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BELGRADE sous la BYZANCE

Dans le document Planification urbaine: le cas de Belgrade (Page 140-145)

En 395, grand événement historique pour tous les peuples des Balkans: le partage de l’Empire romain. C’est ici qu’on commence à distinguer l’Empire occidental de l’Empire oriental. Les deux moities de ce qui fut l’Empire romain ne seront plus jamais réunies en une seule main.

La ligne de séparation entre ces deux moities partait de l’ancienne Butoë cadruéenne, suivait le partage des eaux des hauteurs du Montenegro et descendait le tours

de la Drina (qui sépare la Bosnie de la Serbie) jusqu’a la Save; cette ligne était historique pour les peuples balkaniques et joua le rôle d’élément politique et culturel considérable jusqu’a nos jours; elle le jouera même peut-être dans l’avenir.

A la suite de cette séparation, l’agonie de l’empire commence, surtout apres la mort de Théodose I le Grand. Deux idéologies se présentent: celle qui pleure la civilisation romaine submergée par les flots des Barbares, et celle, la plus jeune, qui se console avec la promesse d’un monde nouveau.

L’invasion des Visigoths en Gaule et en Espagne a affaibli l’Empire romain. La lutte des classes s’y manifeste fortement. Les humbles sont massacrés à cause de leur attachement au christianisme.

Chez les Visigoths, chez Attila, d’après les anciens historiens, les humbles ne sont pas opprimes comme chez les Romains. En 395, après la mort de Théodose, Alaric, roi des Visigoths, se trouva à la tête d’une expédition dont le but final était Constanti-nople. Il ravagea la Macédoine jusqu’au Péloponnèse.

La même année le capitaine Stilicon sauva Constantinople et la Thrace du pillage des Visigoths. En 402, Alaric envahit l’Italie et par cette manoeuvre l’Empire oriental fut sauvé. En 410, Alaric occupa Rome. En 433, le chef des Huns, Rua (ou Rugilas), prit la Pannonie jusque au diocèse Saviens.

La première invasion des Huns a été probablement à Sigindunum.Il reçut la Pannonie en récompense. En 441, pendant le règne de Théodose II, Attila, chef des Huns, traverses le Danube, occupa Sigindunum, Vincinatium, Sirmium et d’autres villes sur le Danube. II envahit les Balkans, occupa Naissus (Nis), Sardica (Sofia) et menaça Constantinople. Byzance fut obligée de payer rançon aux Huns.En 453, Attila mourut et les Balkans se débarrassèrent des Huns. L’Empire occidental romain était alors en pleine décadence.Léon I, devenu empereur en 457, régna 17 ans; il stabilisa Byzance tandis que l’Empire occidental était en pleine décomposition.

En 462, les Ostrogoths envahissent Byzance et occupent certaines régions. Le roi des Ostrogoths, Théodoric, était tout-puissant, même en politique intérieure, à Byzance.

En 464, les Sarmates envahissent la Pannonie orientale et occupent Sigindunum. En 471, les Ostrogoths entrent en campagne contre l’Empire occidental. En chemin, ils occupent Sigindunum, qui se trouvait aux mains des Sarmates et qui, à nouveau, rentre dans l’Empire oriental. En 474, après la mort de Léon I,le roi Léon II lui succède comme empereur de Byzance. En 477, Léon II, neveu de Léon I,est chassé par son père, l’Isaurien Zénon, personnage sombre. En 491, l’empereur byzantin Anastase I(491-518) permet aux tribus germaniques des Hérules de s’installer à Sigindunum.

L’Europe en année 526

LEGENDE : Rose : Byzance Ocre : Ostrogotes Rouge : Slaves

En 502 commence l’invasion des Slaves et des Avares dans Byzance, en Pannonie et aux Balkans; en Orient, l’invasion des Perses. Dans Byzance la situation est grave; la lutte des classes entre les verts et les bleus est intense. En 518 monte sur le trône d’Orient un Slavo-Illyrien de Macédoine nomme Justien (518-527). Il a conçu le plan aventureux de rassembler les terres romaines en un seul Empire romain universel, mais, occupé à l’Occident, il a négligé la frontière orientale. En 540, les Huns et les Bulgares franchissent le Danube et envahissent les Balkans.

Migration des peuples en VI siècle

LEGENDE :

Jeune : Huns, rouge : Goths, noir : Vandales, Avares, bleu : Francs, vert : Slaves

SLAVES

En 546, les Huns et une nouvelle nation, les Slaves, entrent en Illyrie barbare. Les Slaves franchissent de nouveau la ligne du Danube, envahissent 1’Illyrie

jusqu’à Epidamne. En 550, les Slaves empêchent Byzance de recruter des hommes en Illyrie et envahissent à nouveau les Balkans.

En 565, Justinien, l’auteur du code, n’est plus. Les Slaves sont venus jusqu’à

l’Adriatique. C’est une race ésotérique dont les origines nous échappent presque entièrement.

La Pologne orientale, le Sud de la Russie (Ukraine) sont leur habitat d’origine. Tout le reste est enveloppé de mystère.

Ils n’ont pas la chance d’être conduits par des personnages marquants qui aient laissé un nom dans l’histoire. Dans l’antiquité, ils décèlent leur présence sous des noms d’emprunt: Neuroï, Bouclinoï, etc.

On ne parle ensuite plus d’eux; jusqu’aux IV et V siècles, ils restent dans le plus profond oubli. Avant le VI siècle on ne parle plus de leur descente dans les Balkans.

D’apres l’historien de Justinien, Procope Césarée, c’est aux seuls Byzantins que nous devons la connaissance des Slaves. Les Slaves n’étaient pas de caractère

belliqueux. Ils étaient hospitaliers, ni méchants, ni faux. La femme, chez eux, était respectée.

