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CHAPITRE I : LA CHUTE D'UN MONDE

1.2/ LA CHASSE EN PROIE AUX MUTATIONS

Les chasses fantastiques décrivent un monde en voie de disparition, ou tout du moins conçu et pensé comme tel. Elles sont souvent lourdes de sous-entendus concernant le rôles des croyances, en positif ou en négatif, permettant à l'homme d'accéder à l’invisible ou, au contraire, l'enfermant dans les fers de la superstition.

Ces chasses hors du commun évoquent indirectement des problèmes et des changements sociaux tels que la place de la chasse et du chasseur dans la société, notamment autour du thème du chasseur maudit, qui témoigne d'une intense réflexion autour de la violence et du contrôle cynégétique au sein d'un groupe.

Le mauvais chasseur, celui qui cède à ses instincts, celui qui n'écoute plus les conseils et ne suit plus les règles édictées, est chassé, expulsé du monde des hommes car il représente un danger pour tout le groupe.

Mais la chasse elle-même évolue et fait l'objet de bien des transformations. En tant qu'autorité morale, religieuse et juridique pendant une bonne partie de la période médiévale,

l’Église catholique a particulièrement façonné la chasse. Nous avons évoqué les prêtres maudits qu'on retrouve parfois à la tête de certaines chasses. Le clergé pratiquait ouvertement l'art cynégétique au Moyen Age, surtout les évêques. Il fallut plusieurs interdictions lors de conciles successifs pour bannir peu à peu cette dérangeante pratique, notamment le concile d'Agde (506), d'Albon (517) ou encore celui de Mâcon (585).391

a) Une pratique en voie de démocratisation

La chasse a été pendant plusieurs siècles l'apanage de la noblesse. Ce monopole intransigeant a enfanté le concept de braconnage soit l'acte de chasser en dehors du cadre réglementaire et juridique.

La Révolution française abolit ce privilège. S'en suivit un processus de démocratisation de la chasse. Elle était certes pratiquée depuis des siècles (notamment lorsque les seigneurs locaux fermaient les yeux sur certaines pratiques car la chasse était nécessaire à la protection des récoltes) mais l'intérêt pour la chasse se met à croître tout au long du XIXe siècle.

La chasse s'ouvre à davantage de monde, même si le prix des armes nouvelles, comme le fusil, rebute un certain nombre de prétendants qui s'en tiennent à une forme de chasse plus traditionnelle.

Par ailleurs, la juridiction concernant la chasse ne cesse de se spécialiser. L'instauration d'un permis de chasse, d'abord en 1810 puis réformé en 1844392 vise avant tout à refréner les ardeurs

croissantes des chasses populaires ainsi qu'à lutter contre le braconnage.

Le Code de la chasse de 1844393 précise certains points comme la réglementation du permis

de chasse et la question de son prix (Section 1ère, art. 5).

Par ailleurs, la chasse est déjà le sujet de maintes tensions au sein de la sphère politique.394

Entre l'augmentation du nombres de disciples de Nemrod et la réglementation de la pratique, avec notamment le permis de chasse, nombreux sont les mécontents.

« De nos jours, la chasse est à la portée de tout le monde, et il suffit d'avoir vingt-huit francs dans sa poche pour s'offrir un permis de chasse, qui vous donne le droit... de vous promener avec un

391 Voir à ce sujet : BORD L.-J. et J.-P. MUGG, La chasse au Moyen Âge: Occident latin, VIe-XVe siècle, Aix-en- Provence, Compagnie des éditions de la Lesse, Éditions du Gerfaut, 2008, p.83-84.

392 ESTÈVE C., « Les transformations de la chasse en France : l'exemple de la Révolution », Revue d’histoire moderne

et contemporaine, tome 45 N°2, Avril-juin 1998, p. 424.

393 Code de la chasse, contenant la loi du 3 mai 1844, les instructions des ministres de la justice et de l'intérieur, et les

formules des actes relatifs à son exécution, Prudhomme et Blanchet, Grenoble, 1844.

