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Chapitre 3 Les protagonistes

2) La bonne mère

Contrairement à la figure de la jeune épouse n’ayant pas d’enfant, dans les films mélodramatiques chinois, la figure de la bonne mère est présente à de multiples reprises.

Dans la société traditionnelle chinoise, après le mariage, le devoir d’une femme est « de seconder son mari et d’éduquer ses enfants (xiangfu jiaozi, 相夫教子) ». Ainsi, le modèle idéal pour une femme est celui de l’« épouse vertueuse et [de la] bonne mère de famille (xianqi liangmu, 贤妻良母) ». Depuis longtemps, elle est une figure essentielle de l’opéra traditionnel chinois (xiqu, 戏曲), dont la plus célèbre est celle de Qin Xianglian (秦香莲), l’héroïne de la pièce L’Exécution de Chen Shimei (Zha mei an, 铡美案). L’histoire a lieu pendant la dynastie Song du Nord (北宋, 960-1127). Qin Xianglian s’occupe toute seule de ses enfants et de ses beaux-parents pendant que son mari Chen Shimei (陈世美) participe à l’examen impérial197 (keju,

197. Dans la Chine impériale, tous les hommes qui veulent faire partie de la bureaucratie de l’État

181 科举). L’homme gagne le concours et abandonne sa femme et ses enfants afin d’épouser la fille du Fils du Ciel. Xianglian obtient de rencontrer son mari, elle lui demande de reconnaître ses enfants, mais celui-ci non seulement la repousse mais engage un tueur pour les faire disparaître! Finalement, il est condamné à mort par l'incorruptible juge Bao Zheng (包拯). Cette histoire, adaptée dans nombre d'opéras régionaux198, connaît un grand succès public pendant des siècles... Et Qin Xianglian devient le symbole de la femme abandonnée par son mari (qifu, 弃妇).

Si dans la pièce d’origine d'époque impériale, l’auteur met en avant l'abandon de la femme et la condamnation du mari scélérat, dans la période républicaine, les metteurs en scène de cinéma choisissent de mettre au premier plan la femme abandonnée qui se sacrifie. Dans les films mélodramatiques de l’époque étudiée, nombreuses sont les épouses abandonnées qui, en l'absence du mari, se sacrifient pour leur famille et leurs enfants.

Dans la société républicaine, surtout dans les grandes villes, la femme se voit exiger d'être « nouvelle »; l’étude de la partie précédente livre plusieurs cas de figure de la jeune fille moderne. La pièce, Une maison de poupée, contribue, en Chine, à cette époque, à la révolution sociale concernant l’émancipation individuelle. En effet, de nombreuses figures, homme, jeune fille, jeune épouse – comme Nora –, quittent la maison. Cependant, une mère qui s’enfuit du foyer n’apparaît pas dans les œuvres artistiques chinoises de la période républicaine. Une fois mariée, c’est le rôle traditionnel  « épouse vertueuse et bonne mère de famille »  qui occupe la première place de la vie d’une femme. Les grands maîtres du mélodrame cinématographique chinois (ce sont tous des hommes) font l’éloge de la femme à cause de son rôle de mère symbolisant le foyer, la maternité, l’abnégation, et d'un certain côté l’héroïsme.

Parmi les nombreux films qui traitent de la figure de la femme abandonnée,

198. Il existe six grands types d’opéra chinois classés par région : l'opéra de Pékin (jingju, 京剧), l'opéra

du Shaanxi appelé qinqiang (秦腔) de la province éponyme, l'opéra du Nord et Nord-Est de la Chine (pingju, 评剧), l'opéra du Henan (yuju, 豫剧), l'opéra Shaoxing (yueju, 越剧) du Zhejiang, du Jiangsu et de Shanghai, et l'opéra de l'Anhui (huangmeixi, 黄梅戏). La pièce en question a été adaptée dans les cinq premières catégories.

