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9.4 Diégétisation

9.4.2 Le cadrage diégétique

Le cadrage vise à reconnaître dans la séquence d’états du monde une trame scénaristique

consti-tuée de motifs narratifs diégétiques qui ont été renseignés grâce au formalisme DIEGETIC. Pour cela,

il convient d’inférer une instanciation du modèle diégétique à partir de l’état du monde décrit dans

le formalisme WORLD-DL (l’alignement). Ensuite, les motifs narratifs existants dans cette nouvelle

représentation sont extraits (l’exploration). Enfin, une sélection est opérée sur cette extraction afin

de ne conserver que les trames scénaristiques consistantes (la continuité).

Alignement entre le domaine et la diégèse

Nous rappelons qu’à tout moment de la simulation, les connaissances sur l’état du monde sont

représentées au sein d’un modèle sous-tendu par une ontologie dérivée du métamodèle WORLD-DL.

Afin de rendre possible la reconnaissance de motifs narratifs dans la base de connaissance de gestion

9.4. DIÉGÉTISATION CHAPITRE 9. DIÉGÉTISATION

FIGURE9.6 – Schéma général du processus de diégétisation automatique dans l’architecture TAILOR

du monde, il est nécessaire d’opérer une transposition des faits sur le monde vers les faits sur l’univers

de la diégèse. Le but ici d’exprimer les connaissances sur le domaine dans le référentiel de la diégèse.

Pour cela, nous proposons d’utiliser des méthodesd’alignement d’ontologies.

L’alignement d’ontologie consiste à mettre en relation des concepts, instances et propriétés de deux

ontologies. Ces relations peuvent être des équivalences, des incompatibilités ou des subsomptions.

L’alignement peut se faire de manière automatique, semi-automatique ou manuelle. Dans le cas

d’ali-gnementautomatique, des mesures de similarités sont calculées entre les différentes entités des deux

ontologies et des relations sont déduites à partir de ces valeurs. Les approchessemi-automatiques

permettent de calculer ces similarités tout en utilisant des connaissances de l’expert sur les liens

pos-sibles entre les deux ontologies. Enfin, l’approchemanuellevise à décrire exhaustivement les liens

entre l’ontologie de départ et l’ontologie d’arrivée à travers des règles.

L’approche manuelle est la plus adaptée à notre problème. En effet, ici, nous utilisons des techniques

d’alignement d’ontologie pour transposer des connaissances sur un domaine vers des connaissances

sur la diégèse. Or, bien qu’on puissse imaginer des règles de très haut niveau légiférant ces

transpo-sitions, elles sont issues d’une prise de décision d’un expert et la découverte de ces transpositions

informatiquement constitue un pan complet de recherche sur les ontologies.

En outre, l’écriture de règles permet d’avoir un contrôle fin des appariements entre l’ontologie de

départ et l’ontologie d’arrivée. Le concepteur peut aisément décrire des associations entre les deux

mondes pourvu qu’il dispose d’outils adéquats.

Nous proposons donc de décrire les équivalences entre l’ontologie du modèle du monde et

l’ontolo-gie de la diégèse par des règles (voir figure 9.1). Ces équivalences peuvent être diverses :

— entre des concepts : toutes les instances d’un conceptC

W

du modèle du monde sont des

ins-tances d’un conceptC

D

du modèle diégétique.Par exemple, si une entité est un enfant, alors

cette entité est un personnage;

— entre les relations : toutes les instances ayant une relationR

W

dans le modèle du monde ont

une relationR

D

.Par exemple, si deux agents sont frère et soeur alors ces agents sont alliés;

— entre un graphe et une relation : deux instances d’un grapheG

W

dans le modèle du monde

sont liées par une relationR

D

du modèle diégétique.Par exemple, lesAgentqui ont fait l’action

Pratiquer Heimlichsur un autre agent nouent avec ces derniers une relationsaved.

