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1.2 Les technologies d’identification

1.2.4 Applications au milieu médical

Les apports généralement attendus au travers de la mise en place de systèmes RFID sont la réduction des temps d’inventoriage, une automatisation de processus de vérification et un partage de l’information en temps réel qui améliorent la réactivité de la chaîne logistique. Ces apports pourront être adaptés dans le contexte médical, de même que certains apports spéci- fiques pourront être décelés. De plus, certains apports, comme l’utilisation de l’information ambiante pour générer des détrompeurs ou la prévention de ruptures de stock, n’auront pas les mêmes conséquences dans un contexte industriel que dans le milieu hospitalier.

L’utilisation de technologies RFID dans les systèmes hospitaliers reste relativement récente, mais son augmentation croît continuellement (voir section1.2.2, premier paragraphe). Leur fia- bilité et le fait que le temps d’accès aux informations soit compatible en pratique quotidienne

[Neulier et al. 2008] laissent à penser que cette évolution n’est pas prête de cesser. Nous propo-

sons dans cette partie de décrire quelques exemples et possibilités d’utilisation de ces technolo- gies sans contact dans le milieu hospitalier.

1.2.4.0.1 Les Médicaments Les apports que sont la lutte contre la contrefaçon, les rappels de lots, la vérification des dates de péremption et une meilleure gestion des stocks ont été décrits dans le précédent chapitre. On peut également citer le cas particulier des poches de transfusion de sang, dont la vérification des conditions de conservation a une grande importance et la spéci- ficité est importante [Jiang et al. 2005]. L’étude de cas, chapitre4.3, décrit un apport particulier du suivi des produits chimiothérapiques.

1.2.4.0.2 La compliance La compliance, ou l’observance, désignent le fait qu’un patient

respecte la posologie de ses médicaments. [Castot et al. 2008] indique de plus que 23% des déplacements d’infirmières à domicile le sont pour une bonne compliance. Certains disposi- tifs peuvent aider à la bonne compliance. Certains dispositifs permettent de comptabiliser et/ou d’interdire l’ouverture de boîtes de médicaments lorsque celle-ci a déjà été utilisée (le capuchon MEMS de AARDEX, Med-ic ECM et eCAP de IMC). Des rappels de la posologie prescrite,

via différents types d’interface (nabaztag ou autres [Swedberg 2010]) sont également possibles.

[Bacheldor 2006] décrit un système d’administration automatique d’insuline d’une grande pré-

cision programmé ou au travers d’analyses en temps réel. D’un point de vue prospectif, la possibilité d’administrer automatiquement une médication via un système sous-cutané [Proos

et al. 2008] et de tagger les médicaments à l’unité à l’aide de puces digestes [Bacheldor 2007]

permettraient de contrôler les prises de médicaments avec précision. Ces solutions, en plus ou moins grande partie technologiques, peuvent s’avérer discutables dans certains cas. Il est impor- tant de définir des cas d’application adaptés, notamment avant d’imaginer implanter un système de posologie automatisé dans le corps. Il est cependant indéniable que l’accès à l’information et des alertes automatisées peuvent sensibiliser les malades et aider à éviter des surdosages. On pense notamment aux patients atteints de maladies impliquant une importante neurodégéneres- cence.

1.2.4.0.3 Le suivi des déchets médicamenteux à risque infectieux De manière générale,

[Haguenoer 2010] considère qu’il peut exister un risque d’atteinte à la biodiversité ainsi qu’à la