182 quelques œuvres emblématiques encore accessibles aujourd’hui fournissent matière à étude : Amour et devoir, Rêve rose, Le Petit jouet, Lumière maternelle, Deux Sœurs,

La Divine, La Femme nouvelle (Xin nüxing, 新女性 de Cai Chusheng, en 1934), Chant d’une mère aimante (Cimu qu, 慈母曲 de Zhu Shilin, en 1937)199

, Les

Larmes du fard (Yanzhi lei, 胭脂泪 de Wu Yonggang, en 1938, remake de La Divine), Les Larmes du Yang-Tsé, Mère et fils, La Mère (Muqin, 母亲 de Shi Hui 石挥, en

1949), Le Vent et la pluie de la nuit (Yelai fengyusheng, 夜来风雨声 de Pei Chong 裴 冲, en 1949). Excepté deux films de la fin des années 1940, Les Larmes du Yang-Tsé et Le Vent et la pluie de la nuit, qui gardent à peu près la même histoire que la pièce

L’Exécution de Chen Shimei, en la plaçant dans une période moderne (dans

l’après-guerre, l’inflation rend la vie tellement chère que dans le cinéma, les hommes renoncent à leur devoir de mari et de père pour accéder à un statut social et à l’argent, comme dans le cas de Chen Shimei), les autres films se concentrent essentiellement sur la figure de la femme abandonnée.

Ces films sont très variés. Ils sont parfois bien accueillis par le public, par exemple : Deux sœurs (une soixantaine de jours d’affilée à l’affiche dès sa première sortie) et Les Larmes du Yang-Tsé (trois mois à l’affiche, 712 874 spectateurs200) ; d’autres ne reçoivent pas le même accueil. Certains longs métrages sont qualifiés de films progressistes, par exemple Le Petit jouet, Lumière maternelle, Deux sœurs, La

Divine, La Femme nouvelle, certains sont considérés comme très conservateurs, par

exemple Chant d’une mère aimante. Cependant, si nous prenons le critère de la mère qui se sacrifie, que les œuvres soient progressistes ou conservatrices, elles ne comportent pas autant de différences idéologiques que certains historiens communistes voudraient le faire croire201.

199. Dans cette œuvre, la situation de la mère est différente. Devenue âgée, elle est abandonnée par ses

enfants. Mais, dans la société chinoise, ce sont les enfants qui doivent s’occuper de leur parent âgé.

200. Source extraite du Journal Zhengyan (正言报), 11 janvier 1948, in CHENG Jihua, op.cit., p. 222. 201. Notamment dans les propos de Cheng Jihua dans son livre L’Histoire du développement du cinéma

183 a) La condition féminine durant la période républicaine

Pour émouvoir davantage le public, la femme abandonnée est souvent une mère célibataire. Les causes du célibat sont multiples : dans Lumière maternelle, la mère redevient célibataire parce que son mari révolutionnaire est obligé de quitter le pays, sa fille (une chanteuse renommée) demande le divorce d’avec son mari « playboy » ; Dans Mère et fils, l’héroïne est une mère célibataire parce que son amant refuse de l’épouser à cause d’un problème d’argent ; plus fréquent est le célibat lié à la mort du mari, par exemple, dans Amour et devoir, Le Petit Jouet, La Mère ; parfois, la cause du drame n’est pas donnée par les réalisateurs, par exemple, dans La Divine, La

Femme nouvelle, Les Larmes du fard, le destin du père n’est pas évoqué.

Il arrive aussi que la femme mariée soit considérée comme « fausse célibataire », c’est le cas du film Les Larmes du Yang-Tsé et Le Vent et la pluie de la

nuit. Dans le premier, la femme est séparée de son époux à cause de la guerre ; dans le

second, c’est le mari qui déserte la maison. Ces figures sont plus proches du modèle de Qin Xianglian : pendant un certain temps, le mari n’est pas à la maison, c’est donc la femme qui s’occupe de tout.

Néanmoins, hormis les cas rares comme celui de la chanteuse célèbre de

Lumière Maternelle qui demande elle-même le divorce, ce sont toutes des femmes

délaissées par les hommes. Ce ne sont donc pas des femmes qui font le choix d’être seules, mais des femmes qui n’ont pas d’autre choix que d'accepter le statut de mère célibataire.

