1. Une définition floue
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une « nanostructure ». L’USPTO définit ce terme comme étant une « structure atomique, moléculaire ou macromoléculaire » qui doit cumuler les deux conditions suivantes :
a) Avoir au moins une dimension physique301 comprise approximativement
entre 1 et 100 nanomètres ;
b) Posséder une propriété particulière, fournir une fonction spéciale, ou pro‐ duire un effet spécial qui est uniquement imputable à la taille physique nano‐ métrique.
Cette définition peut paraître tautologique. Car les physiciens et les chimistes es‐ timent que les propriétés que l’on peut observer dans le « nanomonde » 302 sont diffé‐ rentes de celles des mêmes matériaux à l’échelle micro‐ ou macrométrique (Lahmani et al., [179]). Ces spécificités concernent notamment la résistance mécanique, la réactivité chimique, la conductivité électrique ou la fluorescence. Aussi, les matériaux issus des nanotechnologies sont considérés comme de nouvelles substances chimiques par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) [259]. Car elles obéissent à des lois bien différentes de celles que les physiciens et les chimistes ont l’habitude d’observer : « effets quan‐ tiques, nature granulaire de l'électricité, nature ondulatoire de la lumière, effets de confi‐ nement, effets fondés sur l'importance des surfaces d'échanges, prédominance de rapports surface‐volume, etc. » (Weisbuch, Encyclopedia Universalis, [229]). C’est la National Nanotechnology Initiative qui a inspiré toutes les définitions mo‐ dernes des nanotechnologies : The term “nanotechnology” is often used as an allencompassing term for nanoscale science, engineering, and technology. Nanotechnology is the understanding and control of matter at di‐ mensions of roughly 1 to 100 nanometers, the size‐scale between individual atoms and bulk mate‐ rials, where unique phenomena enable novel applications. […] Nanotechnology involves ima‐ ging, measuring, modeling, and manipulating matter at this size‐scale. At the nanoscale, the physical, chemical, and biological properties of materials can differ in fundamental and useful ways from the properties of individual atoms and molecules or bulk matter. Nanotechnology R&D is directed toward understanding and creating improved materials, de‐ vices, and systems that exploit these new properties. 303 J’ai surligné ce qui est vraiment nouveau avec cette définition : les nanotechnolo‐ gies vont non seulement apporter de « nouvelles applications » mais aussi « la compré‐ hension et la création de matériaux, dispositifs et systèmes améliorés ». Cela ne fait aucun doute. On pourrait multiplier les exemples. Aucune définition ne ressemble exactement à l’autre. Prenons par exemple le document normatif produit par le comité technique dé‐ dié aux nanotechnologies, au sein de l’Organisation internationale pour la normalisation (ISO) définit304 :
301 Rappelons que nous vivons dans un espace à trois dimensions, chaque objet étant caractérisé par sa largeur, sa hauteur et sa profondeur.
302 C’est le surnom donné à cette échelle par certains vulgarisateurs (Pautrat, 2002, [79])
303 The National Nanotechnology Initiative Strategic Plan, 2004, Nanoscale Science, Engineering, and Technology Sub‐
committee, National Science and Technology Council, The White House, December 2004
304 Norme ISO/TS 27687:2008, Nanotechnologies ‐ Terminologie et définitions relatives aux nano‐objets ‐ Nanoparti‐ cule, nanofibre et nanofeuillet, publié le 11/08/2008. Disponible sur www.iso.org Cité par Desmoulin‐Canselier (2010, [142]).
La recherche pharmaceutique à l’épreuve des pratiques communicationnelles. L’invention d’un médicament issu des nanotechnologies.
