• Aucun résultat trouvé

Chapitre I : Identité ; d’un état à un processus

Chapitre 6 Analyse des données

4- Les catégories

Nous avions déterminé 3 grands types de catégories que sont l’apprentissage, la maladie et l’identité.

4-1 Les apprentissages 4-1-1 les contenus

La reconnaissance des contenus s’est faite selon deux modes :

- Tout d’abord nous avons pris en compte les contenus « directs » c’est-à-dire ceux déclarés par la personne atteinte de diabète. Afin de les mettre en avant, nous avions prévu plusieurs questions dans notre guide d’entretien où nous introduisions des questions de relance. La question directe était de demander à la personne ce qu’elle savait de son diabète ainsi que du diabète en général. Il s’agissait là de relever les différentes connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles

- Ensuite nous avons pris en compte les contenus « indirects » c’est-à-dire ceux reconnus par le chercheur. Les contenus, comme nous avons pu le décrire auparavant, sont le plus souvent implicites et notre questionnement devait permettre à la personne de se les approprier à nouveau par une conscientisation de ces acquis. Une fois ces contenus reconnus, la personne devait tenter de reconstituer les processus de leurs constructions.

4-1-2 les situations

Toutes les situations d’apprentissage étaient prises en compte avec cependant un intérêt tout particulier pour les apprentissages en situations informelles puisqu’elles sont l’objet même de notre recherche.

Nous considérions les apprentissages informels, ceux pour lesquels il n’y avait pas d’intervention éducative directe des professionnels de santé éducateurs. Les interventions d’autrui (professionnel de santé ou éducateur professionnel de santé) sur les phases d’apprentissage étaient prises en considération. S’il existait une intention de formation exprimée de la part d’un intervenant afin de favoriser les apprentissages de la personne atteinte de diabète, la situation n’était pas considérée comme informelle mais comme non formelle. C’est le cas des dispositifs mis en place dans le cadre de l’ETP qui permettent à des

professionnels de santé éducateurs d’organiser des formations dont les programmes sont spécialement conçus pour favoriser les apprentissages des personnes atteintes de diabète. Dans cette situation, il y a une intervention d’autrui avec des objectifs bien définis pour favoriser les apprentissages. Cependant il n’y a pas délivrance de diplôme et le dispositif est en dehors du cursus scolaire classique. De plus, la personne atteinte de diabète est consciente des intentions des intervenants qui désirent favoriser ses apprentissages.

Exemple d’apprentissage informels : Une personne atteinte de diabète trouve une recette adaptée à son équilibre alimentaire en parcourant internet. Elle décide de préparer le repas et d’acheter les aliments nécessaires pour cuisiner.

Exemple d’apprentissage non formel : Cette même personne atteinte de diabète reçoit la recette par le professionnel de santé éducateur qui lui demande de préparer le repas en lui fournissant les aliments dans le cadre d’un atelier cuisine.

Nous nous sommes également intéressés aux conditions dans lesquelles se déroulaient les expériences car certaines situations amenaient de nouveaux apprentissages.

Des endroits où des lieux non connus modifiaient voire supprimaient les repères et les habitudes de la personne atteinte de diabète. Celle-ci, pour s’adapter, était amenée à acquérir de nouveaux apprentissages. Pour repérer ces différentes situations nous avions construit l’exemple (1) ci-dessous.

Exemple (1) : Ce peut être le cas d’une personne atteinte de diabète qui habite en campagne et est habituée à faire de la marche sur des chemins tranquilles sans circulation automobile. Puis se retrouve en ville où la marche n’est possible que le long des rues. Pour continuer son activité de marche, la personne atteinte de diabète va devoir s’adapter au nouvel environnement.

Des circonstances différentes produisaient des situations d’incertitudes amenant aussi bien à une réflexion sur les actions passées ou en cours que sur la revisite du sens donné à ces actions : urgence, personne seule ou non, période de la journée différente, réponse habituelle non fonctionnelle, apparition d’une complication, changement de traitement. (voir exemple 2)

Exemple (2) : Une personne atteinte de diabète dont le conjoint occupe nouvellement un emploi de nuit, va devoir apprendre à passer les nuits seule avec les craintes des hypoglycémies nocturnes.

Dans le cadre des apprentissages en situations informelles, nous pensions que les facteurs pouvant intervenir étaient de deux ordres : ceux liés à la personne atteinte de diabète et ceux liés à la situation. Les facteurs propres à la personne atteinte de diabète nous semblaient donc être son capital, ses capacités d’accommodation et d’assimilation, ses capacités à remettre en cause ses « viabilités », le degré d’acceptation de la maladie et ses projets. Face à la personne atteinte de diabète, il y avait la situation et ce qu’elle favorisait dans sa propre utilisation (affordance). Afin de faciliter la présentation des résultats, ces facteurs ont servi pour la construction de sous-catégories.

4-2 La maladie de soi ou d’autrui

Trois sous-catégories ont été constituées pour cette thématique.

La première sous-catégorie portait sur la maladie vue et vécue à travers autrui. L’entourage actuel ou passé des interviewés contenait des personnes malades (diabète ou autres) et a influencé leurs représentations vis-à-vis de la maladie « mon père est décédé suite à une gangrène du pied à cause du diabète ». Il y avait également l’environnement médiatique avec notamment la multiplication des émissions médicales télévisées.

La deuxième sous-catégorie portait sur la maladie propre de la personne et de son vécu. La maladie du point de vue du sujet était abordée sous différents angles et notamment les transformations qu’elle entrainait sur les identités et les apprentissages. Dans cette sous- catégorie les différentes complications somatiques ont été rapportées.

La troisième sous-catégorie était constituée par le vécu de la maladie de la personne à travers ses interactions avec les autres

4-3 Identité, un processus sous influence

L’identité est un tout dynamique où les différentes composantes interagissent entre elles. Elle résulte d’un équilibre entre les identités héritées, acquises et projetées (Kaddouri 2006). Pour explorer cette dimension nous commencions notre entretien par la question « pouvez-vous

vous présenter ? ». Cette interrogation explorait le positionnement de la personne vis-à-vis de sa maladie.

Au fil de l’entretien nous avons exploré les autres dimensions identitaires et notamment la fonction de rôle (familial, professionnel, social). Nous cherchions les présentations de la personne à l’autre qui se faisait en tant que personne ayant un diabète ou non, avec un maintien d’une façade prenant en compte ou non la maladie.

4-4 Les catégories en pratique

Les premières analyses de cas ont suivi les catégories sus citées en montrant les influences réciproques entre identité et apprentissage. L’écriture ne pouvait éviter les répétitions et pour une clarté de la lecture nous avons modifié la présentation des catégories après les premières analyses de cas. Les catégories étaient alors les suivantes :

Rapport à la maladie Rapport à soi et à autrui Rapport au savoir Rapport au projet

Troisième partie : Résultats

Les résultats sont exposés avec tout d’abord un récapitulatif des données sociodémographiques de l’ensemble des personnes interviewées. Ensuite nous reprenons un à un les entretiens en commençant par une vignette de présentation. Cette dernière est suivie d’une analyse du verbatim en tenant compte de notre cadre théorique, de notre question de recherche et de nos hypothèses. Pour une plus grande lisibilité et éviter les répétitions, nous avons modifié progressivement l’analyse du verbatim en mettant en avant les différentes catégories issues de l’analyse thématique.