Dans les films mélodramatiques hollywoodiens de la même époque, notamment dans ceux qui traitent de la maternité, si l'on se réfère à l’analyse de Christian Viviani202, dans certains films comme les différentes versions de Madame X, l'épouse est chassée de la maison parce qu’elle se rend coupable d'adultère. Ce qui peut s’expliquer par la pensée religieuse occidentale qui met en avant le péché originel. Dans le mélodrame chinois, c’est très différent. Excepté le film Amour et devoir qui est adapté d’un roman écrit par une écrivaine polonaise, Stéphanie Horose, dans

202. VIVIANI Christian, « Qui est sans péché ? (le mélo maternel dans le cinéma américain des années

1930-1939) », in Les Cahiers de la cinémathèque, pour une histoire du mélodrame au cinéma, n°28, pp.73-87.

184 lequel l’héroïne s’enfuit de la maison avec son amant, la femme chinoise mariée ne commet aucune faute, elle est totalement innocente. Avec cette figure de la mère « sans tache » et abandonnée, le mélodrame chinois critique implicitement la société traditionnelle chinoise, patriarcale. Le pouvoir y est contrôlé par la force masculine, mais celle-ci est souvent absente. En outre, ce type de personnage renforce le sentiment du pathétique : c’est la vertu qui est condamnée. On se demande où se trouve la justice dans cette société !

Abandonnée par son mari, la mère doit s’occuper toute seule de son enfant. Dans la société traditionnelle, le divorce survient de façon tellement rare que la femme, une fois mariée, demeure toute sa vie dans la famille de son mari, même si celui-ci venait à mourir. Dans ce cas, c’est toujours la famille du père qui s’occupe de la progéniture. Durant la période républicaine, avec l’arrivée de la pensée moderne occidentale, le divorce commence à apparaître dans les grandes villes, ce qui suscite la question de l'identité de celle ou de celui qui élève l’enfant203. Comme, dans le mélodrame chinois, ce sont toujours les hommes qui partent, les femmes abandonnées élèvent alors tout naturellement l’enfant.

La mère célibataire doit survivre et subvenir aux besoins de son enfant. Pendant la période républicaine, à la différence de l’époque antérieure, deux moyens s’offrent à elle : se remarier ou travailler. Parmi les exemples cités, seule la mère dans Lumière

maternelle choisit d’épouser un homme riche, les autres préfèrent travailler pour

donner de quoi vivre à leur famille. Cette proportion radicale révèle deux contradictions de cette époque en mutation : d’une part, le divorce devient accessible – cependant pour la femme divorcée et encore plus pour une mère célibataire, il est plus difficile de se remarier que pour l’homme – ; d’autre part, la société nouvelle encourage la femme à être indépendante financièrement, et lui donne ainsi une chance de travailler.

Cependant, le travail que ces bonnes mères entreprennent, comme pour les

185 jeunes filles célibataires, est souvent subalterne. Dans Le Petit Jouet, la protagoniste féminine est une femme-artisan ruinée ; dans Les Larmes du Yang-Tsé, l’héroïne travaille en tant que domestique ; un destin pire attend la mère de La Divine : elle se prostitue pour élever son fils. Ce sont des mères qui travaillent beaucoup, sans réussir à améliorer leurs conditions de vie misérables.

La situation des femmes cultivées, est plus complexe : leur travail est plus honorable, mais leur éducation ne leur fournit pas une vie confortable, c’est le cas de

La Femme nouvelle (l’héroïne est écrivaine et enseignante, mais quand sa fille tombe gravement malade, elle n’a pas les moyens de consulter ou d'acheter des médicaments. Et elle n’a d’autre choix que de vendre ses charmes pour une nuit afin de pouvoir la soigner.) ; ou bien l’éducation n’est pas un atout pour une mère, c’est le cas dans La

Mère (à la mort du père de famille aisé, la mère est très vite déclassée. Devenue

pauvre, elle accepte de petits travaux manuels).

