eau) venant d’Avala, passant par la crête de Belgrade et arrivant jusqu’au centre militaire. Les vestiges de cette oeuvre d’adduction d’eau ont été trouves sous le boulevard Alexandre et en d’autres endroits. Au point de vue technique, c’était une perfection.
Les divers temples romains (temple de Jupiter et autres) étaient situés sur le terrain occupé actuellement par la Banque nationale. On a encore découvert quelques vestiges de ces temples aux environs de Belgrade, notamment au Cubura et Topcidersko Brdo. Près de l’église orthodoxe Sveti Marko se trouvaient les bains publics. On a aussi mis au jour de nombreux sarcophages recouverts d’inscriptions romaines et grecques; les Romains ensevelissant leurs morts au bord des voies principales, c’est donc sous le boulevard Alexandre que se trouvaient les plus nombreux sarcophages. Quelques petits indices ont encore été relevés, mais sans grande importance. Dans le Kalemegdan, à l’endroit où se trouve actuellement l’Institut géographique militaire, on a découvert à une profondeur de 7 m une statue sans tête et sous la rive danubienne des passages souterrains des constructions (M. Petrovic: « Comment Belgrade est née », Belgrade, 1931).
Outre ces renseignements, on sait encore qu’il existait des colonages romains.
C’étaient les soldats retraités qui recevaient ces terres pour les cultiver. Cette région était très vaste et occupait sans doute une grande partie de la ville actuelle.
On a déjà vu que les voies romaines étaient très importantes et que Sigindunum était à un carrefour de routes conduisant à Constantinople et à Rome.
On a trouvé encore quelques vestiges de routes romaines aux environs de Belgrade.
Le pont qui fut construit sur la Save, près du confluent des deux fleuves, a du aider puissamment au developpement de Sigindunum, qui, pour la première fois dans son histoire, a pris à cette époque une grande
importance; mais ensuite elle déclina et était très faible lorsque les Barbares sont venus dans cette région.
Vers 395 se fit le partage de l’Empire romain. Sigindunum échut à l’Empire oriental.