137
• la taille nanométrique (en anglais nano‐scale) comme étant une taille comprise
entre approximativement 1 et 100 nm
• le nano‐objet (en anglais nano‐object) comme étant un terme générique pour
les objets de taille nanométrique
• la nanoparticule (en anglais nanoparticle) comme étant un nano‐objet présen‐
tant trois dimensions de taille nanométrique
Desmoulin‐Canselier [280] constate que ni les scientifiques ni les industriels ne parviennent à proposer une définition unique du nano‐objet : « On trouve autant de défi‐ nitions que d’activités et d’intérêts en jeu ». Se pose alors la question de savoir jusqu’à quel degré de précision la réglementation devra les définir :
Faut‐il prendre en considération une ou plusieurs – voire toutes – les dimensions de l’objet ? Faut‐il fixer un seuil ? Le seuil des 100 nanomètres est souvent cité, mais ne fait pas l’unanimité. Quant aux nanoparticules et aux nanomatériaux, des toxicologues considèrent qu’il faudrait pou‐ voir distinguer non seulement nanoparticule par nanoparticule, mais aussi mode de fabrication par mode de fabrication. (Desmoulin‐Canselier, 2010, [280])
En France, un rapport de l’industrie pharmaceutique (LEEM, 2009, [261]) définit bien les nanotechnologies comme étant « la recherche et le développement à échelle ato‐ mique, moléculaire ou macromoléculaire conduisant à des structures, dispositifs et sys‐ tèmes de taille comprise entre 1 et 100 nm ». Cependant, elle considère que peuvent y être intégrés certains objets dont la taille peut atteindre 500 nm (soit un micromètre), quand elles sont douées de « nouvelles propriétés ». Ainsi, même les liposomes (environs 0,4 µm) et les technologies de microfluidiques (microarrays) y sont inclus, alors qu’ils ne sont pas de même nature. Etienne Klein, dirige du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (LARSIM) au CEA de Saclay, remarque que cette « ambiguïté se retrouve jusque dans la signification même du mot « nanomatériaux ». Car pratiquement tous les matériaux (ciment, métaux, bois...) se révèlent être nanostructurés, que ce soit de façon naturelle ou artificielle. L’idée a donc été proposée de restreindre l’appellation, « na‐ nomatériaux » aux matériaux qui ont été sciemment nanostructurés par l’être humain. Mais alors, étrangement, les nanomatériaux naturels ne devraient plus être considérés comme des nanomatériaux... » (Klein, 2011, p. 42‐43) On pourrait s’étonner des différences entre toutes ces définitions. C’est comme si tous les programmes de recherche voulaient s’engouffrer dans la brèche, comme si ces définitions relevaient plus du politique que du scientifique. Ces définitions ont moins pour rôle de nommer de nouveaux champs scientifiques que de les susciter. Ce sont de puissants outils de politique de la recherche. Dès lors, on comprend aisément pourquoi ces définitions adoptent une perspective volontairement externaliste, englobante et con‐ ventionnelle : elles doivent rester assez larges pour permettre à un nombre maximal de pratiques et de disciplines de s’y insérer. Du point de vue de la politique de la recherche, il y a un intérêt évi‐ dent à laisser une telle définition dans un relatif flottement : encourager une dynamique de recon‐ version massive dans ce qui sera les nanotechnologies. (Loeve, 2009, [295], p. 41)305
Cela montre à quel point les chercheurs sont obligés de se conformer aux déci‐ sions politiques et réglementaires pour obtenir des budgets de recherche. On le voit, la définition des nanotechnologies ne fait pas l’unanimité. On peut alors non seulement se demander pourquoi, mais aussi si certaines molécules sont sciemment étiquetées « nano 305 En exergue de son chapitre, Loeve rapporte aussi cette anecdote, qu’il emprunte à Richard Jones : « Un candidat (heureux) à un poste dans mon université s’est vu poser la question : quelle taille faut‐il à une structure fabriquée par l’homme pour qu’elle compte comme “nano” ? “100 nm”, a‐t‐il répondu. “Pourquoi 100”, demande le panel ? Le candidat répond : “parce que c’est le président Clinton qui l’a dit”. » (Richard Jones, Soft Machines, 2004, p. 35)
» ou pas, et en fonction de quels intérêts. Nous allons voir ce qu’il en est sur le terrain, lors de notre étude ethnographique (Seconde partie de la présente thèse).