Il existe cependant des situations optimistes. Par exemple, dans Rêve rose, la mère est enseignante et écrivaine renommée, l’argent de son livre fait revenir son mari à la maison ; dans Mère et fils, l’héroïne, comédienne reconnue, récupère son fils grâce à sa célébrité. Si dans certains films mélodramatiques hollywoodiens, il arrive que « l’argent seul est capable de mettre la femme sur un pied d’égalité avec la société qui la rejette204 », dans certaines œuvres chinoises, c’est aussi l’argent qui donne à une mère innocente le moyen de retrouver son statut.

Non seulement la mère doit donner à l’enfant ce qu’il faut pour grandir, mais elle doit lui donner accès à l’éducation scolaire. D’après le Confucianisme, l’éducation est fondamentale pour la réussite d’un individu, plus particulièrement de sexe masculin. Ainsi la mère se sacrifie pour financer les études de sa progéniture. Déjà, dans Le Classique des trois caractères (Sanzijing, 三 字 经 )205, un des

204. VIVIANI Christian, op. cit., p. 76.

205. C’est un résumé de la pensée confucéenne pour l’éducation des enfants. Il a probablement été écrit

par Wang Yinglin (王应麟, 1223-1296) de la dynastie des Song du Sud (南宋, 1127-1279). Le texte est en chinois classique (文言) et est écrit en vers de trois caractères pour être facilement appris. En Chine continentale, avant 1949, c'était un des premiers textes que les enfants devaient connaître par cœur.

186 Classiques chinois, nous trouvons tout au début les phrases suivantes : « Autrefois la mère de Mencius sut faire le choix d'un (bon) voisinage; quand son fils relâchait ses efforts dans l'étude, elle brisait la navette de son métier à tisser (ximengmu,

zelingchu ; zibuxue, duanjizhu 昔孟母,择邻处;苟不学,断机杼). » Ce genre

de mère se sacrifie pour l’éducation de son enfant, et nous en trouvons l'exemple dans trois films emblématiques : La Divine, La Mère et Lumière

maternelle.

b) La Divine

La Divine, considéré comme le meilleur film de l’année 1934, produit par le

Studio Lianhua, est réalisé par Wu Yonggang (1907-1982). Auparavant, le réalisateur a travaillé comme décorateur pendant dix ans dans d’autres studios de Shanghai, tels que le studio Dazhonghua baihe (大中华百合) et le studio Tianyi (天一). La Divine est son premier film après son entrée dans le Studio Lianhua. D’après ses propos, à partir du début des années 1930, il commence à avoir des contacts avec les membres du Parti communiste, notamment avec Tian Han. Ainsi, il a l’idée de montrer la vie misérable des prostituées et de critiquer la sombre réalité206, ce qui explique en quelque sorte pourquoi ce film est classé en tant que film progressiste207.

La Divine raconte l’histoire d’une mère célibataire, Ruansao, jouée par Ruan

Lingyu, par ailleurs le plus beau rôle de sa carrière. Pour élever son fils et financer son éducation scolaire, Ruansao se prostitue dans la rue. Elle tue un voyou qui lui vole l’argent destiné à son enfant et est jetée en prison. Ce film met en scène une mère célibataire qui se sacrifie toute sa vie pour l’ascension sociale de son enfant.

Au début du film, l’intertitre présente l’intention du réalisateur : « La divine se

bat dans le tourbillon de la vie. La nuit, dans la rue, elle est un ange humble. Quand elle prend son enfant dans ses bras, elle est une mère divine. Dans cette

206. LI Suyuan, HU Jubin, L’Histoire du cinéma muet chinois, Pékin, Zhongguo dianying chubanshe,

1996, p. 339.

207. Les films classés par les historiens communistes des années maoïstes sont beaucoup attaqués par les

critiques de gauche des années 1930. Cette qualification est plutôt établie d’après le statut communiste de son réalisateur et/ou de son scénariste.

187 vie double, elle montre l’humanité grandiose208 ». Au second plan, une sculpture

met en scène une mère et son enfant. La mère utilise son corps torturé pour protéger celui-ci. Ce plan qui fait éloge de la maternité structure le déroulement du film.

