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Partie A : Contextes et paramètres

1.4. Environnement et interactions

1.5.2. Brève synthèse du présent chapitre 1

Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, l’homme est un produit parmi d’autres de la transformation d’énergie créée avec le Big Bang. Il en découle que les lois physique de l’énergie s’appliquent à tout ce qu’il est et ce qu’il devient, et que, de ce fait, tant son fonctionnement que son comportement sont régis par les principes de la thermodynamique (cf. para. 1.1.2, 1.1.3 et 1.1.4). En tant que structure dissipative (cf. para. 1.6), il est une structure auto-organisée, comme le sont également tous les autres systèmes ouverts (cf. para. 1.5) que sont notamment notre système solaire, notre écosystème global (cf. para. 1. 28), nos sous-écosystèmes sociaux (cf. para. 1.4.2.2), nos gènes (cf. para. 1.12.2.1) et tous les organismes vivants.

Il n’y a, selon nous, aucune bonne raison de considérer que l’homme - qui constituerait, sinon, une exception unique dans le règne des organismes vivants - puisse en

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MORIN, E., Op.cit., p.120

114 MORIN, E., Ibid., p.37

98 quelque manière se soustraire aux emprises de son milieu naturel en sorte de pouvoir le modeler à sa guise, comme s’il n’en faisait pas partie intégrante (cf. para. 1.4.2.3). Il s’inscrit comme l’ensemble des phénomènes, dans un réseau infini de causes à effets (cf. para. 1.4.1).

De notre point de vue, notre fonctionnement et notre comportement - animés par nos actes, nos réflexions et nos acquis (cf. para. 1.2.6) - sont, à chaque instant conditionnés par les effets de l’accroissement de l’entropie. Nous sommes en mesure, en tant que structures dissipatives, de produire de la néguentropie (cf. para. 1.1.6), source de notre (auto)-organisation (cf. para. 1.2.1 et 1.2.4), processus qui nous permet de réduire ou de stabiliser les effets constants de l’entropie.

Par ailleurs, nous avons défini l’organisation comme étant « tout processus de traitement de l’information permettant à une structure dissipative de se maintenir éloignée de l’état d’équilibre ». (cf. para. 1.2.1). De fait, notre néguentropie est produite par voie d’informations (cf. para. 1.2.9), celles-ci incluant les apports cognitifs de même que ceux liés à notre alimentation énergétique (cf. para. 1.2.11 : mécanisme énergétique = mécanisme d’information). Au sens générique, nous avons défini l’information comme étant « le moteur de toute causalité » - cf. para. 1.2.5). On rappellera également que les sources de toute information sont des attracteurs, que ceux-ci sont sélectionnés par nos « informations acquises » et qu’ils sont porteurs de nos « informations nouvelles » (cf. para. 1.2.6) ; que ces informations se génèrent et transitent par des réseaux (cf. para.1.4) sujets à la complexité et au chaos (cf. para. 1.2.10) et qu’elles sont d’autant plus productrices d’organisation qu’elles constituent des facteurs d’innovation (cf. para 1.2.7) ; que les innovations résultent ordinairement de facteurs d’émergence (cf. para. 1.2.3) et que ceux-ci, également producteurs essentiels d’information, relèvent de structures auto-organisées (cf. para. 1.2.4) ; que l’évolution sélectionne les espèces, les cultures et les comportements sur la base de leur niveau de maximisation de dissipation d’énergie (cf. para. 1.3).

Enfin, et ceci constitue une hypothèse essentielle dans notre propos, le fonctionnement et le comportement de l’homme, à l’instar de l’univers dont il fait partie, sont largement régis par la loi de production maximale d’entropie (MEP – Maximum Entropy Production - cf. para. 1.1.7 et 1.1.8) qui est étroitement liée à la sélection naturelle (cf. para. 1.3) et au rôle omniprésent de l’information.