Cette approche montre un intérêt particulier par rapport à nos objectifs de généricité et de

réuti-lisabilité. D’une part, la séparation entre le monde du domaine considéré et le monde de la diégèse

permet d’utiliser plusieurs contextes différents pour de mêmes motifs narratifs. Inversement, on peut

utiliser des modèles de diégèse différents dans un même domaine si, pour certaines applications, on

souhaite privilégier certaines formes narratives plutôt que d’autres. Par exemple, on pourrait

envisa-CHAPITRE 9. DIÉGÉTISATION 9.4. DIÉGÉTISATION

Alignement [(?x world:has-kind ?y) -> (?x :has-ally ?y) (?y :has-ally ?x)]

TABLE9.1 – Exemple de règle d’alignement entre le modèle du monde et le modèle diégétique

ger de n’utiliser que des motifs ayant trait au genre de l’Epopée, ou uniquement des motifs liés aux

relations amoureuses. Ceci est donc un atout pour la généricité de l’approche. En outre, comme nous

l’avons vu dans le chapitre 6, l’ontologie du monde peut être construite en aggrégeant des ontologies.

Chacune de ces sous-ontologies peut donc être accompagnée d’un ensemble de règles d’alignement.

A l’issu de l’alignement, on dispose d’un ensemble de connaissances sur le monde issues du domaine

considéré et d’un ensemble de connaissances permettant de décrire la diégèse à partir des éléments

décrits dans le modèle diégétique. La figure 9.7 montre les relations diégétiques inférées à partir d’un

état du monde décrit dans le métamodèle WORLD-DL.

FIGURE9.7 – Alignement d’ontologie pour l’inférence des connaissances diégétiques

Exploration des motifs diégétiques

L’exploration vise à reconnaître des instanciations possibles de motifs diégétiques (exprimés dans

le formalisme DIEGETIC) au sein de l’état du monde exprimés en tant que diégèse.

Pour cela, un ensemble de requêtes SPARQL est généré à partir des motifs du modèle diégétique.

Celles-ci interrogent la base de connaissances sur le monde pour déterminer les instances du monde

qui pourraient s’apparier des motifs. Ainsi, le résultat d’une telle requête est une instanciation

pos-sible d’un motif à partir du modèle du monde aligné avec le modèle diégétique.

Cependant, une reconnaissance de ce type ne suffit pas àdiégétiser puisqu’il n’y a pas d’ajout de

nouvelles connaissances diégétiques. En suivant le principe de la diégétisation constructive, l’ajout

de connaissances doit se faire en accord avec ce qui est déjà présent dans l’état du monde diégétique.

Il s’agit donc, en réalité, de faire dulate commitmentsur la diégèse.

9.4. DIÉGÉTISATION CHAPITRE 9. DIÉGÉTISATION

Ce mécanisme proposé par [Swartjes et al., 2008] consiste à permettre la définition, pendant

l’exé-cution de la simulation, de faits qui seront considérés, rétrospectivement, comme vrais depuis l’état

initial. L’implémentation du late commitment est ici intégrée à la génération des requêtes SPARQL.

Les appariements les éléments d’un motif et les instances de l’état du monde sont possibles dès lors

qu’ils ne soulèvent pas une contradiction. Le late commitment portera exclusivement sur les

fonc-tions diégétiques. Les deux cas de possibilité de late commitment sont :

— l’inexistence de fonction entre les instances concernées ;

— la compatibilité entre les relations existant déjà entre les deux instances concernées avec la

nouvelle relation.

Lorsque les requêtes sont exécutées sur la base de connaissance de l’état du monde, il en résulte

toutes les instanciations possibles au travers des late commitment envisageables.

Vérification de la continuité diégétique

A tout instant, l’état du monde peut être observé par le prisme de plusieurs instanciations de

mo-tifs diégétiques. Une diégèse se crée lorsqu’elle est consistante, il doit donc y avoir unecontinuité

entre les motifs reconnus au cours de deux étapes successives dans la simulation pour créer une

trame scénaristique. L’étape de vérification de la consistance vise à éliminer de la population de

ca-drages possibles ceux qui ne sont pas compatibles avec les caca-drages précédents. Nous utilisons pour

cela les chemins (path). S’il existe un chemin entre deux motifs et que les transitions entre les

élé-ments du motifs sont vérifiées alors le cadrage est conservé. Il se constitue ainsi un arbre dans lequel

chaque chemin est une trame possible. La figure 9.8 permet de visualiser un ensemble de trames

scé-naristiques valides sous la forme d’une arborescence. Dans cet exemple, aucun motif diégétique ne

permet de poursuivre les trames issus des motifs deSupplication(symbolisé par une croix crouge).

Une sélection est ensuite opérée pour déterminer les trames scénaristiques d’intérêt qui doivent être

favorisées.