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3. Cadre Théorique

3.3 La sécurisation des migrations, acteurs et structures

3.3.2 La biopolitique et les migrations :

L'articulation de la trame de fond sur laquelle se basent les discours d’acteurs politiques sécurisant les migrations - une biopolitique des migrations - passe par la définition du contexte d'émergence de ce mode de gouvernement et de ses liens avec la sécurité. La généalogie des périodes rencontrées ne va pas de soi et permet de saisir par leur rapports de différence les questionnements nouveaux qui informent les techniques de gouvernement.

Dans une généalogie des modes de gouvernement, de leurs fonctionnements et de leurs techniques, Michel Foucault, dans ses cours au collège de France et notamment entre les années 1976 et 1979, met en exergue différents “moments“ du gouvernement avec des techniques qui leur sont propres et qui, parfois, se superposent et co-existent.

Si le travail de recherche à proprement parler est développé de manière plus complète dans les cours, c’est dans l’ouverture de Surveiller et Punir (Foucault, 2003) que s’illustre de manière très crue ce que Foucault appelle un régime de souveraineté. La mise à mort dans des souffrances terribles d’un condamné du 18ème siècle et le supplice qui l’accompagne serait selon lui le théâtre et le renvoi sur le corps du condamné de la souffrance qu’il aurait lui-même causé, à travers son crime, au corps du roi. Le crime était alors, dans cette articulation spécifique des rapports de pouvoir et de manière très schématique, compris comme une atteinte à la souveraineté, au corps du roi, étant donné que le roi était l’Etat. Ce mode de gouvernement et les techniques qu’il mettait en

œuvre sont selon Foucault relativement lâches. Lâche dans le sens où le moment de la souveraineté, le moment où le gouvernement gouverne (et cela de manière fracassante) le corps de ses sujets est essentiellement le moment de leur mise à mort. Le souverain a le droit de vie et de mort sur ses sujets et il a la prérogative de les faire mourir lorsque les règles n’ont pas été respectées. Outre le

“moment“ de la souveraineté spectaculaire, l’intervention du gouvernement dans la vie des gens est lacunaire, l’État fait mourir et laisse vivre. Les souffrances et les exécutions dans ce mode de gouvernement sont donc publiques, le monde doit voir l’affirmation du pouvoir du roi s’appliquer et l’ensemble des sujets doit trembler qu’il lui arrive la même chose. La “lâcheté“ de ce mode de gouvernement est donc à comprendre comme une intrusion ponctuelle et très théâtrale d’un pouvoir souverain finalement épisodique.

Un second “moment“ des techniques de gouvernement, bien qu’ils ne soient pas exclusifs les uns aux autres, peut être situé avec l’émergence de l’industrialisation et la nécessité de domestiquer les forces vives de la production. Les cibles du gouvernement restent les corps mais ceux-ci ne sont plus suppliciés comme autant de marques physiques du pouvoir souverain, ils doivent être corrigés.

Foucault, dans une métaphore qui rend bien compte de la rationalité de ce mode de gouvernement, parle d’ “orthopédie sociale“ (Foucault, 2003). Les corps ne doivent plus souffrir physiquement la peine qu’ils ont infligé au corps du roi, ils doivent être redressés et mis en conformité avec ce qui est attendu d’eux, l’idée de fond étant leur réinsertion dans la société. Le passage par l’architecture carcérale et le panoptisme chez Foucault permet de comprendre l’agencement disciplinaire d’une société dans son ensemble, la figure du panoptique est en ce sens diffuse dans le monde social et voit ses points d’ancrages disséminés dans toute une série d’activités. Que ce soit dans l’atelier, les écoles, la prison ou en caserne, les individus sont pris dans une technologie de surveillance qui vise à normaliser des comportements et à rendre les corps dociles en les confrontant au regard permanent d’un surveillant invisible. Le panoptisme comme technique de gouvernement se diffuse selon Foucault à toutes les sphères de la société. Ces techniques de gouvernement prennent la forme de la surveillance et sont regroupées sous ce que Foucault appelle les disciplines. Cette évolution des techniques marque un changement radical dans la rationalité gouvernementale, la prise de conscience que la gestion des individus doit passer par un maillage relativement fin, par une surveillance individualisée et par l’optimisation du caractère productif des corps. Si les liens avec l’émergence du capitalisme ne sont que très peu évoqués par Foucault, la périodicité de la disciplinarisation des corps qu’il décrit se fonde dans ce mode de fonctionnement économique et passe pour une de ses exigences.