Ce qui me frappe avec toutes les définitions que nous venons de voir est que nulle part il n’est question de « manipuler la matière atome par atome ». Alors que c’est ainsi que les vulgarisateurs expliquent ce que sont les nanotechnologies306. Pour la produc‐ tion industrielle, la synthèse des nanoparticules ne se fait pas atome par atome mais selon des réactions chimiques classiques (Lahmani et al., [179]). Ces nanoparticules en‐ trent dans la composition de produits bien visibles, comme par exemple certaines crèmes solaires, peintures, pneumatiques ou médicaments.
Pour finir, signalons que les médicaments ne font pas tous partie des « bionano‐ technologies » (ou « nanobiotechnologies »), que l’UTSPO définit comme étant la « branche des nanotechnologies qui utilisent des structures biologiques comme les pro‐ téines, les ATPs, l’ADN, etc., en tant qu’éléments de base pour construire des dispositifs na‐ nométriques ». Ceci exclut de fait la plupart des médicaments dont nous allons observer sur notre terrain.
2. Une catégorie fourre-tout
Dans son premier numéro en octobre 2006, la revue Nature Nanotechnology a demandé à treize personnalités du « nanomonde » leur définition des nanotechnolo‐
gies307. Surprise : aucun d’eux n’est d’accord sur le sens qu’il donne au mot « nanotech‐
nology ». Ainsi, pour Peter Bings308, « il n’y a pas qu’une nanotechnologie ». Il estime qu’il
faut différencier chaque domaines par un nom spécifique : nanomatériaux, nanobio‐ technologies, etc. Loeve (2009, [295], p. 44) note qu’il est surprenant que « la revue, au lieu de contribuer à souder une communauté en délimitant la discipline dont elle est censée être l’émanation (comme le fait toute revue scientifique), met immédiatement en avant la désunion, l’absence de neutralité et le caractère orienté de toute définition des nanos ». Pour l’observateur extérieur, l’opposition peut sembler être une controverse au sein du champ des nanotechnologies. Or, il est possible que ce soit simplement une opposition entre disciplines, qui n’ont pas la même vision ni les mêmes objectifs de recherche.
Pour ajouter à la confusion, on trouve deux mots, qui semblent interchangeables ou complémentaires, pour qualifier ce champ : nanoscience et nanotechnologie, parfois écrit au singulier (comme pour souligner l’unité du champ), d’autres fois au pluriel (comme pour souligner sa diversité). Pour Claude Weisbuch309[229], il faut distinguer les nanosciences des nanotechnologies. Les nanosciences « requièrent la manipulation et le contrôle de la matière pour élaborer des objets de laboratoire permettant la mise en évidence et l'étude de phénomènes nouveaux ». Les nanotechnologies « visent à formaliser des concepts et des savoir‐faire en vue d'une application identifiée », se préoccupant « de mise en œuvre pour la fabrication de masse et de l'impact sur un marché ». Les nanos‐
306 Je n’inclus pas sciemment dans mon historiographie le microscope à champs proche, le microscope à effet tunnel (STM) et le microscope à force atomique, qui permettent tous trois des manipulations atome par atome grâce à une « pointe » qui permet de « toucher » chaque atome individuellement et de le déplacer. C’est la seule vraie « nanotech‐ nologie » (c’est‐à‐dire une technologie à l’échelle de l’atome) selon Christian Joachim. Cf. Loeve, 2009, [295] ; Joachim, 2005, [177] ; Joachim, Plévert, 2007, [210] 307 Theis T., Parr D., Binks P., Ying J., Drexler K.E.., Shepers E., Mullis K., Bai C., Boland J. J., Langer R., Dobson P., Rao C.N.R., Ferrari M., « Nan'o tech nol'o gy n. », Nature Nanotechnology vol. 1, n° 1, p. 8‐10, oct. 2006 308 Directeur exécutif de Nanotechnology Victoria, un consortium australien pour la commercialisation des nanotech‐ nologies 309 Dans l’article qu’il consacre aux nanotechnologies dans l’Encyclopedia Universalis
