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Chapitre 4. La prise en charge, la reconnaissance et la remédiation

4.2. Bilan et tests

Comme je l'ai expliqué précédemment, l'orthophoniste intervient dans le cadre du suivi d'un enfant présentant des troubles du langage, et dans le cas qui m'intéresse plus précisément la dyslexie. Il va effectuer un bilan diagnostic via différents tests, établis par des chercheurs dont les travaux sont à l'interface entre divers domaines comme la psychologie, la psychologie cognitive, la psycholinguistique ou encore la neurologie.

Les capacités de l'enfant testées lors des bilans sont généralement et principalement :  le langage écrit

 le langage oral et les capacités orales  les capacités visuo-constructives  le quotient intellectuel

De plus, il existe une version logicielle de certains tests afin d'évaluer le processus cognitif des sujets potentiellement dyslexiques ou encore des outils permettant le suivi des mouvements oculaires. Leur principal avantage étant de permettre un recueil automatique

La prise en charge, la reconnaissance et la remédiation

des performances et donc un recueil exhaustif du comportement et des erreurs produites (G. Garcia, 2016).

Je ne vais pas faire ici une liste exhaustive de l'action des orthophonistes, ni des noms et du fonctionnement des tests utilisés pour le bilan et la remédiation des dyslexiques, mais je vais en donner quelques exemples. Parmi les tests de lecture, on peut trouver : l’alouette, BELEC (batterie d’évaluation du langage écrit), LMC-R, N-EEL, L2MA (qui permet aussi de tester le langage oral)… Ces tests sont souvent associés à des tests neuropsychologiques, comme NEPSY, STROOP, figure de Rey ou KABC, et des tests de QI tel que le WISC.

L'un des tests de lecture les plus populaires, utilisé par les orthophonistes est le test de l'alouette.

4.2.1. L'alouette

Le test de l’alouette est un test de dépistage qui indique un niveau de performance de lecture à voix haute. Ce test ne considère pas la compréhension du texte, ni son sens mais évalue la capacité de l'enfant à le déchiffrer. Les mots à lire sont parfois rares comme par exemple « hirondeau », le petit de l'hirondelle, et la construction des phrases inattendue :

"Annie, Annie ! Au doigt joli, une églantine laisse du sang : au bout du temps des féeries viendra l’ennui."

Lors de la passation, l'enfant est informé qu'il doit lire de son mieux à voix haute, que le texte n'a pas vraiment de sens, et qu'il n'a pas à le comprendre.

Ce test est chronométré et dure trois minutes, le texte à lire comprend 265 mots. L'examinateur note les résultats dans le "livret" de l'élève et consigne ainsi la vitesse de la lecture et le nombre de mots correctement lus. A partir d’un référentiel, le test de l'alouette permet de déterminer un « âge lexique ». On compare cet âge lexique (ou âge de lecture) à l’âge de l'enfant pour obtenir le retard de lecture.

Cependant, comme le remarque Jacquier-Roux, Valdois, Zorman, Lequette et Pouget (2005, p. 13) :

"Les tests de lecture traditionnels mesurent des indicateurs globaux de performance comme la vitesse de lecture et l'âge lexique (Alouette). S'ils permettent de situer l'enfant par rapport à sa classe d’âge, ils ne donnent aucune information sur la nature des troubles associés et les causes potentielles des difficultés de lecture."

4.2.2. La BALE et l'ODEDYS

Le groupe Cogni-Sciences, composé de chercheurs associés au Laboratoire des Sciences de l'Éducation et au Laboratoire de Psychologie et Neurocognition de Grenoble, fait partie des contributeurs soucieux d'améliorer la précision du diagnostic, en fournissant notamment du matériel pour les professionnels de santé, afin de standardiser les bilans de compétences langagières.

Parmi leurs contributions, on retrouve la B.A.L.E. (Batterie Analytique du Langage Écrit), qui est un outil complet qui analyse et quantifie les troubles du langage écrit et que j'ai déjà évoqué dans le Chapitre 1 (Jacquier-Roux et al., 2010). Cette batterie est à la fois un outil de diagnostic et de suivi. Les professionnels de santé ont participé à son élaboration en la testant puis en l'étalonnant. D'ailleurs des formations sont destinées depuis 2001 à en permettre l'usage par les orthophonistes.

La passation et l'analyse des résultats durant entre 2 et 4 heures, il a été extrait un certain nombre de sub-tests regroupés sous le nom d'Outil de Dépistage des Dyslexies (ODEDYS) (Jacquier-Roux et al., 2005), plus rapide et ciblé sur le dépistage. Cet outil couvre une plus grande tranche d'âge puisqu'il s'adresse aux élèves du CE1 à la 5ème, tandis que la B.A.L.E.

concerne ceux du CE1 au CM2.

L'ODEDYS permet d'observer les processus cognitifs. La passation est individuelle, elle comprend la lecture chronométrée et dictée de listes de mots réguliers, irréguliers et de non-mots. Les observables sont : la méta-phonologie (épreuves de suppression et de fusion de phonèmes) ; la mémoire verbale à court terme et la mémoire de travail ; le traitement visuel ; les capacités visuo-attentionnelles. L'objectif est de repérer les déficits, de formuler une hypothèse sur la nature des troubles associés aux difficultés de lecture, mais aussi d'identifier les capacités sur lesquelles l'enfant peut s'appuyer.

Ainsi, avec des évaluations complètes, systématiques et standardisées, il est possible de déterminer plus précisément différents profils de dyslexiques et, par la suite, d'obtenir un meilleur suivi pour chaque individu.

De façon plus générale, il est essentiel de renforcer le lien entre les professionnels de santé et les chercheurs; le partage de leurs travaux et la mise en commun de leurs contributions à l'amélioration du diagnostic, du suivi et de la remédiation, permettra une amélioration de la prise en charge des enfants « dys ». C'est en partant de ce constat que Garcia (2016) propose une plate-forme en ligne de partage entre chercheurs, médecins, professionnels de santé et patients, permettant de mutualiser les connaissances et les travaux de chacun pour améliorer le diagnostic mais aussi la remédiation des enfants « dys ».

La prise en charge, la reconnaissance et la remédiation