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1.2 Les technologies d’identification

1.2.2 La diffusion des technologies et des RFID

1.2.2.2 Le cas des RFID

Concernant le cas particulier des RFID, [Wang et al. 2010] est une étude basée sur des données relevées dans un ensemble d’industriels afin de mieux identifier les éléments impactant la (non) adoption des technologies RFID. Les observations rapportées visent à mesurer à quel point les facteurs ayant un effet sur la décision de migrer vers un système RFID sont importants. Ces facteurs sont :

1. Le fait qu’elles apportent un avantage par rapport aux autres technologies ; 2. Leur complexité perçue de leur compréhension et de leur utilisation ; 3. La compatibilité avec le système et le fonctionnement existant ; 4. L’approche managériale ;

5. La taille de l’entreprise ;

6. Les compétences technologiques présentes dans l’entreprise ; 7. La pression compétitive ;

8. La pression des partenaires (clients ou fournisseurs) ;

Parmi ceux-ci, les auteurs ont observé que (1), (4) et (6) n’avaient pas d’importance significa- tive, et que (9) avait le poids le plus important, et qu’il était un inhibiteur à l’adoption des RFID, contrairement à l’hypothèse émise. Les conditions de l’expérimentation ne permettent toutefois pas de généraliser ces résultats.

Le niveau d’avancement du déploiement des technologies RFID est à la fois assez avancé pour que certains apports dus à son utilisation soient clairement définis, et d’ailleurs repris par l’ensemble des fournisseurs de matériel et de solutions.

Cette maturation est accompagnée d’évolutions des usages et d’améliorations technolo- giques. L’augmentation de la demande provoque, à performance équivalents, une réduction du coût d’achat. Les principales améliorations prévues de ces technologies sont :

– La réduction des contraintes, comme les tags RFID adaptés aux objets métalliques [Laf-

fitte 2010] sans conditionnement spécifique surélevant la puce ;

– L’émergence de la RFID imprimée par jet d’encres conductrices [Lakafosis et al. 2010] ; – L’utilisation du graphène, du graphane ou du molybdène MoS2 ([Sacco 2011] à propos

de [Radisavljevic et al. 2011]), qui pourraient remplacer le silicium afin d’améliorer les

performances des circuits électroniques ;

– le développement de dispositifs destinés aux particuliers, dont l’appropriation de techno- logies présage l’apparition de solutions et d’usages innovants ;

– L’amélioration des techniques de transfert d’énergie et leur application aux étiquettes intelligentes [Jingkun et al. 2010].

L’émergence d’autres technologies connexes, interagissant avec les RFID, est également un fac- teur potentiel d’une facilitation de leur diffusion. L’émergence de la robotique domestique peut être un facteur important de la généralisation de l’étiquetage intelligent des produits unitaire- ment.

Pour en rester au cas existant des RFID, rappelons que leur utilisation peut mener à des réorganisations et à la mise en place de nouvelles activités toutes deux spécifiques au système auquel elles sont introduites. C’est peut-être là l’une des raisons pour lesquelles le déploiement de ces technologies semble difficile, avec le fait que leur apport maximal n’est principalement observé que lorsque chaque acteur du cycle de vie des produits s’est adapté à leur utilisation. Il est également montré que ces technologies sont mal perçues par le grand public.

Draetta and Delanoë [2011] ont fait une étude sociologique qui traite des risques perçus par

la société face aux technologies auto-communicantes. . Y sont mis en perspective quatre types de risques :

Le risque économique : Différents points de vue sont à considérer à propos de cet indi- cateur. La majorité des études prévisionnelles concernant une éventuelle utilisation de technologies RFID dans le domaine de la chaîne logistique (production et distribution) cherchent à en estimer les apports financiers. L’indicateur souvent retenu est d’ailleurs très parlant puisque le retour sur investissement est un aspect totalement pécuniaire. Même si des paramètres venant influer sur cet indicateur incluent des aspects socio- psychologiques, les préceptes modélisés ont une orientation purement marketing. D’un point de vue plus macroscopique, le risque économique serait idéalement lié au risque socioprofessionnel. La difficulté de prédire les impacts est grande, chaque innovation ayant un potentiel d’automatisation comportant à la fois le risque de réduire l’offre de

travail dans les secteurs visés par l’automatisation et un besoin de main d’œuvre pour sa conception et son exploitation.