394 Voir à ce sujet : ESTÈVE C., « Recherches sur la question cynégétique en 1848 », Revue d'histoire du XIXe siècle,

fusil sur les grandes routes. Car si vous n'avez pas loué une chasse d'avance ou pris une action dans une société de chasseurs, il ne faut pas compter que vous pourrez faire un pas sur le territoire d'une commune sans voir se dresser devant vous le terrible garde-champêtre, avec la formule sacramentelle à la bouche : "La chasse est défendue sur les propriétés de M. Machin." Or, comme vous ne connaissez pas plus M. Machin que M. Pierre ou M. Jean, et qu'il y a vingt ou trente propriétaires de la commune qui ont défendu leur chasse, il en résulte que le permis délivré par la préfecture est un leurre, une simple fumisterie. »395

Cette démocratisation de la chasse est évidemment une conséquence des changements qui traversent la société tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle est renforcée par

l'extension à une plus grande partie de la société de l'idée de loisir, qui fait que les ruraux comme les citadins partagent ce divertissement, avec évidemment des différences notables.

b) Vers une culture de masse

La chasse voit également se poser les fondations d'une véritable culture : les vieux traités qui jalonnent son histoire, comme le très célèbre Livre de la chasse de Gaston Phébus (1331-1391), laissent place à un abondant processus de création.

La chasse devient un sujet sur lequel on écrit de manière totalement nouvelle : on théorise, on édicte les différences entre le bon et le mauvais chasseur, l'amateur, le chasseur du dimanches et l'homme de talent. La chasse, cet outil de mort, devient un prétexte de création intellectuelle.

« Parmi les sports, - puisque sport il y a, - le plus vieux de tous, la chasse, tient toujours la corde et le record. Certes, la chasse actuelle, ce n'est plus la lutte à la vie, à la mort, que nos ancêtres ont pratiquée, alors qu'au fond des forêts ils attaquaient, à coups d'épieu, la bête fauve, et la tuaient, sous peine de périr s'ils la manquaient ; ce n'est même plus la vieille chasse classique que nous avons connu nous-mêmes, quand le gibier « se défendait » et qu'il fallait le surprendre, le dépister et le vaincre, par la coalition de l'endurance et de la ruse, chez le chasseur et chez le chien. La chasse, comme toute chose, a pris une figure nouvelle. »396

Le problème du droit de chasse et de son impact sur l'environnement direct entraîne des

395 SERGINES, « Les Échos de Paris, I. - Pour vingt-huit francs », Les Annales politiques et littéraires : Revue

Populaire paraissant le Dimanche, 1894/09/02 (A12,T23,N584), p.148.

396 HANOTAUX G., « La Vie Moderne : La chasse », Les Annales politiques et littéraires : Revue Universelle

débats houleux tout au long de cette période. Chaque camp, les chasseurs et leurs opposants ont dorénavant accès à un nouveau moyen d'information : le journal.

« Le plus grand succès français en cette matière est Le Petit Journal, le premier à être vendu un sou [5 centimes], et qui atteint 583 000 exemplaires en 1880 après avoir été créé seulement en 1863. Très tôt, la compétition entre les titres pousse les patrons de presse à l'innovation et à une politique commerciale agressive. »397

A travers le journal se forge un espace de réflexion et de discussion, d'échange et de polémique : à travers lui s'instaure une véritable culture de chasse. Cette dernière à la particularité d'être également une culture de masse. Elle touche un large corps de la société, pour ne pas dire l’ensemble : cette culture de chasse est avant tout une culture de masse car elle propage un bagage d'images, de symboles, de références, de stéréotypes commun aux chasseurs comme aux non- chasseurs. Les histoires de chasse dans ce genre ne sont pas uniquement propres aux revues spécialisées : elles touchent alors un plus large lectorat.