La souveraineté et les disciplines comme modes de gouvernement et techniques de gouvernement peuvent co-exister et certaines de leurs logiques s’entre-croiser. Ces deux “moment“ de gouvernement se superposent à une logique profonde qui va de pair avec l’émergence du libéralisme et qui prend pour cible une variable relativement inédite dans l’application du pouvoir : la vie. Le concept de vie est une variable relativement nouvelle dans la généalogie que fait Foucault et permet la compréhension des évolutions des techniques de gouvernement qui la prendront pour cible. La vie comme variable au centre de la rationalité gouvernementale est une nouveauté soulignée dès les premiers cours au collège de France :

“Pour la première fois sans doute dans l’histoire, le biologique se réfléchit dans le politique, le fait de vivre n’est plus ce soubassement inaccessible qui n’émerge que de temps en temps, dans le hasard de la mort et sa fatalité ; il passe pour

une part dans le champ de contrôle de savoir et d’intervention du pouvoir“ (Foucault, 2011 : 187)

La naissance d'un mode de gouvernement qui ne s'applique plus tellement sur un territoire mais sur une population31 est donc intrinsèquement liée avec cette variable nouvelle qu’est la vie et commandé par elle, il va s’appliquer à la favoriser en gardant ses distances vis-à-vis de phénomènes naturels qui doivent suivre leur cours. Ce mode de gouvernement est avant tout défini comme un ensemble de techniques et de technologies. Lorsque Foucault aborde la biopolitique c’est dans une réflexion sur les techniques de gouvernement et les évolutions de long terme qui se traduisent selon lui dans la prise en charge de plus en plus minutieuse des aspects de la vie des sujets du pouvoir.

Les nouvelles techniques de gouvernement dont il parle sont intimement liées au développement de la science économique, encore appelée économie politique, et au développement des sciences de la population et de la statistique.

Dans le cours de 1978 intitulé : Sécurité, territoire, population (Foucault, 2004), apparaît un exemple permettant de rendre plus intelligible la succession des modes de gouvernement dont nous parlons ici et cela à travers la prise en charge des crimes. La gestion des crimes et des criminels a affaire avec la sécurité et subit des modulations qui vont de paire avec une évolution des techniques et de la raison gouvernementale. Succinctement, la prise en charges des criminels à travers ces 31Le développement du terme de biopolitique et du biopouvoir se fait dans le cours de 1978 au collège de France ; Sécurité, territoire, population (Foucault, 2004, Foucault, 2001). Il est développé comme un pouvoir sur la vie, comme le changement de la logique gouvernementale d'un pouvoir souverain dont le rôle était de laisser vivre et faire mourir à

un pouvoir dont les prérogatives est de faire vivre et laisser mourir. À partir du moment où le rôle de l'Etat est de “faire vivre“ une population, son action doit être d'une nature minutieuse et insidieuse c'est pourquoi le concept de

gouvernementalité a pris le pas sur la biopolitique comme une manière d'analyser la conduite des conduites

individuelles dans leurs ramifications les plus fines. Le développement du lien entre le libéralisme et la nécessité de ne pas trop gouverner est développée dans le cours de l'année suivante ; Naissance de la biopolitique (Foucault, 2004) dans lequel il n'est finalement pas tellement question de la biopolitique en tant que telle mais plutôt de ses conditions d'émergence comme mode de gouvernement.

