Chapitre 2 : ÉVOLUTION DES CONDUITES ALIMENTAIRES DU JEUNE ENFANT LORS
II. Méthode
II.2 Conception de l’Inventaire des Conduites Alimentaires
II.2.2 Choix des items de l’ICA
Une revue de la littérature a été effectuée préalablement à la création du questionnaire dans le but d’identifier les facteurs impliqués dans le développement des conduites alimentaires précoces (voir chapitre 2.I.2). Les différents facteurs recensés nous ont permis de constituer les items de notre questionnaire, lesquels ont été regroupés en quatre sections en fonction des variables d’observations visées : informations générales (i.e informations personnelles et antécédents médicaux), activités extra-alimentaires, mode d’alimentation et posture. Le Tableau VII synthétise pour chacune des questions les variables observées ainsi que les principales références bibliographiques justificatives correspondantes.
Informations générales
Date de remplissage - Date de naissance Âge
Sexe de l'enfant Sexe
Poids à la naissance de l'enfant/Poids actuel (kilos) Poids
Âges de la mère et du père Âge parents
Pays de naissance des parents Origine culturelle
Profession et dernier diplôme obtenu des parents Catégorie socio-professionnelle
Nombre et âge des frères et sœurs Rang dans la fratrie
Antécédents médicaux
Accouchement par voie basse/césarienne Type d'accouchement
Naissance à terme/ prématuré (degré de prématurité) Réflexe de succion mature Ventilation artificielle/durée de la ventilation Sensibilité de la sphère orale Alimentation artificielle/type et durée de l'alimentation artificielle/stimulations orales
Bilan des réflexes archaïques à la naissance Intégrité du tronc cérébral
Malformation orale/ type de malformation Troubles de la sphère orale
Présence de troubles ORL (antécédents/actuel) Antécédents médicaux
Traitements en cours (anti nauséeux, anti reflux)
Présence de dents/nombre de dents Alimentation dentée
Activités orales extra-alimentaires
Fréquence de mise en bouche d'objets (tétine, pouce, doudou, …) Recul du reflexe nauséeux
Mode d'alimentation actuel
Réaction négative à certaines matières (plastique, caoutchouc,…) Difficultés alimentaires Difficultés alimentaires (régurgitations, vomissements, diarrhées, …)
Alimentation lactée
Allaitement au sein ou au biberon Mode d'alimentation lactée
Durée des repas Durée des repas
Alimentation complémentaire
Durée des repas Durée des repas
Âge des premiers repas « à la cuillère » Âge du début de l’alimentation complémentaire
Difficulté pour passer à la cuillère Difficulté du sevrage alimentaire
Utilisation des doigts pour manger Coordination Œil-main-bouche
Utilisation de la cuillère de façon autonome Coordination Œil-main-bouche
Utilisation verre-tasse pour boire
Fréquence et types d'aliments consommés (soupes, purées, petits pots, yaourts, compotes, solides qui se dissolvent rapidement, morceaux mélangés à des liquides, solides)
Type et fréquence des textures consommées et types d’aliments consommés
Réticence pour manger certains aliments Néophobie alimentaire
Selon vous votre enfant : « Semble apprécier le fait de manger, est un petit mangeur, détourne la tête face à la cuillère… »
Évaluation qualitative
Posture
D’après le Brunet et Lézine révisé (Josse, 2001)
65 II.2.2.1 Informations générales et anamnèse
Compte tenu de l’influence des facteurs socio-économiques et culturels sur l’âge d’introduction de l’alimentation complémentaire et le type d’aliments complémentaires proposés (Betoko et al., 2013; Dubois & Girard, 2003; Pak-Gorstein, Haq, & Graham, 2009; Scott et al., 2009; Thulier & Mercer, 2009; Wright, Parkinson, & Drewett, 2004) l’âge de l’enfant, la parité, la catégorie socio-professionnelle des parents, âge et pays de naissance des parents ont été recensés. De plus, des questions en lien avec les antécédents médicaux des participants ont été formulées. En effet, l’évolution des facteurs physiologiques (e.g. neurophysiologique, anatomique, moteur) (voir chapitre 2.I.2) jouant un rôle déterminant pour la transition de l’alimentation lactée vers l’alimentation familiale, l’intégrité des structures orales et cérébrales s’avère indispensable pour le développement optimal des conduites alimentaires. De ce fait, une liste des antécédents médicaux pouvant entrainer des conséquences sur le développement normal de la sphère orale et des comportements alimentaires a été constituée. Cette liste comprenait :
- le degré de prématurité (Burklow, McGrath, Valerius, & Rudolph, 2002 ; DeMauro, Patel, Medoff-Cooper, Posencheg, & Abbasi, 2011)
- l’utilisation de la ventilation et/ou de l’alimentation artificielle à la naissance (Chevalier & Garcia, 2012; Delfosse, 2006 ; Puech & Vergeau, 2004)
- la présence de troubles Oto-Rhino-Laryngologiques et traitements en cours (Abadie, 2004a ; Gordon-Paumares, 2004)
- l’intégrité des réflexes archaïques à la naissance ou encore la présence de malformations orales (Abadie et al., 1999;Thibault, 2007; Renault, 2008)
Enfin, des questions plus générales telles que le type d’accouchement (Sakalidis et al., 2012), le poids à la naissance et actuel ou encore le nombre de dents (Thibault, 2007 ; Szczesniak, 1972) ont été ajoutées.