Le risque socio-professionnel : Un enjeu de société important porte sur la valorisation des métiers dont l’activité principale sera automatisée par les technologies, dont les RFID. L’impact d’une importante automatisation des processus de production sur l’emploi peut être important, ce qui pourra finalement mener à une baisse de la consommation et un ralentissement global de l’économie.

Le risque d’atteinte à la vie privée : Greenleaf [2010] décrit l’approche adoptée par l’Inde pour la mise en place de leur système d’identification national. Les critiques quant à ce système y sont nombreuses. Les projets décrits ne mentionnent pas l’utilisation de tech- nologies d’auto-identification mais cet article illustre bien que c’est dans la définition du système d’identification, des possibles utilisations d’un identifiant unique et des inter- connexions entre les bases de données que se joue la conservation d’un certain niveau de privauté. Concernant le cas particulier des RFID implantées dans le corps humains, rappe- lons l’opinion donné par l’"European Group on Ethics in Science and New Technologies to the European Commission" [EGE 2002]. Celui-ci rappelle avant tout que tout ce qui est techniquement possible n’est pas forcément admissible d’un point de vue éthique, socia- lement acceptable ni approuvé légalement. Certains états américains ont d’ailleurs récem- ment interdit l’obligation d’implants RFID pour les humains. Le traçage RFID deviendra obligatoire pour les animaux de compagnie carnivores voyageant en Europe à partir de Juillet 2011 [Parlement Européen 2008], et certaines applications commerciales existent déjà concernant les humains [ContractorUK 2005] [VeriChip 2006]. Les RFID sont consi- dérées par certains comme des puces espionnes [Albrecht and McIntyre 2006], comme un outil liberticide de contrôle des masses. Presque paradoxalement, l’étude [Katz and Rice 2009] tend à montrer que les patients sont rarement opposés à l’utilisation des technolo- gies dans l’hôpital. Cela peut s’expliquer par le fait que les patients sont conscients qu’une mauvaise traçabilité peut mener à des effets iatrogènes et indésirables, et que l’exposition de sa vie privée au sein d’un hôpital peut paraître moins risquée. L’informatisation des données peut sur ce point particulier être protecteur des informations personnelles, lors- qu’on le compare à la présence d’une fiche de diagnostic ou de prescription au pied du lit notamment.

Le risque sanitaire : [Hohberger and Tsirline 2009] montre que les RFID HF n’ont pas d’effets à long terme sur les globules rouges. Arumugam and Engels [2009] observent toutefois que des technologies UHF peuvent provoquer un taux d’absorption des ondes supérieure à ce que recommande la Federal Communications Commission. Il semble im- portant d’effectuer des mesures incluant un "effet cocktail" relatif aux nombreux types d’ondes auxquelles les personnes et produits sensibles peuvent être exposés.Togt et al.

[2008] etKapa et al. [2011] ont observé que certaines configurations matérielles étaient

incompatibles avec certains types de RFID, les interférences pouvant provoquer des dys- fonctionnements du matériel existant.

Le principal risque perçu est le risque d’atteinte à la privauté. Le fait que les us et coutumes des sociétés peuvent être très différentes, notamment au regard de l’exposition de sa vie privée, implique que la réticence d’une société envers ces technologies n’est pas forcément partagée par tous. Il sera toutefois difficile de calquer les possibilités d’un système d’identification mondial

au plus bas niveau car certains verraient cela comme un véto technique leur interdisant d’utiliser leur identifiant comme bon leur semble ; et le fait inverse que certaines sociétés refuseraient que leur privauté ne soit mise en danger au travers d’une traçabilité automatique trop importante. La récente explosion des réseaux sociaux et de leur contenu, malgré leurs politiques commerciales, font que les atteintes à la privauté les plus importantes dans la société occidentale sont portées par les utilisateurs eux-mêmes. Ces sujets ne sont pas le sujet principal de cette thèse mais ils est important de les mentionner dans le cadre d’une étude portant sur la mise en place de technologies de traçabilité.

La section suivante décrit les apports généralement attendus à l’égard des technologies RFID, principalement dans la chaîne logistique.