modes de gouvernement suit selon Foucault une sorte de continuum qui va de 1. le constat du crime et sa punition, par exemple la pendaison – Souveraineté. En passant par 2. le constat du crime, sa punition et l’ensemble des contrôles, surveillance, tentatives de redressement de ce comportement déviant, prévention de ce comportement, etc. - Disciplines. Jusqu’à 3. le même type de loi et de châtiments que pour 2 sauf que les peines, le redressement sont commandés pas une série de question de type économique-statistique, “quel est le taux de criminalité“, “que coute la répression par rapport au crime“, “quel type de sous-population est le plus impliquée, pourquoi“… l’idée est de maintenir la déviance à un niveau “acceptable“ selon un calcul de couts économiques, selon des limites acceptables pour un fonctionnement social donné et pas forcément de l’éradiquer une fois pour toute - Sécurité.

Il y a donc, avec l’évolution des technique, l’idée que la vie - biologique comme sociale – est composée d’un ensemble de mécanismes qui doivent être connus, qu’on va connaître et tenter de favoriser ou d’éviter mais en intervenant de manière minutieuse et mesurée. Ce qui est valable pour la criminalité fonctionne également avec les phénomènes migratoires et le souci statistique dans la prise en compte des flux de personnes est un élément prépondérant des prises de décisions dans les politiques européennes. La prise en charge d’un grand nombre de migrants en Allemagne par un gouvernement conservateur pour l’année 2015 répondait à titre d’exemple plus à un calcul économique mêlant besoin de main d’oeuvre, déficit démographique et vieillissement de la population qu’à un souci moral quant au destin des exilés.

La gestion libérale32 des sujets de l’Etat est indissociable de la prise en compte des méfaits d'une intervention étatique trop pesante, sur l'économie en premier lieu et sur les mécanismes sociétaux ensuite. C'est dans une double logique que se met en place ce mode de gouvernement. Il s'agit de ne pas trop gouverner tout en gérant les des aspects les plus anodins de la vie de la population afin d'en assurer le bon fonctionnement33. Cette gestion des populations est de type administrative et prend forme dans ce qui est déjà appelé la police, police dans son sens moderne, c’est à dire l’ensemble des moyens nécessaires pour faire croitre de l’intérieur les force de l’État. Il y a donc, dès l'annonce de ce mode de fonctionnement gouvernemental chez Foucault, une ambiguïté entre le fait de

32 MacMilian dans un article de 2010 soulignait ce lien intrinsèque entre le développement de la doctrine économique libérale et les techniques de gouvernement biopolitiques, cette indisociabilité de l’un et de l’autre est clarifié dans la phrase suivante “La liberté individuelle sera alors placée au cœur de la pratique gouvernementale, et sera le principe de la technologie biopolitique moderne. Il ne s’agira plus de tout réglementer, mais de laisser-faire. A partir de ce moment-là, la biopolitique va s’attacher à la régulation de tout un ensemble de phénomènes dans un milieu ouvert. L’action gouvernementale ne cherchera plus à contrôler tout un ensemble de phénomènes tels que la famine, la maladie ou les taux de natalité. Il s’agira plutôt de procéder à une gestion souple et à maximiser les éléments positifs tout en sachant que les risques et dangers ne seront jamais supprimés. La biopolitique va alors devenir un travail sur l’avenir, mais un avenir « non exactement contrôlé ni contrôlable, non exactement mesuré ni mesurable » (Macmilian, 2010:48)