Par exemple, dans le Le Figaro, Supplément littéraire du dimanche du 1er octobre 1881,

Tony Révillon évoque la célèbre rencontre du cerf avec celui qui deviendra saint Hubert. Il dénonce chez ce dernier l'ensauvagement qui l'habite en dressant un portrait caricatural : « Un homme en justaucorps de peau, la tête nue, précède le groupe, sonnant avec fureur d'une trompe droite, qu'il retire de temps en temps de ses lèvres ensanglantées... Cet homme se retourne vers ses compagnons ; son regard enflammé leur montre la forêt au bout de la plaine ; on cesse de retenir les chevaux et l'avalanche de se précipiter sur la pente de la colline... Les paysans, effarés, s'écartent et voient, leurs bonnets à la main, passer la chasse du comte Hubert. »398

Dans le Le Petit journal, un auteur évoque l'ouverture de la chasse : « Au moment où vont recommencer les joyeuses réunions de chasse, si souvent animées, à l'heure des repas, d'histoires extraordinaires, une incursion dans le domaine des vieilles légendes de vénerie nous semble tout indiquée. Que de souvenirs miraculeux y sont épars, tous issus de l'imagination populaire et recueillis par les chansons de geste, par les chroniques du moyen âge, par la tradition. »399

Le même auteur cite alors l'incontournable légende de saint Hubert, mythe centrifuge, avant d'évoquer la chasse sauvage outre-Rhin et de la comparer aux récits qu'on trouve en France : « Dans le Berry, c'est la chasse à baudet, ainsi appelée à cause de son bruit qui imite le braiment des ânes. […] En Normandie, Herleguine, une femme, conduit le sabbat […]. En Gascogne, c'est la diablesse Luna, qui ne serait autre que la déesse païenne Diane, s'il faut en croire le Capitulaire de

397 BOURGUINAT N. et PELLISTRANDI B., Le 19e siècle en Europe, Armand Colin, Paris, 2003, p.286.

398 RÉVILLON T., « M. Tony Révillon et Saint Hubert », Le Figaro, Supplément littéraire du dimanche, 7e année,

n°40, samedi 01/10/1881, p.159.

Baluze. »400

Les revues dédiées aux chasseurs vont également participer à la mise en place de cette culture commune de la chasse et sur la chasse. Il existait certes auparavant un certain nombre de traités, mais ces derniers demeuraient peu accessibles. Désormais, par le journal, comme Le

Chasseur français fondé en 1885, les écrits, les commentaires et les discussions sont à la portée

d'un plus grand nombre. Leur originalité réside dans le fait qu'ils ciblent un thème (la chasse) et un lectorat (les chasseurs).

Par ailleurs, le journal appartenant au monde cynégétique est bien souvent associé à une société : les gens de chasse s'organisent, se rassemblent, se regroupent. Sous prétexte que les animaux disparaissent, victimes du braconnage, les chasseurs forment corps. C'est bien ce qui semble être le motif de la fondation du Journal des chasseurs : organe officiel de la Société des

chasseurs de la Haute-Garonne en 1892 : « Il n'y a plus de gibier ! Le braconnage détruit tout ! Tel

est le cri général. Il était donc urgent, puisque nos lois existantes sont impuissantes à arrêter le braconnage, de se coaliser, de former un groupe compact et d'opposer aux bandes de braconniers une véritable armée de chasseurs prêts à faire respecter leur droit. C'est pourquoi des sociétés de chasse se fondent tous les jours [...] ».401

La direction du journal précise d'elle-même la diversité des sujets abordés :

« Notre journal traitera de toutes les questions se rattachant à la chasse : braconnage, conservation et multiplication du gibier, amélioration de nos races canines, choix du chien, choix des armes etc... ; il traitera, en outre, de l’élevage des autres races d'animaux domestiques : chevaux, volailles, pigeons etc...

Le sport hippique, la médecine vétérinaire, l'hygiène du chasseur, trouveront également une place dans nos colonnes. Voulant enfin joindre l'utile à l'agréable, nous parlerons des questions agricoles à l'ordre du jour.

Nous faisons appel à la collaboration de tous nos abonnés, qui voudront bien nous tenir au courant des événements cynégétiques ou sportifs se déroulant dans leur localité. »402

Ces journaux véhiculent des images, qui succèdent aux estampes, dont certaines représentaient le chasseur au repos, ou sur le départ.403 Mais le plus grand succès revient à la 400 Idem. Voir également, sur cette même page, la publicité interpellant les chasseurs et vantant les « plus beaux fusils

du monde » (p.6) signe évident d'un marché florissant.