Byzance appliqua avec succès son principe Divide et irnpera.La discorde des Celtes, des Germains et des Slaves venait peut être d’un défaut primordial d’organisation politique puissante dû au climat, aux vastes étendues, aux séparations

géographiques. Les Slaves avaient des difficultés qu’ils ont eu a vaincre avant de se constituer en Etat. Collectivistes nés, la communauté des biens est leur élément.

En religion, les Slaves étaient panthéistes, forme de croyance la plus réfractaire à l’acceptation pure et simple du christianisme. Ils adoraient les forces de la nature qui se confondaient avec Dieu. Ils croyaient à immortalité de l’âme et que dans l’autre vie se prologeait leur vie terrestre. C’est cette croyance qui explique la conversion à l’islamisme des Slaves de Bosnie. Ils ne craignent pas la mort et la préfèrent même à l’esclavage. C’est un peuple de mélanges curieux et

troublants, de pacifisme et de militarisme.

Les Slaves du Sud n’apparaissent dans l’histoire sous leur vrai nom que très tard. Au début de leur histoire, les Slaves du Sud sont fortement mêlés aux Goths et aux Avares sous le nom de Scythes et de Sarmates.

Leur nationalisme adhérait à la race, au sol et ne s’est condensé que fort tard en nations unifiées, consolidées, conscientes d’un but et d’un programme. Ils n’acceptèrent 1’Evangile qu’en leur langue aux caractères cyrillique, inventé pour leur usage personnel par deux Grecs slavisés de Thessalonique (Cyril et Methodie).

Les Slaves, occupant la région des plaines pannoniennes jusqu’au Péloponnèse, s’installent sans bruit, sans fracas. Nous tâcherons de présenter en termes brefs leur marche en Europe.

Tout d’abord englobés dans l’Etat des Huns et plus tard dans celui des Francs et Avares, ils portaient tantôt le nom de Slaves, tantôt un autre nom. Un rythme

mystérieux règle leur avance; on les trouve tout à coup tranquillement installé dans les pays illyriens.

Première étape : La prise de possession de toute la frontière nord de l’empire et de la rive du Danube inférieur. Sous le règne de Justinien I,avant 527, ils envahissent les provinces transdanubiennes, mais sans s’y fixer définitivement.

Deuxième étape : En 534, après avoir battu le gouverneur byzantin de Thrace, ils

franchissent le Danube; en 547, ils pénètrent pour la première fois en Illyrie, jusqu’a Epidamne. En 549, une bande slave pille la Thrace et bat un général

byzantin près d’Andrinople. En 550, les Slaves ravagent encore 1’Illyrie. En

559, une nouvelle invasion, à laquelle s’associent les Huns, arrive aux porter de Constantinople.

Troisième étape : Pendant un siècle, les Barbares, ainsi que les historiens appellent les Slaves, les Avares et les Huns, menacent l’existence de l’empire d’Orient. Depuis 580 il ne se passe pas une seule armée que Byzance ne soit menacée.

Quatrième étape va de 575 a 582. Une guerre terrible éclate entre Byzance et faux

Avares conduite par un grand chef nomme Khagan Bajan. Le théâtre de la guerre se trouve être la contrée danubienne située spécialement entre Sigindunum et Sirmium

(Sremska Mitrovica). Les Avares et les Slaves de Pannonie font pression sur toute la frontière du Danube et de la Drave jusqu’à la mer Noire. En 579, Khagan Bajan se dirige vers Sigindunum et Sirmium. II oblige les Romains à construire un pont sur le Danube près de Sigindunum.

En 582, Khagan Bajan prend Sirmium; en 583, Sigindunum (Belgrade) et Viminatium (Kostolac en Serbie). En 583 et 587, guerre sans relâche. En 592, le roi Maurice se met à la tête d’une forte armée à Constantinople. De son côté, Khagan Bajan appelle à nouveau tout ce qui est Avares, Huns, Slaves. De 593 a 597, la guerre se déroule, surtout contre les Slaves, mais, au fond, ce n’est que marche contre marche. En 597, les Slaves débordent et viennent à Thessalonique.

En 599, le général romain Priscus reprend Sigindunum (Belgrade), qui avait été occupée par les Slaves et les Bulgares, allies à Khagan Bajan. Les Slaves, qui composent en majorité l’armée, se retournent vers 1’Adriatique. Les Slaves et l’armée de Khagan envahissent l’Italie, emportant tout, ravageant, saccageant, incendiant (la lettre du pape Grégoire le Grand nous apprend cet épisode). L’an 600 s’annonce bien triste pour les Romains; Khagan bat une armée envoyée en aide à Priscus, et c’est Constantinople, à son tour, qui est menacé. Mais la peste, qui ravage l’armée de Khagan, lui est fatale, et encore une fois la frontière de l’empire se retrouve sur le Danube.

En 619, les Huns et les Slaves, sous le nouveau Khagan, s’unissent pour la dernière fois en un suprême effort pour s’emparer de Constantinople; mais ils sont repoussés, avec de lourdes pertes, sous les murs de la capitale byzantine.

En 630, le dernier Khagan chef des Avares disparu, et depuis cette époque, sans doute, Sigindunum reste tranquillement sous la domination byzantine. L’Avarie est réduite à la seule Pannonie, actuellement la Hongrie.

Après 630, les peuples slaves se partagent en Croates et Serbes,

dénominations du même peuple. Byzance a voulu cette division, qui plus tard a joué un grand rôle entre Rome et Constantinople, en poussant les uns au catholicisme et les autres à l’orthodoxie. Même de nos jours, cette division joue un grand rôle historique et politique.

Dans le document Planification urbaine: le cas de Belgrade (Page 140-145)