99 Remarque : la science physique, ainsi que les autres principes scientifiques auxquels nous nous référons (dont certains débordent largement cette science fondamentale) constituent d’importantes voies d’analyse importante pour ce qui est du fonctionnement et du comportement de tout ce qui se rattache à la nature (dont l’humain). Mais il est clair que ces bases de référence ne suffisent pas à tout expliquer en ces matières. Dans cette thèse, nous avons fait le choix de nous concentrer sur les inférences de la science physique en ayant clairement à l’esprit que les objets cet ouvrage peuvent être traités sur des bases complémentaires différentes.

Les données développées dans ce chapitre 1 serviront d’axes théoriques pour les parties B, C et D de cette thèse.

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2. Contexte philosophique

Du fait que le sujet de cette thèse se fonde sur une approche de type sciences de la nature, il découle que nous sommes amenés à appuyer notre réflexion sur une démarche déductive largement teintée de déterministe (avec les nuances qui s’imposent). Il convient dès lors que nous consacrions quelques pages à étayer le bien-fondé de cette démarche dans le contexte de notre thèse et, sur un plan plus général, à nous pencher sur son implication dans les domaines de la connaissance.

Notre définition générique de l’information (« l’information est le moteur de toute causalité ») (cf. para. 1.2.5), nous conduit à considérer que tout processus de causalité est en soi un phénomène d’information. Pour ce motif, nous nous intéresserons à la place de la causalité dans l’approche philosophique, d’autant que le schéma causal constitue le moteur essentiel de la démarche déterminisme ; elle est aussi le lieu des procédés déductifs. Nous mettrons aussi en évidence les liens entre les processus algorithmiques et ceux de la causalité, constat qui s’inscrit pleinement dans une démarche déterministe.

Etant donné, par ailleurs, que les lois (déterministes) de la thermodynamique ont, selon nous et ainsi que nous l’avons souligné, une implication incontournable sur le fonctionnement des organismes humains (et vivants, en général), en ce inclus le fonctionnement de leur esprit et, partant, leur comportement, il nous a également semblé utile de considérer succinctement les incidences des postures déterministes sur le concept de liberté (ci-après para. 2.8.1). En effet, l’approche déterministe achoppe régulièrement sur la question du libre arbitre auprès d’un grand nombre de philosophes et de penseurs de diverses disciplines des sciences humaines, principalement psychologie et sociologie, mais vraisemblablement aussi des sciences de l’information et de la communication. Le problème que pose le libre arbitre dans le contexte d’une approche déterministe tient à son occurrence

ex nihilo (absence d’antécédent causal). Il en va de même du hasard (ci-après para. 2.8.2), du Big Bang et de ses facteurs de causalité antécédents non encore identifiés (ci-après para. 2.8.3).

101 2.1. La causalité, une définition

Les structures dissipatives ont comme caractéristique de pouvoir demeurer éloignées de l’état d’équilibre grâce à leur capacité à contrer les effets de l’entropie à leur égard par une production de néguentropie. Sur ce plan, l’existence des humains, (notamment) se résume à une succession d’état entropiques et d’états néguentropiques, c’est-à-dire d’états de désorganisation et d’organisation. Cette succession d’effets définit fondamentalement le fonctionnement et le comportement des structures dissipatives.

Dès lors, s’agissant des structures dissipatives, le fil de la causalité (succession de causes à effets) se définit comme étant la succession d’organisations/désorganisations/ réorganisations. En d’autres termes, la causalité consiste, fondamentalement et essentiellement, dans cette succession. Tous les fils de causalité qui alimentent notre vie quotidienne relèvent implicitement de cette causalité fondamentale. En effet, on peut considérer que tous nos actes et tous les événements qui se produisent dans notre environnement sont des facteurs ou des phénomènes d’organisation produits en réaction à des états de désorganisation inscrits dans un cycle ininterrompu d’organisations/désorganisations/ réorganisations. Cette succession est le moteur même de notre existence et de sa durabilité.