La Divine

Le titre du film : La divine.

L’intertitre qui suit le titre et montre l’intention du réalisteur.209

L'œuvre comporte peu de séquences où la mère se prostitue. Au total, il n’y en a que trois qui représentent Ruansao recherchant des clients dans la rue (la durée de chacune ne dépassant pas une minute). Le reste du film se focalise sur la manière dont la mère vit complètement au service et avec son enfant. La caméra capte ses joies : le matin, son visage lourd de fatigue et de dégoût, elle rentre à la maison. Dès qu'elle voit son fils, elle rit. Et ce visage joyeux, on ne le voit que lorsqu'elle est avec son

208. Texte original : « 神女,挣扎在生活的漩涡里。在夜之街头,她是一个低贱的神女。当她怀抱

起她的孩子,她是一位圣洁的母亲。在两重生活里,她显出了伟大的人格。»

209. Traduction personnelle : « La divine se bat dans le tourbillon de la vie. La nuit, dans la rue, elle est

un ange humble. Quand elle prend son enfant dans ses bras, elle est une mère divine. Dans cette vie double, elle montre l’humanité grandiose ».

188 « petit trésor » : elle joue avec son fils après l’école, admire sa performance lors de la fête de l'école, et le gros plan révèle sa joie d'être mère.

La Divine

Le matin, elle rentre à la maison et prend son fils dans ses bras : la tendresse dans ses yeux.

Elle fait de la gymnastique avec son fils.

Mais sa tristesse et sa colère contre l'injustice sociale sont également filmées : à cause de ses « activités », son fils est renvoyé de l’école, et elle pleure ; emprisonnée, elle crie qu’elle veut sortir pour s’occuper de son enfant. De plus, elle choisit volontairement de s'effacer pour le bien de ce dernier (à la fin du film, en prison, quand le directeur de l’école lui promet de s’occuper de son fils, elle lui demande de dire à ce dernier que sa mère est morte). Avec toutes ces scènes pathétiques et pleines d'émotion, le réalisateur crée une mère-sacrifice, une mère qui ne vit que pour sa progéniture, un parangon d'abnégation.

189 La Divine

Elle pleure quand son fils est renvoyé de l’école.

Elle est en prison et crie qu’elle veut sortir pour voir son fils.

Il est très curieux de noter que ce film est produit pendant une période de prohibition de la prostitution par le gouvernement. À partir de 1933, le pouvoir lance un mouvement nommé la « Nouvelle Vie » (xinshenghuo yundong, 新生活运动) dont l'interdiction de vendre ses charmes fait partie. De plus, selon les études sur les belles de nuit de Shanghai du début du 20e siècle menées par Gail Harshatter210, l’héroïne de La Divine appartient aux « prostituées de la rue », révélatrices d'une maladie de la société. D’ailleurs, une séquence du film montre Ruansao et d'autres femmes de même condition pourchassées par la police. Cependant, le fait que le

210. D’après Gail Hershatter, il existe six types différents de prostituées : « la première catégorie, ce sont

des « prostituées de haut rang », elles sont cultivées, sont souvent les protagonistes des romans de « l’école des canards mandarins et papillons ». Elles représentent le plaisir de la vie, les hommes ont de l’admiration pour elles et les considèrent comme des figures de l'élite ; la seconde catégorie, ce sont des « marchandes malhonnêtes », on fait allusion à elles dans des passages de guides de villes ou dans les journaux. Ces articles conseillent aux hommes d’éviter les prostituées malhonnêtes et leurs maquerelles. Le troisième type, ce sont des « prostituées de la rue », elles ont souvent des maladies et sont maltraitées. A travers ces femmes, on montre le côté sombre de la ville. Les trois catégories restantes ont un lien avec le discours des « Lumières », la prostitution est la marque d’un pays non développé (elle représente la Chine qui attend le secours de la religion catholique ou le nationalisme), la marque de la double face de la modernité, et l’objet qui est sous contrôle du gouvernement (la santé publique,