La recherche pharmaceutique à l’épreuve des pratiques communicationnelles. L’invention d’un médicament issu des nanotechnologies. 139 ciences correspondraient donc à la recherche fondamentale, et les nanotechnologies à la recherche appliquée. Un vrai sac de nœud. Desmoulin‐Canselier (2010, [280]) souligne que les défini‐ tions qui opèrent la distinction entre nanosciences et nanotechnologies butent sur le fait que leurs méthodes et leurs outils sont communs. Elle constate que « si des propositions ont été formulées par différentes instances (académies des sciences, groupes d’experts, ins‐ tances de normalisation, etc.), elles font l’objet de critiques parfois vives ». De plus, « elles ne concordent pas toujours et se font concurrence, sans convaincre définitivement ». Louis Laurent et Jean‐Claude Petit310 (2005, p. 6, [219]), physiciens et directeurs au CEA, conviennent que les nanosciences ne forment pas une discipline nouvelle, qu’ils considèrent « comme le résultat de la convergence de différentes disciplines au niveau mo‐ léculaire, voire comme une manière de reformuler les travaux anciens qui impliquaient déjà l’échelle nanométrique, parfois à l’insu de leurs auteurs ». On faisait donc déjà des nanotechnologies sans le savoir. C’est pour cela que les promoteurs des nanos citent souvent en exemple la présence de nanoparticules dans certains pigments de couleur utilisés par les mayas, dans les fleurs de lotus, dans la coloration de certains verres an‐ ciens (comme la coupe de Lycurgus conservée au British Museum), ou dans le noir de carbone à la base de l’encre de Chine. Pour Peter Dobson, fondateur des firmes Oxonica et Oxford Biosensors, les nanotechnologies ont déjà presque un siècle ; la chimie des membranes (avec les procédés désormais classiques de Ir‐ ving Langmuir pour la fabrication de bicouches et de membranes moléculaires développés dans les laboratoires de General Electrics dans les années 1920), c’était déjà des « nanos » ; dans les années 1960 et 1970, les nanotechnologies auraient pu s’appeler « science des surfaces » ; le champ, pen‐ dant un siècle, a évolué de manière stable et continue ; l’effervescence qu’elles connaissent au‐ jourd’hui correspond à une volonté d’accélérer les applications et de doper le commerce (dans le domaine de la santé et de l’environnement surtout) plus qu’à une révolution scientifique ou indus‐ trielle.311 Qu’y a‐t‐il donc de nouveau avec les nanotechnologies ? « C’est qu’on agit volontai‐ rement à cette échelle pour créer des structures inédites et obtenir des produits avec des propriétés précises » (Laurent, 2007, p. 11, [214]). Une telle assertion entraîne une am‐ biguïté sur ce que les scientifiques entendent par « agir à cette échelle ». « Nanoscience » : c’est la première fois qu’une « science » est désignée en fonction de l’échelle de son objet d’étude. Ainsi, il n’existe ni de milliscience, ni de kiloscience. La nanoscience n’est pourtant pas une discipline, mais un champ (ou plutôt des champs) où interviennent plusieurs disciplines : la physique, la chimie, la biologie, la médecine, l’électronique, l’optique, la chimie, l’électrochimie, la science des matériaux, la robotique, les technologies de l’information... Vincent Bontems (2008, [273]) remarque que « l’unité épistémologique des nanotechnologies n’est donc pas garantie a priori ». Car ce champ scientifique est « investi par des chercheurs disposant de méthodes et de modèles théo‐ riques différents ». Les physiciens, les chimistes et les biologistes « sont réunis sous le la‐ bel nano sans forcément collaborer directement dans leurs recherches. » Qu’en est‐il réel‐ lement ? C’est ce que nous verrons au cours de notre étude de terrain. 310 Louis Laurent dirige en 2005 le département de recherche sur l’état condensé, les atomes et les molécules au CEA. Jean‐Claude Petit, physicien diplômé de socio‐économie, est alors directeur des programmes du CEA. 311 Loeve (2009, [161], p. 46) reprenant le témoignage cité dans : Theis T., Parr D., Binks P., Ying J., Drexler K.E.., She‐ pers E., Mullis K., Bai C., Boland J. J., Langer R., Dobson P., Rao C.N.R., Ferrari M., « Nan'o tech nol'o gy n. », Nature Na‐ notechnology vol. 1, n° 1, p. 8‐10, oct. 2006