401 LA DIRECTION, « Aux Chasseurs », Journal des chasseurs : organe officiel de la Société des chasseurs de la

Haute-Garonne, 1892/06/16 (N1), p.1.

402Idem.

403Voir par exemple : Imagerie d’Épinal, N° 428, La chasse : [estampe], Pellerin et Cie, imprimeur.-éditeur, Épinal, 1891 (Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FOL-LI-59 (12).) [accessible depuis Gallica.bnf.fr : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6938765x (Consulté pour la dernière fois le 02/05/2019 à 12:56)] . L'une des images représente et décrit un braconnier comme un « chasseur chassé ».

photographie : on illustre grâce à elle les trophées, les bêtes abattues et encore chaudes, les chasseurs ou encore leurs chiens. Les chasseurs posent désormais pour l'objectif ; d'où le travail du costume, de l'image, de la représentation qui joue un grand rôle au sein des partisans de Nemrod.

La chasse est en pleine réinvention : juridique, technique, mentale et culturelle. L'apparition du journal est indissociable de la naissance de la publicité : entre les dates d'ouverture de la chasse et divers conseils d'hommes aguerris, les journaux spécialisés vantent les derniers fusils et les nouveaux revolvers, divers accessoires de chasses, esthétiques ou utilitaires. Ils traitent aussi des échanges entre chasseurs, de la vente entre particuliers, ou encore de réparations d'armes.404

Pour être une véritable culture de masse, la chasse s'inscrit dans un grand récit fondateur, unanimement reconnu par les initiés. Il s'agit ici de la Révolution française.

Cette dernière permet en effet un changement majeur au niveau juridique, même si dans les faits, la chasse était plus ou moins tolérée suivant les régions et les seigneurs sous l'Ancien Régime. La chasse est une pratique conçue comme républicaine, alors que le roman national immortalise l'Ancien Régime au travers de nobles ingrats et violents, seuls autorisés à mener la chasse, non point tant contre les animaux sauvages que contre leurs propres paysans.

« J'ai connu, dans mon enfance, des vieillards, de véritables « hommes de bois », ayant passé leur jeunesse dans la vieille queue de la forêt des Ardennes, avant qu'elle fût défrichée, et qui racontaient avec émotion, oui, les larmes aux yeux, après soixante ans, que leur père eux, en 1790, les avait, un beau jour, menés en forêt, dans la forêt jusque-là interdite, et, leur mettant le fusil en main, leur avait dit : "Tire, tire et souviens-toi toujours que c'est d'aujourd'hui que les Français sont des hommes libres !" Telles sont les origines ; il ne faut jamais les perdre de vue. Toute réglementation nouvelle doit, sous peine d'échec, s'y référer. Sinon, on risquerait une grosse partie, et, comme on dit, le jeu n'en vaudrait pas la chandelle. »405

La chasse en tant que culture s'accompagne également de la création de fêtes : à l'occasion de l'ouverture de la chasse ou lors d'événements et d'occasions exceptionnelles, les chasseurs se regroupent, se rassemblent pour célébrer leur passion commune. Des dates sont choisies et conçues comme déterminantes au nom d'un principe qui est le respect de la tradition. Il en est ainsi de la fête de saint Hubert, dans ce texte de 1927, qui témoigne d'une culture de chasse désormais solidement implantée, ancrée dans les esprits :

« On va, la semaine prochaine, fêter la Saint-Hubert. Cérémonie qui, pour être fort catholique, n'en est pas moins un peu païenne. La petite église du village a été décorée de massacres et de trophées. On a

404 Par exemple : Journal des chasseurs : organe officiel de la Société des chasseurs de la Haute-Garonne, notamment la publicité de la « Manufacture française d’armes de chasse et de tir » accompagnée illustrations (p.4). 405 HANOTAUX G., op. cit., p.291.

suspendu des trompes aux bois des cerfs. On a garni la nef et l'autel des fleurs de l'automne. Tout l'équipage est en grande tenue ; devant la table, deux piqueurs et deux chiens, les plus sages, les plus silencieux. [...]