33 La gestion des aspects anodins de la vie publique est la définition du terme de police évoqué plus haut.

contrôler une population tout en intervenant de manière plus minutieuse et mesurée (Foucault, 2004). Le laisser faire souvent agité comme fondement de l’ordre libéral est dans la lecture foucaldienne bien plus cadré et organisé qu’il n’y paraît. C'est aussi dans le souci de ne pas perturber des mécanismes naturels et propre à la vie que les modalités de ce mode de gouvernement se concrétisent en ne ciblant plus les corps directement mais les conditions de possibilité de ces corps, par la régulation. Le pouvoir qui s'applique dans ce cadre de rationalité n'impose rien, il favorise et il incite. Frédéric Gros dit de la régulation : « la régulation, c'est l'aménagement du milieu » (Gros, 2012 : 213). Le milieu dont parle Frédéric Gros peut être entendu comme les autours de la vie, ce qui lui permet d’être favorisée ou au contraire mise en danger. Nous retrouvons à travers l’idée de la régulation et de l’aménagement du milieu la critique portée par les néolibéraux. Dans une remise en question du caractère naturel du marché comme moyen d’allocation naturel des ressources, le néolibéralisme milite pour une “mise en marché“ et donc réfute le caractère naturel du moyen d’échange au coeur du libéralisme. Le marché n’a rien de naturel, il doit être aménagé. Ce qui est valable pour les échanges marchands est à comprendre comme une rationalité d’ensemble dont la critique permet de mettre en exergue le caractère construit et contraignant.

Le développement des techniques et son interprétation chez Foucault a pu laisser penser que les modes de gouvernements se succédaient les uns aux autres, on serait ainsi passé d’un pouvoir souverain violent et éparse à un pouvoir disciplinaire qui trouvait comme lieu d'application la contrainte directe du corps à travers la surveillance généralisée puis à un gouvernement biopolitique organisateur du milieu, de l’environnement direct de la vie. Il faut relativiser ces évolutions et leur caractère chronologique, l’application des technique disciplinaire peut perdurer en osmose avec des interventions gouvernementales de type biopolitique. Cette co-existence des modes de gouvernement n’est pas directement questionnée chez Foucault mais elle prend sa place dans ce travail dans la mise en perspective des techniques de gouvernements vis-à-vis des corps sur lesquels elles s’appliquent.

Le biopouvoir comme ensemble rationnel comprend trois éléments ; la population comme cible, le gouvernement comme cadre d'action et la sécurité comme objectif.

C’est à travers ce développement dans la rationalité du gouvernement que la sécurité devient liée à la question de la population, de sa préservation, de son bien-être et de sa productivité. Les évolutions dans les techniques de gouvernement forment en ce sens le socle sur lequel les discours des acteurs de la sécurité peuvent se déployer et fonctionner. La biopolitique joue le rôle de condition de possibilité du discours à un moment donné – notre actualité – et dans un contexte

donné - une réalité pensée comme blanche et européenne. Effectivement,c’est un point qui ne sera pas développé de manière exhaustive dans ce travail mais l’impensé foucaldien de la race qui a pu lui être reproché par des auteurs plus contemporains34 doit être mentionné ici. La biopolitique en tant que technique de gouvernement opère des sélections, des distinctions entre des corps valides, utiles ,productifs : des corps qui comptent35 et des corps qui ne peuvent pas intégrer le cadre des politiques de la vie en fonction de leur incapacité à reproduire les forces vives du capitalisme, la main d’oeuvre (pour les sexualités non-normatives) ou parce qu’ils ne répondent pas à l’impératif de pureté de la race (pour les non-blanc.he.s). Les liens de La biopolitique dès sa naissance avec les théories hygiénistes et racistes du dix-huitième siècle sont constitutifs des personnes et des corps qui sont compris dans la notion de population.

Si ces techniques de gouvernement forment d’un côté un ensemble de contraintes et de règles, elles sont également les vecteurs de la dimension productive du pouvoir. Le caractère producteur du pouvoir souligné par Foucault se retrouve dans le fait que si ces différents modes de gouvernement opèrent effectivement des contraintes sur les corps, ils donnent naissance à des subjectivités dans le même mouvement.

La lecture foucaldienne des relations de pouvoir dont il est question tout au long de ce travail s’appuie sur l’idée que toute relation de pouvoir s’appuie sur une économie discursive de la vérité.

C’est en ce sens que la sécuritisation ou sécurisation des migrations peut être examinée comme un discours au travers duquel des relations de pouvoir sont exercées (Ibrahim, 2005).