II.2.2.2 Activités orales extra-alimentaires
Pour rappel, l’amélioration progressive des compétences de préhension permettent à l’enfant de mettre les aliments à la bouche et de faire reculer le réflexe nauséeux (voir chapitre 2.I.2.4.2). Selon Chevalier & Garcia (2012), la mise en bouche d’objets pourrait également jouer un rôle
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dans le déplacement postérieur de ce réflexe. De ce fait, il a paru intéressant de questionner les parents sur le type (tétine, pouce, doudou, doigts, jouets) et la fréquence (jamais, parfois, souvent, très souvent) des activités orales extra-alimentaires de leur enfant.
II.2.2.3 Type d’alimentation actuel
Toutes les questions concernant les conduites alimentaires de l’enfant sont regroupées dans cette section. Celle-ci se subdivise en deux parties. Dans la première partie, des questions générales comme le nombre et le type de repas journaliers, l’identité des personnes qui administrent ces repas ainsi que la manifestation de réactions négatives à certaines matières (e.g. plastique, caoutchouc) et de difficultés alimentaires ont été posées aux parents. La seconde partie est quant à elle constituée de questions différentes selon que l’enfant consomme une alimentation lactée ou qu’il mange des aliments complémentaires. Dans le cas où l’enfant suivait une double stratégie alimentaire, le parent devait répondre aux questions concernant les deux types d’alimentation.
• Alimentation lactée
L’objectif de cette étude étant principalement axé sur la période de transition alimentaire, seules des questions à propos du type d’alimentation lactée donné à l’enfant (i.e. allaitement maternel et/ou biberon) ainsi que la durée de ces repas ont été posées aux parents.
• Alimentation complémentaire
En raison de la variabilité relatée dans la littérature concernant l’âge d’introduction de l’alimentation complémentaire chez l’enfant français ( Betoko et al., 2013; Bournez et al., 2017; Lange et al., 2013; Salavane et al., 2016) et des objectifs de cette étude, des questions relatives à l’âge du passage à la cuillère et à la fréquence de consommation (i.e. jamais, parfois, souvent, très souvent) de différentes catégories d’aliments ont été posées. Ces questions prenaient la forme d’une liste qui comportait le type d’aliments suivants: soupes, purées, petits pots, yaourts, compotes, solides qui se dissolvent rapidement, morceaux mélangés aux liquides, solides. Cette liste d’aliments correspondait à des textures distinctes (i.e. liquides, mixées, semi-solides, solides, morceaux mélangés aux liquides) qui, de par leurs propriétés structurelles distinctes, impliquent la mise en œuvre de processus oraux différents (Koç, Vinyard, Essick, & Foegeding, 2013) (Tableau VIII). En effet, tandis que les textures fluides (i.e. liquides, mixées) peuvent être
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traitées avec très peu de processus oraux avant d’être dégluties, les textures solides nécessitent quant à elles la présence de compétences masticatoires suffisamment développées (voir chapitre 2.I.2.4.1) nécessaires à la destruction du bol alimentaire avant la déglutition. Notons que les petits pots et les yaourts n’ont pas été pris en compte lors des analyses car ces deux catégories d’aliments représentent à elles seules une variété de textures (e. g. purées, semi-solides, morceaux mélangés à des liquides) et ne donnent pas d’informations précises concernant le type de textures consommé.
Catégories d’aliments Type de textures
Soupes
Fluides Liquides
Purées, Compotes Mixées
Solides qui se dissolvent rapidement (e.g. biscuits à la
cuillère, galettes de riz)
Semi-solides Solides (e.g. Pomme, morceaux
de viandes coupés) Solides
Morceaux mélangés aux liquides (e.g. yaourt mélangé avec des
morceaux de fruits)
Multi-textures
Tableau VIII. Catégories d'aliments présentes dans le questionnaire parental et type de texture associé
Par ailleurs, d’autres questions telles que la durée des repas, la fréquence d’utilisation d’un verre-tasse, de la réticence à manger certains aliments ou encore des questions qualitatives « Selon vous, votre enfant… » (e.g. semble apprécier le fait de manger, hésite avant de manger un nouvel aliment, appréhende le moment) ont également été ajoutées dans le questionnaire. II.2.2.4 Posture
De manière à investiguer le lien éventuel entre le développement de la posture et l’évolution des pratiques alimentaires (voir chapitre 2.I.2.4.2) des questions issues de l’échelle de développement psychomoteur de la première enfance (Brunet & Lézine révisé, Josse 2001) ont été utilisées. Cette échelle standardisée évalue le niveau de développement de l’enfant de 0 à 30
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mois dans 4 domaines de compétences : postural, coordination, langage et sociabilité. Dans le cadre de cette étude, seuls les questions concernant la posture issues de cette échelle ont été conservés. De surcroit, les questions susceptibles de poser des problèmes de compréhension aux parents ou nécessitant une manipulation préalable de l’enfant ont été retirés de la liste proposée (n= 15) (Figure 6).
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