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L’expérience de traduction du groupe de travail « Iwwersetzung vun der Bibel op

Lëtzebuergesch » - description à l’exemple de Mc 1, 1-45

En guise d’entrée en matière, nous avons donné, dans l’Introduction, un aperçu historique sommaire de la situation linguistique spécifique au Grand-Duché de Luxembourg, de 1815 jusqu’à la publication de l’Evangeliar en 2009.

Le but de ces pages était de décrire le « Sitz im Leben » de cette première tentative de traduction d’un évangéliaire en luxembourgeois.

À présent nous exposons les critères et la méthode de travail que le « Aarbechtsgrupp Iwwersetzung vun der Bibel op Lëtzebuergesch » s’était fixés.

Puis, nous allons décrire, à partir d’exemples concrets, un certain nombre de difficultés rencontrées lorsque l’équipe de traduction a essayé d’appliquer les règles qu’elle s’était elle-même données.

Enfin nous tâcherons de tirer des conclusions de notre expérience de traduction biblique afin de dégager certaines pistes susceptibles de contribuer à une révision de la traduction publiée en 2009.

Il serait tout à fait illusoire de prétendre résoudre des questions millénaires inhérentes à toute entreprise de traduction.

De même, nous sommes conscients que traiter de tous les problèmes soulevés par notre démarche de traduction de l’Evangeliar serait le travail d’une vie, et encore.

L’objectif de cette remise en question est, dans le meilleur des cas, de parvenir à affiner les critères et les choix du groupe de traduction en vue d’une relecture du travail paru en 2009.

II. 1. Critères et méthode de travail du « Aarbechtsgrupp Iwwersetzung vun der Bibel op Lëtzebuergesch »

La mission du groupe de travail « Iwwersetzung vun der Bibel op Lëtzebuergesch » était de fournir, à partir du texte grec dans la version de Nestlé-Aland 27, une traduction en luxembourgeois des péricopes des évangiles du dimanche des trois années liturgiques, des fêtes des saints, de la fête de la consécration de l’église locale et des évangiles lus durant le

pèlerinage de l’Oktave selon l’Ordo Archidioecesis Luxemburgensis1.

L’initiative en revient à Mgr Jean Hengen, alors archevêque du Luxembourg. Or, dans le groupe de travail sont nommés en 1993 par son successeur Mgr Fernand Franck, archevêque du Luxembourg, trois théologiens avec néanmoins des accents différents dans leur formation : un liturgiste (qui est, en outre, membre de l’« Actioun Lëtzebuergesch » dont

il a été question dans l’Introduction au présent travail) et deux exégètes néo-testamentaires2.

Le quatrième membre du groupe est la secrétaire, ayant une expérience affirmée dans un bureau de correction en général et, plus particulièrement, dans la correction de textes en

luxembourgeois3.

Personne dans ce groupe de travail n’avait une expérience de traducteur. C’est donc comme théologiens que l’équipe a abordé sa tâche.

Aussi le groupe de travail a-t-il cherché à organiser son travail.

1

Ordo Archidioecesis Luxemburgensis : Directorium für Offizium und Messfeier in der Erzdiözese

Luxemburg für das Jahr 1993, herausgegeben im Auftrag von Mgr Fernand Franck, Erzbischof von Luxemburg (1993). Luxemburg : Saint-Paul ; Ordo Archidioecesis Luxemburgensis : Directorium für Offizium und Messfeier in der Erzdiözese Luxemburg für das Jahr 1994, herausgegeben im Auftrag von Mgr Fernand Franck, Erzbischof von Luxemburg (1994). Luxemburg : Saint-Paul ; Ordo Archidioecesis Luxemburgensis : Directorium für Offizium und Messfeier in der Erzdiözese

Luxemburg für das Jahr 1995, herausgegeben im Auftrag von Mgr Fernand Franck, Erzbischof von Luxemburg (1995). Luxemburg : Saint-Paul. - En 1993 nous n’avons pas eu à tenir compte des

consignes de Liturgiam Authenticamqui dans son article 36 revient sur l’usage des langues

vernaculaires dans l’édition des livres de la Liturgie romaine ; elle ne sera en effet publiée que le 28 mars 2001.