Dans le cas du pouvoir disciplinaire, la contrainte des corps passait par un rituel de subjectivation qui donnait naissance à un dire vrai à travers le discours du condamné où à travers l'enquête et ce qu'elle révélait de l'identité de la personne, le sujet se construisant à travers son aveu et la vérité qu’il exprime de lui même. En ce sens, le pouvoir disciplinaire est individualisant, il vise la connaissance de l'individu et le constitue comme sujet dans ce rapport d’assujettissement. Le pouvoir biopolitique fonctionne de son côté de manière massifiante en régulant des conduites à travers la statistique et la construction de catégories. Taux de natalité, taux de mortalité, gestion des

34 Jasbir Puar apporte dans son livre réedité en 2017 “Terrorist assemblages: Homonationalism in queer times.“ une critique au concept de biopolitique. Son argument qui est plus axé sur la critique du queer et de l’intégration de certains types de sexualités non-normatives au cadre biopolitique permet d’entrevoir le cadre biopolitique défini chez Foucault comme disposant de plusieurs portes d’entrée. Selon Puar, à travers la mobilisation de certains arguments notamment vis-à-vis de la manne financière représentée par les homosexuels des classes aisées de la population européenne, des sexualités non-normatives parviennent à intégrer le cadre productif biopolitique par le dyptique consommation-production. De la même manière, surjouer les codes d’un capitalisme néolibéral permet à certains corps non-blancs d’obtenir une visibilité. Cette critique du biopolitique est assez éloignée du propos de ce travail mais permet de dessiner les contours de la biopolitique et de la situer dans une société hétéro-blanche vectrice de normes contraignantes.

35 L’expression est tirée du livre de Judith Butler, Bodies that matter de 1996 référencé en bibliographie.

maladies, campagnes de vaccination, finalement l'individu n'est pas interpellé directement mais au travers de ses attributs biologiques. Selon Frédéric Gros, « La sécurité humaine s'adresse, en l'homme, à son substrat biologique le plus élémentaire: il faut qu'il mange et qu'il ne tremble plus » (Gros, 2012 : 192). Finalement, que ce soit la souveraineté, les disciplines ou la sécurité, toutes ont affaire à la multiplicité mais elles ne s’en occupent pas de la même manière. Ce qui semble différencier les disciplines et la sécurité est l’accent mis sur les individualités. Les disciplines avaient comme objectif, comme fin, de quadriller la multiplicité et d’assurer une surveillance qui individualise, donnant en un sens naissance à l’individu par le découpage de la multiplicité. Dans le cas de la sécurité et de la gestion biopolitique c’est plutôt dans l’autre sens que la subjectivation est rendue possible, la prise de conscience que les entités humaines ont une vie biologique propre permet de tirer des lois statistiques à partir de cette commune humanité. Les logiques de prise en compte de l’individualité sont en ce sens quasi antagonistes mais tout pouvoir produit les sujets auxquels il s’adresse.

maladies, campagnes de vaccination, finalement l'individu n'est pas interpellé directement mais au travers de ses attributs biologiques. Selon Frédéric Gros, « La sécurité humaine s'adresse, en l'homme, à son substrat biologique le plus élémentaire: il faut qu'il mange et qu'il ne tremble plus » (Gros, 2012 : 192). Finalement, que ce soit la souveraineté, les disciplines ou la sécurité, toutes ont affaire à la multiplicité mais elles ne s’en occupent pas de la même manière. Ce qui semble différencier les disciplines et la sécurité est l’accent mis sur les individualités. Les disciplines avaient comme objectif, comme fin, de quadriller la multiplicité et d’assurer une surveillance qui individualise, donnant en un sens naissance à l’individu par le découpage de la multiplicité. Dans le cas de la sécurité et de la gestion biopolitique c’est plutôt dans l’autre sens que la subjectivation est rendue possible, la prise de conscience que les entités humaines ont une vie biologique propre permet de tirer des lois statistiques à partir de cette commune humanité. Les logiques de prise en compte de l’individualité sont en ce sens quasi antagonistes mais tout pouvoir produit les sujets auxquels il s’adresse.