Je ne crois pas qu'il existe beaucoup d'humains qui restent indifférents à l'appel des trompes dans la forêt. Le bûcheron lève la tête, cherche le vent, hume l'air. Les ramasseurs de bois mort et les chercheurs de champignons abandonnent leur travail pour se précipiter vers le carrefour où ils espèrent voir passer la chasse. Deux amoureux romantiques, qui s'imaginaient être seuls dans la forêts, se serrent les mains, en défaillant d'émotion... On rencontre dans les chemins, les sentiers, les layons, des femmes et des enfants qui trottent ; des cyclistes se faufilent, des automobiles s'embourbent. Là-bas, on entrevoit autour d'un poteau écartelé quelques cavaliers. - Ah ! Un cri, le cerf vient de sauter un chemin. Mais ce n'est pas parce qu'il a passé par ici qu'il ne repassera pas par là. La trompe guide les suiveurs impatients. Le bien aller, plein d'une large confiance, la vue, le débuché, - une faute ! - le volcelest, l'eau, l'hallali, la mort, les honneurs... Musique d'une vieille religion, accompagnement d'une tragédie.

Et malgré tous les raisonnements, toute la sensibilité d'un cœur civilisé, combien, au moment où le cerf passe, poursuivi par la meute exaspérée, ne sentent pas renaître en eux un vieil instinct..., ce vieil instinct dont une tête de renne donne la date originaire, sur une brique de Glozel... ou sur la paroi d'une grotte. »406

L'exemple de Glozel est particulièrement frappant : de cette grande affaire archéologique (commencée en 1924) d'où il a fallu démêler pendant de longues années le vrai du faux, on peut tirer une réflexion rapide : la chasse, en tant que pratique contextualisée dans la fin du XIXe siècle et

du début du siècle suivant, s'attache à faire du vrai avec du faux. La chasse résulte d'une alchimie, d'un amalgame, d'un mélange d'anciennes pratiques et connaissances avec une inspiration novatrice étonnante. Elle invente autant qu'elle transmet sur le long terme.

La célébration de saint Hubert à une date précise est en cela révélatrice. Fête religieuse, fête également profane, la saint Hubert est un événement fondé sur la célébration indirecte et latente de la fièvre de chasse, de la passion qui dévore le chasseur, pour ne pas dire chaque être humain. C'est l'occasion, c'est un prétexte pour être ensemble, entre chasseurs, entre croyants, entre initiés voire entre souffrants d'une même maladie.

La culture de chasse entraîne la création ou la réécriture d'un certain nombres de prières et de chansons, parfois entonnés lors d'événements de ce genre :

« I

Allons, pieux chasseurs, Vers le ciel élevons nos cœurs, Plus de joyeux mots, de grivois propos,

406 DIEUDONNÉ R., « La Saint-Hubert », Les Annales politiques et littéraires, Grande Revue Moderne de la Vie

Mais un ton décent, Et d'un tendre accent, Sur l'air de Dagobert, Célébrons le grand saint Hubert.

II

Un jour que ce païen, Qui n'avait de croyance en rien,

Suivait, dans les bois, Un cerf aux abois,

Un miracle fit Tomber le fusil De la main du chasseur Et... l'impiété de son cœur. […] »407

Un autre point important dans la construction et la maturation d'une culture de masse est la place qu'occupe la colonisation. En effet les grandes chasses qui en découlent jouent alors un rôle important et façonnent considérablement l'imaginaire cynégétique de l'époque, notamment tout ce qui touche de près ou de loin à l'exotisme.

« La chasse menée dans les colonies est donc bien une mise en scène pour souligner le sang- froid du chasseur. Les récits coloniaux insistent souvent sur l'atmosphère de terreur qu'inspire l'Afrique aux combattants/chasseurs : cernés par des lions, visités la nuit par des hippopotames, ou