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CANCER DU SEIN EN REGION FRANCILIENNE :

II. DECRIRE LES DYNAMIQUES URBAINES DES COMMUNES FRANCILIENNES

5) Les catégories spatiales exceptionnelles

Comme nous l’avons expliqué en introduction, deux catégories très particulières de communes n’ont pas pu être agrégées avec d’autres classes spatiales : les communes de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée et celles qui se trouvent autour de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.

Les communes de Marne-la-Vallée se distinguent des autres catégories d’espaces par le boom démographique qu’elles ont connu depuis 1990. En effet, la densité de population a explosé tandis que l’accroissement démographique a augmenté d’une façon exceptionnelle depuis cette date. Par conséquent, le taux de construction de nouveaux logements a été extrêmement important. La part des personnes ayant emménagé depuis moins de 2 ans dans leur commune de résidence s’élève à 21% de la population, ce qui constitue un chiffre très important. L’indice de concentration d’emploi est également important, et le taux de création de nouveaux établissements économiques est le plus élevé de la catégorisation. Malgré le fait que les revenus médians par UC soient moyens comparativement à la région, le potentiel fiscal par habitant est important du fait de la très forte attractivité de ces communes. Les profils sociaux des populations sont mixtes : le taux de personnes ayant suivi des études supérieures est particulièrement élevé et il a énormément augmenté depuis 1990 (+ 28% soit presque autant que dans l’hypercentre de la région). La part des personnes titulaires d’un BEP-CAP a simultanément enregistré la plus forte baisse de la typologie (- 10%) mais la part des personnes bachelières est la plus importante des différentes catégories. Le taux de chômage était relativement faible en 2012, bien qu’il ait augmenté de plus de 3% sur la période étudiée. Ainsi, les inégalités infra-urbaines sont élevées dans ces communes. Les personnes âgées de 25 à 39 ans sont plus représentées que dans l’hypercentre de l’Ile-de-France, et leur taux d’évolution est quasi nul (alors qu’il est négatif partout ailleurs). Nous pouvons également noter une évolution marquée de la part de personnes âgées de 40-59 ans depuis 1990, et le taux de familles avec enfants est le plus important des différents espaces de la typologie. Par conséquent, l’indice de vieillissement est extrêmement faible.

La dernière catégorie de la typologie regroupe des communes situées autour de l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle. L’accroissement démographique s’est également

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beaucoup accéléré depuis 1990. Le taux de construction de nouveaux logements est très élevé, et 19% des résidents ont emménagé depuis moins de 2 ans. La concentration de l’emploi est la variable qui rend cette catégorie spatiale si particulière : on trouve 5 fois plus d’emplois que d’habitants dans ces communes, du fait de la présence du pôle d’activités de Roissy. Ainsi, le potentiel fiscal par habitant est extrêmement élevé (plus de 10 000 euros) car les entreprises implantées localement payent beaucoup d’impôts. Cependant, les habitants enregistrent de faibles revenus par UC et le taux de familles monoparentales est très élevé (12%). La part des personnes titulaires d’un BEP-CAP a explosé dans ces communes entre 1990 et 2012 : + 11 % pendant cette période tandis que la médiane francilienne est négative. Le taux de chômage a augmenté de 4% depuis 1990, soit le chiffre le plus important derrière les communes-noyaux socialement populaires.

Finalement, la typologie que nous avons présentée correspond aux résultats des travaux de géographies urbaine et économique exposés dans la première partie de ce chapitre. Comme le montre la représentation cartographique de l’indice (cf. page

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suivante), les évolutions socio-démographiques observées dans le bassin parisien depuis 1990, se retrouvent assez fidèlement à travers cet indice synthétique.

Carte n°18 Carte également disponible en annexe n°10, pour permettre de s’y référer facilement pendant la lecture.

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Les principaux axes de communication se matérialisent en filigrane au travers des fortes densités de population et de bâti. Le processus d’embourgeoisement global et le creusement des disparités socio-spatiales dans les pôles urbains sont très nets dans les chiffres que nous avons évoqués. De plus, nous pouvons voir clairement le processus de périurbanisation distincte entre les périphéries ouest et est, des différentes catégories sociales. La forte attractivité de certaines catégories d’espaces contraste avec le progressif déclin économique de communes plus en marge du système métropolitain, principalement dans l’est de la région. Il nous reste à tester l’intérêt d’un tel indicateur dans l’étude des éventuelles inégalités d’accès aux soins sur le parcours de soins du cancer du sein. Enfin, précisons que les effectifs de femmes intégrées dans la base des données de santé, n’étaient pas suffisants pour produire une analyse au sujet des communes périurbaines résidentielles populaires et attractives. A l’instar des catégories spatiales exceptionnelles, nous n’en parlerons donc pas davantage dans ce travail.

A travers cet indice synthétique, l’objectif n’est pas de démontrer l’existence d’inégalités de pronostic en fonction des variations des parcours de soins selon les catégories spatiales. En revanche, la forme du parcours de soins, qui varie potentiellement en fonction des dynamiques qui la sous-tendent, peut avoir une influence sur le type de soins reçus et sur la qualité de vie pendant la prise en charge. Par ailleurs, la description des variations spatiales en elle-même est intéressante à produire puisque l’on ignore comment les parcours de soins se déroulent à l’échelle de la métropole parisienne et les forces qui régissent cette organisation. Les logiques de concurrence entre les acteurs du soin sont-elles plus fortes que les logiques de besoins des personnes ? Dans des espaces socialement désavantagés mais où les habitants sont au cœur des noyaux urbains comme par exemple dans le cas des communes-noyaux socialement populaires, les recours aux soins s’inscrivent-ils dans la proximité ou dans des pratiques spatiales plus larges ? De quelle façon cette orientation influence-t-elle l’accès aux soins des femmes concernées ?

En définitive, l’espace régional francilien se caractérise par une forte concurrence territoriale, autant entre les communes que les institutions soignantes. Les fractures socio-spatiales dans la région se dessinent selon cet équilibre de la concurrence, comme nous l’avons montré avec l’indice synthétique des dynamiques urbaines. L’accès aux soins pourrait s’avérer inégal entre les communes traversées par des dynamiques vertueuses et / ou intégrées au réseau de la métropole parisienne, comparativement à d’autres villes

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spatialement ou socialement plus en marge. La partie suivante a pour objectif de restituer les pratiques des acteurs institutionnels et soignants à l’échelle régionale, et de décrire les enjeux politiques qui les sous-tendent. Ainsi, la présentation générale du triptyque espace / territoires / lieux & acteurs autour de la prise en charge du cancer du sein en Ile-de-France sera complète, pour ensuite entamer la description des parcours de soins.

III. GESTION DU PARCOURS DE SOINS EN ONCO-SENOLOGIE :

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