qualité des eaux destinées à l’alimentation humaine à cause du rejet de résidus de médicaments dans l’environnement. Ces rejets provenant principalement des urines et fèces et donc dans les eaux usées des substances médicamenteuses et de leurs métabolites, mais également de "sources ponctuelles avec parfois des concentrations très élevées dans les rejets des industries chimiques ou pharmaceutiques, des établissements de soins, mais aussi des élevages intensifs et dans l’aquaculture". Il existe un risque plus grand de pollution des sols et eaux via le rejet dans la nature de médicaments, ou d’objets ayant été en contact direct avec des médicaments. De plus, le fait que l’un de ces objets, notamment piquant, coupant ou tranchant ne suive pas le parcours d’élimination qu’il est censé suivre peut porter des risques infectieux au niveau des centres de tri ou pour les éboueurs. On peut donc porter un intérêt à savoir avec quel type de pathologie et traitement les objets retrouvés à ces niveaux ont pu être en contact. [Collomp et al. 2010] décrit un projet pilote, Pac-ID DASRI, qui vise à tracer les boîtes de déchets infectieux (Déchets d’Activité de Soins à Risque Infectieux), notamment pour les patients en auto-traitement, et des intérêts à utiliser les technologies RFID pour cette traçabilité.

1.2.4.0.4 L’identification des patients [Katz and Rice 2009] décrit un système d’identifi- cation pensé pour tracer les patients d’actes chirurgicaux basé sur les RFID. A ce système est associé un ensemble de détrompeurs au niveau préopératoire et l’affichage automatique du dos- sier du patient et des opérations prévues lors de son arrivée au bloc opératoire. Des gains de temps dus à l’automatisation de tâches administratives ont également été observés, ainsi qu’une réduction des attentes et une meilleure perception de la qualité de l’hôpital par les patients.

Wang et al. [2006] soulèvent, pour une généralisation de l’auto-identification des patients, la

difficulté d’implémenter les détrompeurs associés à un cas général, ainsi que de possibles im- pacts nocifs des ondes (psychologiques ou physiques). L’étude [Katz and Rice 2009] indique que les patients sont rarement opposés à l’utilisation des RFID dans l’hôpital. Cela peut s’ex- pliquer par le fait que les patients sont conscients qu’une mauvaise traçabilité peut mener à des effets iatrogènes et indésirables, et que l’exposition de sa vie privée au sein d’un hôpital peut paraître moins risquée. L’informatisation des données peut sur ce point particulier être protec-

teur des informations personnelles, lorsqu’on le compare à la présence d’une fiche de diagnostic ou de prescription au pied du lit notamment. La crainte concernant des interactions dangereuses avec des dispositifs implantables comme les pacemakers a été écartée par la Food and Drug Administration [Food and Drug Administration 2010]. Si des expériences en laboratoire ont montré un danger potentiel, celles-ci concernaient des cas extrêmes ne représentant pas des cas d’utilisation normale.

1.2.4.0.5 Le suivi des dispositifs médicaux L’assurance de la bonne stérilisation par une traçabilité renforcée améliore la sécurité, et permet un éventuel gain de temps. Une application connexe consiste en l’utilisation de l’avantage de pouvoir vérifier le contenu d’un plateau chi- rurgical rapidement, afin de vérifier que le plateau est complet avant son entrée dans une salle d’opération. L’absence de fournitures chirurgicales peut nécessiter le besoin d’arrêter l’acte en cours en attendant que l’outil en question soit apporté. Une augmentation des risques nosoco- miaux apparaît alors du fait qu’un protagoniste de l’intervention doit sortir de la salle "propre" si elle ne dispose pas d’espace de stockage d’instruments d’avance.

van de Klundert et al. [2008] observent que d’importantes économies peuvent être réalisées

en améliorant les principes logistiques de stérilisation des instruments opératoires, c’est à dire une stratégie de décomposition des plateaux chirurgicaux en stérilisation adaptée et l’approvi- sionnement des salles d’opération en flux tirés. La vérification de la composition des plateaux et le besoin de parer à des besoins non planifiés sont des éléments qui nécessitent une bonne information en temps réel, van de Klundert et al. [2008] supposent l’accès à cet information possible via le marquage RFID des instruments. Concernant les dispositifs médicaux implan- tables (DMI), toute erreur a de lourdes conséquences car elle nécessite une opération chirurgical ou l’annulation de celle-ci dans le cas d’une erreur d’estimation du stock, éventuellement après que le patient n’ait subi l’anesthésie. [Swedberg 2009a] : la sociétéhttp ://www.implanet.com/