2En cours de route, cf. note 6, p. 11, l’un des exégètes néo-testamentaires sera remplacé par un

exégète vétéro-testamentaire.

3

Au début,trois des collaborateurs étaient Luxembourgeois de naissance ; après que l’exégète vétéro- testamentaire eut rejoint le groupe de travail, celui-ci était constitué uniquement de personnes parlant le luxembourgeois en tant que langue maternelle.

En un premier temps, les membres du groupe de travail ont pris comme point de départ des traductions luxembourgeoises qui étaient mises à leur disposition.

Ces traductions avaient été faites principalement sur base de la Einheitsübersetzung en même temps que leurs traducteurs avaient eu sous leurs yeux le texte grec de Nestlé-Aland 264.

L’équipe a ensuite revu ces textes en luxembourgeois à partir du texte grec de Nestlé- Aland 27 paru en 1993.

Pour ce faire, les critères suivants étaient retenus5 :

- Le texte grec est primordial ; plutôt que de traduire un texte en luxembourgeois littéraire, il importe que l’équipe traductrice rende le texte grec, sens et syntaxe, pour autant que faire se peut. Sans faire de traduction mot à mot, elle sera guidée par la maxime « le plus près du grec possible, autant de luxembourgeois que nécessaire ».

- Dans cette logique, les répétitions ainsi que les jeux de mots repérés dans le texte de départ doivent être conservés en luxembourgeois afin de faire paraître dans la traduction les mots préférentiels du rédacteur grec.

- De même, un mot grec, employé dans des contextes différents, mais analogues, est traduit à l’intérieur d’un même évangile et, de préférence, au-delà de cet évangile, par le même mot luxembourgeois.

Par extension et toujours dans la même ligne de pensée, la racine des mots composés, substantifs ou verbes, est traduite de façon constante en luxembourgeois afin de faire percevoir dans la langue d’arrivée le style de l’évangéliste en question.

4Ces traductions de différentes péricopes étaient mises à disposition par MM. les abbés Camille

Minette, Martin Molitor, Romain Ney, Arthur Reckinger, Robert Sibenaler, Felix Steichen et Jos Weisgerber qui avaient traduit les textes pour les besoins de leurs paroisses respectives. - Si, au cours de la discussion des différents versets de Mc 1, nous évoquons Nestlé-Aland 26 et 27, la

Einheitsübersetzung, la Luther-Bibel, la Traduction œcuménique de la Bible ou bien La Bible de Jérusalem, il s’agit des éditions suivantes : The Greek New Testament : edited by Kurt Aland, Matthew Black, Carlo M. Martini et al. : in cooperation with the Institute for New Testament Textual Research, Münster / Westphalia ; under the direction of Kurt Aland and Barbara Aland ; Third

Edition (Corrected) (198426). Stuttgart : United Bible Societies ; Novum Testamentum graece

(199327) ; Die Bibel : Altes und Neues Testament : Einheitsübersetzung (1980). Freiburg : Herder ; Die Bibel : Nach der Übersetzung Martin Luthers (1999). Stuttgart : Deutsche Bibelgesellschaft ;

Traduction œcuménique de la Bible (1985) ; La Bible de Jérusalem (1998). 5

L’énumération des critères retenus est la traduction du compte rendu en luxembourgeois de la réunion de travail du 12 avril 1993.

Ainsi l’équipe de traduction aura inlassablement recours à une concordance du Nouveau Testament où sont notées, au fil des textes, les différentes assertions données à un même

mot6. À l’avenir, ces annotations serviront à l’élaboration d’un premier lexique relatif à la

traduction des évangiles du grec en luxembourgeois7.

6Moulton, William Fiddian, Geden, Alfred Shenington (eds) (19674). Concordance to the Greek Testament : according to the texts of Westcott and Hort, Tischendorf ... revisors. Edinburgh. 7

II. 2. Mise en pratique de la méthode et des critères à l’exemple de Mc 1, 1-45