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6. Résultats et analyse

6.1. Inventaire des cadres

6.1.9. Autres cadres

indifférents). Plusieurs autres cadres (neuf au total) ont aussi été utilisés, avec parcimonie, durant

la saison 2016-2017. Ils sont répertoriés ci-après.

De manière quelque peu étonnante, puisque les Canadiens ont trôné au sommet de leur section plus de 80 % de la saison, le cadre focalisant sur la première position a été quasi absent du répertoire des entraîneurs. Il ne survient qu’une seule fois, soit le 31 mars : « Mais c’était une équipe qui était déjà en première place. Chu quand même chanceux de pouvoir prendre, le rôle d’entraîneur ici, avec une équipe en première position. Puis, c’était de s’assurer de rester en première position » (l. 1597-1600). Ici, Claude Julien évoque explicitement, à postériori, ce à quoi l’on devait s’attendre lors de sa venue à Montréal, soit une première position.

L’avenir (à court ou moyen terme) de l’équipe est aussi un cadre répandu dans la LNH, bien qu’il ait été peu employé chez les Canadiens en 2016-2017. Il survient à deux reprises, dont le 9 janvier. À cette date, Michel Therrien utilise cet angle pour mieux s’extraire du réel (et des

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interrogations journalistiques), question de ne pas devoir être emphatique quant aux bonnes prestations de l’équipe, et d’éviter de devoir marquer la disconfirmation positive vis-à-vis des attentes : « There’s still lots of work to be done, you know. For sure we have to be satisfied but, we

all understand that, the biggest challenge it’s coming » (l. 743-745).

L’amélioration est un autre cadre minoritaire. Potentiellement plus compliqué à mobiliser lorsque l’on dirige une équipe expérimentée, ce cadre peut néanmoins avoir son utilité quand vient le temps d’anticiper des séquences plus éprouvantes et d’infléchir à la baisse les attentes :

So it’s a process you know. (…) We still understand it’s still early in the season and, we want to get better every game. When we have a practice there’s a purpose because we want it be better. And, there’s still place to improve, and we all know (…) (21 oct., l. 357-

360).

Le cadre des partisans (redonner aux partisans) n’a été employé qu’à une seule reprise, soit le 19 septembre. Utilisé pour l’occasion conjointement avec le cadre de la coupe Stanley, il a servi à mettre un vernis altruiste sur les ambitions du club, en plus, dans ce cas précis, de stimuler quelque peu les attentes. Fait à noter, l’entraîneur manifeste dans l’exemple ci-après une certaine retenue en utilisant le conditionnel :

(…) Mais j’pense que les partisans du Canadien là ça serait incroyable pour nos partisans, qu’y’aient enfin la chance de célébrer une coupe Stanley depuis 1993 donc c’est, j’aimerais ça être celui qui va donner la chance à nos partisans de célébrer cette coupe Stanley là (l. 71-74).

La profondeur, autre cadre, représente notamment la capacité pour une équipe d’obtenir des prestations de qualité de la part de joueurs ayant un rang moins élevé dans la hiérarchie, et

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étant parfois appelés à remplacer momentanément certains joueurs de rang supérieur absents (en raison de blessures, par exemple).

Le 12 décembre, Michel Therrien a utilisé ce cadre pour monter légèrement les attentes. À ce moment, bien que l’équipe soit confortablement en tête de sa section, il croit que ses troupes continueront « à bien jouer » malgré l’absence d’attaquants de premier plan : « Je m’attends, les gars y’ont des opportunités de démontrer qu’est-ce qu’ils sont capables de faire. Et j’m’attends qu’on aille la même philosophie (…). Et à date les joueurs répondent très bien » (l. 590-596). Il ne s’agit toutefois pas d’une hausse des plus marquées puisque 1) « bien jouer » reste une expression au sens plutôt large (même s’il y a aussi l’idée d’une continuation) et 2) que l’expression « à date » laisse entrevoir furtivement la possibilité d’un retour à des prestations plus près des normes attendues pour des joueurs de moindre envergure.

L’urgence de produire et d’obtenir des résultats est un cadre qui survient à deux reprises. Dans l’extrait ci-après, Claude Julien mobilise ce cadre afin de rehausser les attentes en évoquant l’importance de demeurer affamé pour remporter non seulement la première ronde des séries éliminatoires (l’équipe mène 2-1 à ce stade), mais plusieurs autres séries subséquemment : « On est certainement pas satisfait, pour se rendre en finale, y’a quatre rondes (…). On est loin d’être où ce qu’on veut t’être. Puis y’a aucune raison d’être satisfait à ce moment-ici » (17 avril, l. 1744-1747).

Le renouveau, soit, essentiellement le roulement des joueurs ou du personnel d’entraîneurs, est un cadre qui touche périodiquement la très grande majorité des équipes sportives. Cependant, il n’a été utilisé qu’une seule fois en 2016-2017 (le 10 octobre), bien que l’on puisse en apercevoir des traces lorsqu’il se trouve amalgamé à certains autres cadres qui lui

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sont intimement liés, telle la chimie du club. Ce cadre, qui sied aussi bien à une hausse qu’à une baisse des attentes, semble facile à comprendre et à intégrer pour tout public, car il est pleinement ancré dans le réel. Dans l’extrait suivant, Michel Therrien explique qu’un ensemble d’éléments nouveaux pourraient rendre la saison qui vient plus « spéciale » que les précédentes :

« C’t’année ben c’t’un nouveau défi, des nouveaux joueurs, nouvelle attitude. Eille ça fait

longtemps j’ai pas, chu toujours excité là, commencer une année, mais on dirait que c’t’année est, c’t’un p’tit peu spécial » (l. 224-227).

Épisodique, mais révélateur, l’avant-dernier cadre, celui des souhaits, qui a été évoqué précédemment, ne survient qu’à une reprise, soit le 31 décembre. Le dernier cadre recensé dans la gestion des attentes englobe, quant à lui, des éléments mettant en scène une indifférence complète par rapport à la question du journaliste ou des situations totalement extérieures au monde du hockey. Deux occurrences surviennent en cours de saison. Le 7 novembre, par exemple, Michel Therrien contextualise les inquiétudes des journalistes quant à certaines facettes du jeu de son équipe et les conséquences qu’elles pourraient avoir :

Moi qu’est-ce qui m’inquiète (…) c’est, le p’tit gars qu’on a rentré dans chambre là, le p’tit Simon là. (…) Faut qu’il s’en aille à l’hôpital. Pis le dimanche y’avait des traitements. Pis le lundi n’a encore des traitements. Ça c’est inquiétant (l. 483-486).