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Chapitre 4 Analyse des résultats

4.2 Présentation des résultats

4.2.2 Besoins des migrants centraméricains en migration de transit au Mexique

4.2.2.3 Besoins normatifs

4.2.2.3.1 Besoin de ressources d’aide humanitaire

Ressources d’aide humanitaire manquantes ou défaillantes

D’après le témoignage des participants informateurs-clefs, plusieurs ressources d’aide humanitaire manquent afin que les migrants centraméricains en migration de transit au Mexique vivent une expérience migratoire idéale. Tout d’abord, plusieurs participants sont d’avis que les migrants ont besoin d’avoir accès à davantage de refuges tout au long de leur périple. Lucía (I) croit par exemple qu’il devrait y avoir un refuge dans au moins chaque ville importante se situant sur le chemin principal des migrants, car actuellement les refuges sont très éloignés les uns des autres. Les migrants doivent donc marcher des kilomètres pour trouver de l’assistance. En plus de ces refuges, Lucía croit qu’il devrait y avoir davantage de centres médicaux venant en aide aux migrants, car l’aide médicale offerte dans les refuges est une aide médicale de base alors que certains migrants nécessitent une intervention médicale élaborée, qui ne peut être réalisée que dans les centres hospitaliers. Actuellement, comme Lucía le mentionne, les centres hospitaliers mexicains sont saturés et même la population mexicaine en besoin n’arrive pas à obtenir les services recherchés. Les comptoirs alimentaires ont également été mentionnés par Lucía comme étant un élément manquant à la migration actuelle. Selon elle, ces comptoirs pourraient contribuer à satisfaire les besoins physiques élémentaires des migrants, jusqu’à ce qu’ils trouvent un refuge pouvant les accueillir. Aussi, plusieurs ressources manquent pour que les migrants aient accès à des services juridiques, notamment utilisés lors de démarches de dénonciation liées à un cas d’abus ou de violation, et des services d’aide aux réfugiés qui soient adéquats, complets et fonctionnels. Plusieurs participants ont mentionné que ces services ne sont pas complets puisqu’ils n’offrent pas de protection, ni de service de logement ou d’aide financière durant le traitement des plaintes ou des demandes d’asile. Les migrants seraient laissés à eux-mêmes, dans l’obligation de rester dans la même ville dans laquelle ils ont déposé leur demande. Cette situation perdurerait jusqu’à l’issue de leur demande, ce qui compliquerait de beaucoup leur condition :

La HCR leur offre plusieurs possibilités d’arranger leur séjour, de demander l’asile, même politique, plusieurs de ces choses-là, c’est très facile. Ils ont leurs droits, comme exiger [le respect] de leurs droits, mais plusieurs migrants ne le savent juste pas! Plusieurs ne connaissent pas les moyens et plusieurs ne veulent pas perdre de temps. Parce qu’ils peuvent aussi se plaindre, ils peuvent dénoncer une violation ou un mauvais traitement, mais ils doivent rester ici et répondre, et pour ça, il faudrait qu’on ait un endroit pour qu’ils travaillent ou pour qu’ils vivent ici…Parce que là, rester ici quelques mois ou quelques semaines, c’est pire pour eux, alors ils poursuivent leur chemin. Il n’y pas les moyens pour les aider à régler leurs problèmes, et le faire par eux-mêmes, c’est difficile. Marco (I) #43

Par ailleurs, Julio (I) dénonce le manque de services de protection et de confidentialité réservés aux migrants désirant dénoncer les abus dont ils ont été victimes ou les violations dont ils ont été témoins. Selon lui, la confidentialité de l’utilisation de ces services ne seraient pas assurée : «parce qu’ils peuvent dénoncer, et ils poursuivent leur chemin, mais là-bas, ils les accusent : «Vous avez dénoncé!», «Il faut le tuer!»». Plusieurs participants informateurs-clefs sont également d’avis qu’il est nécessaire de créer davantage de ressources de protection qui soient transparentes qui veilleraient à ce que les migrants bénéficient d’un traitement digne durant leur traversée en territoire mexicain. Ainsi, plusieurs migrants pourraient faire valoir leurs droits et se protéger contre les abus portés contre eux:

Et bien, je crois que mis à part un permis [de passage], ça serait que les autorités ne soient pas corrompues. Que les autorités soient totalement honnêtes, et que, loin de faire du mal aux personnes, elles se dédiraient à en prendre soin. Oui… Et plusieurs personnes ne dénoncent pas parce qu’elles ont peur; elles ont peur que les autorités soient corrompues. Nico (I) # 44 Services manquants ou défaillants au sein des refuges

Les témoignages des participants informateurs-clefs ont permis de tirer deux principaux constats concernant les services d’aide disponibles au sein des refuges. D’une part, comme le mentionne Marco (I), les migrants ont besoin qu’on leur assure des services informationnels concernant leurs droits, qu’ils soient relatifs à leur condition migratoire au Mexique ou à leurs droits fondamentaux en tant qu’être humain. Marco rapporte qu’il existe plusieurs services disponibles, bien qu’incomplets, pour les aider à traiter une situation de persécution ou pour les aider à faire valoir leurs droits, mais ces services restent inconnus de la majorité des migrants. Ainsi, plusieurs migrants, notamment victimes d’abus ou de persécution dans leur pays d’origine, ne font pas valoir leurs droits et poursuivent leur chemin vers les États-Unis. Selon lui, il faudrait donc instaurer des services informationnels pour que les migrants sachent quels services s’offrent à eux. D’autre part, plusieurs services disponibles au sein des refuges sont inadéquats, incomplets ou offerts sur une base irrégulière et aléatoire, ce qui limite grandement leur accessibilité. Parmi ces services se retrouvent des services de communication et des services de retraçage, qui sont tous deux offerts sur une base irrégulière. Selon Lucía

mentionnent Nico (I) et Lisa (I), le temps d’hébergement octroyé aux migrants dans les refuges est largement insuffisant pour permettre le repos et la récupération des énergies nécessaires à la poursuite de leur traversée. Finalement, il a été rapporté par Lucía qu’il manque de personnes bénévoles, prêtes à aider et à donner de leur temps et de leur énergie afin d’assurer le bon fonctionnement des refuges:

Il manquerait plusieurs ressources, mais mis à part ça, il manque de bénévoles, des ressources humaines, des personnes qui sont prêtes à être là, à alterner leur présence avec d’autres. Il manque des personnes qui ont cette conscience là d’aider, qui peuvent être là, parce que parfois, on n’est pas assez… Par exemple, pour leur donner à manger, parfois on est chanceux, il y a 6 ou 12 migrants. Mais, parfois, ils sont 200 personnes et il n’y a qu’une seule personne qui les accueille. Alors, comment faire pour donner à manger à autant de personnes? Et, il va falloir être inventif, parce qu’on leur donne juste du pain, du riz, des frijoles [fèves noires] ou des œufs… On ne leur donne pas d’autre nourriture que ça. Et pourquoi?! Parce qu’on n’est pas assez de bénévoles9! Lucía #45