propose une solution de traçabilité et de sécurisation des DMI par RFID, qui apporte une so- lution pour les nouvelles normes de sécurité et facilite la logistique. [Bertrand and Schlatter 2009] et [Lebon 2009] présentent des études de mesure et de réduction des dangers lors de la mise en place de la traçabilité des ancillaires par RFID. Une attention particulière a été portée à l’égard des éponges chirurgicales, dont l’oubli a été estimé être l’origine de 0.7% des plaintes

parKaiser et al. [1996] et pour lesquels des systèmes RFID existent désormais [Ballard 2003]

qui peuvent au moins partiellement être lus à l’intérieur d’un corps vivant [Rogers et al. 2007]. 1.2.4.0.6 Le suivi des blouses à la blanchisserie Le projet [Calais 2007] a été une réus- site, dans le sens où l’étiquetage des blouses du personnel soignant et de leurs armoires ont non seulement permis d’assurer le fait que la blouse qu’utilisent les membres du personnel est bien propre, mais également d’utiliser leur identifiant unique pour regrouper les services des blanchisserie en assurant leur bonne gouvernance.

1.2.4.0.7 La géolocalisation et la mutualisation des machines et dispositifs médicaux Qui peut mener à une mutualisation plus facile, et un important gain du temps passé à les chercher. Cet apport peut être vital lorsque l’on parle par exemple de défibrillateurs. Tagger ce type de machines permet en outre d’améliorer la surveillance de leur bon entretient. [Efe et al. 2009]

propose une classification et une étude prospective afin de mieux gérer les politiques de transfert des machine médicales entre les services.

1.2.4.0.8 Le contrôle d’accès L’émergence de la dématérialisation des dossiers patients et prescriptions implique de nouvelles pratiques pour assurer la traçabilité. L’utilisation de cha- riots informatiques et/ou des bornes dans la chambre du patient rend nécessaire pour chaque intervenant l’acte d’identification pour accéder aux informations lui étant dédiées. Cette action peut être réalisée via un login/mot de passe mais également en utilisant un badge personnel, qui sera plus difficilement dupliqué si il utilise une technologie d’identification par radiofré- quences. L’accélération de la durée d’identification est également un élément jouant en faveur d’une identification par badge.

L’accès à certaines zones restreintes (salles de repos, parkings dédiés, laboratoires, ...) peut également être contrôlé via l’utilisation du même dispositif d’identification (souvent une carte), et pourquoi pas le paiement de certains services par le personnel, comme les repas par exemple. Ces utilisations permettent une sécurisation des informations médicales des patients en même temps qu’un gain de temps pour le personnel hospitalier.

1.2.4.0.9 Réseaux de capteurs et monitoring à domicile Alemdar and Ersoy [2010] et

Chan et al. [2009] fournissent un ensemble d’exemples d’utilisation de capteurs sans fil, utilisant

différents ensembles de technologies dont les RFID pour mieux suivre et contrôler la santé des personnes. Les applications décrites incluent de nombreuses possibilités d’interactions entre différentes technologies qui améliorent la qualité de vie, notamment des enfants, des personnes âgées ou des patients atteints de maladies chroniques. Plusieurs problématiques sont soulevées concernant la construction de tels réseaux et applications de contrôle de la santé personnels, notamment la privauté, la sécurité et la sensibilité au contexte, permettant de réduire les fausses alarmes. Les utilisations des technologies permettent notamment la détection de chutes, l’aide à la compliance, l’observation de signes vitaux pour l’automatisation d’alertes, adaptées à certains états de convalescence ou dans un cas plus général. Les idées et premiers résultats d’applications de santé contextuels et pervasifs ouvrent des perspectives de recherche et développements ; de tels systèmes pourraient progressivement se développer et toucher l’ensemble des personnes.

La diffusion de l’innovation est un problème complexe. Notre cas d’application l’est d’au- tant plus qu’il concerne un type de technologies controversé et dont les impacts ne sont pas mesurables trivialement. Le cas d’application, le milieu de la santé, est lui même complexe et sa performance difficilement mesurable.